Arrivée [LIBRE]

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Elda était à peine arrivée dans la capitale qu'elle s'était dirigée vers le quartier des commerçants. Il lui fallait voir de quoi était faite cette ville et pour elle cela se résumer à ses manœuvres économiques. Le quartier était constitué de plusieurs axes principaux entrecoupés de petites ruelles sombres et étroites. Il valait mieux faire attention où on était car les rues formaient un véritables labyrinthe et le flot continuel de la foule bruyante n'arranger pas son sens de l'orientation. La plupart des habitations étaient constituées de trois étages. Le rez-de-chaussé, principale source de l'agitation des rues, était le lieu des boutique, l'endroit public et animé. Ensuite venait les deux étages, ceux-ci étant privé. Le premier, généralement plus grand, plus luxueux était réservé aux patron et le deuxième appelé "chambre de bonne" où il n'y avait qu'une à deux pièce servait aux employés résidents sur place. Elda remarqua également plusieurs échoppe et taverne. Elle pourrait y faire un tour plus tard. Elle se réjouissait, peu avant d'arriver à la capitale un riche noble lui avait acheté la quasi totalité de sa marchandise. Elle n'avait ainsi que peu de bagage à transporter et les poches pleines, elles n'aurait pas à s'embêter à faire du troc comme à l'accoutumée.
Soudain son estomac se manifesta méchamment.

*Je ferait mieux de me trouver une auberge pour commencer*

Alors qu'elle cherchait une enseigne, une bande de garnements courant dans la rue la bouscula. Légèrement sonné elle se fit portée par le mouvement de la foule jusqu'à une ruelle où enfin elle s'arrêta. Il n'y avait plus personne autour d'elle, les garnements étaient partis. Elle entendit vaguement le bruit des gens au loin mais elle n'aurait pu si rendre. Elle était perdue.

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Chose rare, Nominoe était seul. Je veux dire par là qu'elle était venue seule à Shyamal. D'ordinaire, elle suivait son maître Jilo partout, un peu comme son ombre. Néanmoins, quelques jours auparavant, ce dernier lui avait expliqué qu'il allait lui-même partir quelque part, pour faire quelque chose. En gros, il avait une mission à accomplir et elle n'avait pas le droit de l'accompagner ni même de savoir ce qu'il allait faire. Pour l'occuper, il lui avait demandé de réaliser un voyage avec un groupe de marchands de fruits et d'assurer leur protection. Engagée comme éclaireuse ( elle avait pour mission de tourner constamment aux alentours du groupe, pour repérer brigands, accidents, obstacles,...), elle s'était amusée comme une petite folle. C'était comme si elle avait fait un bond dans le passé. Tout s'était passé à merveille, une amitié naissant entre les marchands et elle. Il faut dire qu'il fallait la voir, chevauchant dans le vent, presque comme une déesse. Si elle n'était pas très jolie de visage (qui était plus calculateur et joyeux que charmeur), elle exhalait une joie de vivre et une vivacité qui créaient comme un envoutement autour d'elle. C'était le parfum de la liberté. A la voir chevaucher avec grâce, tout les cœurs de ces vieux (et jeunes) marchands avaient tremblés.

Arrivé à Shyamal, elle les avait aidés à s'installer avant de prendre congé. Elle resterait dans la ville quelques temps. En fait, elle repartirait avec eux. Il fallait juste attendre qu'ils écoulent leur marchandises. Ce qui pouvait prendre... Peu ou beaucoup de temps. Les fluctuations du marché était aussi une de ses choses qui lui donnait mal à la tête et n'avait certainement pas envie de s'y intéresser! Qu'ils vendent! Qu'ils achètent! Elle serait là quand il faudrait les raccompagner et voilà tout.

Nominoe marchait donc le dédale de ruelle de la capitale. Bien qu'ayant grandit sur les routes, elle était plutôt familière du labyrinthe de Shyamal. Premièrement, parce que le quartier général de ses parents se situaient à quelques kilomètres de la ville (elle était d'ailleurs prise d'envie d'aller les voir, mais elle ne pouvait quitter la ville). Deuxièmement, parce qu'une partie de son apprentissage (bien que réalisé en grande partie sur les routes et dans des contrées lointaines dont peu de gens présents dans la ville connaissaient et encore moins avait vu) s'était déroulé dans ses même ruelles. Pourtant, le charme de la cité ne parvenait pas à agir sur elle. Son esprit vagabondait ailleurs. Très loin en fait.

Elle se demandait ce qui allait bien pouvoir lui arriver à la présentation. Jilo lui avait dit qu'elle se ferait dès que les Dominants le pouvait. Bien qu'impatiente, elle se rendait compte qu'avoir le temps de prendre du recul sur tout cela était une bonne chose. Serait-elle à la hauteur? Réussirait-elle les épreuves qui faisaient parties de la cérémonie et qui avaient pour but de juger sa valeur au combat et dans bien d'autres domaines? Le fait qu'elle puisse y échouer la faisait frissonner. Jamais elle ne l'accepterait.

Soudainement, son regard fut attiré sur une jeune femme, devant elle. Ou plutôt, une jeune demi-elfe. Elle sourit. Elle rencontrait quelque fois certains de ses congénères, mais ceux-ci ne savaient généralement pas voir qu'elle était elle-même demi-elfe, vu qu'elle n'en avait aucun trait. Ses oreilles étaient aussi rondes que celles de n'importe quel humain, sa carrure était frêle et non fine et son visage pas du tout sylvain. Ses yeux remarquèrent son visage à l'air perdu, ses vêtements de marchand itinérant et ses oreilles, à l'ouïe plus fine que celle d'un elfe, capta le tintement d'une bourse d'or bien remplie dans une poche. Un sourire bienveillant s'afficha alors sur son visage et elle s'approcha de la jeune fille, en veillant à émettre quelques bruits en marchant, pour ne pas la surprendre.

"Excusez-moi, vous avez l'air perdue... Souhaiteriez-vous que je vous montre le chemin jusqu'à une artère principale?"

Le ton, aimable et poli, était prudent. Elle ne voulait pas non plus offenser la jeune femme en lui proposant son aide. Parce qu'à sa place, elle se serait rembarrée, d'une remarque sèche, bien que toujours polie. Mais à première vue, ce ne serait pas la réaction de la jeune femme. Mais bon, les réactions humaines étaient plus qu'imprévisible et même si elle se vantait de deviner bon nombre de choses, elle ne pouvait pas savoir ce qui se passait dans sa tête.

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Elda entendit des bruit de pas lents et feutrés. Tous les sens en alerte elle se concentra. Les bruits de pas étaient plutôt légers mais cela ne voulait probablement rien dire. Que fallait-il faire ? En terrain découvert elle aurait pu facilement parer à toute attaque et trouver une échappatoire mais là elle se trouvait dans une ruelle déserte, sombre et étroite. Elle avisa une cagette plus loin. Non... celle-ci était trop loin, elle ne pourrait jamais l'atteindre à temps. Elle réfléchissait vite mais elle n'arrivait pas à se concentrer. Plusieurs secondes passèrent... les pas étaient désormais tout proche. Dans un ultime recours, Elda porta discrètement sa main à sa dague et se retourna d'un coup.

Elle se trouva alors nez-à-nez avec une adolescente toute frêle, un sourire encore accroché à son visage. La main crispée sur sa dague encore rengainer, son visage se figea dans une expression de surprise (elle s'attendait à être attaquée). Elle comprit en quelques secondes l'ineptie de la situation et doucement elle détendit son corps, sortit de la position d'attaque dans laquelle elle était et elle se força à sourire. Sur l'instant, elle se trouva vraiment sotte. Elle oublia son mordant habituel ainsi que sa situation et ne trouva rien d'autre à bégayer que :

- Ah, heu... oui ! Je...

Elle observa la jeune fille et étrangement, bien qu'elle ne l'ai jamais vue avant, il lui sembla ressentir un sentiment de sécurité. Comme lorsque l'on connait une personne de longue date.
Son odeur... Non ! Son aura lui semblait familière. Elle le ressentait au plus profond d'elle.
Pourquoi ? Comment ? Qui était cette fille ?

Elle avait côtoyé des humains depuis sa plus tendre enfance et croisé des elfes au cours de ses voyages mais jamais Elda n'avait ressentit ça. Elle compris soudainement, cette jeune fille était en fait une demi-elfe, comme elle.
Plusieurs sentiments se mêlèrent en elle, elle était curieuse et à la fois heureuse. C'était la première fois depuis sa naissance qu'elle rencontrait quelqu'un de son espèce.

Elle se calma un peu et reprit:

- Je m'appelle Elda... Elda Firiel. Et je... je me suis perdue.

Son ego la fit rougir sur la dernière phrase mais comme cette jeune fille était la seule présente à pouvoir l'aider, sans se démonter elle reprit:

- Connaîtrais-tu les environs ?

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Le sourire de Nominoe s'agrandit. Elle était plutôt rigolote. Pas dans le sens où l'on se moquerait d'elle. Dans le sens où elle était charmante en agissant ainsi. Bien entendu, l'ayant surprise, elle se doutait qu'elle n'était pas forcément comme ça en temps réel. D'ailleurs, il y avait une flamme dans ses yeux qui la désignait comme quelqu'un de plutôt hardi et un peu fou-fou. Mais n'empêche, elle trouvait drôle sa manière de réagir, bien qu'elle fut d'abord surprise de voir que la jeune femme avait cru qu'on l'attaquait. Elle n'aurait pas pensé qu'une jeune femme comme elle aurait ce réflexe. Mais en même temps, elle pouvait parler. A sa place, elle aurait déjà sorti sa dague et l'aurait sûrement menacé.

(J'espère que je ne suis pas revenu à l'état sauvage!)

Mais comment vouloir blâmer les jeunes femmes prudentes? Surtout si son interlocutrice était une voyageuse aussi. Car par les temps difficiles qu'ils vivaient, elles se devaient d'être fortes, de savoir se défendre, mieux que les hommes ne savent les attaquer. L'atmosphère de tension qui régnait un peu partout sur Tosya rendait les mâles encore plus fous qu'avant, que ce soit pour voler, tuer ou violer. Mais bien entendu, avec Nominoe, ils allaient sauver à l'échafaud en s'y frottant (Non pas qu'elle soit insensible aux charmes masculins, loin de là. Mais il fallait juste qu'elle trouve la bonne personne quoi...).

Toujours un sourire rassurant aux lèvres, elle accueillit les paroles de la jeune femme. Celle-ci semblait à la fois gênée et curieuse.

(Oho? Aurait-elle compris qui je suis?)

Sans même relever la curiosité de la demi-elfe, elle inclina légèrement la tête, pour la saluer.

-Appelez-moi Nimi.

Elle donnait toujours ce surnom aux gens qu'elle connaissait peu. Et si, plus tard, leurs relations s'approfondissaient, elle révélait son vrai prénom. Prudente? Autant que lui avait conseillé Jilo. Et comme d'habitude, elle suivait les enseignements de son maitre à la lettre.
Elle eut un petit rire, très léger et pas du tout moqueur lorsqu'Elda (puisque c'était le prénom qu'elle lui avait donné, mais bien sur, comment savoir si c'était le bon? Elle ne pourrait pas la blâmer de lui donner un nom autre que le vrai puisqu'elle en faisait de même) rougit en avouant qu'elle était perdue. Ses yeux brillaient de sa bonne humeur et de sa petite joie à rencontrer quelqu'un de nouveau. Qui savait ce que l'avenir leur réservait? Puisqu'elle était marchande, peut-être aurait-elle besoin de protection plus tard? Mais ça, c'était si son commerce s'agrandissait. Car bien sur, Nominoe avait remarqué les vêtements de voyage, la dague, son attitude et sa bourse, ainsi que le fait qu'elle était toute seule. Enfin bref, comme d'habitude, elle recomposait le puzzle de la vie d'Elda et en avait déduit qu'elle agissait seule. D'ailleurs, elle n'avait aucune marque d'appartenance à un groupe quelconque. Juste les bracelets qui indiquaient qu'elle avait fini son apprentissage en tant que marchande.

"Oui, je les connais un peu."

Le sourire aux lèvres toujours présent (pas agaçant pourtant, elle envoyait trop de bonne humeur naturelle pour qu'on le prenne comme ça), elle fit un petit bond aérien, comme si elle aurait pu s'envoler avec toute l'énergie qui l'habitait.

"Où est-ce vous vous voulez que je vous emmène? Avez-vous une auberge où passer la nuit? Ou peut-être avez-vous besoin d'acheter une monture?"

Elle lui jeta un coup d'oeil.

"Je propose une auberge d'abord. Vous venez d'arriver en ville, je me trompe?"

Elle avait encore la poussière caractéristique des routes à l'extérieur de la ville sur les bottes et les genoux. Les rues de la villes étaient toutes pavées.

"Allons, suivez-moi."

Et elle lui tourna le dos, s'engageant dans une ruelle adjacente. En moins de temps qu'il fallait pour dire ouf (bon, ok, quelques minutes), elles arrivèrent sur un rue fréquenté, sortant comme par magie pour les passants d'entre deux étals. Nominoe la guida alors vers une auberge, qu'elle savait bon marché mais de bonne qualité. Dès qu'elles furent entrées, elle choisit une table un peu à l'écart mais pas trop. Qu'on ne les entendent pas mais sans que cela fasse suspect.

"Me feriez-vous l'honneur de manger un repas avec moi?"

Il était en effet près de midi et Nominoe avait grand faim. Il faut dire que les marchands se lèvent tôt, affaires oblige.

"Du poisson peut-être?"

L'odeur de viande et de tannage qui provenait de la jeune femme ( bien qu'il ne soit pas dominant. Ce n'était que des effluves qu'on ne pouvait effacer, malgré les lavages et que seuls quelques fins nez comme le sien pouvait sentir) l'avaient renseigné sur les affaires de la jeune femme et elle se doutait qu'elle mangeait surement de la viande tout les jours avec les produits de la chasse. Elle se demanda si tout les demi-elfes avaient comme elle les sens aussi aiguisés?

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Tout en suivant la jeune fille, Elda constata qu'elle ne s'était pas trompée. Même si Nimi semblait voyager tout comme cette dernière, elle connaissait néanmoins relativement bien la cité.

* Nimi... un nom court pour une Demi-elfe. Il lui allait cependant bien. *

Elda remarqua aussi que malgré ses airs joviales et euphoriques, Nimi était quelqu'un d'intelligente. Elle avait tout de suite comprise qu'Elda n'était pas de la ville et lui avait proposé une auberge. Nimi l'observait aussi beaucoup, Elda le savait mais elle ne dit rien. Après tout elle faisait de même et il vaut toujours mieux savoir à qui l'ont parle que se soit en affaire, en temps de conflits, qu'en bien même dans la vraie vie.

Elda suivit Nimi à travers plusieurs rues et enfin elles retrouvèrent l'artère encombrée et bruyante du quartier des marchands. Nimi la conduisit alors à une auberge à proximité.

A peine avait-elle poussé les porte de l'enceinte qu'Elda fut surprise par l'ambiance qui y régnait. C'était une dimension totalement différente à l'espace de la rue. Ici les cris enjoués des clients destinés aux serveuses et les bruits de vaisselle dépaysaient totalement.

L'intérieur était quasiment entièrement fait de bois. Tout droit en face d'elle un escalier grimpait à l'étage des chambres. A leur droite il y avait également une pièce fermée.

Nimi ne lui laissa pas plus de temps et s'engouffra dans la pièce à gauche. La source de tout le brouhaha. Une odeur alléchante de viande grillé et de poisson vient alors lui envahir les narines lui rappelant qu'elle avait décidé ce matin de partir à l'aube afin d'arriver en fin de matinée et qu'elle n'avait mangée qu'un reste de cerf pour ne pas perdre de temps.
Et donc quand sa comparse lui demanda si elle acceptait de manger un repas avec elle, elle sourit laissant l'espace d'un instant s'exprimer sa panse. Et dit:

- Je crois que tout est dit ! Trêve de blablaterie, passons à l'acte.

Une fois leur table choisie, Elda se tourna alors vers l'aubergiste et lança:

- AUBERGISTE !!

Un homme costaud s'approcha alors de la table des deux demoiselle.Il portait un énorme tablier blanc sale de cette matinée de dur travail et en dessous une tunique et des bottes brunes, ainsi qu'un pantalon en toile noir.

- Que puis-je faire pour vous, gentes dames ? Une boisson, un plat ?

Il attendit patiemment une réponse son calepin et un crayon en main tandis que les deux jeunes filles se concertaient.

- Je pencherait plus pour de la viande, si tu veux mon avis. Le poisson n'est pas mon fort. Hum... Pour moi se sera un agneau au miel... accompagné d'un Hypocras rouge pour la boisson.

Nimi ajouta quelque chose mais au même moment un client braya à quelque table de là et empêcha l'aubergiste d'entendre. Elda qui avait entendu finit la commande:

- Pour elle, ce sera la même chose mais pour la boisson vous remplacerez par un verre de lait. Merci !

A peine avait-elle finis que l'aubergiste était partit à petite foulée vers les nouveaux clients qui venait de pénétrer dans l'enceinte. Elle l'oublia vite et se concentra plutôt sur la personne en face d'elle.

- Tu est originaire d'ici ? Tu as l'air de connaitre le coin.

Elle avait à peine posé la question qu'elle se demanda si elle avait le droit d'en demander autant sur sa vie privée. Mais bon maintenant qu'elle avait parlé, il ne restait plus qu'à attendre sa réaction. Et puis elle avait tout leur temps car l'aubergiste avait l'air décidément trop occupé avec une charmante dame pour leur amener leurs verres...

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Nominoe ne put s'empêcher de rire, tout doucement. Elle avait presque envie de demander à Elda si son maître ne l'avait pas engagée. C'était tout à fait le genre d'exercice qu'il aurait pu lui demander. Comment rencontrer quelqu'un, acquérir son amitié afin d'avoir un réseau de connaissances étendu sur tout le pays, tout en ne donnant à cette personne que de maigres informations sur elle-même. Un exercice qui peut paraître plutôt facile au premier abord, mais qui se complique de plus en plus au fur et à mesure que l'on connait la personne. Car il va de soit que la relation s'approfondit alors et il est de plus en plus dur de s'effacer. Surtout si la personne prends le temps d'observer la relation et se rend compte qu'elle ne sait rien de vous. Néanmoins, dans ce cas bien précis, c'était encore simple. Surtout vu la personnalité d'Elda.

Elle avait en effet remarqué que celle-ci était très énergétique, ne se laissait pas marcher sur les pieds et semblait aimer avoir le dessus. Une attitude de femme fière et forte. Qu'à cela ne tienne! Nominoe n'était pas du genre à rabrouer ce genre de personne, au contraire, elle les appréciait. Et il serait aisé de détourner la discussion sur Elda ou un sujet quelconque, tel le beau ou mauvais temps, le "conflit" qui agitait tout Tosya. Enfin bref, il y avait multitude de choses sur laquelle elle pouvait la faire s'enflammer. Car, cela se voyait, Elda était animé d'un feu et d'une joie de vivre, un peu comme la sienne d'ailleurs. Elle possédait également ce rayonnant sourire et cette assurance tranquille. Sauf que Nominoe s'arrangeait pour ne pas trop les montrer, préférant passer le plus inaperçu possible, alors qu'Elda attirait pas mal de regards déjà dans l'auberge, avec son visage presque elfique, si beau, et sa joie rayonnante.

Encore un petit détail, elle avait pris de la viande. Elle semblait donc apprécier son travail? Bien que l'agneau ne soit pas un des gibiers qu'elle devait chasser... C'était intéressant, très intéressant. Comme à chaque fois qu'elle se trouvait face à une nouvelle personne, déchiffrer celle-ci à l'aide des maigres indices qui se présentaient à elle était un véritable plaisir.Mais pour l'heure, elle devait se concentrer sur la discussion plutôt que sur son enquête.( Elle voulait surtout savoir ce qu'elle pouvait tirer de leur amitié et sur quels points elle pourrait lui faire confiance. A ses yeux, chaque rencontre était une opportunité, même si c'était avec une marchande chasseresse qui semblait un peu extravageante! Qui sait ce que l'avenir réservait?)

"Shyamal ne m'est pas inconnue."

Nominoe ou "Guide pour répondre en phrases énigmatiques". Ce n'était pas comme ça qu'elle en saurait plus sur "Nimi", qui n'avait pas vraiment d'identité propre elle-même. Alors à plus forte raison, Nominoe restait-elle caché sous une chape de réponses brumeuses et insoupçonnées. Un coup d'œil dans la salle lui permit d'évincer toutes autres questions personnelles.

"Ce cher aubergiste semble vouloir faire plus ample connaissance avec cette jeune et jolie créature. Quel dommage. Je suis sure que vous attendiez votre Hypocras autant que j'attends mon lait..."

Elle reporta son regard vert sur la jeune fille, en évitant de croiser son regard. Elle avait connu par trop souvent des gens dérangé par ses deux yeux verts foncés trop intelligents et scrutateurs. Elle ne souhaitait surtout pas mettre la demi-elfe mal à l'aise. Combien de jeunes hommes avait-elle fait fuir avec un simple regard qui leur montrait qu'elle lisait tout en eux? Elle attendait impatiemment celui qui saurait être encore un mystère, même après les quelques premières minutes de rencontre et qui saurait l'étonner. Mais encore fallait-il qu'elle puisse se confier à lui tiens! Cela impliquait qu'il devait être Mercenaire lui aussi. Sinon, elle serait obligé de le lâcher comme une vieille braie aussi sec. La vie de Mercenaire était solitaire. Elle n'avait jamais vu son maître voir une dame ou même rejoindre les prostituées pour une nuit, comme le faisait souvent les hommes célibataires. Il connaissait un tas de monde, mais personne ne semblait le connaître en particulier, intimement, à part elle-même bien sur... Elle supposait que sa vie allait tracer le même chemin. La liberté s'appréciait souvent seul(e). Mais qu'importe, si c'était le prix à payer, elle en était sure. Et rien ne l'empêchait de passer de bons moments avec tout ces gens rencontrés aléatoirement, même s'ils ne la connaissaient pas, elle ne les trompait pas en leur montrant un caractère autre que le sien. Elle était vraie. Secrète mais vraie.

"Il est rare de rencontrer une jeune femme amatrice d'alcool tel que celui-ci..."

Ce qui montrait encore une fois la singularité de la jeune femme et son caractère si spécial. Cela ravissait Nominoe, qui avait rarement la joie de rencontrer des jeunes femmes, humaine, elfes ou moitié-moitié, avec autant de caractère. Si l'absence de la bague d'Istal n'avait pas était aussi flagrante, elle en aurait presque crue que c'était une de ses semblables. D'ailleurs, peut-être était-elle elle-même en apprentissage, bien qu'elle en douta. Un apprenti mercenaire pourrait-il se perdre dans les rues de Shyamal? Oui, s'il était au début de son apprentissage pensa-t-elle. Quoiqu'il en soit, elle n'avait pas à s'immiscer aussi profondément dans ses affaires si c'était le cas, comme elle ne laissait pas Elda s'immiscer dans les siennes.

"Avez-vous été élevée avec des hommes, pour y avoir pris goùut? Ou vous-êtes vous découvert cet attrait toute seule, lors de vos nombreux voyages?"

Oups, elle avait laissé échappé qu'elle avait remarqué qu'elle voyageait beaucoup. Elle devait faire attention, ne pas montrer qu'elle déchiffrait autant de choses sur elle. Cela rendait les gens suspicieux.

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Pourquoi alors même que Nimi venait de prononçait ses mots Elda se sentit si mal à l'aise. Cette personne ne semblait pas lui vouloir de mal et pourtant tout son être lui intimé d'être prudente. Elle n'était ni Guerrière, ni Noble, ni quoique ce soit de louangeur. En fait elle n'était qu'une marchande et pourtant... pourtant son expérience lui montrait que quelque chose n'allait pas avec cet Demi-Elfe, elle avait quelque chose de plus qu'une simple voyageuse et Elda avait bien vu qu'elle avait esquivé sa question par une phrase énigmatique.
Etait-ce une coïncidence si la seule personne qui l'ai aidé à se moment là fusse elle ?
Son interlocutrice semblait attendre une réponse et Elda décida de résoudre ce problème plus tard. Pour le moment il fallait réfléchir à quoi répondre et vite.

- Eh bien, il m'arrive de temps en temps de boire de l'alcool et il se trouve que j'ai découvert celui-ci récemment lors d'une affaire dans la région. On me l'a recommandé alors pourquoi pas le goûter, n'est-ce pas ?

Elle marqua un temps d'arrêt, pourquoi tant de préoccupation, ce n'était qu'une simple question.
Soudain les paroles de son maître lui revinrent en mémoire :
<< Lorsque tu te sens en danger, prends le Loup à son propre jeu. >>

Ces mots que, à l'époque, elle n'avait pas su comprendre lui paraissent clair à présent.
Elle respira donc un grand coup, reprit son calme et d'une façon légèrement provocatrice elle se pencha vers Nimi et lança:

- Es-tu Noble ? Je veux dire, il en faut de l'argent pour s'acheter toute ses armes et tu m'as l'air de connaître bien la ville même si tu prétends le contraire.

Elle s'approcha encore plus, leur visage se touchait presque à présent et avec un regard suspicieux elle ajouta:

- Ne me dis pas que tu es une de ces princesses de haut-rang qui quitte le palais pour rejoindre son noble chevalier ? Aurais-tu au moins un soupirant.

Elda se rassit vivement, les yeux rieurs. Elle était sûre d'être allé trop loin mais peu importait. D'accord Nimi l'avait aidé mais Elda ne savait pas dans quel but et elle ne l'a connaissait guère.
L'aubergiste arriva pile à ce moment pour servir les verres et trancha sans le vouloir cette discussion de demi humour, demi sarcasme.
Il déposa précautionneusement les deux verres devant leur propriétaire respectif et repartit comme il était venu.
Les paroles provocantes d'Elda n'ayant pour but que de faire réagir Nimi pour voir qui se cachait réellement sous sa carapace de sourires, Elda prit son verre et tout en buvant, elle observa la rection de Nimi.

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Nominoe éclata de rire, ne pouvant s'en empêcher. Au moins, elle était sure d'une chose, Elda n'avait pas été engagée par son maître. Si c'était le cas, elle aurait été beaucoup plus subtile. Alors qu'Elda l'attaquait de front, comme cela devait être son caractère d'ailleurs. Et Nominoe l'approuvait. Elle aurait sûrement été comme la demi-elfe si on ne l'avait pas entrainé à se faire douce et discrète, subtile dans l'art de la conversation (bien que cela lui donne mal à la tête à force. Elle espérait bien dissiper ses soupçons rapidement et s'engager dans un dialogue plus banal, qui n'en était pourtant pas moins révélateur. Juste plus tranquille et qui donnait le temps de l'analyser). Elle fut pourtant heureuse de voir qu'Elda avait remarqué que contrairement à elle, qui portait ses bracelets de fin d'apprentissage, ne possédait aucun signe distinctif sur elle. Il était impossible de dire ce qu'elle faisait de sa vie. Son corps ne portait pas de cicatrices et elle n'était pas grande et très musclée, donc elle n'était pas de profession militaire. Elle ne semblait pas non plus une citadine avec ses vêtements usés, mais ne paraissait pas non plus appartenir à un quelconque groupe de voyageurs. Ses habits étaient simples, ni propres ni sales, sans la poussière des routes de terre, qu'elle essuyait consciencieusement à chaque entrée d'une ville pavée. Impossible de savoir quel était son métier, d'où elle venait avec son visage passe-partout un peu halé mais pas trop et ses vêtements qui semblaient ne pas dater d'hier. On ne pouvait même pas dire si elle était en ville depuis longtemps ou non. Il ne s'élevait d'elle aucune odeur de forge, de cuisine ou autre, qui aurait pu la classer dans une catégorie. Mais elle n'avait pas non plus la blancheur et les longs cheveux des nobles dames de la cours. Ni la démarche souple de leurs damoiselles de compagnie ou de leur pages. Non, aucun signe distinctif ne l'accompagnait.

Elle attendit néanmoins que l'aubergiste, qui avait enfin lâché sa gente damoiselle, reparte à son comptoir (ou à faire la cour) avant de répondre.

"Toutes ses armes? Voulez-vous parler de cette vieille rapière?"

Elle lui montra alors sa vieille épée, qui en avait vu d'autres. De bonne manufacture, elle n'était pourtant pas de grande grande qualité et semblait avoir vécu beaucoup d'années, sans pour autant être détériorée. Nominoe prenait grand soin de ses affaires.

"Ou de ces simples poignards?"

Ceux-ci n'étaient incrustés d'aucuns joyaux ou emblèmes. Leurs gardes étaient simples et très légèrement usées, tout comme leurs fourreaux. Elle n'avait pas fait l'erreur de garder sur elle une arme caché, elle préférait jouer la carte de l'honnêteté. Mais elle n'enleva pas le fourreau des poignards, qui auraient révélés des lames très tranchantes. Peut-être même trop.

"Ou peut-être encore de cet arc court de mauvaise fabrication?"

Elle lui montra également cet arc court, le genre qu'on pouvait acheter partout, à chaque étal d'armes. Elle n'était pas encore trop doué dans cette discipline, bien qu'elle apprécia l'entrainement. La corde tendue, la cible qui se mouvait, le petit bruit sec de la flèche qui partait et le bruit sourd qu'elle faisait lorsqu'elle heurtait sa cible.

"Je suis d'accord avec vous qu'il faut de l'argent pour s'acheter toutes ses armes. Mais je ne les ai pas achetées toutes en même temps. Et elles n'ont rien d'extraordinaire, comme vous avez pu le voir. Et pour sur, j'ai de l'argent sur moi. Sinon, comment ferais-je pour vivre sinon? Vous-même vous voyagez avec une arme sur vous, clairement visible. En faire autrement, par les temps qui courent, pour une jeune femme, revient à se faire attaquer, violée et tuée."

Elle haussa les épaules et but une gorgée de lait. La légère tension qui s'était installée entre eux ne la gênait pas du tout. Elle y naviguait, aussi à l'aise qu'avant. Si Elda espérait passer à travers sa muraille, elle se trompait, il n'y avait ni porte ni passage secret, ni bélier qui le ferait trembler. Et pour cause, c'était elle-même qui se trouvait devant Elda. Sa personnalité, son caractère. Elle ne pouvait passer au-dessus d'elle-même pour la chercher puisqu'elle se présentait sincèrement. Simplement, elle lui cachait qui elle était et ce qu'elle faisait. mais elle lui offrait de partager ce moment avec elle, un moment de complicité entre femmes, sans prises de têtes. Elle croisa enfin son regard et lui offrit un nouveau sourire lumineux, pour bien le lui faire comprendre et l'apaiser.

"Pensez-vous réellement que je suis noble, avec mes cheveux coupés courts, mes sourcils non-épilés et mes vieilles armes? Si c'est ce que vous souhaitez croire, je vous en prie. Ce serait un délicieux faux secret à partager juste entre nous deux!"

Encore une fois, elle lui montrait qu'elle ne lui voulait aucun mal, mais souhaitait plutôt sa complicité. Si Elda n'aurait jamais accès à sa vie privée, elle lui donnait en retour ce qu'elle était vraiment, la jeune fille intelligente, joyeuse et de bonne compagnie qu'elle était. Elle était même prête à parler avec elle de ses goûts et couleurs. Pouvait-on demander plus d'une apprentie Mercenaire?

"De plus, je pourrais vous retourner la question. Une jeune femme telle que vous, voyageant seule, n'est-ce-pas louche?"

Encore une fois, le sourire complice s'ouvrit sur son visage, mettant une touche de gaieté dans son regard si perçant. Si elle voulait l'attaquer, il faudrait déjà qu'elle se défende elle-même. Et avant même qu'Elda ait pu demander comment elle pouvait bien savoir qu'elle voyageait beaucoup, elle répondit à sa question muette.

"La poussière sur vos bas montre bien que vous venez d'arriver en ville. Et l'état de vos vêtements, au demeurant très pratiques pour voyager, et robustes, auraient besoin d'être lavés, preuve que vous venez de faire un voyage, si non pas long, de plus de quelques jours..."

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