La voie des révélations [Mélora, Violette, Olörin]

Pas en avant pour eux deux certes, mais c’était au combien difficile que d’avouer même d’un simple mot, le ressentit d’un être. Surtout quand l’expression des sentiments s’était masquée pendant des années.
S’enroulant de sa cape, les lourds plis de velours moulant la fine silhouette de la demi-elfe. Elle rabattit la capuche de sa mante. Masquant ainsi ses doux trais dans l’ombre, on pouvait juste distinguer son regard clair, étoiles parmi les ténèbres. Tendre lueur qui fixe cette assemblée qui se mue vers la sortie. Gardienne silencieuse avec un sourire énigmatique sur les lèvres, attentive comme toujours elle patientait que tous fut dehors pour terminer ce qu’elle avait à faire. Dernière vérification avant le départ, la plus importante de toutes.
Geste léger en direction de sa ceinture, les lames qu’Olörin lui avait offert étaient fixées et prête à l’emploie pour on ne sait qu’elle futur hasardeux. Ses remèdes étaient tous bien rangé dans leur sac et diverses pochettes. Mmmm…Peut-être refaire un approvisionnement de poivre au cuisine de la taverne. Bien utile à utiliser comme dernier recours, sa réserve s’était faite vidée dernièrement et elle n’avait pas eu l’occasion de refaire le plein. Trop apeurée pour pouvoir penser clairement, mais maintenant l’angoisse s’était envolé et son cœur se sentait tout d’un coup beaucoup plus léger.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Là voilà après quelques petites discussions en possession du fameux poivre réduit en poudre fine et bien rangé dans un réduit de accroché à sa ceinture. Et sortit de la taverne.

« Allez ! » dit-elle d’une voix empreinte d’une énergie nouvelle, son corps vibrant d’une énergie toute particulière qui lui était propre. Frisson qui parcouru son échine, elle releva son minois et avança d’un pas souple vers ce petite troupe. Discrète comme de coutume, elle observait ce beau monde. Ils discutaient tous, c’était encore elle la bonne dernière…Tel un cheval sentant l’écurie, elle, elle ressentait l’aventure approché et l’air frais qui les entourait lui procurait un pure délice. Bise glaciale, souffle de vent léger enveloppant les êtres et les sens.

« Là, chut, c’est bien, aujourd’hui nous chevaucherons au Nord fidèle compagnon ! Que la force et le courage soit avec nous en ce jour car nous devrons affronter la neige, le froid et enfin la pluie. Mais tout cela n’est que pacotille pour nous, devant notre grandeur ! N’est-ce pas !
Et bien mon ami ! Je sens qu’en cette heure matinale nos chemins ne seront pas différents avant bien longtemps ! Un nouveau jour s’est levé, celui des négociations et des attentes est révolues, mais celui de l’épée et du courage des hommes est arrivé ! Je sui fin prêt, je te suivrais quelques soit la noirceur de notre chemin. »

D’un bond leste, elle grimpa en croupe derrière Olörin. Enroulant ses bras autour de la taille de celui-ci, se lovant contre lui pour se protéger des intempéries tombant avec abondance. Ainsi callée auprès de son ami, elle n’était qu’une simple ombre perdu dans l’immensité du tissu. Brindille souple, répondant à l’exigence de la nécessité.

« Tu étais donc près a lâchement m’abandonné mon cher ? »

Dit-elle dans un rire léger, au creux de l’oreille d’Olörin, puis elle déposa quelque instant ses lèvres à la naissance du cou de son chevalier servant.
Elle se détachera le haut de son corps quelques instant de lui et dit a Messire Uriel :

« Excusez moi d’avoir trainé mais j’avais deux, trois choses à vérifier… » Sur ces mots, elle retourna contre son ami, s’y callant, se préparant à une longue et éprouvante chevauchée comme la veille.

[Excusez moi du retard ; je suis vraiment en panne d'inspiration]

La délégation se mit en marche, une fois les dames en selles. On quitta le village, prenant la direction du bois de Moniek, au Nord Ouest.
Le trajet se déroulait sans peine ; le froid mordant, s'il rendait les hommes bougons sur leurs montures, ne semblait cependant pas affecter ces dernières, qui avançaient docilement. On conversait ça et là, bien que dans la plupart des cas, le vent mettait tôt fin aux discussions. Il ne faisait pas bon de se découvrir le col, lorsqu'une forte bise se levait. Personne n'avait envie d'attraper la toux, le prochain lit chaud étant au Monastère de Clairbois.

On s'arrêta au détour du chemin, pour la collation de midi ; l'endroit était fort bien choisi. Placé derrière une saillie rocheuse, on y était protégé du vent. On fit un léger feu, on réchauffer ces dames, et on sortit les provisions. Il y avait là de belles miches, de la viande salée, un fromage sec, ainsi que des pommes. Il y avait quelques outres d'hypocras, ainsi que d'eau de source.

Avant d'entamer la nourriture, l'ancien moine adressa une prière à Dieu, pour qu'il bénisse ce repas. On enseignait aux gens d'Apremont de faire ainsi, et ce depuis des siècles, et pour Uriel, tout pieux croyant qu'il était, une normalité. C'est pourquoi il fut fort surpris, lors qu'il ne vit pas les Ellandiens faire de même.
Son étonnement révéla son ignorance, qui céda à sa curiosité. Se levant, le chevalier alla vers Dame Violette, et s'adressa ainsi :

"Belle dame, au risque de vous paraître maladroit, je voudrais savoir à qui s'adresse vos prières. Cela peut vous paraître soudain, voire brusque, comme interrogation ; j'ai vu manger vos gens, et il ne font pas pareil que nous autres, peuple d'Apremont.
Je sais que dans le Nord d'Ellandy, on vénère encore les dieux païens de la mer, aussi étais-je curieux de savoir votre confession.

Loin de moi l'idée de dénigrer votre foi, balle dame, mais je vous conseille également, en la compagnie des moines, de faire montre de votre culte, d'autant plus s'il présente des pratiques... différentes."

La collation de midi fut accueillie avec joie par la délégation qui usait de son énergie pour se réchauffer, statues de glace sur leur monture qui elles ne souffraient pas de la fraicheur hivernale.

Le lieu d'arrêt était un peu abrité et la pitance assez riche, quelques échanges brefs, pas de grandes discussions. Puis le silence avant la distribution, les Ellandiens levèrent à l'unisson les yeux vers le prétendu moine qui s'était mit à parler, psalmodier plus exactement. Le feu crépitait luttant pour sa propre survie ainsi que celle de ceux qui se trouvaient amassés tout autour.

Ses paroles étaient belles, louant un seigneur, Dieu unique qui n'était pas dans les croyances de ces braves hommes et femmes d'une autre contrée.Pourtant personne n'osa interrompre le sacre, écoutant paisiblement, apprenant d'autres coutumes.

Puis on distribua les mets et chacun se jeta dessus comme si au matin, ils n'avaient rien reçu. Décidément, le climat n'était pas du tout pour leur plaire et ils avaient hâte de prendre route vers la douce Ellandy.

Violette se repaissait et tendait par moment ses mains vers le feu pour en capter la chaleur, elle releva la tête à l'approche du seigneur Uriel, avait-il encore quelques conseils à lui transmettre?
Son expression fut plutôt proche de la surprise, elle ne s'attendait absolument pas à cette question là. Le chevalier semblait curieux, c'était prévenant de sa part et agréable. Un peu plus loin, les deux amoureux retrouvés s'occupaient à rattraper leur séparation, probablement en se contant les évènements passés.

Le visage de la blonde s'éclaira et elle afficha un charmant sourire, amusée aux dires d'Uriel d'Apremont.

- Nous faisons bien honneur aux dieux, contrairement au Nord où ceux de la mer dominent comme vous le dites, ceux du Sud sont plutôt un mélange. Il n'y en a pas un seul, les primordiaux sont Lug et Eithne, ensuite les élémentaux, les guerriers, les déesses. Chacun apporte quelque chose à notre monde.

L'Ellandienne avait parlé en se frottant les mains, regardant à la fois, le sol, le feu et les cieux, puis reposa ses prunelles vertes dans celles de son interlocuteur.

- Faire montre de nos pratiques? Elles ne se font pas à chaque repas, nous remercions les Dieux aux solstices, aux équinoxes, après la réalisation de leurs volontés ou pour leur aide. Je vous parlais donc du retour de mes sujets et amis en Yarkol, c'est à l'occasion du solstice d'hiver que nous fêtons pour remercier la terre dormante et souhaiter la renaissance d'une nouvelle saison propice au bétail et aux céréales.

Portant un morceau de pain et de viande salé à ses lèvres, la belle observa Olörin et Mélora, les autres compagnons du seigneur.
- Sont-ils de la même croyance que vous? Y a-til des usages à pratiquer une fois que nous serons arrivés au Monastère? Je ne voudrais pas froisser vos enseignants de foi.

En effet, il n'était pas judicieux de se mettre à dos, ceux qui allaient donner ou non leur accord à la participation du comté d'Apremont dans la guerre opposant Dinak et Ellandy.

Le voyage avait commencé, le périple et l’aventure du rôdeur du nord devenu chevalier d’Apremont était née. Le froid mordant qui régissait les terres que leur délégation foulait en ce moments même attaqué et s’immisçait dans le moindre trou. Couvert de couverture et tissu, le visage du guerrier était caché, seul ces yeux et le haut de son nez dépassait. Habillé ainsi, un voyageur aurait pu le confondre avec un bédouin, chevaucheur des sables.

Uriel, confident du soir, son ami, si bien entendu le cœur du chevalier avait une place pour une tel relation, se tenait dorénavant à ses côtés. Le midi arrivait et les ventres gazouillaient, il était temps de s’arrêter, l’heure du déjeuné était arrivé. Ce que son compagnon comprit très vite car tous stoppèrent leur périple pour collationner.

Olörin s’était chargé du feu avec Uriel pendant qu’évidemment les autres s’affairait à leurs tâches qui leur étaient destiné, la cuisine. Viande salé, miches, fromages, et pommes. Tous se régalèrent. Non sans stupeur de la part d’Olörin, il vit son confrère exercé une prière à son Dieu afin de le remercier de la nourriture qui leur était offerte. C’était donc ça la religion ? Le culte venant de cette bible que le rôdeur avait tant de fois lu ? Intéressé, il scruta chaque mouvements.

Le repas c’était bien terminé et la panse du guerrier rempli. Décidé à repartir, il se leva plein d’enthousiasme en tout bon vivant qu’il était dans le but de transmettre la fièvre du voyage qu’il l’habitait depuis le matin même.

« Et bien compagnon ! Ma panse est bien rempli, et la votre aussi n’êtes-vous pas gras du bide ? Ah ! Ah ! Je propose que nous repartions, la nuit tombe vite dans ces contrées ! »

Olörin avait parlé avec sourire, dynamisme. De toute évidence, il était heureux.