L'aube

La jeune gitane avait confié des objets au marchand le plus proche puis avait devancé Aymas après lui avoir dit qu'elle était prête. Sûrement avait-elle très bien assimilé qu'elle pouvait choisir leur lieu de restauration. La faim devait avoir raison d'elle. Elle marchait donc passant dans les rues qu'elle paraissait parfaitement connaitre. Une chose était sur, elle savait ou elle allait.

Il arrivèrent devant un taverne, assez jolie et coquète mais ce n'était pas un repaire a bourgeois, c'était sur. La gitane connaissait la tenancière, cela se remarqua par un bref mouvement de tête. Puis elle alla s'assoir à une table en s'installant tranquillement. Il fit de même. Pas une fois elle avait vérifié qu'il la suivait. Elle devait lui faire confiance.

"- Donc. Vous vouliez en savoir plus sur ma magie ?

- Oui, en effet. Mais on peut commander et manger avant si vous le souhaitez. J'ai.. presque... tout mon temps. Mais tout cela dépend de vous. Sinon j'avoue que j'aimerais beaucoup savoir comment vous jouez si bien avec le feu... pour commencer."

Malice lui avait parlé directement, c'était sur qu'elle n'était pas du genre à faire de chichis et allait droit au but. Aymas ne lui en voulait pas mais alors pas du tout. Il préférait en effet quand les gens y allaient directement, cela facilitait et rapetissait grandement les conversations. Il avait alors répondu en prenant son temps car il en avait encore avant de devoir retourner au château.

L'air était frais dans la taverne car on était seulement au milieu de la matinée et la taverne était à peine à moitié remplie. Le mobilier rustique en bois suffisamment bien ouvragé. Il y avait un passage près du bar et des fenêtres sur le mur donnant sur la ruelle. Leur table était située devant l'une d'elle. Les tables étaient pourvus, de chaque coté, de simples bancs.

Maintenant qu'il s'était assuré des lieux, bien que cela ne serve à rien, ils pouvaient continuer la conversation. Aucun mouvement de tête de sa part, il avait suffit d'un coup d'œil en entrant. C'était désormais un réflexe naturel dont il c'était habitué. Et maintenant, il attendait le choix de Malice... Commander maintenant ou parler tout de suite.

Les explications de la gitane étaient plausibles et intelligemment bien montée. Les illusions produites étaient propres et presque parfaite comme illusion de magie. Elles nécessitaient tous de même quelques artifices comme la poudre inflammable. Il fallait aussi dextérité et savoir de quoi on parlait pour capter l'attention du public. Si la magie n'existait plus, cette art entretenait l'illusion qu'elle était encore réalisable.

La tenancière était passé à leur table et elles semblaient se connaitre. Malice devait être une habituée mais la tenancière de la taverne gardait tout de même ces distances, on peut dire que le fait de savoir faire de la pseudo-magie créait crainte et respect de la part des petites gens. Mais elles restaient tout de même amicales l'une avec l'autre avec apparemment une bonne relation marchand/client. Apparemment ici aussi les gens étaient dans la galère.

Malice continuait ses explications alors que le repas leur fut servis. Il était délicieux et suffisant pour Aymas. L'assassin buvait les paroles de la gitane tout en mangeant son repas. Il avait du mal à la quitter des yeux mais surveillait inconsciemment chaque mouvement des autres personnes présentes dans l'établissement. Il pensa tout de même à faire part également de respect et d'intérêt et pas seulement pour les tours de passe-passe.

"- Vous mangez bien ? Prenez votre temps de bien mâcher. vous n'êtes pas obligée de parlez en permanence !"

"- Si vous voulez encore que je vous parle de mon art, n'hésitez pas à m'en parler."

Malice paraissait beaucoup mieux et de très bonne humeur. Elle l'avait remercié et le repas avait duré encore un peu et la discussion au sujet des dons de la gitane avait continué bon train. Ce qu'elle disais intéressa Aymas du début à la fin. L'assassin n'avait tellement rien connu du monde pendant de si nombreuses années qu'en effet désormais il s'intéressait à tout et n'importe quoi et pouvait facilement en être émerveillé même s'il le cachait un peu. Inutile de faire paraitre d'autres sentiments et émotions dans de tels moments...

La journée avançait, plusieurs clients étaient sortit et plusieurs autres étaient entré. La taverne était légèrement fréquenté pour le moment apparemment pour les problèmes dont avait parlé la tenancière mais chacun ses problèmes et chacun ses occupations. Cela rappela à Aymas qu'il devait se rendre au Château bientôt et que si comme à son habitude il ne voulait pas être en retard, il devrait partir le plus tôt possible désormais. Il en indiqua donc l'intention à son interlocutrice :

"- Je vous remercie beaucoup pour tout ce que vous avez pu m'apprendre. Je dois par contre m'éclipser pour le reste de la journée mais peut être pourrais-je revenir vous voir l'un de ces jours. Si cela m'est possible... Au revoir mademoiselle..."

Sur ces derniers mots, il se leva. L'elfe posa une toute petite bourse près de la main de la gitane et lui jeta un dernier regard qu'il espérait plein de ce que l'on appelle de l'amitié. Il était sincère et aimerait beaucoup pouvoir reparler avec elle... un jour. Il s'en alla alors sans rien dire de plus. Il savait qu'elle lui était reconnaissante de ce que lui avait fait pour elle. Il passa la porte sans plus de cérémonie et disparut tel un courant d'air.

Un elfe passait dans les rues, remontant vers le château d'un pas léger et toujours avertit. Le reste de la journée bien qu'il savait qu'il allait encore passer des heures à vérifier les alentours de la reine s'annonçait tout de même plus joyeux. Il avait quelque chose sur quoi réfléchir et s'occuper. Peut être des possibilités de mises en pratique pour le rôle caché d'assassin qu'il jouait. En effet, la journée se passa sans accrocs et fut des moins ennuyeuse de la semaine.