A la recherche d'une aide précieuse [PV libre]

La chevauchée est longue et rude sur ces sentiers qui serpentent de part et autre l'ensemble du territoire d'Alsaria. Nation à ce jour la plus vaste de tout Tosya, elle est en perdition par le déchirement de la famille Azyrith, la jalousie et la convoitise d'un frère qui ne su encaisser la parole pleine de sagesse de son propre Père.

La reine Alina, recherche à travers son Empire le secours nécessaire, ses soldats, ses chevaliers, ses guerriers ont déjà tant fait, ils s'épuisent dans leur quête de trouver un allier. Ellandy a chuté et le bon roi Ibadric est hors course, seules quelques troupes agissent encore près des Montagnes de Tornebourg. Une agitation vaine puisque Dan, brute comme il est, s'évertue à écraser tous opposants.

La table du Conseil à Dénaros est désespérément déserte, comme si le souffle du royaume venait de s'amenuir par l'étranglement de celui qui fut de sa chair et le sera à jamais. Malgré ses actes impardonnables, elle ne peut se contraindre à le tuer. Était-il victime d'un mauvais jugement? Non! Sa vanité et son arrogance lui ferait payer le sang versé par tant de Nations, tant d'innocents...

La jument à la robe baie, grimpe la colline pour offrir à sa majesté la plus belle vue de son territoire, grand espoir qu'il survive face à l'hostilité de ce monde qui ne cesse de se perpétuer depuis la nuit des temps.

La candeur de son âme ne souhaite pas se voir retirer la vie de la main tremblante de son cadet, lâcheté d'exécution, s'il ne le fait pas lui même! Elle ne fuit pas non plus son palais, elle se met en avant, elle veut sauver son pays et les siens.

Voila déjà deux jours qu'elle navigue sur ce parterre florissant d'un printemps encore fragile, tout juste naissant des froideurs de l'hiver. Le cheminement de sa trajectoire devient plus étroit encore, tel un entonnoir qui la mène à sa perte. Elle met pieds à terre et continue à avancer parmi les arbres, grands protecteurs, gardiens de la forêt, des montagnes, ancêtres du peuple d'Alsaria, la Mère toute puissante que représente la terre et ses fruits.

Plutôt que de perdre la tête à attendre que son châtiment d'être reine vienne à elle, la jeune femme préfère tenter une autre alternative...les Mercenaires.
Ils étaient eux aussi des gardiens, défendant la paix sur cette terre, le mauvais monarque étant puni pour faute s'il n'était pas au service de son peuple. Si elle devait être châtiée, ce serait par eux, en venant d'elle même cela montrait sa détermination à ce que les choses avances, que les évènements se clarifient pour laisser un espoir aux générations futures de connaître une paix durable.

La nuit se fait proche, la noirceur céleste annonce de la pluie, la reine se cherche un abri, ce qu'elle trouve enfin sous un grand conifère aux épines encore bien accrochées. Les moins vertes ayant formé sur la terre battue, un lit douillet.

Hélas, Alina n'avait pas eu la formation escomptée en matière de savoir vivre à l'extérieur des remparts réconfortant de son vaste domaine, elle apprenait à ses dépends que naître femme n'était pas un cadeau. Point de domestiques à l'horizon pour lui préparer son dîner, elle faisait ration de quelques galettes de froment et un peu de fromage, des fruits et une gourde d'eau qui s'épuisait au fil de son voyage.

Combien de temps tiendrait-elle? Se rendait-elle compte qu'elle se mettait en danger? Peut-être que ce qu'elle croyait juste pour le peuple, n'était finalement pas une bonne idée pour sa personne, se mettre ainsi à découvert relevait de la folie, bien plus que de la raison...

Le jeune homme était rentré chez lui en Alsaria, plus précisément à Dénaros ou il avait rencontré une jeune femme étrange mais sympathique. Il s’était lié d’amitié avec elle et leur chemin s’était séparé en bon terme. Ayant fini sa mission pour les Mercenaires, il avait décidé de se rendre au palais pour prendre des nouvelles de la reine. Il n’avait jamais été un de ses amis proche, voir un ami tout court, mais il n’en restait pas moins l’un de ses sujets. Et avant d’être un Mercenaire, il avait juré loyauté a sa reine et son peuple. Dans cette optique il se sentait lié a son sort et à celui de son royaume.

Au palais, il remarqua une agitation étrange. Les gens semblaient tendu et courraient presque dans les couloirs. Une frénésie sans précédant c’était emparé de ce lieu Avisant l’un des gardes, il joua de son titre pour lui soutirer des informations. Après l’avoir interrogé assidûment mais néanmoins tout en finesse, il réussit à savoir que la reine était introuvable depuis des heures et que personne n’avait été prévenu de son absence. De plus, la rumeur courrait qu’elle se penchait sur de vieilles légendes sans queue ni tête depuis quelques temps.

Déposant quelques pièce d’argents dans la main du brave soldat, il était retourné chez lui en trombe. Faisant sceller son cheval et préparer sa tenu de voyage, il s’était habillé et avait préparé tout le nécessaire pour son retour chez les Mercenaire. La nouvelle était grave et il fallait les prévenir d’urgence. Il n’avait jamais vraiment connu la reine Alina, il se doutait qu’elle n’était pas une femme de grand chemin ni des bois. Bon sang, laisser son royaume ainsi, sans parler de la pression qu’exerçait son frère avec Dinak, tout cela était une idée des plus stupides. Avait-elle fuit ? C’était-elle fait enlever ? Avait-elle eu une idée présomptueuse en tête ?
Dans tout les cas cela n’indiquait rien de bon.

Sur son destrier, Key avait écumé les routes, petites ou grandes autour de Dénaros en direction du lac. Au galop, il avait parcouru des miles et fait faire des déviations a son cheval pour ne pas se faire repérer par la garde ou pire encore. Il avait aperçut des marchands et des voyageurs la plupart en sens inverse du sien. En ces jours sombres, la populace se réfugiait vers la capitale avec l’espoir d’y trouver du travail.

Au bout de quelques heures, il avait fini par repérer une pistes dans les broussailles. Un cheval, seul. Suivant les traces, lui était alors tombé dessus plus rapidement que prévu. Restant a l’écart pour s’assurer de l’identité de l’étrange voyageur, il sut rapidement qu’il ne s’était pas trompé.

Que faire ? Son maître et les autres Mercenaire l’attendaient, bien que sa mission n’était pas capitale, il devait quand même faire son rapport. Mais maintenant qu’il avait retrouvé la reine en fuite, il ne pouvait pas la laisser ainsi.

Cela faisait maintenant deux jours qu’il l’avait suivit a son insu. Restant le plus discret possible, guettant chacun de ses mouvements. Il se rationnait, la poursuite pouvait durer encore longtemps et il serait dommage de tout gâcher a cause d’un trop peu de nourriture. Habitué aux expéditions il ne manquait jamais de vivre et si cela se produisait il savait trouver de la nourriture en forêt. Quant à l’eau, il en prélevait chaque matin des arbres en confectionnant des filtres artificiels.

La nuit approchait, l’odeur de la pluie était dans l’air. La reine s’était abrité sous un pin solitaire, coup de chance ou bonne connaissance de la nature, il n’aurait su le dire, mais l’idée avait été bonne. Les épines rapprochés de ces grands arbres empêchait mieux la pluie de passer. Malheureusement pour Key, il devrait s’envelopper de sa cape et se réfugier près de son cheval pour l’empêcher d’hennir avec l’orage qui se préparait. Lui flattant l’encolure et lui caressant le museau, il se tenait très près de l’animal d’un noir de jais.

Depuis qu’il était enfant, Key détestait les orages. La pluie ne l’avait jamais dérangé mais il avait en horreur le grondement du tonnerre ainsi que les éclairs. Il espérait de toute ses forces, que seul la pluie viendrai perturber sa nuit. Mais le temps était contre lui et des le premier jet de lumière, il tressaillit. Son cheval, comme il le craignait, senti la peur de son maître et poussa un hennissement, réponse en échos au grondement sourd du ciel.

Sa filature prenait fin a cet instant. Dans les collines, le son se répercutait sur des lieux a la ronde. Impossible pour lui de passer inaperçu a présent. Tenant son fidèle destrier par la longe, il se dirigea vers le grand pin. A coté il distingua la jument baie et accrocha les rennes a la même branche qu’elle, puis il se glissa sous le conifère.
La reine se tenait assise près du tronc. Il la reconnu au premier coup d’œil, bien que cela fasse longtemps qu’il ne l’avait vu a l’une de ses apparition dans les bals ou autres mondanités du palais, elle n’avait pratiquement pas changé, seul la fatigue et peut être une longue lassitude marquait ses trais.
Le capuchon abaissé sur son visage, il écarta ses mains de son corps, mises bien en évidence, il ne cachait pas qu’il portait des armes, mais son attitude montrait qu’il ne tenait pas a s’en servir. Prenant une voix amical il l’interpella.

« Pardonnez mon intrusion sous votre arbre, mais il fait un temps de chien et… »

La lumière d’un éclair suivit du tonnerre coupa sa phrase le faisant tressaillir. Se reprenant rapidement il continua son récit. Que n’aurait-il pas donné pour se trouver en cet instant dans sa chambre à Denaros, même le repaire aurait été parfait en ces circonstances.

« Et… j’aime moyennement être trempé comme une souche, surtout quand je me fait surprendre de la sorte. Si cela ne vous dérange pas nous pourrions partager nos vivres, sinon j’irai retrouver un autre pin dans les environs. Je suppose qu’une jeune femme de votre acabit n’est pas forcement très a l’aise avec un homme traînant dans les parages… »

S’avançant un peu, il abaissa son capuchon. Il n’aurait peut-être pas du, la probabilité pour qu’elle le reconnaisse était moindre mais bien présente. Néanmoins s’il ne voulait pas la faire fuir, il devait au moins montrer patte blanche. La rencontre risquait d’être courte mais il devait essayer d’en apprendre plus sur ces intentions.

[j'espère que ca te convient, sinon je peux changer ou effacer, a ta guise]

La pluie marque son territoire alors que la reine se rapproche de l'imposant tronc, son écorce forte de vitalité n'était pas dès plus confortable pour s'y adosser. Recouverte de sa cape de laine, elle n'a pas vraiment froid, étonnamment, elle a su faire un feu, certes misérable, mais suffisant tout de même pour obtenir une lumière diffuse et réconfortante.

Alina a ôté son capuchon, la blondeur de sa chevelure n'est pas un problème en pleine forêt, elle se croit seule et n'a pas entendu, ni même vu que depuis le début de son périple, on veille plus ou moins sur elle. Tirant près d'elle le baluchon qu'elle s'était confectionnée dans la hâte de son départ, elle en sortit une galette, qu'elle mastiqua lentement au fil de ses pensées.

* Voila deux jours que je fais route vers le lieu présumé où les derniers témoins disent avoir vu des Mercenaires...*

La jeune femme se passe une main délicate sur le visage, comme pour en retirer la fatigue de ses traits, la dureté du voyage y accentuant déjà la peine occasionnée par les malices de son frère cadet. La reine n'avait jamais été pour la guerre, elle avait toujours affronté vaillamment l'ennemi par la négociation, la ruse féminine, hélas Dan était plus fort qu'elle en matière de stratégie, plus sanguinaire aussi.

Le regard perdu dans le vague, distinguant les formes de la nuit, elle fut surprise par la soudaine clarté d'un éclair qui zébra le ciel dans un violant vacarme, presque assourdissant. Les gouttelettes se suivirent de plus en plus volumineuses et rapprochées les une des autres, rendant le sol et les alentours humides. Elle se recroquevilla sur elle-même, conservant la chaleur précaire de son corps contre elle. Ses genoux remontés contre sa poitrine, elle les encadra de ses bras, posant son menton dans le petit creux, assurant ainsi le support de sa tête sans effort. Les flammes vacillaient dans une danse de survie, face au vent qui se levait pour accompagner le mauvais temps.

Plus que tout, elle se sentait terriblement seule, les Dieux l’avaient-ils abandonnée à son propre sort ? Finalement mourrait-elle comme une inconnue dans une sombre forêt ? Comme en réponse à cette triste réflexion, une silhouette dans l'obscurité s'approcha d'elle alors que la frayeur restait muette dans sa gorge. Tâtant le sol de par sa main, discrète sous le voile de sa cape, elle cherchait la seule arme dont elle était parée, une dague effilée.

- Qui êtes-vous ? interrogea t-elle, la voix tremblante.

Le dévisageant, alors qu’il retirait sa capuche pour laisser entrevoir ses traits. Un air familier mais elle ne savait trop où elle aurait bien pu le croiser, en tant que reine, elle avait pour habitude de voir tellement de monde. Pourtant, celui-ci était, à sa tenue, pas des plus pauvres, un seigneur peut-être ? Que faisait-il là ? La suivait-il à son insu ?

Venir à ses cotés ? Un homme ? Pas qu’elle est peur de lui, il semblait amical et sa façon de s’adresser à elle en dénotait bien, il n’allait rien lui faire. Simplement, les convenances exigeaient qu’un parfait inconnu ne soit pas trop proche de la reine, bien encore plus dans une situation sans cadre conventionnel. Elle remarqua également qu’au second éclair, il avait légèrement pâlit, était-il possible qu’il craigne les orages ? Cela l’amusa un peu, elle sourit et relâcha la garde de sa dague, pour l’inviter à s’installer sous l’arbre de fortune.

- Venez, je pense que je peux partager avec vous ce lieu qui n’est pas mien

Elle ne savait que dire, ni vraiment que faire, toute sa vie ayant été dictée par un protocole de bonnes conduites, de courbettes et de louanges, une hypocrisie totale face à des gens qui l’étaient tout autant.

- Je puis vous demander ce que vous faites ici ?

Un regard en coin, les grands yeux bleus de sa majesté étant fuyant, certes, elle avait eu quelques aventures avec l’un ou l’autre de ses prétendants, mais être si proche d’un homme dont on ne savait rien, la rendait quelque peu nerveuse. Elle se saisit d’une brindille pour remuer les cendres encore chaudes du feu.

Pas une seconde, elle ne pensa qu’il savait qui elle était, pas un instant, elle songea qu’il aurait pu la tuer. La naïveté d’Alina était presque déconcertante pour le spectateur qui la verrait jouer dans une pièce, telle le chaperon rouge, elle laissait entrer le grand méchant loup dans la pièce. Représentait-il réellement un danger ?

Le feu produisait des lueurs orangés sur le visage de la reine qui ressemblait plus, pour le moment, à une jeune femme en fuite qu’à la souveraine assise habituellement sur le trône.
Sans le montrer, il étudiait le moindre de ses mouvements. Il avait, par la force de l’habitude renforcé avec l’entraînement drastique de son maître, apprit a repérer le moindre mouvement suspect.
Et les gestes de la reine étaient suspect, un bras sur les genoux, l’autre avait disparut sous sa cape et bougeait lentement a la recherche de quelques chose de toute évidence. Key espérait que c’était une arme et non un objet de valeur. N’ayant pas eu l’occasion de lui parler en tête à tête durant ses années de services, il ne pouvait se baser, sur sa personnalité, qu’a partir des dires des gens du palais. Cela était bien maigre pour une si importante personne, mais elle n’avais pas l’air d’être femme a courir tête baissé vers le danger. Quoi que les derniers évènements pouvait y faire penser…

Visage qui s’incline en remerciement, le jeune noble avança dans le cercle de chaleur et s’y assit. En fasse d’elle, il ne pouvait s’autoriser plus ample rapprochement. Après tout il n’avait pas encore bien défini son plan et se rapprocher de la plus haute autorité d’Alsaria, même dans ces circonstances lui paraissait inconvenant.
Elle s’était un peu détendu, mais son minois trahissait encore son anxiété et sa nervosité. Sûrement du à sa présence sous le pin par un temps orageux. Fouillant dans la besace qu’il portait sous la cape, il en tira un petit récipient de métal, une gourde et quelques épices encore sèches.

« C’est très aimable à vous, merci beaucoup. Cet arbre ne vous appartient peut-être pas mais vos auriez pu faire valoir votre droit du premier vu, premier servit. Votre générosité vos honore.
Pour vous répondre, je me nomme Key et me dirige vers ma seconde résidence, aux abords du lac. En ses temps incertains, il faut veiller de près à ses affaires, vous ne croyez pas ? »

Tout en parlant, il plaça la petite marmite au dessus du feu, versa de l’eau dedans puis les condiments. Il ne restait plus qu’à y laissé mijoter. A l’aide d’une cuillère en bois, il tournait régulièrement le liquide.

A chaque éclair et coup de tonnerre, il fermait brièvement les yeux. Geste compulsif qu’il ne pouvait maîtrisé, le mercenaire faisait tout pour se ressaisir le plus rapidement possible et parler d’une voix naturelle. Pourquoi avait-il fallut qu’il vienne a sa rencontre au moment ou il était le plus vulnérable ? Cherchant en lui même la raison de ce mystère, une seule piste se révéla a lui. Il n’aurait pas supporter devoir subir ce calvaire seul, tout simplement. En général il s’isolait dans ses quartiers, mais en pleine foret, sous la pluie, il n’aurait pas réussit a maîtriser son angoisse grandissante.
Balayant d’un revers de mai imaginaire cette pensé qui lui obstruait l’esprit, il replongea dans le présent.

« Vous êtes citoyennes Alsarienne je suppose. Vous devriez prendre garde, les alentours ne sont pas sur. Bien que notre reine mette tout en œuvre pour garder la région prospère, les voyageurs comme moi peuvent témoigner de la monté grandissante du banditisme. Heureusement nos frontières sont encore bien garder et Dinak ne peux nous atteindre ici. »

Relevant la tête de son potage, il fixa son regard océan dans celui fuyant de la jeune femme, il eut un petit sourire. Il n’aurai jamais pensé rencontrer Alina Azyrith de cette façon et la voir agir si timidement l’apaisait et lui redonnait confiance en ses propres capacités. L’air de rien, il rajouta du combustible dans le petit brasier.

« Pardonnez moi, je parle trop. Ma façon de combattre l’anxiété en charmante compagnie je suppose. Enfin… la soupe aux épices est presque prête, vous possédez un bol ? Il m’en reste un dans la sacoche de mon cheval, je peux aller le chercher si vous voulez…. »

Écartant de ses yeux l’une de ses longues mèches noires d’un geste furtif de la main, il continua d’observer sa reine. Elle était si jeune, a peine âgé de quelques années de plus que lui. Si jeune pour supporter le lourd fardeau qui lui était tombé sur les épaules. Et elle semblait si faible, si naïve et innocente que cela en devenait touchant. Pourtant, Key le savait, elle savait dirigé son royaume d’une main de maître, bien que l’amour qu’elle portait encore pour son frère l’empêchait de lui déclarer la guerre.

Il lui fallait maintenant découvrir ce qu’elle faisait la sans escorte et jusqu’où elle comptait allé dans son périple. Le tout en se dévoilant lui-même le moins possible. Finalement cette mission allait être risqué pour un apprenti mercenaire tel que lui. Par excès de confiance, il lui sembla soudain s’être attaqué a un trop gros morceau. Un pays et des accords diplomatiques pouvaient être chamboulé a cause d’un seul faux pas de sa part.

La reine l'observait prendre ses aises en silence, d'abord la préparation....d'un potage? Dès les premières effluves délicieux qui embaumaient soudainement, remontant de la marmite jusque dans l'atmosphère, elle s'humecta les lèvres, d'une manière digne d'une jeune fille de bonne famille mais néanmoins d'une personne qui était quelque peu affamée. Visiblement, il savait y faire dans la nature, ce ne devait pas être son premier voyage, sa dextérité en révélait bien. De plus sa façon de parler, très courtoise et polie dénotait une éducation de renommée, il venait sans doute d'une famille bourgeoise, elle n'en doutait plus, cet homme était bien un seigneur, du moins, il possédait des terres quelque part.

Le fait qu'il ait une seconde résidence confirma son rang à la reine, ne pensez pas qu'elle soit sélective, qu'il fut noble ou non, elle aurait accepté l'étranger sous son toit d'aiguilles.

- Key? Enchantée...oui je le crois, en effet.

Elle préféra ne pas s'étendre sur des informations qui la démasqueraient trop rapidement, quoi qu'à son regard, elle doutait de son franc parlé sur le fait qu'il la prenne pour une inconnue. La jeune souveraine s'approcha un peu pour voir la mixture prendre forme et odeur, elle lui sourit malicieuse un instant.

Elle ne dit rien quand il devina qu'elle était citoyenne de cette contrée, d'ailleurs comment pouvait-il le savoir s'il n'avait pas découvert son identité? Sa reine? Elle en l'occurrence, donc lui aussi venait de ses terres, s'était bien un de ses sujets, son intérêt fut piqué.

- Seriez-vous l'un de ses seigneurs? Vous ne m'avez pas spécifié votre nom, Key... déposant cette fois un regard sans détours sur sa personne. Comme pour le sonder, trouver la vérité dans chacun de ses mots et de ne pas se faire tromper par un visage enjôleur prêtant à la confidence.

Il conservait toujours ses tics d'angoisse, il avait réellement peur de l'orage et comment ne pouvait-elle pas le resituer dans sa cour? Ne faisait-elle à ce point si peu attention à ceux qui l'entouraient? S'était honteux et peu digne d'un monarque, elle replongea le turquoise de ses prunelles dans la soupe, le fumet appétant lui tiraillant l'estomac avec insistance.

Que disait-il? C'était faut, un peu de compagnie rendait le périple moins éprouvant, comme s'il lui permettait de soulager une conscience trop lourde de ses choix, quitter le royaume pour suivre une fable sans fondement, basée uniquement sur les racontars des plus illuminés.

- Vous ne parlez pas trop dit-elle d'une voix douce je suis moi même peu à l'aise face à l'orage, force de la nature électrisée qui arrose le sol et enflamme les pins à sa guise.

Un petit mensonge pour le mettre à l'aise, Alina n'avait pas peur de l'orage, les éléments étaient autant capricieux que les Hommes et on pouvait apparenter ce phénomène naturel à la colère de son frère, que par chance elle n'avait jamais dû éprouver, jusqu'à ce jour maudit de sa sélection pour gouverner.

Reprenant un air un peu plus sérieux, moins rêveur, elle sortie également du sac de tissu une carte qu'elle avait réussi à dérober dans la salle du Conseil. Elle ne voulait pas partir à l'aveuglette, elle avait au moins appris à lire les informations toutes en courbes et idéogrammes racontant les crevassasses et les monts, les villages et les points d'eau entourant et comblant ses terres de merveilles.

Il souleva un point auquel la jeune reine n'avait pas pensé, ayant sur elle que des vivres solides, le bol n'avait pas été prévu dans ses bagages. Ainsi son offre de lui en prêter un pour le dîner était tout à fait bienvenue. Autant pour boire, elle avait sa gourde sèche à présent, autant elle pouvait utiliser ses mains en coupole. Mais de la soupe, chaude en plus, cela se serait révélé un casse-tête et quelques brûlures.

- Vous pensez à tout Messire.

Quand il versa le liquide aromatisé, elle manqua d'avaler de travers, surprise par la chaleur qu'un feu pouvait donner à une gamelle de fer et donc à son contenant. La cuisine n'était pas son fort, bien entendu puisqu'elle n'avait jamais eu besoin de la faire.

- Hmmm, un délice...qui vous as enseigné une telle prouesse, ce repas est divin.

Oui, la reine d'Alsaria pouvait en ce jour se contenter de peu, car finalement elle n'était pas faite pour le luxe, mais pour la servitude de son royaume, inversement des rôles. Et pour une fois dans toute la simplicité du moment, elle se laissa aller avec cet inconnu.

Elle parlait peu, mais semblait s’intéresser à lui. Réaction normal pour une reine sans escorte, égaré en pleine campagne et devant partager son toit avec un inconnu. Il s’amusait de la voir se languir du repas qui finissait de chauffer. Jetant régulièrement des regards plein d’envi. Un appétit qui ne trompait pas.

Doucement, tout en remuant la soupe pour éviter qu’elle accroche, il lui répondit sur le ton de la confidence. Évidement il ne pouvais pas lui dire qui il était vraiment. Non seulement cela aurait parut suspect qu’il se confit si facilement mais en plus, en temps que Mercenaire, il lui fallait veiller à une certaine dose d’anonymat.

« La vie réserve beaucoup de surprise et l’on peut dire qu’elle ma gâté. Je n’ai jamais connu les membres de ma familles, je serai donc incapable de vous dévoiler ma véritable identité. Mais vous avez raison, j’ai la chance d’être un seigneur d’Alsaria. Même si mon prestige reste moindre. »

Bien que la vérité était altéré, il ne s’était pas permis de mentir. Son véritable nom n’était pas Watson et il ne le connaissait pas. Son regard se voilât a l’évocation de se passé encore douloureux. Un éclair tomba et le tonnerre retenti une nouvelle fois, le sortant de ses pensées.

Le jeune noble se redressa et se dirigea vers les chevaux. Quelques caresses les tranquillisèrent. Il était de notoriété publique que ces animaux supportait difficilement le mauvais temps. Sur ce point ils lui ressemblaient. Après avoir fouiller l’un de ses sacoches, il trouva le récipient et revint sous l’arbre salvateur. Il n’était resté quelques minutes sous la pluie mais celle-ci avait fait ses dégâts. Il était à moitié trempé.

Se rasseyant près des flammes, il lui tendit le bol. Esquissant un pauvre sourire à sa réponse au moment ou le sol tremblait de nouveau sous l’effet d’un nouvel assaut du ciel. La soirée serait difficile…

Il versa la soupe enfin prête dans le bol de la reine. Servir une tête couronné... Il ne put s’empêcher de sourire. Qui l’aurai cru ? Pour le moment a part l’orage, tout ce déroulait à merveille, il se sentait étrangement détendu. Permettant au tonnerre de le surprendre a chaque fois plus fortement.

« Attention c’est peut-être un peu… chaud. Pardon j’aurai du vous prévenir avant. »

Souriant en la voyant déglutir, il se retint d’éclater de rire. D’ailleurs le bruit tant redouté survint juste a ce moment précis. Manquant de justesse de lâcher son propre bol, il ne put retenir le son provenant de sa gorge.

« Ha ! … C’est mon mentor qui m’a enseigné à me débrouiller lors de mes voyages, je lui doit beaucoup. Je suis ravie que vous appréciez ce repas. »

Il avala rapidement le contenu de son bol. Profiter d’un repas chaud par ce temps était une vrai bénédiction. Il resserra sa cape autour de lui et tendit ses mains vers le feu, il se perdit dans la danse des flammes. Il avait une mission à remplir, mais comment si prendre pour faire ça en douceur, sans la brusquer sans qu’elle se rende compte de ses véritables intentions.

Redressant les yeux il les planta au fond des siens. Et posa alors les questions qui lui brûlaient les lèvres. Il savait déjà la moitié des réponses, mais comment y répondrait-elle, ça c’était encore un mystère. Il l’étudiait attentivement. Quelque part il se sentait fautif de demander ce genre de chose a sa reine. Mais il était aussi un apprenti Mercenaire et récolter des informations pouvaient s’avérer vital pour l’organisation et le bien des royaumes.

« Vous parlez bien, puis-je connaître votre nom ? De sorte que je le grave dans ma mémoire si jamais nos chemins se recroisent…
Excusez ma curiosité mais que fait une jeune femme comme vous seule en pleine foret ? »

La soupe était réellement délicieuse, toutes de saveurs et sa chaleur se diffusait dans le corps de la reine comme un baume sur une plaie. Elle en ferma même les yeux, se laissant aller à un réconfort tout à fait mérité, faisant tomber son épuisement en une masse sur ses épaules, elle porta une main à sa bouche pour bailler, le sommeil se faisait proche.

Ainsi donc, il n'avait pas connu sa famille releva t-elle, cela devait être très difficile, elle n'aurait jamais pu faire le moindre pas sans être épaulée par sa mère et son père, et tous ces instants de joie partagés avec son frère. Elle ne s'était pas trompée, il était bien un de ses seigneurs mais juste en possession de son prénom, elle n'arrivait pas à l'identifier et visiblement, l'homme ne voulait pas en dire davantage. Ce fut à son tour d’être questionnée et l’idée de l’être ne lui avait pas traversé l’esprit étant donné qu’elle était censée faire ce voyage seule. Un instant de réflexion s’imposa pour ne pas mettre à jour son rang.

- Je…hm…euh…je me nomme Alina, comme notre reine, et ma présence en ces lieux, et bien, il s’agit d’une quête…cela vous convient-il comme réponse ?

C’était tout à fait pitoyable mais c’est bien tout ce qu’elle trouva à dire, se doutant parfaitement qu’elle n’était pas convaincante. Tirant sur les pans de sa cape, elle se releva pour aller rincer son bol sous les gouttes de pluie. S’isolant le temps de remettre ses idées en place, perdue par la venue troublante de ce sujet. La capuche recouvrant son visage une nouvelle fois, elle s’éloigna jusqu’à leurs montures, laissant le temps au récipient de se gorger d’eau avant de le reverser pour en faire disparaitre les résidus du délicieux repas.

Alina resta plus longtemps qu’elle ne le cru sous la pluie battante, se retrouvant rapidement humide et frigorifiée. Elle décida donc de revenir auprès du feu, tendant simplement son prêt au voyageur, n’ajoutant rien de plus. Elle se trouva un petit coin douillet et sec pour s’y blottir et essayer de dormir un peu. Cette nuit là, au moins elle n’avait pas besoin de veiller, quelqu’un d’autre le ferait à sa place, veillerait sur elle.

Le matin était brumeux, la température avait considérablement baissé et rendait les lieux encore moins accueillant que la veille. Les paupières lourdes encore d’un sommeil agité, elle resta un peu allongée, élaborant dans sa tête le plan de la journée. Sa carte était soigneusement pliée dans une des sacoches de sa selle, mais en deux jours elle avait eu suffisamment de temps pour l’étudier, ainsi elle pouvait se souvenir du chemin à suivre. Il fallait également qu’elle trouve un point d’eau potable pour remplir sa gourde et peut-être une halte dans un village des collines ou une auberge pour quelques provisions. Incapable de chasser, la reine avait songé à emporter avec elle quelques monnaies de quoi assurer rudimentairement sa survie. Ce qu’elle rêvait d’un bon bain pour se décrasser, on ne pouvait pas tout avoir, la soupe chaude avait déjà tant fait. Elle roula légèrement d’un coté pour voir si son compagnon dormait encore, il était bien emmitouflé dans sa cape et lui tournait le dos. Une chance, elle ne pouvait le garder à ses cotés, même si ainsi, il est vrai, elle avait moins peur des dangers de son périple. Se relevant doucement, en silence, elle entreprit de ramasser ses maigres affaires et de rejoindre sa jument, il n’était pas possible de lui dire merci de vive voix, au risque de le réveiller et de mettre un terme à son échappée.

Les craquements des branchages sous la pression des sabots furent rapidement étouffés par le feuillage humide qui tapissait le sol après la tempête de la veille. Finalement, le haut conifère avait parfaitement joué son rôle, protégeant de ses épines resserrées ses deux hôtes. La fraicheur environnante devenait comme une seconde peau, des petits nuages se formaient devant la bouche de la souveraine à chacune de ses expirations lui rappelant qu’elle était vivante. Quelques hurlements de loups la firent tressaillir, caressant affectueusement l’encolure de son cheval pour le rassurer. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle suivait le sentier, mais celui-ci s’effaçait à mesure qu’elle avançait rendant la tâche plus ardue. Le soleil ne daignait pointer le bout de son nez et réchauffer de ses rayons la terre, lui rendre une seconde vie, le printemps n’étant pas encore à l’horizon.

Elle eut une pensée pour le chevalier qu’elle avait rencontré, comment avait-il prit son départ ? Il la prendrait sans doute pour une sauvageonne de s’être sauvée ainsi, sans le saluer et le remercier de son intérêt. Peut-être même aurait-elle dû lui demander de l’accompagner un peu ? Mais le fardeau de la couronne ne pesait que sur ses frêles épaules, il n’y avait aucune raison qu’elle n’implique quelqu’un d’autre dans son pêché. Recluse dans son être, sa seule compagne étant la solitude, elle ralentit le pas, comme pour l’attendre, ne sait-on jamais, il pourrait réapparaitre…

Valerian hâtait le pas. Le déluge de la veille l'avait considérablement ralenti. D'après ses premières prédictions, il aurait déjà se trouver bien plus loin à l'est. Prolonger son séjour en Alsaria ne faisait qu'augmenter les risques de capture, et Valerian ne pouvait se permettre le moindre séjour dans les geôles Dénariennes. De plus sa mission avait été parfaitement remplie, être découvert sur la route du retour aurait été un gâchis monumental.
Le roi l'avait choisi pour apporter de nouvelles instructions au Troisième. Le genre d'informations que l'on ne confiait pas à un simple messager, et encore moins à un espion. Le Fils de Dinak avait donc dû se rendre lui même dans la capitale alsarienne malgré les risques encourus.
La ville n'avait guère changé depuis qu'il y avait été formé pour servir dans la garde royale du précédant suzerain. Valerian s'y était retrouvé sans mal et n'avait eu qu'à se faire discret. Rencontrer le Troisième avait été plus problématique, après tout, la garde royale était désormais menée par son frère Kaeleth, et nombre de ses anciens camarades de promotions y servaient encore. Autant dire que son visage était loin d'être inconnu à l'intérieur de l'enceinte. Malgré tout, il avait accompli son devoir et était reparti sans demander son reste. Il tentait depuis de rallier la frontière, même s'il hésitait encore sur la route à prendre. La solution la plus directe aurait été de couper par l'Apremont, mais la région était agitée ce qui rendait la traversée périlleuse. On ne pouvait pas dire que les habitants de ces contrées appréciaient particulièrement les sujet du roi Dan Azyrith.
Il y avait bien sûr la solution de longer le lac Balassy, alternative plus prudente mais qui aurait encore rallongé son trajet. Cela dit, il avait encore le temps d'y songer avant de devoir définitivement arrêter son choix.

Pour l'heure, Valerian suivait un petit sentier presque effacé. D'après la végétation au alentours, on pouvait se douter qu'il n'était plus couramment utilisé depuis au moins quelques années. La nature n'avait pas encore recouvré la totalité de ses droits sur la région, mais à ce rythme cela n'aurait su tarder.
Le chemin suivait le flanc d'une imposante colline et serpentait au gré des courbes de cette dernière. Soudain, au détour d'un virage, Valerian se trouva face à un cavalier qui cheminait au pas. La mousse tapissant le sol avait étouffé le mouvement du cheval, à tel point que Valerian ne s'était rendu compte de sa présence qu'au dernier instant. La monture parut tout aussi surprise par cette soudaine apparition que lui et se cabra de crainte. Se ressaisissant rapidement, le Fils de Dinak se saisit des rênes au niveau de l'encolure de l'animal et le retint pour éviter à son cavalier de chuter. Le cheval se calma et Valerian pu lâcher la bride.

"Excusez-moi, je ne vous avais pas..."

les mots d'excuse de Valerian moururent dans sa gorge quand il se rendit compte qu'il n'avait pas en face de lui un cavalier, mais une cavalière, et pas n'importe laquelle... C'était Alina Azyrith, reine d'Alsaria et soeur aînée de son seigneur qui se trouvait devant lui. Il l'avait reconnue au premier regard pour l'avoir croisée alors qu'il appartenait encore à la garde royale d'Alsaria. Il était aussi très probable qu'elle l'ait également identifié, après tout, son jumeau Kaeleth passait pour le plus fidèle serviteur de la reine.
Le regard de Valerian balaya instinctivement le sentier derrière elle, cherchant à localiser son escorte, mais la jeune souveraine était seule. Valerian en fût particulièrement troublé. Que pouvait elle donc faire en un lieu pareil, dépourvue de toute garde rapprochée? Puis il songea à son souverain qui avait lui même l'habitude de se déplacer seul pour parcourir son domaine. Décidément, ces deux là étaient bien du même sang...

"Votre majesté?"

prononça t il une fois la surprise passée. Il aurait voulu lui demander ce qu'elle pouvait bien chercher dans une région aussi reculée, mais elle ne lui aurait sans doute pas répondu. Le Fils de Dinak se réjouit alors de l'avoir croisée aussi soudainement sur cet étroit chemin, car il y avait fort peu de chance que la reine ne tente de s'échapper en lançant sa monture sur le versant de la colline. La pente en était bien trop abrupte pour cela. De plus, si elle tentait de repartir en arrière, il aurait encore le temps de se saisir à nouveau de la bride pour l'en empêcher.
Non pas qu'il lui ait voulu le moindre mal, où qu'il ait songé à l'enlever. Il ne pouvait juste se résigner à la laisser errer seule dans ces contrées désertes. Après tout, même s'il avait juré allégeance à Dan Azyrith, il n'avait jamais pour autant haït sa soeur. Il savait de surcroît que son seigneur ne lui aurait pas pardonné de lever la main sur elle, même s'il en avait eu l'envie.

"Cela fait bien longtemps que nous ne nous sommes vus, majesté..."

se contenta t il donc de dire en écartant ses bras de son corps pour lui faire comprendre qu'il ne désirait pas se saisir de ses armes.

Ce n'était pas le jeune étranger de la veille qu'elle vit arriver sur ses pas, tout aussi surprise que le cavalier qui lui faisait face à sa ressemblance troublante avec l'un des sujets de sa cour. Mise à part que la brume s'était levée, rendant la visibilité dès plus réduite, le sol absorbant la sonorité des sons alentours. Alina ne bougea pas d'un pouce, le temps étant suspendu, comme dans un rêve étonnant, elle observait ce curieux visage qui en faisait de même.

"Votre majesté?"

Un sursaut dans sa poitrine la fit tressaillir, comment était-ce possible? Il l'avait si vite reconnue, se pouvait-il qu'il s'agisse de Kaeleth? Elle ne pipa mots, non ce n'était pas lui, le palais était dans l'incapacité de la retrouver, pas pour le moment. Elle s'était assez enfoncée dans les terres de son royaume, prenant garde à n'emprunter que des chemins où le passage était peu fréquent.
Elle songea seulement, qu'il était possible aux nombres de jours qu'elle s'était absentée du palais, que ses proches aient tout de même donné l'alerte? Non plus, ce serait suicidaire que de laisser savoir que le trône était inoccupé en des temps si dangereux.

La reine constata que le cavalier lui barrait la route sans le vouloir intentionnellement, il était également armé, rien de très rassurant en soi, sachant qu'il savait qui elle était. Alors finalement, à cette révélation, sans doute que ce fameux Key l'avait lui aussi découverte, mais avait joué le jeu de sa souveraine. C'était tout à fait à son honneur, elle tendit la tête espérant que ce dernier surgirait d'un buisson et viendrait la protéger...On pouvait toujours rêver.

- Kaeleth? tenta t-elle incertaine

Cependant, il fut rappelé à sa mémoire que ce dernier avait un jumeau....son nom ne lui revenait plus, une cour, ce n'était pas si simple que de retenir tout ces noms, seigneurs, vassaux, conseillers, domestiques, était-ce nécessaire de lui reprocher?

"Cela fait bien longtemps que nous ne nous sommes vus, majesté..."

*Longtemps? Vraiment? Alors il ne peut s'agir de Kaeleth, qui est-ce?*

Il ne semblait pas vraiment hostile, ni stupide, son regard étincelant dénotait bien de la valeur de sa prise, était-ce un bourreau de son frère? Dan l'aurait-il fait suivre pour la tuer dans les bois? Faisant croire à un accident?
Elle jugea de son accoutrement, oh oui, il s'agissait bien d'un des hommes de son frère et sa main se mit machinalement à chercher la dague qui se trouvait dans le ceinturon, enserrant sa taille gracile, sous couvert de son ample cape. Tenant d'une main les rênes de sa monture qui sentait l'angoisse grandissante de sa cavalière à mesure qu'elle comprenait dans quel guêpier elle s'était fourrée.

- Vous êtes là pour me tuer?

Les délaissant aussi sec, pour d'un geste vif, retirer sa capuche laissant au grand jour le loisir au chevalier de se repaitre de sa prise. Assurant sa stabilité par la pression de ses cuisses contre le flanc tendre et chaud de la jument. Un peu comme si la démence s'emparait d'elle, elle était prête à mordre, elle se battrait pour sauver sa vie, même si la démesure était de taille entre ses frêles forces et celles d'un soldat aguerrit.

Enfin ses doigts se refermèrent sur leur prise, la garde de son poignard, s'il s'approchait, elle n'hésiterait pas à s'en servir, avant même qu'il daigne décliner son identité. Contrairement au jeune homme, Key, elle avait peur de celui-ci et cela se reflétait dans ses yeux d'un bleu azur. Il affichait une attitude peu amicale, froide même, et pourtant il écarta les bras pour lui indiquer qu'il ne l'attaquerait pas,...pas encore.

Le jeune reine avait semblé tout aussi surprise que Valerian par leur rencontre fortuite. Elle avait sursauté quand il l'avait reconnue. Était ce par crainte de qui il était? Non, apparemment elle ne l'avait pas instantanément identifié. Cela voulait il signifier que la reine voyageait incognito? Oui, très probablement, car cela aurait également expliqué l'absence de gardes. Mais dans quel but la souveraine du pays chevauchait elle seule?

Alors que Valerian se posait ces questions, la reine prononça le nom de son frère. La ressemblance entre les deux frères était, il faut bien le dire, frappante, quand bien même ils n'étaient que faux jumeaux. Toutefois, cette ressemblance n'était pas sans faille et quelqu'un qui connaissait au moins l'un des deux frères n'aurait pu se tromper indéfiniment.

"Nous vous avions été présentés, à vous et votre famille le même jour... C'était avant la mort de votre vénérable père. Mais peut être est il préférable que vous l'ayez oublié."

murmura Valerian avec un brin de nostalgie dans la voix. Il savait que mentir était inutile, la reine n'était pas idiote; de plus il n'en ressentait ni le besoin, ni l'envie. Toutefois, il ne comptait pas non plus lui rafraîchir sciemment la mémoire, aussi avait il décidé d'éluder la question.
Valerian ne pu s'empêcher la crainte qui paraissait grandir dans le regard de la souveraine. Elle avait bien vite compris qu'il devait être au service de son frère. Il était naturel qu'elle redoute les implications de ce simple fait. Cependant, elle resta digne et fière, allant même jusqu'à retirer la capuche qui recouvrait sa tête pour se révéler dans son statut de maîtresse d'Alsaria. Sa voix ne trembla pas lorsqu'elle lui demanda s'il était un bourreau venu accomplir son sinistre office. Son regard ne flancha pas devant celui du Fils de Dinak. Valerian remarqua que l'une de ses mains avait disparu derrière son dos, probablement à la recherche d'une arme. Le jeune homme fut impressionné par l'aplomb de la jeune monarque. Il connaissait peu de noble qui, dans sa situation, aurait eut l'audace de braver ainsi le danger.

"Votre altesse... Pensez vous sincèrement que votre propre frère aurait pu m'envoyer ici pour vous tuer? S'il avait voulu votre mort, il aurait agit de lui même le soir où il vous a rendu visite. Malgré la guerre qui oppose nos deux royaumes, votre frère vous aime et vous respecte. Ce n'est pas vous qu'il combat, mais l'ultime volonté de votre défunt père."

déclara Valerian d'un ton exempt de toute hostilité.

"Rassurez vous, majesté, je ne vous veux aucun mal et je ne me considérerai jamais personnellement votre ennemi, tant que mon seigneur ne m'ordonnera pas le contraire."

ajouta t il pour tenter de convaincre Alina de sa bonne foi. Il savait qu'il était loin d'être garanti que la reine puisse le croire, mais il espérait qu'elle percevrait sa sincérité.

*Je vous en prie, ne me forcez pas à me défendre...*

la supplia t il intérieurement, en gardant l'oeil sur le bras qu'elle dissimulait derrière elle. La crise était en effet bien loin d'être désamorcée, et, si la reine ne se calmait pas, il était malheureusement bien probable que la situation tourne au drame. Il ne voulait pas lui faire de mal, mais il ne pourrait pas rester sans réagir si elle décidait de l'attaquer. Pire encore, il ne pouvait se permettre de la laisser repartir sans être sûr de pouvoir franchir la frontière avant qu'elle ne donne l'alerte. Peut être pourrait il essayer de la convaincre de le laisser la suivre en tant qu'escorte, jusqu'à ce qu'il puisse rallier Dinak? La reine d'Alsaria escortée par un Fils de Dinak... Cela semblait un peu trop surréaliste pour se réaliser. Il allait devoir trouver quelque chose.

Ainsi donc, elle ne cherchait même pas à lui cacher mieux que ça, sa véritable identité. Elle n'avait pas été sur d'elle en le lui disant, une question a laquelle elle ne devait pas s'attendre.
Key se faisait du soucis pour la suite des évènements, elle aurait pu rencontrer n'importe qui sous cet arbre, posant les mêmes questions, ou pire, si un autre que lui se tenait à sa place et avait reconnu la souveraine d'Alsaria... cela aurait pu être catastrophique.

Elle effectuait donc une quête, de quel ordre, ça, elle ne le lui avait pas révélé. La curiosité de Key s'était éveillé, mais il la garda sous-jacente dans son esprit. Il ne voulait pas lui faire subir un interrogatoire, surtout que cela risquerait de la braquer.

« Cela me convient, dame Alina… »

La peur et l’incertitude des paroles de sa reine le perturbait. Il l’avait toujours perçut comme une femme forte, au caractère bien trempé, régnant d’une main de fer et faisant front face à son frère. Les circonstances de leur rencontre devaient peser dans la balance, effaçant quelque peu son assurance.

Ce fut tout, elle sortit rincer les bols, les lui rendit et s'installa pour la nuit. Key ne bougea pas, montant la garde, il couvait du regard sa reine. Sa respiration s'était faite plus lente et plus profonde. Au bout de quelques minutes, il put affirmer avec certitude qu'elle s'était endormie. Combien de personnes avait-eu l'honneur de veiller sur leur monarque pendant son sommeil, il n'aurait su le dire, mais il prenait ce devoir à cœur.
L'orage n'avait pas désemplit dehors. Frémissant, sursautant même aux coups de tonnerre les plus forts, il enviait le sommeil profond dans lequel elle s'était lové.

Se levant pour se dégourdir les jambes, il sorti calmer les chevaux puis s'allongea non loin d'Alina. Si quelque chose survenait pendant la nuit, les chevaux les avertiraient. Epuisé par sa chevauché et par l'orage qui ne cessait de titiller ses nerfs, le demi-elfe s'endormit rapidement entre deux grondements venant du ciel.

Peu fier de s'être endormie, Key se réveilla à l'aube, le soleil perçait difficilement à travers les nuages. L'air, chargé d'humidité rendait ses habits et cheveux collant. S'éveillant rapidement, il remarqua la fuite de la jeune femme. La place qu'elle avait occupé était encore tiède, s'il se dépêchait, il pourrait peut-être la rattraper.

Sautant sur ses pieds, il ramassa ses affaires et monta sur son destrier. La brume l'entourait, repérer ses traces fut un calvaire à cause du peu de visibilité, il ne distinguait pas toujours le sol. Heureusement l'entraînement que Schneizel lui avait fait subir lui fut d'un grand secourt. Les jeunes pousses des arbres avaient été cassées récemment, des mottes de terres et de mousses retourner marquait le passage des sabots.
Key estimait son retard à une heure ou deux mais s'il progressait rapidement, il l'aurait vite rattrapé.

Le chemin serpentait, flattant l’encolure de son cheval noir, il l’incita à accélérer doucement le rythme sur la piste grimpante. Les marques des sabots étaient faciles à repérer dans la boue que la pluie avait formé. Laissant le brouillard derrière lui, il se pressa. Plus il avançait et plus les traces se faisaient franches dans le sol spongieux

Le vent transportait à ses oreilles l'écho d'accent étouffés, ces voix devinrent des mots qui se transformèrent en phrase, dans l'air frais du petit matin. Un couple discutait. Tirant sur les rennes, il fit allé sa monture au pas.
La voix féminine à n’en pas douté était celle d’Alina, elle semblait tendu, l’autre lui disait quelque chose sans qu’il puisse mettre le doigt dessus. Au détour du chemin, il reconnut la croupe de la jument. Bientôt une silhouette féminine se dessina, ainsi que celle d’un homme, ses bras écartés laissant voir ses armes. Un frisson d’appréhension remonta le long de son échine.

"Rassurez vous, majesté, je ne vous veux aucun mal et je ne me considérerai jamais personnellement votre ennemi, tant que mon seigneur ne m'ordonnera pas le contraire."

Il y avait de quoi ce méfier, le protagoniste, savait qui elle était et ces mots sous-entendait son allégeance à Dan Azyrith. Surprit, les sourcils du jeune noble ne tardèrent pas à se froncer, accélérant la cadence il se dirigea droit vers les jeunes gens. Il était impensable de laisser sa reine s’approcher d’un homme de son espèce.

« Alina ! Ma dame ! »

Arrêtant sa monture en avant de la jument de la reine, il s'était placé délibérément entre le jeune homme aux cheveux blanc et elle. D'un coup d'œil il détailla l'intrus : cheveux blanc, yeux bleu, bon maintient, un soldat. Il lui rappelait ostensiblement le capitaine de la garde royale mais pour autant qu'il en savait celui-ci était en poste à Denaros. Qui était donc cet homme qui lui ressemblait tant ?

Détournant le regard, il porta toute son attention sur Alina, Le regard sévère, elle semblait bien décidé d'en découdre. Sa propre main sur le pommeau de son épée, simulant un geste machinal, il s'adressa à elle, occultant complètement la présence de l'individu.

« Je suis heureux de vous retrouver, il me semble que nous allons dans la même direction. Je n'ai pas eu le temps de vous le demander plus tôt, mais voudriez-vous chevaucher en ma compagnie? A moins que vous ne soyez occupé... »

Avec un sourire, il se retourna vers le sosie du capitaine. Cette situation allait être tendu. Comme souvent, Key avait foncé tête baissée et ce n'est que maintenant qu'il embauchait un plan. Malheureusement il ne savait pas quelles étaient les véritables intentions de l'homme mystérieux.

« Pardonnez-moi messire, mais nous sommes nous déjà rencontré ? »

Quelle était encore que cette machination, qui était-il par les Dieux, il ne répondait pas à la question, cependant, elle avait bien compris qu'il ne s'agissait pas de Kaeleth. Elle eut un hoquet à l'énonciation de son défunt père, comment osait-il parler de lui! Pourquoi fallait-il que dans son désarroi, elle se retrouve face à un des sbires de son frère cadet...

Une pointe de colère arqua ses sourcils si fins, donnant à ses traits un aspect dur, camouflant sa peine, ses blessures qui saignaient toujours malgré les années passées. L'injustice du choix paternel qui a brisé sa vie, ne laissant que débris à reconstruire. Elle conserva sa dague dans sa poigne fermement, même si son regard vacillait aux souvenirs qui affluaient à cette évocation.

* Nous avions été présentés ensemble?*

Oui ça lui revenait, Kaeleth avait un jumeau et celui ci se retrouvait devant elle. D'ailleurs il argumenta le fait de ses soupçons. Il devait sentir qu'elle ne lui accordait pas sa confiance, qu'elle ne l'accordait d'ailleurs qu'à très peu de monde à dire vrai. Mais il n'avait pas tout à fait tort, Dan aurait très bien pu mettre un terme à sa vie lors de cette rencontre, un soir dans sa chambre. Mélange de larmes et de regrets, un frère et une sœur déchirés par les mots du roi qui résonnaient encore dans la guerre qui en résultait.

Peut-être prenait-il maintenant les devant, se chargeant de la suivre pour la tuer dans un lieu où personne ne retrouverait son corps, la reine restant simplement disparue, Dan affirmant que c’était par pure lâcheté. Il reprendrait sa place sur le trône, comme il le convoitait depuis toujours, le royaume était sien. Et pourtant, bras tendus en croix, laissant entrevoir son armement, il lui certifiait qu’il n’userait pas de sa force contre elle. En effet, si elle se contentait d’en faire de même. Juste une seconde, elle détacha son regard de l’individu pour chercher un moyen de fuir, mais le calcul était rudimentaire, elle ne parviendrait jamais à le distancer. Déjà parce qu’il n’y avait qu’un seul chemin dégagé, ensuite, elle ne connaissait pas vraiment la route. Et un chevalier aguerrit comme lui aurait vite fait de la rattraper et là, à ne pas en douter, ils en viendraient inévitablement aux mains.

- Que faites-vous ici ? D’où venez-vous ?

Des questions auxquelles il fallait des réponses, dans le but de protéger sa nation du malfaisant, il était un guet, il piochait des éléments pour constituer une stratégie, elle ne prétendait pas savoir laquelle, sans doute une invasion en masse, ou plus discrète. Son frère était un bon stratège, mais elle ne pouvait dire comment il allait mettre fin à son règne.
Silhouettes immobiles dans l’espace et le temps, enfin un évènement vient les sortir de leur torpeur, tels des fantômes à l’aube du jour, brise et brume donnant le mouvement moite et morbide de la scène silencieuse soudainement.

Un soupir de soulagement, pas du tout caché, non, elle reconnut de suite son compagnon de la nuit, le fameux noble, personnage de sa cour, qui tombait à point nommé. Comme si la pression imposait par la présence de l’ennemi se faisait moins oppressante, elle put respirer un peu. Sa poitrine se souleva, sa main se décrispa, elle ferma les yeux. La proposition était intéressante faire route ensemble, oui, pourquoi pas, jusqu’où ?

- Et bien, je ne dirai pas non…

Visiblement, son sauveur était aussi intrigué par la ressemble du soldat qui leur faisait face, peut-être la voix claire d’un homme délierait sa langue et enfin il apportait réponse à la demande. Mais Alina ne voulait pas d’un bain de sang ici, après tout aucun d'eux ne lui avaient fait de mal, et même l’idée saugrenue de s’en faire un allié lui avait traversé l’esprit.

Parfois les évènements les plus étranges créent des amitiés, un petit bout de parcours ensemble, sans forcément révéler la…vérité ?

Tournant d’un geste brusque la tête pour fixer surprise le dénommé Key, mais alors, il savait qui elle était !

Elle ne lui accordait pas un soupçon de confiance, cela paraissait évident, et, après tout, il ne pouvait l'en blâmer. N'était il pas un ennemi d'Alsaria à ses yeux? La vérité était bien sûr loin d'être aussi simple. Valerian n'avait jamais oublié qu'Alsaria était sa patrie natale, il n'ignorait pas que les hommes de ce pays avaient autrefois été ses frères. Cette guerre fratricide ne lui avait jamais plut, il n'était pas fier du sang qu'il avait versé, au contraire, chaque vie qu'il prenait laissait une marque sur son coeur. Il aurait tant voulu que cessent ces tueries, mais le destin se moquait bien de ce genre de désirs.

Il pouvait lire la colère et la crainte se mêler dans le regard de la reine. Il pouvait le comprendre, lui non plus n'aurait pas apprécié de se retrouver à la merci d'un soldat ennemi à la place de la souveraine. Elle ne montrait toujours aucun signe d'ouverture ou de faiblesse, comme si elle s'était revêtue d'une carapace dont elle ne voulait se défaire. Elle ne répondit rien à ses déclaration, se contentant de lui renvoyer sèchement des questions sur ses activités.

"Je ne fais qu'essayer de rentrer chez moi... Veuillez m'excuser de ne pas en dire d'avantage, mais je ne tiens pas à vous mentir."

soupira Valerian devant l'agressivité dont elle faisait preuve. Il ne pouvait évidemment pas aborder les détails de sa mission devant la suzeraine d'Alsaria. Encore une contrainte du destin. S'il n'y avait pas eu la guerre... Cette maudite guerre. Tout cela à cause d'une seule décision. Une décision qui avait tout changé, qui avait déchiré amitiés et familles, qui opposait morale et convictions...

Le Fils de Dinak ne savait quoi dire, ni quoi faire pour réussir à la convaincre de sa bonne foi. Il était probable qu'il n'y arrive pas, quoi qu'il fit...
Alors qu'il s'interrogeait toujours sur la marche à suivre un cavalier sortit de nulle part et s'interposa entre eux. Valerian réprima son instinct qui le poussait à porter la main à la garde de son épée en s'apercevant que ce dernier ne semblait pas ouvertement hostile. Le Fils de Dinak se maudit intérieurement, il avait fait une erreur, elle n'était pas seule et il ne s'en était pas rendu compte. Les dieux seuls savaient ce que cet intrus avait pu entendre. La reine pouvait tout aussi bien le lancer contre lui... Les choses risquaient de plus en plus de dégénérer et c'était la dernière chose que souhaitait Valerian.
Le Fils de Dinak détailla rapidement le cavalier. C'était, à n'en pas douter, un demi-elfe. De longs cheveux noirs encadraient son visage fin d'où provenait un regard résolu aux reflets bleutés. Son maintien était ferme, son profil aristocratique et sa main était posée sur pommeau de son épée, en guise d'avertissement.
L'elfe proposa à la reine de l'accompagner dans son périple, évidemment... C'était prévisible et dérangeant, mais Valerian ne pouvait de toute façon rien y faire. Le cavalier se tourna vers le Fils de Dinak, un sourire satisfait aux lèvres et lui demanda s'ils ne s'étaient pas déjà rencontrés auparavant. Le demi-elfe avait sûrement conscience de la gêne qu'il représentait pour Valerian, mais faisait mine de l'ignorer.

"Je ne pense pas, je m'en serais souvenu. Vous devez certainement me confondre avec quelqu'un d'autre, maître elfe."

répondit poliment Valerian sans laisser paraître une once de frustration.

"Je serais également ravi de vous accompagner, si vous me le permettez."

lança ensuite Valerian en reportant son attention sur la jeune reine. Cette dernière avait évidemment de grande chance de répondre par la négative, mais il espérait qu'elle comprenne qu'il ne pouvait la quitter si loin de la frontière. Si elle refusait, il se verrait forcé d'insister ce qui risquerait probablement d'entraîner quelques ennuis avec ce chevalier servant sortit de nulle part. Valerian ne voulait pas en arriver là, mais si la reine l'y forçait, il n'aurait pas le choix. Une fois encore son destin tenait à une décision qui ne lui appartenait pas...

L'échange entre les deux hommes ressemblait à une joute silencieuse, où deux puissants s'affrontaient pour la mise d'une jeune reine un peu naïve et surtout en grand danger. L'un étant sans doute un allier, l'autre un ennemi qui n'en avait pas vraiment l'air. On sentait leur regard en chien de faïence, leur attitude sur la défensive, encore une fois elle se retrouvait emprise dans une guerre ouverte, ici les deux chevaliers, un peu plus loin des milliers, sur un champ de bataille versant leur sang pour une querelle entre Dan et elle.

Peut-être fallait-il faire autrement? Venir à lui et lui proposer un duel, bien évidemment elle n'en sortirait sans doute pas vivante, elle n'avait pas l'art de la guerre dans ses veines, dans son instinct, mais au moins cela cesserait. La déchirure d'Alsaria et de Dinak se trancherait totalement pour mieux se cicatriser sous la coupe d'un seul souverain.

A l'abri de toutes représailles, maintenant que l'elfe était à ses cotés, elle pouvait mieux réfléchir à ce qu'elle allait faire par la suite. Continuer sa quête ou la remettre à plus tard? Les deux individus lui proposant de l'accompagner dans son périple, était-ce la destinée qui choisissait pour elle? Pouvait-elle réellement refuser? Sans craindre qu'ils ne s'emportent et qu'il n'en reste plus aucun?

- Vous rentrez chez vous? Reprit-elle songeuse, après tout, un petit bout de chemin ensemble, qu'y avait-il de mal à cela?

Inconsciente encore une fois du danger, si elle venait à s'endormir qu'adviendrait-il d'elle? De Key? Qui s'était si spontanément proposé pour la protéger alors qu'il ne lui devait rien. Oui a ne pas en douter, il savait qui elle était mais avait eu le respect de ne rien en faire paraître jusque là.

- Faisons route ensemble...

Mais savaient-ils où elle voulait se rendre? Etait-ce un coup monté des Mercenaires qui avaient su sans qu'elle ne le sache qu'elle se rendait là bas? Ile de mythes et de légendes, les trouverait-elle?

Finalement, ils firent route ensemble dans un certain silence, pesant... Il était difficile de distinguer l'heure, visiblement le soleil ne daignait se lever en ce jour. Mais l'horloge biologique se faisait elle moins sourde et Alina opta pour se reposer un peu après presque 5h de route pour une petite collation.

Cette halte, permettrait peut-être d'instaurer une certaine confiance et de délier les langues des deux hommes, elle aimait bien savoir à qui elle avait à faire, connaître son peuple et celui de son frère.

L'endroit choisi était plutôt en retrait, les arbres offrant un abri naturel tout à fait appréciable, peut-être le seule chose qu'elle avait assimilé de ses quelques cours de survie. Mettant pied à terre, elle ne jugea pas nécessaire de s'occuper des deux cavaliers, cherchant dans sa sacoche un peu d'eau pour se désaltérer, sa gorge devenant sèche par l'appréhension...de quoi? De sa quête si lourde à porter.

Trouvant une pomme, elle s'installa sur une branche morte, par branche il s'agissait d'une assez grosse bûche enfaite, probablement arrachée lors d'une récente tempête, les feuilles à leur rameaux y étaient encore vertes. Elle savoura son frugal repas, combien en aurait-elle encore. Souriant simplement à l'un ou à l'autre de manière chaleureuse, Alina ne voulait de mal à personne et plus que tout elle aurait donné sa vie si cela aurait suffit à tarir la rancœur de Dan.

Un sourire apparu sur le visage du jeune homme quand Alina valida sa proposition. C’était un soulagement, ainsi il pourrait veiller sur elle et arriverai peut être a en apprendre plus sur son mystérieux voyage. Cependant il se renfrogna aux paroles de l’homme aux cheveux blanc.

« Maître elfe ? Je n’en suis pas un et je suis originaire d’Alsaria et l’un de ses seigneurs messire, puis-je vous demander votre identité puisque nous ferrons vraisemblablement route ensemble. »

Tandis qu’il parlait, il remarqua le visage de la reine se tourner brusquement vers lui. Elle le regardait avec une surprise non feinte. Le demi-elfe lui renvoya son regard, haussant un sourcil, il ne comprenait pas pourquoi elle le dévisageait ainsi.

Tous se mirent en marche, au pas, sur leur cheval respectif. Ils chevauchèrent alors en silence durant la majeure parti de la matinée quand la reine décida de faire une halte. Descendant a bas de sa monture, il récupéra les rennes de la jument et les conduisit vers un arbre où il les attacha et mit de l’eau dans une outre pour qu’ils puissent s’abreuver. Il y avait largement assez de place pour un troisième cheval. Key fit un signe de tête au cavalier pour l’inciter a y attacher lui aussi son compagnon de voyage.

Récupérant un paquet sur sa selle, il retourna près d’Alina, s’assit sur une roche affleurante non loin et entreprit d’ouvrir le papier. A l’intérieur gisait une ribambelle de fine lamelle de viande séché. Gobant l’une d’elle sur l’instant, il tendit le reste a sa reine.

« Servez-vous, une pomme ne vous nourrira pas suffisamment après de si longues heures a cheval. Et je me doute que vous avez faim… Puis-je connaître le but de votre voyage ? Si nous poursuivons dans cette direction le lac ne tardera pas a montrer le bout de son nez, j’ai affaire dans les environs. »

Puis il se tourna une nouvelle fois vers l’homme. Le jugeant du regard, il haussa des épaules et lui fit signe d’approcher.

« N’hésitez pas a en prendre vous aussi, nous voyageons ensemble donc nous partagerons également notre repas, cela me parait normal. »

Un fin sourire de circonstance étirai sur ses lèvres et semblait détendu au premier abord. Mais son cerveau bouillait. L’homme l’intriguait, que faisait-il là, quel était la nature de ses relations avec Alina, était-il un danger pour elle, pour eux ? Et il fallait en plus qu’il découvre pourquoi la reine d’Alsaria se promenait seule dans cette parti de la foret et pourquoi elle se dirigeait vers le lac. Tout cela devait vraiment étrange et prenait des proportions auquel il ne s’était pas attendu.

Le jeune homme aux oreilles pointues se braqua instantanément à la réponse de Valerian. Apparemment il n'avait pas apprécié la réflexion à propos de sa nature elfique. Étrange, mais après tout à chacun ses propres démons, il valait mieux ne pas trop insister sur le sujet. Une querelle pour un sujet aussi futile n'aurait été dans l'intérêt de personne.

"Oh... Excusez moi, la forme de vos oreilles m'aura égaré. Je ne voulais pas vous offenser et je vous prie de me pardonner si cela a été le cas. Je m'appelle Valerian, j'ai autrefois fait partie de la garde royale de ce grand royaume et je suis honoré de me trouver en présence de l'un de ses seigneurs, messire...comment dois je vous appeler déjà?"

répondit diplomatiquement le dinakien. Il avait décidé de raconter une partie de sa véritable histoire à son interlocuteur, tout d'abord parce que sa sincérité n'en serait que plus perceptible, ensuite car il n'y avait quasiment aucune chance que l'individu puisse établir un quelconque rapport avec la réalité de son statut actuel.

Le Fils de Dinak reporta son attention sur la reine qui semblait toujours analyser sa proposition. Elle avait paru pensive, peut être même incrédule quand il lui avait assuré qu'il ne voulait que rentrer chez lui. Pourtant elle paraissait étudier sérieusement sa demande. Peut être la bonne foi de Valerian avait elle finit par porter? Il était toujours beau de rêver de toute façon...

Le bras droit de Dan fut très agréablement surpris quand elle accepta finalement qu'il fasse route à ses côtés avec le cavalier. La bonté d'âme de la gouvernante d'Alsaria venait d'éviter une énième effusion de sang inutile. Valerian appréciait cela. Nombreux étaient les dirigeants qui avaient l'audace de se lancer dans un combat au péril de leur vie, peu nombreux étaient ceux qui avaient la sagesse et le courage de les éviter.

Le petit groupe se mit en chemin. L'allure était douce, les conversations quasi-inexistantes. Chacun des trois voyageurs semblait plongé dans ses pensées. L'atypique trio poursuivit sa route des heures durant avant que la reine ne les invite à faire une halte pour se rassasier. Les cavaliers mirent pied à terre et le noble alsarien s'occupa de prendre soin de la monture de sa souveraine en plus de la sienne. Il invita même Valerian à attacher son cheval avec les leurs. S'agissait il d'un geste d'ouverture? Le Fils de Dinak n'aurait su le dire. Il n'en accepta pas moins l'invitation, attachant la bride de son destrier avec celles des autres montures. Les voyageurs s'installèrent dans une cuvette aux bords boisés. La monarque alsarienne s'attaqua à une pomme tout juste prélevée de son arbre. Il était assez surprenant qu'elle se contenta de si peu. L'alsarien aux oreilles en pointe y remédia en découvrant ses propres provisions, l'incitant à se servir. Il proposa ensuite les denrées à Valerian, le gratifiant d'un discours affable.

"Fort bien, c'est très aimable à vous. Nous partagerons mes provisions à la prochaine halte. Il ne serait pas juste que vous soyez le seul à vous défaire d'une partie de vos vivres au profit de notre compagnie."

fit le dinakien an acceptant le présent de l'alsarien.

"Il se trouve que ma destination se situe également près du lac. Suivriez vous la même direction que nous?"

ajouta Valerian après que le demi-elfe ait demandé quelques précision à sa suzeraine.

La pause tombait à pic, Alina n'était pas du genre à voyager aussi longuement en selle, son fessier n'étant pas aussi robuste que celui d'un chevalier, restant une Dame. Toute fois, elle avait de son souhait appris à chevaucher à la garçonne, afin d'acquérir une certaine vitesse, toujours utile en cas de fuite.

A présent bien installée, sur une surface tout aussi dur que le cuir néanmoins, elle accepta volontiers l'encas de Key, encore une fois celui-ci veillait à son alimentation alors qu'elle manquerait prochainement de vivres. Un coup d'œil à la suite, elle sourit, voila que des ennemis s'ouvraient l'un à l'autre, c'était beau et encourageant.

Ainsi donc, au fil de leur périple, ils seraient chacun à leur tour amenés à partager leur nourriture, le concept était généreux et prouvait qu'individuellement l'humain était bon, en groupe cependant, les risques d'influences restaient dominants.

- Oui, en effet, je me dirige également vers le lac...

Une réponse un peu fluette, elle songeait maintenant que tous deux savaient qui elle était, alors pourquoi ne pas mettre les choses au clair?

- Je pense qu'il n'est plus d'usage que je vous mente sur mon identité mes seigneurs, puisque comme j'ai pu le remarquer, aussi bien vous Messire Valerian, ainsi que vous messire Key, vous avez eu à mon égard toutes la bienséance qu'on dédit à sa souveraine. Alors inutile de faire des formes, je ne suis pas ici en tant que reine, mais en tant que citoyenne d'Alsaria, je souhaite la paix plus que tout et je coure en dernier recours après des rêves et des légendes.

C'était bien cela, des rêves, des histoires que l'on contait aux enfants, celles là même que Dan adorait, les Mercenaires, plus haut que des rois, ils faisaient trembler le monarque qui désobéissait, châtiaient celui qui trahissait...

Alors que visiblement le sous-fifre dinakien regagnait ses terres, elle se demandait où comptait se rendre l'un de ses chevaliers, il faisait route ensemble et pourtant chacun conservait sa destination finale comme un secret.

- Je n'ai bientôt plus de vivres, je tenais à vous le dire, je ne veux pas abuser de votre gentillesse et de ce fait, il n'est pas nécessaire de partager avec moi.

Elle trouverait de quoi se nourrir en chemin, des baies, des champignons, des racines, tuer un animal? Elle en était bien incapable, peut-être s'arrangerait-elle avec des paysans isolés pour monnayer un peu de viande. Sa bourse n'étant pas trop pleine, mais suffisamment pour aboutir à la fin de son voyage. Il est vrai, qu'elle n'avait pas envisagé de retour...

Enfin un rayon faible et froid transperça les nuages offrant un peu de sa lumière, il ne fallait pas attendre de chaleur, mais cela faisait plaisir, elle écouta leur conversation, se replongeant dans ses pensées, laissant son visage se repaitre de la luminosité. Bientôt, il reprendrait la route, jusqu'à la nuit tombée.

Il avait écouté le récit du voyageur avec beaucoup d’attention, citoyen Alsarien ou pas, ce Valerian l’intriguait. S’il était de cette patrie, dans la garde royal qui plus est, pourquoi cette atmosphère pleine de tension semblait planer autour d’eux alors qu’ils venaient a peine de se rencontrer. L’homme avait dit la vérité a n’en pas douter, mais nombre de ses compatriotes avaient désertés les rangs du royaumes pour se joindre au félon et tout cela ne le rassurai guère. Les temps étaient incertains quelque soit le lieu ou vous vous trouviez. D’autant plus lorsque vous escortez une reine incognito.

« Ce n’est rien. Je me nomme Key. »

Réponse concise sur un ton des plus aimable que la noblesse lui avait enseigné. Non, il n’en dirai pas plus sur son identité, pas à lui, il entrait dans son jeu. Il ne se dévoilerai pas plus que nécessaire.

Assit sur son rocher, il regarda l’homme prendre une lamelle de viande et proposer ses provisions pour la prochaine halte en leur compagnie. Avec un fin sourire sur les lèvres, Key acquiesça. Toujours sur ses gardes, il appréciait néanmoins ce genre d’attitude des plus diplomate dans les circonstance présente.
L’homme aux cheveux blanc précisa sa destination a son tour et demanda de nouveau celle de la reine. Étrange ambiance, chacun d’eux voulant savoir ou la dame mènerai ses pas et il ne doutait pas que l’homme avait des raisons aussi importantes que lui pour vouloir le savoir.
La réponse qu’il attendait ne tarda pas a venir. Ainsi donc tout trois se dirigeait vers le lac, Key commençait a avoir de sérieux doutes sur les intentions de la reine mais rien de bien tangible jusqu'à ce qu’Alina prenne une nouvelle fois la parole.

Impassible, il ferma les yeux quelques instant. Il devait réfléchir et vite. Bien qu’il se doutait que Valerian connaissait lui aussi l’identité de la jeune femme, il avait espéré que ce non-dit les protégerai d’une quelconque malencontreuse aventure. C’en était fini, elle voulait jouer carte sur table, quitte a se mettre en péril pour ça. Mais le demi-elfe lui ne le pouvait pas, pas encore. Il avait encore trop a perdre. Son nom ne pouvait encore être mentionné, aucunes de ses deux identités ne devait être totalement découverte.

Mais il y avait tout de même une bonne nouvelle dans tout ça. Alina, la reine d’Alsaria courait après les légendes, après eux, après lui, Mercenaire. Une étincelle d’espoir scintillait enfin, si les Dominants lui accordait une audience, ce conflit pourrait peut-être enfin prendre fin.

Tandis que ses pensées voyageaient, il ouvrit de nouveau les yeux quand elle leur avoua que ses resserves étaient vides. Respirant profondément, il fronça légèrement les sourcils et se mit debout. Le poing sur le cœur il fixa les prunelles bleu de la jeune femme et exécuta la révérence qui était du à son rang.

« Dans ce cas, laissez moi vous présenter mes hommages comme il se doit. Bien que vous dites être venu ici en tant que citoyenne, votre titre n’est pas quelque chose que l’on peut retirer a l’inverse de votre couronne. Cela fait partie intégrante de vous et de votre personnalité. Et en tant que l’un de vos sujets, j’ai promis de vous servir et de vous protéger, je tiendrais cette promesse, dois-je vous pourchasser dans tout Alsaria pour cela. Je ne peux vous laisser errer ainsi dans nos contrées. Et mon premier devoir envers vous est que vous ne mourriez pas de faim. Mangez. »

Il avait occulté la présence de Valerian, cet homme le dérangeait, sans lui il aurait pu questionner la reine peut-être même put évoquer les Mercenaires ou la conduire a eux. Mais il était la et il ne pouvait rien faire de plus qu’être un simple chevalier au service de sa reine.

La reine s'était semble t il décidée à jouer cartes sur table. Non seulement avait elle choisi de leur révéler sa véritable identité (révélation certes superflue, car Valerian était persuadé que le noble aux oreilles pointues n'avait pas été plus dupe que lui) mais aussi, et surtout, leur avouait elle à demi mots le but de son périple. Ainsi était elle donc à la poursuite de légendes et de chimères... Autant dire qu'elle recherchait le contact des célèbres Mercenaires. Ces individus n'étaient que des mythes pour le commun des mortels, mais Valerian était pleinement au courant de leur existence. Après tout, son propre maître n'en avait il pas déjà affronté par le passé? Lui même était d'ailleurs persuadé d'en avoir croisé à différentes occasions. Il n'avait certes pas de preuves concrètes mais il faisait suffisamment confiance à son instinct pour le croire.
Pendant que Valerian retournait ces révélations dans sa tête, son compagnon de route alsarien avait prit la parole afin de rendre à sa souveraine les égards qui lui étaient dûs. Une déclaration d'allégeance sincère, quoiqu'un peu pompeuse. Mieux valait cependant que Valerian suive le mouvement sous peine que le noble ne puisse le taxer de crime de lèse-majesté.

"Messire Key dit vrai. Il est brave et humble de votre part de choisir d'oublier vos privilèges, mais vous n'êtes pas n'importe quelle citoyenne d'Alsaria. Vous êtes irremplaçable contrairement à nous. Vous cherchez à protéger votre peuple, il est naturel qu'il vous rende la pareille."

ajouta Valerian quand Key eut terminé son petit discours, après quoi il s'inclina légèrement, protocole oblige.

"Vous dîtes courir après des rêves. Serait il indiscret, votre altesse, de vous demander lesquels? Nous pourrions peut être vous assister dans vos recherches, car, après tout, il arrive que l'on poursuives des légendes que l'on a déjà sous les yeux..."

reprit le Fils de Dinak en jetant discrètement un oeil du côté du noble alsarien afin de guetter ses réactions. Il était en effet possible qu'il ait lui même saisi l'allusion de la reine. Peut être même était il l'un de ces fameux Mercenaires... Rien n'aurait permis à Valerian de penser que c'était effectivement le cas, mais il ne fallait écarter aucune possibilité. D'après son expérience personnelle, ce genre d'individus apparaissaient systématiquement là où on les attendait le moins. Il était donc vital pour quelqu'un de sa trempe de considérer que quiconque pouvait faire partie de leur mystérieuse organisation. Bien sûr il fallait toujours savoir faire la part des choses sous peine de sombrer dans la paranoïa mais Valerian était encore loin de ce stade.

Ce sujet l'avait toujours passionné depuis qu'il en avait eu connaissance. Ces Mercenaires pensaient ils vraiment être au dessus des lois? Pensaient ils vraiment servir les intérêts des différentes communautés qui peuplaient le monde ou ne servaient ils après tout que leurs intérêts personnels? D'après les légendes leur organisation avait été fondée à des fins nobles, afin de débarrasser le monde des tyrans, mais en trois mille ans d'existence, comment être sûr que leurs valeurs étaient restées les mêmes? Les Mercenaires s'étaient arrogés le droit de disposer des souverains belliqueux, le pouvoir d'influer directement sur l'Histoire. Or le pouvoir est corrupteur, avaient ils vraiment su rester les mêmes qu'au jour de leur création? Et qui parmi eux se permettait de désigner les tyrans? N'était ce pas déjà là une forme de tyrannie que de décider du destin d'un monarque sans lui laisser le droit de plaider sa cause? Certes ils étaient restés silencieux durant des millénaires, mais à quoi avaient ils vraiment employé tout ce temps?
Nombreuses encore étaient les questions qui abondaient dans l'esprit du dinakien, même s'il savait qu'il n'en aurait probablement jamais les réponses...

Les deux hommes si différents se parlaient avec une certaine retenue dû sans doute à leur rang inégale et surtout leur parti prit vis à vis de leur roi/reine. Une nation divisée en deux par les liens du sang, maculé sur le sol géographique d'une contrée blessée et tiraillée entre servitude et abolition.

Alina les écouta converser brièvement, un monde de rêves se disait-elle, elle courrait bien après des rumeurs ancestrales que ses Pères contaient déjà alors qu'elle n'était encore qu'au berceau. Étonnement, elle se demandait pourquoi son frère Dan n'avait pas songé à faire appel aux légendaires Mercenaires. Seuls eux visiblement pouvaient débloquer la situation...

La question des vivres durant le voyage avait été résolue, tant mieux, une bonne chose à ne plus se préoccuper. Il ne restait que le plus difficile sans doute, le sauvetage de millier de vies, un peuple, des peuples.

- Vous pensez vraiment qu'il se pourrait que ce que je cherche se trouve sous mes yeux?

Cette nouvelle aurait pu l'enchanter, mais hélas rien n'était si simple, la vie ne gâtait pas sans avoir en retour un lourd tribu. En tout cas escortée de la sorte, elle ne risquait rien dans les montagnes ô combien menaçante, menant jusqu'au lac.

Ils reprirent bientôt le chemin s'arrêtant de temps à autre dans des villages bordant les routes, avant d'empreinter un passage plus ardu et moins fréquentable. La communion de ses deux accompagnateurs étaient agréable et elle fut surprise qu'ils s'entendent relativement bien malgré une éthique franchement différente. Périple long et épuisant, de multiples pauses, chacun faisant la surveillance du campement quand les autres dormaient du sommeil du juste.

Jamais la reine n'avait songé à une aventure aussi épuisante et se fut avec grand soulagement qu'elle vit arriver au loin les reflets du ciel gris miroitant dans le lac de Balassy.

- Enfin!

Alors que Messire Watson s'occupait de délester leur monture et que le fidèle bras droit de Dan cherchait le gondolier, elle était debout sur l'embarcadère à observer l'horizon, cheveux au vent, offerte à un avenir meilleur de par ses pensées. Un homme, artiste à n'en pas douter, non loin de là, l'avait remarquée, il prenait son portrait dans la plus grande discrétion, un souvenir peut-être, ou bien plus, qui sait les voies de la destinée sont pleines de surprises.

Regard triste, courbant l'échine, Alina Azyrith n'était plus que l'ombre d'elle même, un heureux évènement l'aurait bien aidé à reprendre surface, cherchait-elle réellement la rédemption de son peuple? Ou n'était-ce qu'un prétexte pour se trouver elle même.

- Alors Messieurs, êtes-vous prêt à faire la dernière ligne droite de ce voyage? Ou allez-vous chacun de votre côté?

L'accompagneraient-ils encore? Était-elle capable de faire bien plus que ce qu'elle avait réalisé avec ces deux là? Après tout n'étaient-ils pas devenus des gardes du corps, des gardiens d'une paix tout juste naissante?

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