Tout ça pour quelques pommes...

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[Musique (juste le début =)) : The black rider]

Idril attrapa une pomme bien rouge sur l'arbre, et la glissa dans son panier. Elle s'apprêta à en prendre une autre, quand soudain, un aboiement de chien se fit entendre, suivit par les cris d'un fermier. Il ne s'agissait que de quelques pommes !
Idril empoigna son panier, et détalla rapidement. Elle sauta un ruisseau, et se retrouva dans un champ de maïs. Le fermier ne pourrait pas le suivre, ici. Cependant, d'autres aboiements se firent entendre, venant de l'autre côté du camp. Il y eut un éclat de voix, digne d'un homme bourré de testostérone et rond comme une barrique.
Si les paysans s'organisaient pour l'attraper, ça allait barder sévère... Idril piqua à travers le champ de maïs, et, le temps de tourner la tête pour voir si on la suivait, percuta un homme. Elle tomba à la renverse, le panier s'étalant sur elle. La jeune elfe eut un sursaut de peur, avant de constaté qu'elle s'était heurtée à un épouvantail. Elle se releva, dépoussiéra sa tunique, et commença à remettre les pommes dans son panier, quand le fermier déboula derrière elle.
Le temps qu'il dise un "Cré'non d'un p'tit bonhomme, tu ma m'rendre c'que tu m'a pris, chapardeuse !" Idril prit une pomme, et lui lança au visage.

"Euh... Bonjour chez vous !"

Cette diversion lui permit de s'enfuir à nouveau, motivée par le "maudite bougresse, si j't'attrape j'te tanne les fesses !".
Idril couru de tout son saoul, et arriva à la fin du champ. Ce dernier se terminait par un ravin peu pentu, qui donnait sur la route. Parfait ! La jeune elfe s'élança, et dévala la pente en courant. Malheureusement, elle se prit les pieds dans une racine, et dégringola le petit ravin en roulé-boulé, pour atterrir sur le chemin de terre, les quatre fer en l'air

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Jade avait quitté Shyamal tôt dans la journée et se trouvait à présent à battre la campagne sur son destrier à la couleur de crème. Elle avait toujours suivi la même route depuis le matin. Elle ne savait pas où elle voulait aller, mais elle savait pourtant qu’elle prenait la direction qu’elle se rebutait à prendre : la route du royaume de Dinak. Peut être ferait elle demi-tour ou prendrait elle une bifurcation pour prendre la direction du lac. Elle verrait bien.

Le Soleil était haut dans le ciel, et sous les coups de midi, elle fit une halte à l’ombre d’arbres, pour casser la croûte avant de reprendre la route. Elle avait sacrément faim ! Etant partie très tôt, elle n’avait pu prendre de petit déjeuner à l’auberge, et elle n’avait mangé que deux ou trois petits pains, qui n’étaient maintenant qu’un vague souvenir pour la jeune femme. Elle repéra, non loin de l’endroit où elle s’était arrêtée, un buisson où mûrissaient de belles myrtilles d’un violet de velours. Sans plus attendre, elle en cueillit plus que raison, et en avala une bonne quantité, coupée avec deux ou trois bouchées de pain, qu’elle avait acheté le matin chez le boulanger.

Prête à reprendre la route, elle réajusta sa cape de voyage, vérifia son paquetage, qu’il soit bien arrimé, et enfourcha sa monture. Au galop d’abord, elle filait le long de la route, puis la jeune femme ralentit son allure, pour éviter de fatiguer son cheval. La campagne s’étendait tout autour d’elle, et on ne voyait d’autre que vergers et champs tout en couleurs. Jade s’arrêta près d’une petite rivière pour remplir son outre, puis repartit d’une allure calme, tournant soudain à droite, pour emprunter un chemin de terre, apparemment bien moins emprunté que la route principale.

Elle avançait d’une allure régulière, puis, sans comprendre d’abord pourquoi, son cheval se cabra violemment, hennissant. Jade failli être désarçonnée, mais se cramponna à ses rennes. Elle réussi tant bien que mal à calmer son destrier et à le détourner de l’obstacle qui l’avait effrayé.

Jade écarquilla les yeux lorsqu’elle fit, étalée à ses pieds, un panier et des pommes tout autour d’elle, une jeune femme d’une blondeur de blés. Elle avait semble t il dévalé la pente qui affleurait le chemin, mais pas de la manière que l’on voit habituellement. Jade posa pied à terre, et tendit une main à la jeune femme.

- Un peu d’aide ?

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*Eh ben... Quelle chute, dis donc... Pour peu, et je me pétais quelque chose...*

Idril entendit un cheval renâcler, et vit une jeune femme descendre, pour lui tendre la main. La demi-elfe empoigna cette dernière, et se releva sans peine. Elle remercia la femme rapidement, et se dépoussiéra sommairement, avant de prendre conscience du lourd panier remplis de pommes. D'une façon gauche, elle le releva, remis les pommes à la hâte, et se plaça devant, un sourire moitié gêné, moitié bête au visage.

"Euh... Je ne volais pas ces pommes... Je passais juste par là, et elles sont tombées de la pente, c'est pour ça que j'étais par terre. La dernière chose qui me viendrait à l'esprit, c'est de les voler, et de m'enfuir avec, et ensuite de tomber ! Vous me croyez, n'est ce pas !"

*Eeet merde, quelle gourde je fais...*

"Bon d'accord, je les ai volées... Mais ne m'accusez pas, blâmez plutôt la société ! Je rampe à vos pieds telle une chienne galeuse ! Mon mari est malade, mon treizième enfant est cul-de-jatte et souffre de coqueluche ! Ma chatte a des chatons et... Vous ne me croyez pas, hein ?... Aaah... Bon, je peux vous parler un instant, de voleuse à voyageuse... Où à mercenaire, ou fermière, ou danseuse, ou encore guerrière barbare des montagnes, ou quoi que vous puissiez être ?
Tout ce que je possède vous appartiendra si vous me laissez tranquille... Bien sur, je n'ai que ce panier de pommes. Mais si vous me laissez partir, elles sont à vous ! Je peux aussi vous donner mes chaussettes ! Des chaussettes absolument crasseuses, certes, mais peut-être vous seront elles utiles ! Les chaussettes sont rares, dans nos contrées, et avec les mauvais temps qui arrivent, elles...
Bon d'accord, je me tais ! Mais pitié, ne me faites pas de mal ! La douleur me donne des coupures, des bleus et des blessures ouvertes. J'y suis terriblement allergique !"

*Avec ça, si elle a compris quelque chose, je me rase la tête...*

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La jeune femme se releva, et ramassa son panier et ses pommes. Puis, un sourire étrange affiché sur son visage, elle tenta de s’expliquer…

* Des pommes qui dégringolent toutes seules, ben voyons ! *

Sans dire mot, Jade écouta l’étrange récit de la demoiselle, ou la dame, apparemment… Treize enfants ?! Pour une fille si jeune et en apparente bonne santé ?! Plus son interlocutrice s’enfonçait dans un récit sans queue ni tête, plus Jade sentit un fou rire monter en elle, un fou rire qu’elle tenta tant bien que mal de retenir, de peur de vexer la jeune femme. C’était tellement absurde ! L’envie pressante de rire s’accentua lorsque la jeune femme nomma différentes activités que Jade pourrait pratiquer, puis elle enchaîna sur ses chaussettes.

Elle, elle regardait la paysanne avec une suspicion amusée et lui lançait un de ces regards que les gens lancent d'ordinaire aux fous. Mais tous ses efforts pour contenir ce rire se révélèrent vains lorsque, l’histoire terminée, Jade laissa ses émotions l’envahir. Elle dut se retenir à son cheval pour ne pas tomber, tant elle riait.

- J’ai l’air si terrifiante que ça ?! Allons ! Jamais je ne vous dénoncerais ou vous ferai de mal, ce n’est pas vraiment mon genre. Et puis je n’ai que faire des petites et comiques histoires de chapardage d’Ellandy ! Je viens d’Alsaria, et je ne suis qu’une simple voyageuse. Ce que vous possédez ne m’intéresse pas ! Encore moins vos chaussettes…

A la pensée du passage de récit de la jeune femme sur ses chaussettes, Jade ne put s’empêcher de rire à nouveau. Mais elle eut peur de finir par vexer la jeune Ellandyenne (à supposer que c’en fut une) et de ce fait tenta de calmer ses ardeurs.

- Veuillez pardonner mon impolitesse… (elle réfléchit) Finalement, ces pommes valent elles la peine d’être volées et de faire une chute sur une pente si raide ? demanda Jade avec détachement.

Elle avait contourné la jeune femme et s’étai penchée pour prendre une de ces pommes dérobées, une pomme bien mûre, comme elle les aimait. La portant à sa bouche, elle croqua dedans et avala un morceau.

- Le fruit défendu, pris par la force a toujours ce délicieux goût qu’aucun fruit acheté au marché ne procure…

Oui, Jade avait déjà dérobé des pommes et des fruits dans des vergers… C’est le jeu de tous les enfants, après tout, et de fuir sous les aboiements de chiens et hurlements emplis de gros mots des fermiers.

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*Fioouu... C'est bon... C'était chaud patate, quand même...*

Idril attrapa à son tour une pomme, qu'elle croqua à pleines dents.

"Munch... Ch'uis Ch'ûre que F'ous Ch'a'F'ez Rai'Ch'on, mais moi Ch'i Ch'e F'ole Ch'es pomme Ch'est Ch'urtout pour Man'Ch'er. Ch'est pas tout, mais F'aut P'ien Ch'e Nourrir."

Elle mâcha un long moment, oscillant la tête et en faisant tourner son poignet, avant d'avaler.

"Sc'uzez. J'disais, c'est que je vole qu'pour manger moi, parce que bon, les artistes sont pas toujours payés en piécettes... Même des fois en tomates... Pas mûres. 'Fin pas moi, hein. J'me débrouille bien, vous savez."

La jeune elfe marqua une pause, le temps de croquer à nouveau dans le fruit, et d'avaler.

"Alsaria ? Jamais allé. C'est sympa, comme coin ? 'Fin, il doit sûrement avoir une sacré tension, avec ces histoire de roi. Vous vous montez pas un peu le bourrichon pour rien ? Non parce que, le frère, la sœur, un gros câlin, et on en parle plus ! Et comme ça, je viens, et je joue pour les réjouissances, je me fais connaître par un intendant, et tadam ! Idril Alcarin nommée dirigeante en chef des banquets et autres festivités ! Mais bon, je finirais par me tailler de là. Les responsabilité, c'est pas mon truc. Et puis l'herbe est plus verte ailleurs. Vous d'vez savoir ça, vu que vous voyagez.
Roh et puis t'façon, vous vous en foutez de c'que j'dis... C'est pas un problème, hein ! Je parle un peu trop. Y parait."

Idril sortit un bout de tissus de sa poche, qu'elle plaça sur le haut de sa tête. Puis, elle souleva le panier, et l'y plaça en équilibre. Elle avait appris à faire ça toute jeune, et maintenant c'était une chose anodine.

"Et tu vas où, tu ? Dans le même sens que moi, c'est sur, y'a qu'une route ! Et c'est quoi, ton p'tit nom ? Ah oui, j'te tutoie, c'est plus sympa. Et t'as un beau prince charmant, qui t'attends là où tu vas ?"

*Oula ma fille, faut que t'arrête avec cette idée de prince. T'as trop lu de comptes...*

"Bon, c'est pas tout, mais le paysan du coin, je pense pas que c'est son champ qui va l'arrêter. Ni cette p'tite pente. Alors vaudrais mieux qu'on s'éloigne, qu'est-ce que t'en dis ?"

Sans attendre de réponse, la jeune demi-elfe se mit en route.

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Vraiment, Jade était scotchée devant cette jeune femme, qui parlait avec tant de désinvolture dans ses mensonges et de manière si vive et grossière, si le mot est juste, quoi qu’un peu fort. Cette jeune artiste devait battre la campagne en recherche de public, ou alors de tranquillité. Cela rappelait quelques souvenirs à Jade, autant des bons que des mauvais.

- Oh, pour sûr, Alsaria compte quelques beaux petits coins. Si le cœur vous en dit de vous y rendre un jour, je serais ravie de vous servir de guide. J’ai passé des mois entiers à traverse le pays dans tous les sens, à pieds, à cheval ou en voiture. Je connais les bonnes bourgades, et de bons endroits où on accueille sans trop de mal les artistes, saltimbanques et autres gens du spectacle.

Jade termina sa pomme et lança le trognon au loin, dans un champ. Lorsqu’elle se retourna, Idril, c’était un joli nom, avait placé son panier de pommes sur sa tête. Jade allait continuer, mais la musicienne fut plus rapide. C’était vrai qu’elle parlait beaucoup, un vrai moulin à paroles.

- Je vais là où les chemins me mènent, mais je ne suis que trop sûre que cette route mène au royaume usurpé de Dinak. Mais peut être changerais je de route en chemin, je ne sais pas. Ca me ferait bien plaisir de faire un petit bout de chemin en ta compagnie. Parler à quelqu’un, ou même l’écouter parler me ferait le plus grand bien.

Elle monta son cheval, et ajusta sa cape sur ses épaules et ses rennes. Puis elle suivit Idril, qui suivait le chemin d’un pas sûr, droite et mignonne avec ses cheveux qui se balançaient sur ses épaules et son panier sur la tête. Jade régla l’allure de son cheval sur le pas rapide d’Idril, qui semblait vouloir mettre rapidement de la distance entre le verger d’où elle venait et elle-même.

- Je m’appelle Jade D’Isanto, mais je ne porte là que le nom de feu mon père le Chevalier D’Isanto, malheureusement pas celui d’un prince… Pour autant qu’il en existe encore des charmants. Quel beau chemin qui prend ainsi la direction d’un royaume volé, le royaume d’un traître. Ainsi tu vas à Dinak ? Ou alors tu y retournes.

Elles avancèrent encore pendant quelques temps jusqu’à ce que Jade, un peu gênée de se trouver plus haut qu’Idril, remit pied à terre pour la suivre, rennes en mains.

- Tu es artiste… Musicienne, chanteuse, danseuse ? J’ai un jour fait partie d’une troupe de saltimbanques. On a parcouru tout Alsaria. Je faisais un spectacle à cheval, car je suis une piètre chanteuse et la musique n’est pas mon fort, et j’hélais la foule avant les débuts de spectacles. Mais comme toi, je me lasse vite et j’ai eu tôt fait de leur fausser compagnie. Au fait, tu n’as pas trop souffert de ta chute ? Je n’y pense que maintenant, il est peut être trop tard, mais si tu ressens quelque douleur, j’ai peut être deux ou trois onguents pour calmer le mal.

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Idril marchait calmement, les bras pendant le long du corps. De temps a autre, elle du attraper le panier pour éviter qu'il ne tombe... Le terrain était accident, ce n'était pas l'endroit rêvé pour jouer les équilibristes... La jeune elfe détourna son attention de celle qui s'appelait Jade D'Isanto pour regarder la forêt et écouter les bruits des oiseaux... En vérité, distraite était Idril, et elle n'écoutait réellement que ce qui l'intéressait... Si bien qu'à force de se regarder sur son côté, elle en oublia le chemin et se prit les pieds dans une racine.

"Vviooups !"

La jeune elfe se rattrapa sur ses mains, sans avoir quoi que ce sois. et ramassa les pommes, tombées du panier. Du moins, celles qui n'étaient pas parties dans la pente. Quand elle termina, elle tendis le panier à Jade.

"Tu veux bien attacher ça à ton cheval, s'il te plait ? ça m'évitera d'en paumer d'autres, si je me croute à nouveau..."

Elle posa son panier sur derrière la selle, là où il y avait encore de la place, et se dépoussiéra rapidement. Elle jeta quelques coups d'œil à sa tunique, mais heureusement, celle-ci n'était pas déchirée

"Pour répondre à ta question, je fais un peu d'tout, à vrai dire ! Je jongle, je danse, je joue de la flûte... Et deux trois broutilles."

Idril repensa aux dires de la jeune femme, à propos de Dinak. On ne l'avait pas vraiment informée de ce qui se passait là bas, c'était le moment de se renseigner !

"T'as parlé de Dinak, et t'es Alsarian... Alrasienne... Alsararaine... Ouais bon tu viens d'Alsaria quoi... Tu pourrais m'dire ce qui se passe, là bas ? Dans not' coin, on en parle pas vraiment, à vrai dire. J'sais que y'a tout une magouille dans la famille royale, mais ça s'arrête là ? 'Fin, est-ce que ça a évolué ? Parce quand c'est arrivé, ça me passant vraiment au dessus de la tête. Mais si je me dirige vers Dinak, il s'rait bon de savoir ce qu'il s'y passe. J'ai pas envie de regretter d'être là bas quand j'serais là bas, alors que maintenant, je peux décider d'aller là bas ou pas. 'Fin je me comprends."

Elle laissa sa phrase en suspens, comme pour inconsciemment donner le temps à con interlocutrice le temps de se rendre compte que l'elfe avait dit une monstre connerie.

"J'dois te sembler bête, hein ?... Bah, c'est pas grave. ça me gène pas d'être un peu... distraite. Au moins, j'ai pas de préoccupations ni de soucis"

La jeune elfe soupira. Au final, elle était un peu vexée par elle même. 'Fin.

"Pour changer complètement de sujet, t'as dit que t'étais la fille de chevalier ? Comment on dit, ça ? Une chevalière ? Ah non ça c'est un sceau.

...

Bon sang, je suis vraiment une gourde..."

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Jade laissa Idril poser son panier sur la selle de son cheval après s’être pris le pied dans une racine. Jade tenait le rennes d’une main, son bras libre se balançant d’avant en arrière au rythme de ses pas. Elle humait l’air frais et boisé qui diffusait tout autour des deux jeunes femmes et réfléchit aux réponses aux questions d’Idril, sur Dinak. A sa triste nouvelle, elle se rendit compte que si elle connaissait presque parfaitement l’histoire et la géographie d’Alsaria et d’Ellandy, elle ne connaissait pas grand-chose sur Dinak, ou plutôt sur sa politique.

- Eh bien, franchement, je n’ai aucune idée de ce qui s’y passe, et je n’ai pas vraiment l’envie de le savoir, si tu veux mon avis. Si tu sais ce qui s’est passé entre le frère et la sœur Azyrith, alors je ne peux pas t’en dire plus. Je suis Alsarienne de pure souche et je dois dire que j’éprouve une certaine aversion pour le royaume de Dinak. Il ne m’inspire pas confiance, et…

Elle allait mentionner le Chevalier d’Isanto et son décès causé par des soldats du roi, mais elle s’abstint.

- Heureusement pour toi, que tu n’as pas de préoccupations. Tu me diras, si je suis partie de chez moi c’est aussi pour en fuir. Mais une seule me taraude à l’esprit, et j’ai bien l’espoir de la voir un jour prochain disparaître. M’enfin !

Elle leva les yeux et observa les branches des arbres qui bordaient le sentier se balancer allègrement à la légère brise. Elle se tourna ensuite vers Idril et lui sourit.

- Oui, mon père était chevalier. Mais je ne l’ai su qu’il y a quelques années. A vrai dire, c’est une histoire assez compliquée. Enfin bon, je ne suis pas moi-même chevalier, il m’a appris quelques trucs mais s’est abstenu de m’adouber. D’ailleurs, je crois que seuls les rois peuvent adouber un chevalier. Et puis je doute fort qu’il existe des femmes chevaliers. Je ne m’y connais pas vraiment, en chevalerie, je n’ai aucune idée de la façon dont on pourrait nommer une femme chevalier. Je me contente d’être une simple voyageuse.

Elle regarda à nouveau devant elle, laissant le silence s’installer. Elle ne savait trop que dire. Si il lui arrivait de bien discuter, elle avait parfois du mal à engager la conversation. Elle inspira et expira profondément et se rendit compte qu’elle avait trop chaud avec sa cape sur le dos. Elle l’enleva alors, dévoilant un bustier écarlate par-dessus un chemisier aux larges manches d’une blancheur éclatante. Après tous ses voyages, elle se demandait bien comment ce vêtement avait pu garder sa couleur originelle. Peut être les lavandières à qui elle avait confié son linge avaient elles traité le tissu ? Boarf ! Après tout, peu importe la couleur de sa chemise, du moment qu’elle la couvrait et l’empêchait plus ou moins de tomber malade !

Même si elle ne parlait pas beaucoup, elle était tout de même contente d’avoir de la compagnie. Et puis Idril était un sacré numéro ! Pas étonnant qu’elle aie choisi la voie du spectacle. Elle lui jeta un regard en coin, et s’aperçut alors de quelque chose qui ne l’avait pas frappée dès le début : deux oreilles qui étaient plus allongées qu’à l’ordinaire et se terminaient en pointe.

- Nom d’un petit bonhomme ! Tu es une Elfe ?!

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Idril haussa les épaules, et plaça ses mains derrière sa nuque, profitant du soleil lors d'un passage sans arbre. Elle eut un sourire de plaisir, que certaines mauvaises langues auraient pu qualifier de "bébête".

"La route est la meilleure maison..."

Oui, des fois Idril pouvait dire des choses intelligentes... Des fois !
Jade eut un sursaut, l'interrogeant soudainement sur ses origines.

"Hé ouais ! 'Fin, qu'à moitié ; mon père vient d'Alguiel, il est remonté à Anary lors d'un voyage. C'est la qu'il rencontra ma mère, et... advint ce qu'il advint, si tu vois c'que j'veux dire !"

La demi-elfe eut un léger pouffement.

"C'est vrai qu'on nous imagine toujours comme des personnes recluse en pleine nature, ce qui donne un bel amalgame d'ignorance et de crainte... On m'a même une fois accusé d'avoir volé un bébé pour le dévorer ! La bonne blague !"

Idril partit dans un éclat de rire cristallin. Elle marcha deux trois pas bizarrement, avant de sortir des balles et de commencer à jongler. Elle s'imaginait déjà la scène.

"-Va t'en, pesteuse ! T'y porte malheur sur mon troupeau !
-Crénom, c'est cette sorcière qu'à ensorcelé ma brebis !
-Elle vends son corps à des bandits pour survivre !
-Elle a pactisé avec le malin !
-Brûlons là, Yaaarh ! Au feu ! Raaaah ! Gargle ! Graah ! Bougaaa ! Blurg blrop couic !"

Elle en avait les larmes aux yeux.

"Ha, qu'est-ce qu'il faut pas entendre... 'Sont vraiment débiles, ces bouseux !"

Dès qu'idril se tût, on entendit un ricanement. La route bifurqua à ce moment, dans un virage étroit et couvert de végétation. La voix ricaneuse, masculine, gutturale, avec un accent paysan à couper au couteau, s'exprima à nouveau.

"PÔ ceut' fois là, chapÔrdeuse ! T'eus sur not' domaine, l'eulfe, et cheuz nous, on aime pÔ trop les voleu'z !"

Une silhouette apparu, puis il fut facile d'identifier ses traits ; il s'agissait là du premier fermier qu'avait rencontré Idril, celui auquel elle avait jeté une pomme à la figure. On pouvait d'ailleurs encore voir quelques restes du fruits, qui lui avait taché le visage. L'homme était vêtu comme tout bon cul-terreux qui se respecte : des braies infâmes, dont la couleur d'origine était dure à deviner, ainsi qu'une chemise en chanvre sale, où l'on pouvait voir diverses auréoles de transpiration. L'homme en lui même avait une figure patibulaire, avec ses sourcils broussailleux, ses cheveux infâmes tout emmêlés, et avec un nez de la taille d'une des patates qu'il devait cultiver...
Il tenait à deux main une gaule, long bâton utilisé pour récupérer les fruits. Cette arme improvisée aurait pu lui donner le surnom du "chevalier de la basse court", personne n'avait osé lui dire. Le type avança, un regard mauvais teinté de rancune et de lubricité pointé sur la jeune elfe.

"Roger, Stanley, empeûchez leus d'pÔrtir !"

Il approchait de plus en plus d'Idril, les yeux fixés sur les... appâts de l'elfe.

"Tu m'Ô volé mÔ reucolte, tu vÔ m'le pÔyer, crénom ! 'ttrapez lÔ, vous autr' !"

Les dénommé Stanley et Roger sortirent des buissons, derrière les deux femmes, et le premier, Stanley, un grand à la mine rougeaude et boursouflée, fonça sur Idril, et lui serra rapidement les bras dans le dos, afin de l'immobiliser. Le deuxième se mit entre la femme et l'elfe, brandissant ridiculement un râteau miteux, afin de l'empêcher de passer.

"J'tÔvais dit qu'tu m'le rendrais Ô centuple !"

Ajouta le premier paysan, tandis qu'il déboutonnait son pantalon.

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- Oh non, je ne crois pas ça ! Mais ce n’est pas totalement faux que les Elfes se tiennent pour la plupart à l’écart, et bel et bien dans les forêts, me trompe je ? Ha ! Et puis si les gens disent de telles horreurs que cela sur ces personnes, alors ils font bien de vivre entre eux. De telles personnes qui profèrent de telles horreurs sur ce qu’ils ne connaissent pas feraient mieux de se taire.

Jade n’avait pas fréquenté d’Elfes dans sa courte vie, mais elle en avait croisé l’une ou l’autre fois, jamais loin des bois d’Alguiel, cependant. Mais elle ne pensait aucunement que ce puissent être des personnes si terrifiantes que certains ignorants les avaient décrits. Ceux même qui avaient dit ces méchancetés à Idril n’avaient là qu’affabulé pour expliquer leurs problèmes. Et les Elfes dont ils ignoraient tout avaient servi de bouc émissaire.

Jade sentit monter en elle un sentiment de compassion pour la jeune demi-Elfe, qui avait du subir de telles railleries. Mais elle ne semblait pas s’en soucier, du moins, elle avait fait fi de cela. Jade la regarda. Elle était vraiment jolie, aussi jolie qu’elle avait pu l’imaginer étant enfant, au fond du pays d’Alsaria, écoutant avec avidité les contes sur les Elfes et aussi tout le fantastique qui couvrait les terres de Tosya.

Jade regarda l’artiste jongler avec habileté tout en marchant. Bientôt un sourire s’accrocha à ses lèvres pour ne plus les quitter. C’était une journée paisible, bien ensoleillée, que Jade ne voulait presque pas voir finir. Mais le jour déclinait et à un moment il allait falloir s’arrêter pour dresser un campement, manger et dormir un brin. L’attention de Jade aussi déclinait, et il lui arrivait maintenant de trébucher sur des cailloux un peu trop gros.

- Diantre !

Voilà qu’au détour de la route, un paysan, celui à qui Idril avait volé les pommes un peu plus tôt, faisait son apparition. Il parla avec un horrible accent derrière lequel il était difficile de discerner les paroles. Mais il était clair qu’il menaçait Idril, et bientôt, deux autres paysans apparurent, l’un attrapant Idril, l’autre se mettant entre l’Elfe et Jade. Son cheval hennit et se cabra avec une telle force que Jade ne pu le retenir, et elle lâcha la bride. Le paysan qu’elle avait face à elle agitait avec des gestes vigoureux un de ses outils de travail. Jade laissa échapper un rire guttural, et emprunt de raillerie, et elle porta la main à son paquetage, attaché derrière la selle de son cheval, affolé par ces apparitions soudaines. La jeune voyageuse tira alors de son fourreau son épée, écartant sa cape, et la brandit devant le paysan, qui sembla déconfit.

- Pas de cela avec moi, bonhomme ! Gronda t elle, les sourcils froncés et la voix grave.

La voyant si menaçante, le paysan s’écarta, et jade vit qu’Idril était aux prises avec les deux autres paysans. Jade était dégoûtée de voir que le gros avait déboutonné son pantalon. Elle failli vomir.

- Bande de couards ! Deux contre une, vous n’avez pas honte ?

Et elle asséna un grand et puissant coup derrière la tête du paysan qui retenait les mains d’Idril. Il tomba assommé. Alors, le deuxième paysan attrapa fermement l’épaule de Jade, qui fit brusquement volte face, parcourue d’un frisson d’horreur, et lança un grand coup de lame dans le visage du paysan qui poussa un grand cri, les mains portées sur son visage endolori. Le bougre avait la poigne dure et Jade ne douta pas que son épaule qui lui faisait mal était devenue toute rouge.

Manger des pommes par un temps si doux est une affaire que tout un chacun aime à effectuer tant elle est agréable à réaliser. voler des pommes par un bel apres-midi est tout aussi sympathique pour peu que l'on ait l'habitude afin d'éviter les paysans récalcitrant à ce genre de pratique. Se trouver nez-à-nez avec les-dit paysans se révélent bien moins joyeux, l'expérience olfactive en soit pouvant pousser un Troll à se laver matin et soir avec un savon de Lilas. Si des idées de viol sont de la partie chez les puants, on peut dire que le bel apres-midi est de loin foutues. "Un apres-midi de merde" est une expression qui s'emploit alors lorsque la situation empire encore, lors du débarquement d'une quelconque milice par exemple. Oserais-je dire que les quelques mots expliqué plus haut deviennent maintenant valable? En effet, une milice "paysane" si l'on pouvait encore appeler ça comme ça avait suivit de prés les paysans volé, sans doute pour les voler un peu plus en fait. Le sergent qui les menait était un ancien de l'armée à qui l'on avait demandé à la fin de sa "conscription volontaire" de quoi défendre les petits villages du coin contre tout ce qui pouvait arriver à la vie campagnarde. L'assemblée actuelle, habillé des armoiries de plusieurs contrée, était la plus compétente et la premiére des trois formé dans la zone et pour cette raison, la croiser n'annonçait rien de bon. Les 8 hommes qui marchait au pas de maniére désordonné derriére le sergent s'étaient arrété lorsque lui même avait cessé son avancée. C'est un visage couturé de cicatrice et recouvert d'une barbe brousailleuse qui donna les ordres alors même qu'une petite mêlée s'était formé non loin d'eux. En moins de temps qu'il ne faut pour dire Xirotegnicrev, deux rangs s'était formé, un prêt à tirer de leurs arcs, l'autre prêt à seconder le premier. Les épées courtes avaient été planté devant chacun afin de faciliter une réaction en vue d'un corps à corps. D'un geste sec et sans aucune pitié visible, le sergent Jules, dit de La potence lança les hostilité.

"Abattez moi la bouffetance sur patte, on verra ce qu'on fait du reste apres..."

Sans ciller, ses hommes laissérent leur flêche quitter l'arc pour aller mordre la chair du cheval présent ainsi que l'épaule d'un paysan malchanceux, leur forme triangulaire ajoutant au déagréable de l'aventure. Le bouseux se retourna, les yeux plein de surprise avant que son visage ne se déforme en ce qui pouvait être un sourire, et d'un pas désordonné il approcha du Sergent avant de se jeter à ses pieds pour quérir son aide. Un regard froid se posa sur lui, le détaillant des pieds à la tête.

"Ooooh..mais ne serait-ce pas Jean? Si..c'est bien lui...Ne te souviens-tu pas avoir profiter de l'intimité de ma soeur, il y a de cela dix ans? On m'a dit qu'elle voulait bien mais..."

D'un geste sec et parfaitement millimétré, l'épée du barbus fut mise au clair avant d'aller trancher la tête du cul-terreux, celle-ci s'en allant rouler sur le bas-côté. Dégoulinant d'un sang carmin, la lame fut élevé dans les airs une nouvelle fois, prête à donner sa derniére sentence. Une voix légérement éraillé, rauque mais sûre d'elle s'éleva dans les airs.

"Prenez garde âme noire! Que ceux qui tiennent à leur vie jettent armes et bagages sur le sol avant que nos flêches ne viennent aérer leurs idées trop saugrenues pour être tenté. "

C'était une apres-midi de merde.

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Idril tomba cul par terre. En deux secondes, les paysans avaient déboulés, et aussitôt, la milice avait rappliqué, et en avoir déjà zigouillé un. Mais c'était quoi ce pays de fous ?! Plus on descendait, plus les gens étaient déglingués... Déjà qu'en ville, certains n'étaient pas net, mais alors LÀ ! C'était qui ce type ?! Allez hop, que j'te descende un paysan, et voila !

Quoique. Sans eux, il y aurait forcément eut du soucis. Même si Jade avait dégainer si vite, les paysans étaient plusieurs, à ce moment là. ça ne se serait pas forcément bien terminé. Donc en toute somme, on pouvait dire que la milice, c'était des bons gars. Même si leurs méthodes... laissaient un peu à désirer.

La jeune demi-elfe se releva péniblement, et dépoussiéra rapidement sa tunique, avant de marcher vers ce qui semblait être le chef des gens d'armes.

"Eh bah putain ! On peut dire que vous y allez pas avec le dos d'la main morte, ici !

Merci quand même... Ces sales types allaient... abuser de nous, dira-t-on.

Le Soleil commençait à amorcer sa descente, et cette nuit, mieux valait ne pas pioncer en pleine cambrousse... Dès fois que l'ami Stanley rameute ses potes de beuverie, et ne lance une "chasse aux sorcières"... L'idée d'être violée, battue, puis brûlée n'était pas très enchanteresse... Et ça se comprenait !

"Hey, chef ! Vous rentrez à la caserne, ce soir ? ça vous dérange si on vous suit ? Il doit bien y avoir une auberge, à côté d'là où vous logez, nah ?"

Idril n'avait pas sollicité Jade pour cette décision, mais elle espérait que la femme l'accompagnerait. Tout d'un coup, le monde semblait avoir durcit, devenu rancunier et mauvais, à charge de revanche pour... les pommes.

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Jade avait sursauté en voyant la tête du paysan sauter de son cou. Le chef des miliciens venait de lui trancher a tête par vengeance. Jade ouvrit de grands yeux devant cette horreur. Elle laissa tomber son épée par terre, elle heurta le sol avec un bruit étouffé, lorsque le chef de la milice ordonna de lâcher armes et bagages.

Mais déjà Idril assaillait les miliciens de paroles. Jade ne dit mot, laissant l’Elfe faire. Elle demanda à ce que les miliciens les mènent elle et Jade avec eux jusqu’à leur caserne, pour trouver une auberge. Jade ignorait si c’était une bonne idée car elle se méfiait de ces hommes. Mais elle ne put se résoudre à la laisser seule. Ce coin là d’Ellandy n’avait pas l’air très recommandable et Jade hocha la tête, résolue à suivre l’Elfe. Et puis, qu’allait-elle faire sinon ? Elle n’avait rien de pressé à faire, aucun objectif à court terme.

Voyant que les hommes avaient baissé leurs gardes, Jade se baissa pour ramasser son épée. Elle jeta un regard sombre et méchant au sergent, dont l’un des hommes avait tiré un trait sur son destrier puis s’en approcha. Le cheval couché à terre, blessé, hennit.

D’un coup sec, elle retira la flèche, arrachant un fort hennissement au cheval agonisant. C’était une bonne bête, mais une blessure de ce genre n’annonçait rien de bon. Elle se releva, farfouilla dans une sacoche tombée par terre et en retira un flacon empli d’un liquide d’une faible teinte jaune, presque incolore, et un linge blanc. Elle fit sauter le bouchon et versa le contenu de la fiole sur la blessure sanguinolente de son cheval, qui hennit de plus belle. Puis elle enfonça le tissu plié sur la plaie avec rudesse. Mais le cheval respirait bruyamment. Jade sentait sa fin proche.

- J’espère pour vous que vous aurez les moyens de m’en repayer un au moins aussi bon que ce cheval. Il va crever ici par votre faute ! Pesta Jade en se relevant, le regard noir.

Peut lui importait que ces hommes les aient sauvée de cette bande de péons malpropres, maintenant elle se trouvait sans monture. Elle commença à désangler selle et bagages puis lança les sacoches au milicien le plus proche.

- Merci de m’aider à porter mes effets, dit elle avec froideur.

» Quelques questions.
» Quelques lieues plus loins