Huit année plus tard... nous ne sommes plus des enfants. [Gani et Kalissa]

"Peut être qu'aujourd'hui encore il pleuvra."

Cette réflexion était la plus inutile de la journée car les nuages viendraient certainement déverser leurs larmes au pied des montagnes de Yarkol. Pourtant rien ne semblait présager que pour une fois, rien ne se passerait comme à l'accoutumée. Le ciel sombre semblait s'écraser contre cette chaine de roche dure et hostile. Les carrières de minerais raisonnaient encore de quelques coups avertissant que la récolte devait être fructueuse.


Non loin de là, la forge des Sperenza battait le même rythme que celui d'un coeur. Le son sourd du métal chaud se perdait dans la légère brise du matin. Le feu rougeoyant de cet endroit proche de celui de l'enfer faisait suer le patriarche qui s'attelait à la confection d'une longue lame qu'un guerrier lui avait commandé il y avait de cela quelques semaines. Les instruments encore embrasés semblaient vouloir punir toute personne mal attentionnée s'aventurant en ces lieux. Un énième coup de marteau terrassa la langue fumante et celle-ci crépita au contact de l'eau, une épaisse vapeur s'éleva dans toute la pièce.

- Kalissa ! Tu as pensé à t'occuper de ramener un autre tonneau d'eau pour remplir le bassin ? Aucune réponse. Kalissa, ne traine pas j'ai besoin de toi ici ! Kalissa !

Un soupire à fendre les deux lames en deux s'éleva des lèvres de la jeune femme qui n'arrivait plus à se concentrer, à croire que son père faisait exprès de raccourcir ses entrainements. Le long corps mince se pencha en avant pour ramasser les fourreaux et rangea les armes à leur place. La pensée qu'elle avait eu un peu plus tôt ne semblait pas se réaliser, pour une fois il ne pleuvrait pas.

- Kalissa !

Une fois de plus elle ne prit pas la peine de répondre et avança vers l'ancienne grange de cette vieille ferme devenue forge il y avait de ça des dizaines et des dizaines d'années. Le four était à la fois attenant à la maison et à l'atelier ce qui permettait d'être chauffé été comme hiver. La jeune femme poussa la lourde porte sans le moindre mal.

- Ka... !

- ... Gueros, si tu avais pris le temps de te tourner deux petites secondes, tu aurais pu remarquer un tonneau derrière toi, à la place habituel. Son corps encore appuyé contre l'encablure du battant laissa tomber à terre sa veste d'un bleu sombre, pour laisser apparaitre un corps sculpté par l'effort. Le fer pour les dagues est arrivé père ?

Le vieil homme encore en train de tenir la lame dans l'eau regarda le regard bleu et perçant de son enfant. Il n'aurait aucun mal à la marier mais avec son tempérament il valait mieux éviter le sujet sous peine de voir voler les outils. Il secoua la tête.

- A côté de ton plan de travail, dans ta partie du four.

Et tout deux se remirent au travail. La sueur coulaient sur leur corps et ruisselait sous le coup de l'effort. Les coups de l'un répondaient à l'autre dans un tintement parfait. Les dos arqués sur les établis ne semblaient pas ressentir cette intense chaleur qui contrasté avec le froid extérieur. Tous deux ne s'arrêteraient pas avant l'heure du déjeuné, mais la porte resté toujours ouverte dans le cas où des invités ou client viendrait.

Le cri d'un aigle raisonna au loin pour prévenir de la réminiscence d'un souvenir.

Cela faisait plus de trois heures que tous deux tapaient, chauffaient et refroidissaient le fer. Une des deux lames des dagues de la fille du forgeron reposée sur un rebord quand une voix masculine se fit entendre. Gueros et Kalissa se redressèrent en même temps et dévisagèrent l'homme se tenant dans l'encablure de la porte. Réparer. Donc c'était certainement leurs propres armes, sinon il n'y avait pas d'intérêt à s'aventurer jusqu'ici. Le regard bleu de la jeune fille se durcit, quiconque cassait le travail de son père ne méritait pas de revenir ici. Ses lèvres s'ouvrirent pour adresser à l'inconnu une réplique cinglante quand elle ressentit la main de son père se poser sur son bras.

- Kalissa, c'est un client alors pas de mot déplacé. Son regard sombre de vieil homme encore vigoureux se posa de manière bienveillante sur le jeune que sa fille avait décidé de prendre en grippe. Alors petit, comme ça tu viens pour remettre à neuf des armes ? Montre les moi. Et toi, va me chercher mes lunettes s'il te plait.

Serrant les dents pour ne pas dire un mot plus haut que l'autre, l'enfant se retourna et s'enfonça dans la forge pour attraper les bésicles de son père. Le manque de respect des armes l'insuportait, tous deux mettaient énormément de sueur et de force chaque jour dans chaque mouvement qu'ils faisaient. La jeune femme se retourna et croisa l'espace d'un court instant le regard de cet homme. Il devait avoir son âge, tout au plus, mais il était bien bâtit. Son pas se figea soudainement. Son regard... Où l'avait-elle vu ? Ses souvenirs devaient lui jouer un tour, elle n'oubliait jamais le visage d'un client et encore moins l'arme forgée.

- Tu as dû venir de loin gamin, mais si tu es parvenu jusque ici c'est que tu ne dois pas être mauvais combattant. Gueros tendit une main vers le jeune homme et la seconde vers son enfant qui déposa les lunettes. Kalissa, apporte un verre d'eau à cet homme s'il te plait.

Malgré le sourire de son père, sa réponse fut catégorique.

- Non, il n'a pas respecté ton travail père.

D'un pas plein de hargne, elle se retourna vers son établi et reprit son travail avec plus de force encore. Ce regard, elle cherchait encore où elle l'avait vu.

- Pardonne à mon enfant, elle est quelque peu... fougueuse.

Il se mit à rire de bon coeur.

Les pas de son père raisonnèrent mais pas assez fort pour qu'elle l'entende et il figea son bras tenant le marteau alors qu'elle le levait pour l'abattre sur la dague. Sa force l'étonnerait toujours. Son bras dû redescendre doucement pour reposer l'outil. Kalissa avait compris où il voulait en venir. L'homme glissa doucement dans les mains de son enfant les deux armes et dégagea la dague de son plan de travail. Son regard se posa sur le fourreau avec un certain dégout, et doucement, ses doigts déshabillèrent les lames. Elles ne pouvaient plus rien trancher, toutes deux étaient devenues lisses et inutilisable, encore un coup et une brèche aurait pu se former au niveau du pommeau. Le bleu de ses yeux observèrent le travail de Gueros avec nostalgie, et soudain le souvenir remonta à la surface. Comment aurait-elle pu reconnaitre un gamin de dix ans qui en avait huit de plus maintenant ? Son regard c'était durcit et avait acquis une certaine hargne et douleur.

- J'ai compris, je m'occupe de tes armes si tu m'emmènes avec toi.

Un silence éloquent s'en suivit. Son père essaya d'articuler quelque chose mais rien ne pût sortir de sa bouche tant le choc fut grand. Il secoua la tête pour reprendre ses esprits et posa de nouveau sa main sur l'épaule de son enfant. Celle-ci de dégagea.

- Mais enfin, Kalissa, tu comptes te marier avec le premier venu ? Tu...

-Je n'ai jamais parlé de mariage Gueros. Je veux qu'il m'instruise et qu'il me montre comment me battre. Je ne veux pas passer ma vie à forger. Je ne sais pas vraiment qui il est ni d'où il vient. Mais je garde dans un coin de ma mémoire l'image de ce gamin. Elle s'avança d'un pas résolu vers le jeune homme. Emmène moi avec toi et je répare tes armes.

Le vieux forgeron était figé sur place. Sa fille était-elle sérieuse ? Il n'arrivait pas à le croire.

Elle ne s'attendait pas à ces mots.

- Désolé, je suis un solitaire et puis... Je ne crois pas que tu serais a la hauteur.

Elle le voyait dans son regard. C'était parce qu'elle était une femme qu'il la rejetait ainsi. Pas à la hauteur... Elle était forgeron et passait ses journées à battre le fer et à tester les armes qu'elle venait de forger. En quoi ne serait-elle pas à la hauteur. Son regard devint soudainement glacial et Kalissa tourna le dos à cet homme comme si elle avait renoncé. Mais au lieu de cela, elle attrapa deux paires de double épée et envoya l'une d'elle à l'impertinent qui venait de la traiter d'incapable de manier une arme alors qu'elle faisait cela à longueur de temps. Gueros essaya de rattraper sa fille au passage mais celle-ci esquiva son bras et passa à côté de celui qui la considérait comme une faible.

- Kalissa, ne fais pas de caprice et reviens ici en t'excusant.

La jeune fille ne prit pas la peine de répondre. Elle saisit son long manteau resté à l'entrée de la forge.

- Puisque je ne serais pas à la hauteur, tu n'auras aucun problème à me battre même si ce ne sont pas tes armes, n'est-ce pas ?

Elle avait dit cela sans se retourner pour voir le visage de l'homme qu'elle provoquait en duel et se plaça sur le terrain devant la demeure. Ses doigts lâchèrent son manteau de nouveau sur le sol et dégainèrent les deux lames. Sans avoir attendu de réponse, elle se mit en position de combat, son regard céleste plus déterminé que jamais.

Le père courut en dehors de la forge inquiet pour la vie de son enfant, il avait déjà perdu sa femme et ne voulait pas compter sa fille parmi les morts. Mais celle-ci, vêtu simplement de son pantalon et de ses bandages de lin noir, se tenait droite et ses muscles apparaissaient sous l'effet de l'adrénaline. Ses yeux de chat sauvage ne semblait pas vouloir son adversaire. Il n'avait rien compris, elle ne voulait pas le battre, elle savait estimer la force des guerriers sinon elle ne pourrait pas forger d'armes correctes. Ses doigts se contractèrent sur la garde de chacune des lames, et avec une rapidité surprenante et caractéristique au femme, Kalissa fonça droit sur le mercenaire. Ses armes étaient croisées, prête à frapper à la moindre ouverture.

Les souvenirs affluaient. Sa mère s'amusait souvent à regarder sa fille essayer d'apprendre à manier les armes avec son père. Elle défiait son petit frère et tous deux se battaient avec des épées en bois. Neilla les grondait de temps en temps pour la forme mais elle finissait par éclater de rire quand sa fille revenait en pleurant.

- Tu finiras par te faire mal ma puce à force de vouloir te battre.

La petite regarda sa mère en boudant et en essuyant ses larmes. Sa peau était aussi blanche que l'albâtre à l'époque. Ce jour là elle portait une robe que sa mère avait elle même faite. Au loin, Kalissa vit son père discuter avec des étrangers, certainement des clients. Avec un homme, il y a un petit garçon. Intriguée, elle s'approcha pour écouter ce qu'il se disait et se cacha rapidement derrière son père quand elle vit que l'enfant croisa son propre regard.

Une de ses armes se détacha de l'autre avec pour seul but de fendre cet homme en deux. Il ne semblait pas la prendre au sérieux et elle comptait le lui faire regretter.

La jeune femme fit un mouvement de bras pour envoyer un coup de lame sur l'impertinent. Il l'énervait au plus haut point à se prendre pour le meilleur, son sourire ne faisait que l'agacer plus encore. Elle se remit convenablement sur ses jambes et fit une légère pause à la recherche d'une faille dans sa façon de se battre. Rien, il fallait se rendre à l'évidence, il jouait plus avec elle que ce qu'il ne l'affrontait vraiment.

Le père était quelque peu rassuré par le combat, son enfant n'était pas à la hauteur et le jeune homme n'était pas sérieux avec elle. Sans vouloir les déranger, il s'assit sur un des tonneaux d'eau en observant les technique de chacun. Mais une question ne cessait de tourner dans son esprit. Pourquoi sa fille, qui avait appris à forger des armes, voulait soudainement partir en voyage ? Le goût de l'aventure ? Non, il savait que ce devait être autre chose. Depuis que sa mère était morte l'enfant apprenait à se battre en cachette, mais c'est dernier temps cela devenait plus fréquent et il essayait de l'arrêter par divers moyen. Gueros soupira devant cette incompréhension.

Kalissa n'était pas décidée à se rendre de cette manière, s'il voulait qu'elle arrête, il faudrait la désarmer et la faire tomber à terre. Serrant un peu plus la garde de ses lames, elle se mit à courir vers lui et à prendre une impulsion qui lui donna plus de force. Ses épées croisées, elle en détacha une pour essayer de pourfendre en deux la chair de son coup et faire ainsi cesser son petit sourire, pendant ce temps sa seconde arme attendait d'être parée pour le prendre enfin au piège.

Les deux enfants se fixaient sans savoir quoi dire, c'était la première fois que la petite fille voyait quelqu'un de son âge. Les enfants étaient rares dans des endroits aussi reculé, et c'était sa mère qui lui apprenait à lire, écrire et compter. Puis finalement la fille du forgeron finit par sourire et lui tendit la main.

- Vient, on va jouer dans le jardin. Maman et Xander sont rentrés pour s'occuper du diner. Sans lui laisser le temps de répondre, la petite l'entraina un peu plus loin dans un coin d'herbe. Mon père regardait tes mains, il va te forger des armes ? Dis, tu vas devenir un grand guerrier n'est-ce pas ?

Ce souvenir, elle l'avait oublié. Mais le fait de faire quelques passes le lui avait rappelé. "Un grand guerrier ? Tu parles, ce n'est qu'un gamin arrogant !". Sa réflexion lui faisait un peu mal, car les armes quelle avait observée lui avait montré que son arrogance était certainement justifiée. Huit années avaient passés, et tous deux avaient grandit.

Une nuée de poussière s'éleva du sol. La silhouette de Kalissa se dessinait entre les particules de roche. Il y avait une certaine douleur dans ses mains dû à la réception. La chute était douloureuse, tant moralement que physiquement, mais elle serra les dents. Personne n'avait le droit de la traiter ainsi. La jeune femme n'arrivait plus à savoir si ses compliments en étaient vraiment ou si c'était une fois de plus de la provocation. Mais ne se laisserait pas avoir une troisième fois, elle voulait lui montrer son talent. Après tout, ce n'était pas leur premier combat.

Elle éclata d'un grand rire, il était plus fort qu'elle ne l'aurait pensé. Assise dans l'herbe en train de récupérer, l’enfant ne cessait de regarder les deux morceaux de bois à terre. Puis Kalissa leva la tête et fit un grand sourire. Elle était heureuse de s’amuser avec quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Son corps se redressa pour se remettre sur ses deux pieds et les doigts délicats de la petite attrapèrent le bâton.

- Un jour je deviendrais une grande guerrière n’obéissant qu’à ses propres idées, je veux aider les gens !

Quelle folie pouvait pendre cette enfant pour avoir de telles sornettes dans la tête. Comment pouvait-on imaginer qu’une jeune fille dont l’impression qu’un simple effleurement peut la faire voler en éclat, puisse tenir une arme et s’engager dans un combat. Mais cette enfant ne semblait pas vouloir en démordre.

Ses jambes se mirent à avancer vers lui et à prendre de la vitesse. Son corps semblait suivre la course du vent. Quand soudain elle le dépassa et se servit de l'épaule de son adversaire pour passer derrière lui. L'une de ses lames était prête à se planter dans sa gorge.

La respiration à moitié coupée, les membres meurtris, et la gorge sèche, son cerveau cherchait encore comment cela avait pu se produire. Car à présent c'était des grains de sable qu'elle respirait et non plus de l'air. Kalissa suffoqua légèrement, le genoux de Gani dans son dos lui procurait une douloureuse sensation. Le ciel venait de s'assombrir légèrement, un simple nuage de passage. Gueros sauta de son tronc pour porter secours à sa fille et finalement, devant le sérieux du gamin, il préféra reprendre sa place.

- Franchement... tu es douée.

La fait qu'il se soit présenté l'avait mise plus à l'aise. Sa timidité était en train d'être éclipsée au profit d'une amitié naissante. Mais au moment où elle entre-ouvrit ses lèvres, le père de l'enfant l'appela pour que tous deux repartent dans leur ferme. Elle essaya de le lui crier, seulement le vent emporta sa voix loin dans les montagnes...

La tête commencée à lui tourner et il était temps qu'elle se lève pour avaler quelque chose. Les grains de sable et les petits cailloux s'amusaient à creuser quelques trous de sang dans sa peau, il était vraiment temps qu'il lui permette de se remettre sur ses pieds.

- Tu comptes m'enterrer dans le sol ou bien me laisser partir à un moment donné... Yamaneko ?

Ce nom lui avait presque écorché la bouche, elle ne savait pas si elle devait l'appeler par son prénom, peut être que cela aurait été déplacé. Une chose était sûr, il avait changé durant ces huit années. Était-ce la guerre froide ou autre chose ? En tout cas le petit fermier de campagne avait laissé place à un guerrier dangereux. Les rôles avaient été inversé, la vie ne nous offre pas toujours ce que nous voulons.

La forgeron regardait le jeune mercenaire avec une certaine tendresse. Levant son lourd corps de la souche, celui-ci même sous lequel les enfants avaient joués il y avait des années de cela, il s'approcha des deux combattants avec une mine des plus sérieuse. Kalissa commençait à épousseter ses affaires. Du travail aller l'attendre rapidement, mais elle devrait d'abord soigner ses quelques blessures. Gueros se demandait s'il devait accepter.

- Bon, il est temps de réfléchir mes petits. Allez prendre un bain. Kalissa, toi tu t'occuper de tes égratignures et ensuite tu préparera la chambre d'ami pour le jeune homme. D'accord ? Sa fille fit un signe de tête. Bien. Puis il se tourna vers Gani. Quand à toi, tu vas rester ici pour la nuit. Tu te reposeras pendant que je m'occuperai de tes armes et que je réfléchirait à la situation.

La jeune Kalissa ne savait quoi répondre aux sages injonctions de son père. C'est ainsi qu'elle récupéra ses deux paires de lame et qu'elle se saisit de son manteau pour le poser sur ses épaules. Puis sans répondre ou adresser un mot à celui qui fut jadis un ami, la demoiselle retourna dans sa forge et enfin dans sa demeure. Ses idées n'étaient plus très claire, l'eau nettoierait à la fois son esprit et son corps. La porte claqua rapidement après son entrée, elle en profita pour monter rapidement jusqu'à sa chambre. La pièce était claire et une douce lumière pénétrait pour venir se refléter dans un miroir de l'autre côté de la fenêtre. Son lit se trouvait en plein milieu de la pièce, les meubles étaient adroitement posés autour. Une malle reposait, imposante, dans un coin dont quelques vêtements débordés.

Mais c'est sous son lit que ses doigts plongèrent, à la recherche d'une petite trousse de secours où elle trouverait des bandage et de l'alcool. Après tout, elle avait l'habitude de se blesser dans son métier, cela ne la changeait pas trop. Se laissant tomber sur le lit, elle ouvrit la petite boite de torture et commença, en grinçant des dents, à se soigner. Puis jugeant de la crasse de ses vêtements, elle se déshabilla et passa dans la pièce annexe pour prendre un bain qui lui ferait le plus grand bien. Petit à petit, sa peau retrouvée sa véritable couleur, plus douce. Une avalanche d'un bleu nuit sans lune se dévers dans l'eau. Kalissa ne voulait plus sentir la crasse et la sueur, elle aimait redevenir femme de temps à autre.

Une créature en robe rouge sombre descendit des escaliers, sa chevelure propre et souple se balançait dans son dos. Ses yeux bleu ciel aux allures de chat sauvage fixait les deux hommes. Ses formes de femme étaient enfin devenu visible. Ainsi, cette fille pouvait devenir le jour comme la nuit...

- Alors, de quoi parlez-vous ?

Les deux hommes sirotaient simplement un verre d'eau. Kalissa fit mine de ne pas entendre la réponse du mercenaire, en vérité elle avait peur de la réponse de son père. De pas léger et agile, elle travers la pièce pour venir se placer devant l'âtre. Sans rien demander à personne, elle commença à préparer le repas. Gueros devait être bien préoccupé pour ne pas avoir proposer de quoi manger à leur invité. Pour briser ce silence, celui-ci prit justement la parole.

- Bon, et bien je vais vous laisser mes enfants. J'ai des armes à remettre à neuf moi. Il se leva. On se revoit ap...

- Tu n'iras nul part sans avoir manger avant.

La jeune fille avait couper son père en plein élan, ce qui le fit rassoir à table. Une douce odeur de viande commençait à emplir la cuisine. Quittant sa place, elle se mit à dresser la table pour trois. Mine de rien il se faisait faim, ses entrainement plus son travail et enfin le combat avec Yamaneko lui avait ouvert l'appétit. D'ailleurs elle ne lui avait toujours pas accordé un seul de ses regards depuis qu'elle était entrée dans la pièce. Elle n'avait pas la moindre idée de quoi dire, et s'il refusait ? Un léger frisson lui parcouru le cou, car à présent c'était à son père de choisir et visiblement il ne savait pas quoi répondre. Trois bonnes dizaines de minutes plus tard, le plat de nourriture était posé au centre de la table et Kalissa commença à prendre les assiettes pour servir chacun. Puis finalement elle s'assit face à son ancien ami.

- Alors, que fais-tu vraiment dans la vie Yamaneko ? Tu sillonnes les pays à la recherche de quelque chose à découper ou bien tu obéis à quelqu'un en particulier ? Elle marqua un léger silence. Je n'ai pas envie de te suivre sans rien en savoir.

Son pauvre père faillit s'étouffer par la soudaineté des questions que venait de poser sa fille. Il posa sa fourchette pour essuyer il tâche au coin de ses lèvres. Ce repas n'allait vraiment pas être de tout repos.

- C'est très bon ma chérie.

Tentative vaine pour changer de sujet.

Le père allait finir par faire une syncope, sa fille et le mercenaire ne prenait pas de gants avec son pauvre coeur. Il se leva prendre un pichet d'eau et servit tout le monde, pour finalement s'asseoir de nouveau. Pendant ce temps, Kalissa s'amusait avec un pauvre morceau chevreuil qu'elle faisait tourner dans son propre jus. Visiblement elle réfléchissait, ce qui n'était pas pour rassurer le forgeron. Connaissant sa progéniture, elle allait certainement répondre de manière ni douce, ni agréable. Pour éviter un tél désastre, il ouvrit la bouche.

- Je sais pas, peut-être que les carottes qui poussent ici ne me suffisent plus. alors j'ai décidé de suivre le premier idiot qui passait dans les parages. Manque de chance, ce fut toi.

Trop tard. La question était idiote, si elle voulait le suivre c'est parce qu'elle le connaissait et que son intuition lui dictait que ce devait être fait ainsi. De plus avec l'expérience de forgeron qu'elle avait acquis, elle savait très bien reconnaitre un bon guerrier quand elle en voyait un. Mais plutôt mourir que de le lui avouer. Le père attendait désespérément que cela se tasse et cherchait ce qu'il avait bien put manquer dans l'éducation de sa fille pour qu'elle réponde ainsi. Les assiettes commençait à être vide.

- Quelqu'un veut que je le resserve ? Silence. Un dessert peut-être ?

Raté. Il avait hâte que ce repas se termine, il tenait aux meubles de sa maison.

Kalissa le laissa finir sans montrer la moindre émotion. C'est alors que contre attente son père se leva et vint vers elle. au début, elle se demanda ce qui allait se passer. Mais elle n'eut pas le temps de trop se poser la question car la main de son père vint percuter sa joue avec peut de délicatesse. Son regard sombre était dur. Quand était-ce là dernière fois qu'elle l'avait vu ainsi ? Ah oui, quand elle était enfant, elle était entrée dans la forge sans l'autorisation de son père et elle avait faillit se brûler gravement. Gueros c'était mis dans une colère sans précédent, elle avait eut la peur de sa vie.

- Kalissa, je ne peux plus te laisser faire. Quand ta mère et moi t'avons appris à répondre ainsi ? Est-ce là l'éducation que nous t'avions donné ? Je ne crois pas. La jeune fille restait bouche bée. Alors tu baisses d'un ton et je te prierai de montrer du respect pour tes ainés. Sommes-nous d'accord ?

Les deux voix des hommes raisonnaient dans sa tête. Elle essayait d'encaisser ce qu'elle venait d'entendre. Ainsi c'était rassurant.

- Bon, maintenant tu vas suivre ce jeune homme et j'espère que son entrainement adoucira ton caractère. je peux très bien me débrouiller seul ici.

Kalissa explosa de rire, ses deux bras repliés sous sa tête la retenait pour ne pas qu'elle tombe, visiblement elle avait du mal à s'arrêter. Son père était enfin redevenu comme avant, son deuil était entièrement fini. Elle se leva et s'approcha de son père pour le prendre dans ses bras. Son sourire rayonnait sur son visage malgré la marque rouge qu'elle arborait sur la joue. Le père semblait sous le choc. Sa fille souriait de nouveau, elle n'en avait plus fait depuis la mort de sa mère. Il la serra dans ses bras en pleurant presque.

- La prochaine fois que tu souhaites m'en coller une, fait le avec un peu plus de conviction papa. Mais je suis rassurée, je peux te confier la maison maintenant. Puis elle s'approcha du jeune homme en lui tendant la main. Alors, tu veux bien de moi Gani, si j'accepte les deux règles ?

Elle continuait de sourire, ce même sourire que quand ils étaient gosses.

Voyant la scène Gani ne compris pas tout a fait ce qui se passait, en réalité il compris juste que Kalissa allais devenir son apprentis. Voyant le sourire rayonner sur les deux visages il ne put s'empêcher d'avoir un petit sourire en repensant a ses propres parents qui l'auraient sûrement pris dans leurs bras a l'heur qu'il était. Le mercenaire se frotta les yeux du bout des doit pour empêcher une larme de couler avant de relever la tête et de se retrouver face a son ancienne amie, toujours le sourire aux lèvres, elle lui tendais la main.

"J'accepte... Mais même si je suis là pour t'aider fait attention."

En s'appuyant sur la table il se mis debout, face a Kalissa et lui saisit la main pour conclure l'accord. Il revoyais en cette jeune femme, la gamine qu'il avais connu huit ans plus tôt. Un sourire caressa ses lèvres, ils avaient put finir le combats qu'ils avaient débuter a l'époque, quoi que un peux plus violemment, et il avais revus le sourire de cette gamine, cette seul personne de son age qu'il avais rencontrer alors que ses parents vivaient toujours a ses côtés. Les sourcils du mercenaire se rejoignirent en un froncement avant qu'il ne lâche un soupire.

"Dire que j'avais cru trouver un travail pénard! Et bien non! Tu me donne encore plus de travail..."

Doucement il ricana avant de ce tourner vers le forgeron.

"Ne vous inquiéter pas, je vais m'occuper d'elle m'sieur" Se tournant a nouveau vers son élevé il ajouta "on part demain ça te vas? Prend juste tes armes et un sac avec quelques vêtements et des vivres On auras pas besoin d'autre chose."