Une question de point de vue. [PV Ilyana]

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Criméa avait changée. Huit années avaient passés depuis l'ascension du roi de Dinak et son pays avait fini par sombrer. Criméa en était la preuve vivante. Mais où était donc sa prospérité d'antan ? Elle avait disparue et cela n'allait pas changer avec le temps. Et alors, qu'est-ce que cela pouvait lui changer, à lui, Surizo Bon Injat ? Qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire ? Rien ! Il n'avait pas d'attache, ni connaissance ou autre ici, Criméa était une ville de passage pour lui. Ni plus, ni moins. Après tout, il n'était qu'un vagabond qui tentait de survivre tant bien que mal, allant de ville en ville, de village en village. Criméa avait changée...

Le jeune homme marchait parmi les rues insalubres de la ville. La misère était présente partout, aussi bien sur les habitations que le visage des gens qui se trouvaient autour de lui. Il fallait reconnaître qu'il était une tâche dans le décor, lui qui aimait s'habiller de façon bien particulière afin de montrer une richesse qu'il ne possédait plus. L'ironie de cela était le fait qu'il devait voler pour bien paraître. Voler et tuer, surtout tuer. C'était son métier en quelque sorte, même s'il ne le disait pas ainsi. Tuer pour survivre. La chose avait quelque chose drôle d'une certaine manière. Il se renseignait, contactait la bonne personne, lui proposait un marché, exécutait le contrat et il se faisait payer. Un vulgaire assassin. On l'avait entraîné, préparé, voir même endoctriné, pour cela et rien d'autre. Il était fini le temps où il se voyait être un Mercenaire défendant la veuve et l'orphelin, elle était lointaine l'époque où il espérait. Tout cela était révolu et il ne restait plus qu'une bague noire à son annulaire droit en guise de relique de ce bon vieux temps. Aujourd'hui, il était simplement traqué comme un vulgaire gibier.

Alors qu'il déambulait dans les rues, un petit garçon finit par se coller à ses bottes. Un mendiant !Il lui réclamait une petite pièce afin pouvoir se nourrir ce soir. Ne pouvait-il pas se débrouiller seul plutôt que de venir vers lui ? Fort heureusement, il ne resta pas longtemps. Enfin, Surizo avait dû l'aider à s'éloigner en le repoussant avec sa main. Le petit garçon finit par atterrir un peu plus loin sur le sol avant de lancer une insulte à l'homme qui s'éloignait. Ce dernier continuait sa route, tout simplement. Sur son chemin, il avait réussi à esquiver à temps un ivrogne qui venait d'être expulsé d'une taverne, le vieux bonhomme s'était retrouvé allongé sur le sol au milieu de la ruelle. Si cela eut le don d'alerter tous les passants durant une brève seconde, ces derniers finirent par reprendre leur activité sans se soucier de cet être pathétique. Criméa avait plongé dans la débauche.

Après toutes ces péripéties, l'assassin finit par arriver à l'endroit tant désiré: la grande place. Elle n'avait plus à rien à voir avec ce qu'elle avait été autrefois, seule la fontaine était restée comme elle avait toujours été. Ou presque. Le jeune homme y plongea une main hésitante dans cette eau sale et sombre, une main qu'il finit par essuyer sur les habits d'une personne qui passait là par hasard. Ainsi donc, tout semblait dépérir. Qu'allait devenir la ville d'ici une dizaine d'années ? Allait-elle pouvoir survivre à cela ? Sûrement, oui, mais elle continuerait par s'enfoncer dans la débauche, la luxure et la saleté. Dans une dizaine d'années, elle allait sûrement continuer à être la capitale de ce pays, mais ses habitants vivraient dans des ruines et des décombres. Quand Surizo regardait Criméa, il voyait la chute de cette ville. Quand Surizo regardait Criméa, il avait l'impression de voir sa vie. Elle qui avait si bien commencé, voilà qu'elle sombrait dans le désespoir. Elle tentait de se débattre, mais vainement, car la chute était inévitable. Sa fin approchait comme l'était celle de Criméa.

Néanmoins, il n'était pas ici pour penser à tout cela. Il devait se ressaisir et penser à ce qui l'avait amené au milieu de la grande place. Pour cela, il fallait remonter le temps d'une journée alors qu'il se trouvait dans une taverne miteuse. Il avait réussi à se dégoter un petit contrat bien sympathique, assez intéressant pour subvenir à certains de ses besoins. Bien entendu, il avait empoché la moitié de suite et il toucherait le reste avant le coucher du soleil, ce soir, après que sa cible ait rendu un dernier soupir. D'une certaine manière, il allait rendre un service à inconnu en le sortant de ce trou paumé qu'était devenu cette ville.

Mais il fallait patienter pour cela. Il finit donc par s'asseoir sur le rebord de la fontaine afin de passer le temps. Tout vient à point à qui sais attendre.

L'air avait quelque chose de suffocant. Peut être était ce du à la chaleur orageuse qui pesait sur la cité, ou bien était-ce ce climat maussade dégagé par les citoyens de la ville, ou encore ces relents fétides de sueur, d'urine et d'excréments qui émanaient des ruelles sombres, à moins bien sûr que la simple vision des bâtiments couverts de crasse n'en fut responsable... A bien y réfléchir cela devait être un peu de tout ça à la fois. Quoi qu'il en fût cela n'avait pas l'air de déranger Ilyana outre mesure. La jeune noble restait stoïque, comme à son habitude. Son environnement ne semblait pas l'affecter le moins du monde. La noble avançait d'un pas leste dans les rues de la ville, fendant la foule de roturiers et d'indigents qui les peuplaient. Les regards se tournaient régulièrement vers elle. En effet, la jeune femme tranchait radicalement sur le décor. Il était plutôt rare qu'une personne de noble lignée s'aventure dans les bas fond et encore plus rare qu'elle n'emporte pas une escorte conséquente pour cela. Les regards étaient parfois craintifs, parfois haineux ou encore méprisants. On n’aimait pas beaucoup les nobles dans cette partie de la ville, sauf quand il s'agissait de soulager leur bourse. Cela dit cet état de fait indifférait profondément la demoiselle. Les regards glissaient sur elle comme l'eau glisse sur l'acier.

Ilyana pressa le pas. Elle ne voulait pas s’éterniser dans ces quartiers, ni dans cette ville d’ailleurs. Son nom n’était pas en odeur de sainteté ces temps ci auprès de la couronne et s’attarder dans la capitale ne pourrait que lui apporter des ennuis. Toutefois, vu l’allure menaçante que prenaient les nuages qui se massaient au dessus de Criméa, mieux valait qu’elle attende encore un peu. Dans quelques heures au plus tard il tomberait des cordes. Elle n’avait aucune envie de séjourner en ville mais attraper une pneumonie sous des trombes glacées la tentait encore moins. Peut être valait il mieux qu’elle se trouve une auberge tranquille pour passer la nuit… Cela dit trouver une auberge tranquille dans les bas fonds de Criméa n’était pas une mince affaire. La plupart des établissements du coin tenaient plus du taudis insalubre ou du coupe-gorge que de l’auberge.

La comtesse déchue arriva bientôt sur la grande place où trônait une fontaine d’où s’écoulait un flot régulier d’eau plus ou moins saumâtre. Quelques stands de marchands installés de ci delà animaient mollement la place. Les citoyens déambulaient sur la place, le regard éteint. Ilyana jeta un coup d’œil autour d’elle, cherchant où s’abriter de l’orage qui se profilait. Son inspection ne lui permit malheureusement pas de trouver un établissement digne de ce nom. Toutefois un individu accrocha son regard. L’homme était assit sur le rebord de la fontaine. Il devait mesurer 1m80 environ et était plutôt fin. Il avait un teint pâle mis en valeur par sa chevelure noir de jais, mais ce qui plus que tout avait retenu le regard d’Ilyana, étaient ses yeux. Ses yeux étaient d’un bleu très prononcé, intense même, mais surtout ils couvaient une petite étincelle, cette étincelle qui le distinguait de tous les miséreux qui peuplaient le quartier. Cet homme était différent d’eux. En quoi, Ilyana n’en était pas sûre, mais ses sens l’avertissaient qu’il pouvait être dangereux. Pas dangereux comme la bande de vauriens qui la reluquaient depuis l’une des ruelles adjacentes, attendant sûrement de la coincer dans un coin sombre à l’abri des regards, non, dangereux à une toute autre échelle, assez dangereux sans doute pour représenter une véritable menace. Il y avait fort peu de chance pour qu’il soit hostile envers elle mais Ilyana avait un caractère des plus prudents, aussi décida t elle de ne pas le perdre trop longtemps des yeux tant qu’elle serait sur la place.

*Cet homme pourrait-il être un mercenaire ?*

Se demanda t elle en jetant un nouveau regard vers l’inconnu. Elle savait pertinemment qu’il y avait de grandes chances que l’individu la repère à son tour, mais de toute manière elle ne passait pas vraiment inaperçue avec ses beaux atours. Ilyana se mit à traverser la place pour atteindre une nouvelle ruelle tout en jetant des coups d’œil discrets en direction de l’homme assit sur le rebord de la fontaine. Si quelqu’un avait surprit son petit manège, il aurait pu croire que la jeune noble était attirée par ce beau ténébreux sans toutefois oser le reconnaître. Cette impression aurait été d’autant plus crédible que les nobles s’acoquinaient rarement avec des roturiers…

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L’attente était longue, d’autant plus qu’il n’y avait rien à faire ni même quelque chose d’intéressant à observer. Du moins, il n’y avait presque rien à observer. Cela faisait déjà un moment que Surizo était sur la grande place, assit sur le rebord de la fontaine, quand une jeune femme interpella son regard. Elle se démarquait de toute la peuplade locale de par ses habits et de sa manière d’être. Cela se voyait facilement, elle était, tout comme lui, une tâche propre au milieu de l’insalubrité de Criméa. Mais s’il ne pouvait n’y avoir que cela…

L’assassin l’avait remarqué et, il fallait le reconnaître, déshabillé du regard. Après tout, Surizo était un homme qui appréciait les bonnes choses. Il aimait les femmes et n’avaient pas honte de le montrer, il n’était qu’un homme avec ses désirs. Néanmoins, cela n’était pas le plus troublant, du moins pour lui. Il arrivait de voir, de temps en temps, des bourgeois ou autres membres d’une quelconque noblesse qui passaient par les rues malfamés de la ville. Même si en général, ces personnes étaient accompagnées. Non, le plus troublant pour le jeune homme était les nombreux regards que la jeune inconnue lui lançait. Un ou deux regards, cela pouvait se comprendre parfaitement. Les inconnus se regardent sans pour autant se voir, même si certains visages nous marquent plus que d’autres. Mais là…c’était autre chose. C’était comme un appel, une sorte de message. Il fallait bien admettre que Surizo se démarquait du lot habituel : il était plutôt beau et avait une attitude qui pouvait plaire, même quand il était assit apparemment. Rien de plus naturel qu’il puisse attirer le regard d’une belle femme.

Cette dernière finit par traverser la place avant de prendre la direction d’une nouvelle ruelle. Elle allait disparaître à jamais désormais. Sauf si…non, cela était une idée saugrenue. Et pourtant. Durant une fraction de seconde, Surizo avait pensé aller à sa rencontre. Après tout, il n’avait rien à perdre et tout à y gagner, il y avait fort à parier qu’il avait même beaucoup à y gagner. Il avait une certaine expérience avec les femmes. De plus, avoir un peu de compagnie durant sa longue attente n’était pas une chose déplaisante. Et pourtant…et pourtant quoi ? Rien ! Il n’avait aucun contre argument à s’opposer, même si cela venait du fait qu’il le voulait bien, offrant ainsi son idée nouvelle victorieuse. Et puis, en y réfléchissant un petit peu, cela était la faute de cette jeune inconnue, c’était elle qui avait commencé en lui lançant des regards qui étaient pleins de sous-entendus. Enfin, Surizo pensait qu’ils étaient pleins de sous-entendus, du moins il le voulait…il l’espérait.

Ni une, ni deux, ni trois (car jamais deux sans trois), le jeune homme finit par se dresser sur ses deux jambes, fier, un sourire immense sur son visage. Alors que certaines idées se bousculaient dans sa tête, le fait de pouvoir se distraire prônait sur tout le reste et lui faisait plaisir. Finit la longue attente à l’ennui mortel. Surizo pressa le pas afin de rattraper la jeune femme, il n’avait d’ailleurs pas hésité un seul instant à jouer des coudes avec les quelques passants un peu trop gênant trop lui. Il n’avait d’yeux que pour la belle inconnue aux formes généreuses, à la longue chevelure brune et au visage si finement dessiné par Dame Nature. D’ailleurs, il se devait bien de la remercier pour lui offrir d’aussi jolies perles. Et oui, dans ce genre de moment, l’assassin se sentait l’âme d’un poète à la plume…tranchante ? Huumm…cela était à méditer.

Il lui fallut quelques instants avant de rattraper sa cible, car, désormais, il s’agissait d’une cible. Bien entendu, il n’allait lui faire aucun mal, il voulait simplement être en bonne compagnie. Le jeune homme finit par marcher aux côtés de la jeune femme, comme si de rien n’était. Il observait les alentours et ses badauds d’un naturel un peu trop exagéré. Il finit par tourner son regard vers sa voisine avant de lui adresser, enfin, la parole sur un ton des plus courtois.

« Je vous ai vu tout à l’heure, sur la grande place. Vous n’avez pas arrêté de me fixer. Quelque chose chez moi vous aurait déplu par hasard ? »

La phrase fut ponctuée par un immense sourire charmeur et quelque peu malicieux. Il savait pertinemment que rien de son physique ne pouvait déplaire à une femme, il en était certain. Cela était, pour lui, naturel.

Il l'avait repérée, comme elle s'y était attendue. Il faut dire qu'elle ne s'était pas montrée spécialement discrète. Toutefois il fallait bien avouer qu'elle tranchait bien assez avec le reste de la population ambiante pour être remarquée au premier coup d'oeil. Quoiqu'il en soit, Ilyana n'était pas franchement satisfaite de la tournure que prenaient les choses. La jeune noble était bien consciente qu'au vu des circonstances il aurait été bien ardu de trouver une issue différente, mais il n'en restait pas moins que la comtesse déchue abhorrait les imprévus au plus haut point. Non pas qu'elle n'eut aucune faculté d'adaptation, au contraire, mais le fait de devoir changer ses plans était pour elle une source de profond déplaisir. Toutefois la jeune femme n'en montra rien, restant parfaitement stoïque, comme toujours et continua d'avancer d'un pas égal vers la ruelle.

Son regard et celui de l'homme se croisaient pour la troisième fois lorsque ce dernier se leva et commença à s'avancer dans sa direction, comme pour l'intercepter. L'esprit d'Ilyana fonctionnait à plein régime. L'individu ne semblait pas hostile, au contraire même, sa démarche et son sourire laissaient plutôt croire qu'il cherchait simplement à engager la conversation. Mais était ce réellement innocent? Cet homme l'avait il juste remarquée comme elle l'avait remarqué, ou l'avait il reconnue? Était ce un Mercenaire, un agent du roi de Dinak ou bien était il totalement indépendant? Quoiqu'il en fût, il se rapprochait et, à moins de courir, Ilyana serait bientôt rattrapée. Or courir était absolument hors de question! Ilyana n'était pas du genre à déguerpir, et ce devant qui que ce soit.

*Nul besoin de s'interroger plus longtemps, je saurais bien ce qu'il me veut quand il m'abordera...*

se dit la noble, mettant fin à son accès de méfiance qui s'apparentait presque à de la paranoïa. L'inconnu eu en effet vite fait de la rattraper. Il se mit à marcher à ses côtés d'une manière faussement innocente, promenant son regard sur les roturiers qui emplissaient les rues. Ce petit manège était loin de tromper Ilyana qui se demanda même ce que cela pouvait signifier. Pourquoi l'homme n'engageait il pas la conversation de manière plus franche? C'est alors qu'Ilyana se posait cette question, en regardant légèrement de côté vers son mystérieux compagnon que ce dernier choisit enfin de se tourner vers elle pour lui parler d'une voix claire et plutôt courtoise. Si l'approche de l'homme avait été alambiquée, ses propos eux l'étaient bien moins. Ilyana en fût relativement soulagée, elle n'avait en effet aucune envie de discuter par faux semblants avec cet individu qu'elle ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam.

"Bonjour à vous également..."

répondit elle par accès de cynisme. Son ton n'était en aucun cas agressif, tout au plus légèrement moqueur, alors qu'elle relevait ce manque à la galanterie élémentaire plus par habitude que véritablement intentionnellement.

"Pour ce qui est de votre question, en effet, je vous regardais. Ce n'est pas que quoi que ce soit me déplaisait chez vous, je vous trouvais juste....différent de tous les citoyens qui nous entourent. Comme si vous n'aviez pas votre place dans ce quartier délabré."

lui répondit elle sur un ton calme et posé tout en l'examinant de nouveau. Maintenant qu'il était assez près d'elle pour qu'ils puissent se toucher, Ilyana remarqua que son instinct ne l'avait pas trahie. Son port et sa démarche indiquaient clairement qu'il savait se battre et, même si elle ne pu remarquer aucune arme à sa ceinture, Ilyana était sûre qu'il devait en porter au moins une. En considération secondaire, la jeune femme s'arrêta sur le physique de son interlocuteur. Ce dernier était en effet plutôt élégant, voire même attirant. Son sourire enjôleur avait même quelque chose de séduisant. Si son instinct ne l'avait pas tant alarmée, Ilyana se serait peut être tout de même intéressée un peu à lui...

"Arrêtez moi si je me trompe, mais il me semble que vous même me portiez quelques regards avec une certaine insistance..."

lui renvoya t elle finalement, avec l'espoir d'en apprendre un peu plus sur ses motivations. Cet homme ne recherchait peut être qu'un peu de bonne compagnie, mais on était jamais trop prudente. Concentrée sur son interlocuteur, Ilyana ne remarqua pas que la petite bande de malfrats qu'elle avait aperçu plus tôt leur emboîtait le pas à distance. Cela dit, même si elle les avait remarqué, elle ne leur aurait sûrement pas prêté grande attention. Après tout ce vulgaires brigands étaient loin de représenter une menace pour elle et n'en représentaient sûrement pas une non plus pour son compagnon.

Alors qu'ils marchaient tous deux cote à cote Ilyana mit provisoirement de côté sa quête d'une auberge potable. Mieux valait il qu'elle sache quelles étaient les intentions du mystérieux individu à son égard avant de se préoccuper de savoir où dormir. D'ailleurs, elle n'avait pour le moment aucune envie que cet homme sache où elle comptait passer la nuit. Ce qui ne l'aurait au demeurant pas vraiment dérangée si elle avait été plus insouciante. Nombre de jeunes nobles volages auraient été ravies de révéler à un bel homme comme lui où les retrouver le soir venu...

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Il n’avait pas dit bonjour, il le reconnaissait. Et alors ?! Oui, il ne l’avait pas dit, mais il n’avait pas pour autant été impoli ! Non, mais oh ! Ce n’est pas vrai ça ! Il n’y a pas eu mort d’homme, du moins pas encore. Néanmoins, elle lui avait reproché, mais sur un ton plus moqueur qu’autre chose afin de souligner, sans le faire longuement ni méchamment, cette incorrection de la part de cet homme. Il était habillé comme un bourgeois, se faisait passer pour un bourgeois, il tentait de se comporter comme telle aussi. Mais il ne fallait pas oublier qu’il n’en avait jamais été un, sauf quand il était encore petit. Mais cela comptait-il réellement ? Pas vraiment. Enfin, personne d’autre que lui ne connaissait son histoire, alors à quoi bon ! En tout cas, rien que pour cette petite réflexion, le jeune homme avait eu envie de lui tirer la langue, mais il s’en était abstenu bien entendu. Après tout, il avait envie de passer du bon temps avec elle, ce n’était donc pas le moment de la faire fuir.

Elle finit d’ailleurs par lui répondre et il venait de gagner un bon point. Rien chez lui ne semblait lui déplaire ! Cela était une bonne approche, à moins qu’elle ait tenté de faire preuve de courtoisie. Et si c’était le cas ? Un doute venait de s’emparer de Surizo, mais ce dernier finit par éclater de rire intérieurement. Ce n’était tout simplement pas possible, il était un bel homme et il le savait. Comment pouvait-il lui déplaire ? Non, elle devait simplement être impressionné par lui, elle ne s’était pas doutée un seul instant qu’elle pouvait rencontrer quelqu’un comme lui dans les bas quartiers de cette ville infâme. Cela pouvait se comprendre. Et puis, soudainement, ce fut la jeune femme qui retourna la situation à son avantage. Saperlipopette ! Elle venait de réussir un incroyable tour de force ! Non, je plaisante, elle venait d’offrir un excellent moyen à Surizo d’ouvrir le bal au jeu de la séduction. Il finit par prendre un air faussement outré avant de récupérer son fameux sourire. Car oui, le sourire de Surizo est fameux en plus d’être célèbre.

« Oui, je le confesse, je suis coupable ! Je vous ai regardé. Non ! Je vous ai admiré ! Et si cela était à refaire, alors je n’hésiterai pas un instant. Cela serait une insulte à votre beauté que de vous ignorer. Puissiez vous me pardonner, mais jamais je ne pourrais me lasser de vous contempler. »

En réalité, Surizo venait de repenser à une scène qu’il avait vu il y avait fort longtemps. Des troubadours qui s’étaient improvisés en pseudo comédien. Bien entendu, ils avaient joués une tragédie et on retrouvait, dans n’importe quelle tragédie, une histoire d’amour qui était impossible. Après tout, c’était soit une tragédie, soit une comédie. Dans tous les cas, l’assassin avait repensé à cette pièce de théâtre, qui était en réalité une sorte de théâtre en plein air, avant de lui ressortir son petit discours. Il trouvait que cela faisait et une femme, surtout celles de la noblesse, aimait entendre des compliments sur sa personne.

Le couple continuait de marcher parmi les rues de la ville, des rues plus insalubres les une que les autres. C’était étrange d’avoir l’impression de tourner en rond alors que vous suivez un chemin correct. Tout se ressemblait ici, tout était délabré, tout était sale, tout était ennuyeux à regarder. Mais en ce moment, Surizo n’avait pas véritablement la tête à observer la jeune femme qui se trouvait près de lui…ainsi que la poitrine de cette dernière. Après tout, si le jeune homme avait été plus attentif, il aurait sûrement levé son menton plus haut et aurait fait plus attention à ce qui se passait derrière lui, comme à son habitude. Dans ce cas-là, il aurait pu apercevoir le petit groupe de truands qui se trouvait non loin d’eux depuis un petit moment maintenant. Non, au lieu de cela, il préférait se coller à cette jeune inconnue. Il n’hésita d’ailleurs pas à lui prendre la main dans la sienne avant de poser, délicatement, son autre main sur l’épaule de la jeune femme.

« Vous avez raison, je ne suis pas comme ces citoyens. Mais vous non plus d’ailleurs et cela nous fait un point commun. Nous n’avons pas notre place ici…alors pourquoi ne pas chercher un endroit plus propice pour une petite discussion plus intime ? Non, ne dite rien, j’insiste ! »

Tout comme il lui avait prit la main quelques secondes avant, il n’hésita pas à la tirer vers lui afin de l’amener dans une nouvelle ruelle. Une ruelle qui semblait bien moins peuplée que les autres, mais à cela Surizo n’y faisait pas vraiment attention.

« Au fait, dite moi belle inconnue, vous ne m’avez pas dit votre nom. Seriez-vous sans nom ? Ou bien peut-être aimez-vous que je vous appelle « belle inconnue » ? »

Le jeune homme ne se défila pas, pas plus qu'il ne tenta d'esquiver la question. Il lui répondit on ne peut plus franchement, du moins cela semblait il être franc. Il avoua l'avoir regardée, ou plutôt admirée selon ses dires. Ilyana fut assez surprise par la réponse. Elle ne s'était pas vraiment attendue à ce que l'inconnu flatte sa beauté. Ce n'était pas vraiment le genre de motivations auxquelles elle s'était attendue en premier lieu. S'il l'avait tant observée et s'il était venu la rattraper, ce n'aurait été que parce qu'il l'avait trouvée belle? Ce jeune homme faisait preuve d'un sacré culot pour déballer une telle tirade sans même s'être présenté. Cela dit, certaines jeunes nobles ne descendaient dans les bas quartiers de Criméa que pour faire ce genre de rencontre. Le frisson de l'inconnu, une aventure secrète avec un bel homme de basse extraction, enfreindre l'interdit...voilà qui étaient des fantasmes plutôt primaires chez certaines courtisanes de la haute... Peut être cette homme pensait il qu'Ilyana était ce genre de femme? Pourtant la comtesse déchue ne parvenait pas à se défaire du malaise qu'il induisait en elle. Un homme de cette trempe pouvait il être un simple coureur de jupons? Le mieux était peut être de rentrer provisoirement dans son jeu afin d'en découvrir plus. S'il avait d'autres plans en tête, il finirait bien par se trahir...

"Quel poète vous faîtes! Cette charmante tirade à presque quelque chose de théâtral!"

s'écria t elle avant de laisser échapper un petit rire, clair et cristallin.

"Ne vous en faîtes donc pas, je ne pourrais vous reprocher de me trouver belle..."

ajouta t elle comme une parfaite petite fille de bonne famille. Ilyana n'aimait pas vraiment jouer la gentille fifille à son papa, mais c'était ce genre de comportement que beaucoup de monde attendait d'elle. La jeune noble usait donc souvent de ses talents d'actrice pour satisfaire cette exigence. Et puis, jouer la cruche pouvait avoir ses avantages parfois, le premier d'entre eux étant de paraître quasiment inoffensive. Personne ne pouvait penser d'une parfaite jeune femme à marier qu'elle représente la moindre menace, même avec deux épées au côté. Les gens pensaient qu'il ne s'agissaient que d'armes de cérémonie, portée uniquement pour aller avec les robes qu'elle portait. Et en général ceux qui se rendaient compte qu'il n'en était rien n'étaient très vite plus en état de s'en souvenir.

Ilyana continua donc de marcher aux côtés de cet élégant jeune homme en lui adressant un sourire qui se voulait cordial. Lui en retour ne semblait pas vouloir détourner le regard de sa personne...ou plutôt de sa poitrine en particulier. La jeune femme refoula sa fierté de chevalier et fit mine de n'avoir rien remarqué. Toute greluche dans sa situation n'aurait pas relevé ce "détail" ou du moins aurait elle fait semblant de ne pas s'en apercevoir... Un tel comportement ne pouvait pas vraiment paraître insultant puisqu'il était de notoriété publique que les roturiers étaient un tantinet rustres de nature... C'était ainsi qu'une courtisane aurait raisonné, et c'est ainsi qu'Ilyana feignit de raisonner.

Le jeune homme reprit alors la parole, l'invitant à se retirer dans un endroit plus "tranquille" afin d'avoir une discussion plus "intime" et, sans même attendre de réponse, il se colla à elle, lui prenant la main, puis l'attira dans une petite ruelle quasiment déserte. Ilyana, légèrement déconcertée, se laissa faire et le suivit docilement. Elle n'était pas vraiment sûre d'apprécier la tournure que prenaient les choses. Cet homme cherchait à l'isoler et cela ne faisait pas vraiment partie de ses plans à elle. De plus, il n'avait tout de même pas l'intention de juste l'emmener dans une impasse pour des raisons que la morale réprouve, tout de même...? Ilyana n'eut pas le temps de trancher sur la question, ni de choisir comment elle devait réagir puisque l'inconnu s'adressa de nouveau à elle, lui demandant son nom.

"Belle inconnue à son charme, mais je préfère être appelée par mon nom. Ilyana d'Hallanéliria, comtesse d'Hallanéliria."

se présenta t elle. Dans ce genre de situation mentir sur son identité aurait sûrement été la meilleure chose à faire, mais c'était absolument inconcevable pour Ilyana. L'orgueil qu'elle avait pour son nom n'aurait su tolérer de couverture...

"Mais dîtes moi, n'est ce pas à l'homme de se présenter le premier d'ordinaire?"

ajouta t elle retrouvant le ton gentiment moqueur qu'elle avait utilisé pour lui faire remarquer qu'il avait oublié de la saluer leur de leur rencontre. Le couple obliqua une nouvelle fois dans une ruelle, déserte cette fois ci...du moins jusqu'à ce que la bande de vaurien qui les avait filés jusque là n'entre à son tour... Deux autres hommes à l'air aussi patibulaires que les trois qui emboîtait le pas au couple improvisé entrèrent par le côté opposé de la ruelle, leur coupant la route. Ce n'est qu'alors qu'Ilyana remarqua à nouveau la petite bande. Apparemment ils n'avaient pas été découragés par la présence d'un homme à ses côtés. Les imbéciles...

"Hé, messire, c'est une bien jolie donzelle que vous avez là..."

commença l'un d'eux.

"Ca ne vous dérangerait pas de nous la laisser, ainsi que votre bourse?"

intervint un second.

"Ouais, viens ma belle tu vas t'amuser avec nous..."

renchérit un troisième. Le regard d'Ilyana devint glacial à mesure que les brigands approchaient. Les malfrats sortirent des armes improvisées de leurs répugnants haillons et continuèrent d'avancer, le rictus aux lèvres et l'oeil lubrique.

"Et si je dis non?"

lança la jeune femme se forçant malgré elle à imiter la petite noble outragée.

"Vaudra mieux pas pour ta santé..."

répliqua le premier des vauriens à avoir parlé, devenant menaçant. Il était à présent juste devant Ilyana et s'apprêta à poser la main sur son épaule. Les poings de la jeune femme se serrèrent. Si ce porc osait la toucher, il allait goûter de ses lames! D'ordinaire la jeune noble se serait déjà ruée à l'assaut de cette immonde vermine des rues, mais si elle perdait son flegme devant l'inconnu, alors ce dernier ne risquait plus d'être dupe devant sa petite comédie. Ilyana espérait qu'il réagirait avant qu'elle perde son sang froid et n'émascule le pourceau qui lui faisait face.

Invité

« Il est vrai que l’homme doit se présenter en premier. Sauf qu’avec moi, rien n’est ordinaire…mademoiselle d’Hallanéliria. Mais je suppose que vous avez dû vous en rendre compte. »

Surizo ne perdait pas son fameux sourire, il n’était pas du genre à passer par quatre chemin et il le montrait clairement, ou presque. De plus, la jeune femme, qui n’était plus une simple inconnue, semblait docile et malléable. Elle ne le connaissait pas et pourtant elle se laissait toucher et emmener aussi aisément. L’assassin avait déjà courtisé de nombreuses femmes, pauvres comme riches, après tout l’argent ne faisait pas la beauté. C’était bien la première fois qu’il voyait une femme n’opposait pas de résistance, même futile ou fausse, une résistance qui permettait de faire perdurer le jeu de la séduction. Bizarre, non ? Après tout, il n’allait pas se plaindre pour cela. Cela lui faisait gagner du temps et il allait pouvoir se remettre au travail.

Oui, mais voilà, cela ne collait. Quelque chose clochait dans l’esprit du jeune homme et cette impression c’était renforcé quand elle lui avait dit son nom. Hallanéliria…n’était-ce pas une province ? Lui qui avait longtemps voyagé, il avait parcouru les nombreuses contrés de ce monde et il était certain d’avoir déjà entendu ce nom quelque part. Malheureusement, il ne s’en rappelait plus où. Non, tout cela ne collait vraiment pas et alors que le couple s’engageait dans une ruelle désertique, voilà qu’une petite bande de vaurien fit son apparition. Voilà qui rajoutait un peu plus d’encombrements dans cette histoire où Surizo semblait s’être perdu. Néanmoins, il avait accueillit la petite bande par un immense sourire. Aux premières paroles de ces inconnus, il comprenait qu’il allait devoir défendre sa vie et celle de la charmante demoiselle. Après tout, il voulait garder la vie sauve et passer un petit peu de bon temps. Non, mais oh ! Il n’avait pas fait tout cela pour rien !

L’un des hommes de ce petit groupe de malfrats, ou d’imbéciles (cela dépend du point de vue de chacun), s’approcha d’Ilyana tout en levant sa main, il avait l’intention de la toucher. A ce moment précis, Surizo jeta un coup d’œil vers la jeune femme et il comprit soudainement. Il avait envie de se marrer, mais il n’avait pas vraiment le temps. Tel un éclair, il empoigna le poignet de l’homme avant de le tordre vivement et avec force, un bruit d’os se fit entendre de façon subtile alors qu’un cri de douleur sortait de la gorge de l’agresseur. A peine venait-il d’avoir le poignet brisé que Surizo enchaîna un nouveau coup. Cette fois-ci, il donna un violent coup sur le coude du bras endoloris. L’articulation effectua un mouvement inverse ce qui eut pour cause de fracturer le bras dans un plaie ouverte, le sang coulait et le cri de douleur s’amplifiait. L’assassin avait relâché le poignet et donna un violent coup de poing dans la carotide de son adversaire, le cri s’étouffa et l’homme tomba à la renverse en s’étouffant. Cela s’était effectué rapidement, les autres malfrats n’avaient pas eu le temps de comprendre l’attaque de Surizo que leur compagnon était déjà à terre, à l’agonie.

« Ne bougez pas, mademoiselle. Cela ne sera pas long. »

Bizarrement, malgré la présence du danger, le ton du jeune homme était resté courtois et son sourire n’avait pas disparu. Il était sûr de lui et il le montrait parfaitement. Pour preuve, il se rapprocha des deux malfrats les plus proches.

« Messieurs, si vous voulez la bourse et la demoiselle, il va falloir me passer sur le corps. Or, cela est à vos risques et périls…voyez votre ami. »

Cette fois, son ton était moqueur, il se moquait ouvertement de ces idiots qui se prenaient sûrement pour des grands bandits. D’ailleurs, ils n’hésitèrent pas à l’encercler. Après tout, ils étaient quatre et lui tout seul, ils étaient armés et lui n’avait rien d’autre que ses poings. Ils avaient dû voir là une occasion facile.

« Tu vas morfler, pourriture ! »

La voix d’un des malfrats raisonnait en écho dans la ruelle, ils étaient prêts à se battre. Les idiots avaient commis deux erreurs. La première était qu’ils l’avaient encerclés, en faisant cela ils ne pouvaient pas attaquer plusieurs à la fois au risque de se blesser mutuellement. La deuxième étant de ne pas savoir que Surizo était une arme à lui tout seul et qu’il devenait plus mortel au plus près de son adversaire. Mais cela, ils allaient l’apprendre très vite.

Le brigand qui avait répliqué aux propos de l’assassin fut le premier à se lancer à l’attaque, il venait de face et il tenait un grand poignard la main. Il s’était jeté sur Surizo de façon à le poignarder dans le ventre. Le jeune homme esquiva facilement l’attaque en se déplaçant rapidement sur le côté au dernier moment, il se trouvait du côté du bras armé. Une de ses mains empoigna la main adversaire afin de la maintenir, son autre main alla se poser au niveau du visage de l’attaquant dans une empoignade. D’un coup bref, il frappa l’arrière du genou droit adversaire, avec sa jambe, qui se plia sous le coup. Rapidement, sa main menaçante brisa la nuque de l’agresseur qui se retrouva sans vie.

Alors que le corps s’étalait sur le sol, Surizo avait profité de tenir la main de son adversaire pour pouvoir récupérer son arme avec facilité. Au même instant, un second malfrat se dirigea vers lui pour l’attaquer. Le poignard qui était dans la main du jeune homme finit par s’envoler et, la seconde suivante, il se retrouva au milieu du torse de l’assaillant. Ce dernier s’écroula sur le sol dans un dernier râle de douleur. Il n’avait fallu que quelques secondes à Surizo pour tuer deux de ses adversaires et il en restait encore deux. Ces derniers semblaient soudainement hésitants.

« Vous étiez cinq et armés. Maintenant vous n’êtes plus que deux. De mon côté, je suis toujours seul et sans armes. Alors, que décidez-vous ? »

Surizo en profitait pour regarder ses deux adversaires, ils lui faisaient désormais face. L’assassin savait parfaitement qu’ils attaqueraient en duo, mais dans tous les cas il n’avait pas dit son dernier mot. Dans ses manches se cachaient deux dagues prêtes à l’emploi. En attendant, il profita de ce petit répit pour se tourner vers Ilyana afn de lui adresser un sourire de lui envoyer un baiser depuis sa position. D’un certain côté, il regrettait de ne pas l’avoir laissé combattre ces brigands, elle devait sûrement bien se défendre pour…après tout, il était un gentleman et cela était de son devoir.

Non, en effet, rien n'était ordinaire avec cet inconnu. L'attaque des bandits lui avait d'ailleurs permis d'éviter de donner son nom. De toute façon sa réponse avait clairement laissé entendre qu'il n'était pas près à dévoiler son identité pour le moment. Toutefois, si cette attaque avait également bien faillit coûter sa couverture à Ilyana, elle lui avait tout de même permis de jauger le potentiel offensif de son compagnon, et il s'avère que ce dernier était assez impressionnant dans son genre. La jeune femme n'en fut pas véritablement surprise, elle s'en était douté dès leur rencontre. Malgré tout elle fit mine de l'être. Une jeune femme noble ordinaire n'était pas coutumière de ce genre de spectacle... Elle s'efforça aussi de prendre un air émerveillé quand l'inconnu se tourna vers elle avec un sourire charmeur au milieu de son combat. Le baiser imaginaire, lui, la fit plus tiquer qu'autre chose...

La vision d'un homme pourtant désarmé, étalant sans même transpirer, leurs trois compagnons du amplement suffire aux brigands restant pour troquer leur agressivité et leur attrait pour l'or et les belles femmes contre une sacrée frousse et le retour de leur instinct de survie car ils déguerpirent la queue entre les pattes en glapissant comme des chiots blessés. Ilyana fut plus que satisfaite de ne pas avoir eu à dégainer ses lames. L'inconnu allait inévitablement reporter son attention aussi prit elle l'air d'une jeune femme de bonne famille se pâmant devant les exploits chevaleresques de son courtisan.

"Soyez béni, vous nous avez débarrassés de ces marauds! J'ai eu si peur... Vous êtes un héros!"

déclama t elle en se maudissant intérieurement de proférer de pareilles inepties. Décidément elle ne regrettait pas une seconde de s'être aventurée sur la voie du chevalier plutôt que sur celle de la fille à marier. D'accord, elle n'avait de toute façon pas vraiment eu le choix... Comme quoi certaines obligations se révélaient véritablement bénéfiques à long terme.

"Mais vous ne m'avez toujours pas donné votre nom, bel inconnu... Comment devrais je vous appeler?"

insista t elle sans trop d'espoir. Il y avait peu de chances que l'homme n'esquive pas une nouvelle fois la question. Ilyana sentit un profond sentiment de frustration monter en elle. Non seulement elle devait jouer la potiche, sans pour autant apprendre quoi que ce soit sur cet homme, mais en plus elle se retrouvait dans une situation de plus en plus embarassante. Elle espérait juste qu'il ne réclamerait pas de "récompense" pour l'avoir secourue... Non, Ilyana n'était vraiment pas du genre à s'enticher du premier venu, même pour une aventure d'un soir...

"Pourrions nous quitter cet endroit au plus vite? La vue de ces dépouilles me met mal à l'aise..."

fit elle pour essayer de gagner du temps. Cela dit il suffisait qu'une auberge se trouve au coin de la rue pour que ce minuscule gain de temps ne complique encore les choses. La comtesse se sentait complétement désarmée face à cet individu. Il faut dire qu'elle n'était pas habituée à ce qu'on lui fasse un rentre-dedans pareil. D'ordinaire elle remballait instantanément ce genre de prétendant, parfois avec pertes et fracas, mais cet homme n'était pas ordinaire et elle ne parvenait pas à savoir comment réagir. Son infaillible confiance en lui même et ses manières peu orthodoxes parvenaient à la dérouter bien plus qu'elle n'aurait voulu l'admettre. Dans l'état où étaient les choses, la situation ne pouvait que se compliquer d'avantage, soit parce que la petite comédie d'Ilyana marcherait trop bien, soit parce qu'il la percerait à jour. La jeune noble n'était d'ailleurs pas sûre elle même du meilleurs cas de figure entre ces deux propositions...

Invité

Les deux derniers brigands finirent par détaller aussi qu’ils le pouvaient au grand désespoir de Surizo. Après tout, il avait commencé à combattre et il aimait bien terminer ce qu’il avait commencé. Mais cela allait être pour une prochaine fois désormais. Il se tourna de nouveau vers Ilyana avec un immense sourire et, alors qu’elle lui offrait le titre de héros, il ne put s’empêcher de faire une petite révérence face à la jeune demoiselle.

« Vous n’avez pas à me remercier, je n’ai fait que mon devoir. »

Après tout, il se tenait à sa petite vie, même si cette dernière n’était qu’une simple fuite sans fin, il n’y avait aucune échappatoire. Il était destiné à parcourir le monde afin de semer ses poursuivants jusqu’au jour où il tomberait sur l’un d’eux par pur hasard. La question qu’il se posait été simple : quand cela arriverait-il ? Demain ? Dans quelques années ? Ou peut-être plusieurs décennies ? Avec le temps, les gens oublient. Malheureusement, les Mercenaires n’étaient pas du genre à oublier, surtout quand leur sécurité et leur secret étaient menacés. Mais tout cela importait peu pour le moment, il était en compagnie d’Ilyana d’Hallanérilia et cette dernière voulait connaître son nom. Mais avant qu’il n’ait pu répondre, elle lui proposa de s’éloigner de l’endroit actuel. Surizo approuva d’un simple hochement de tête.

Le couple s’éloignait comme si rien n’avait eu lieu, ce genre était chose courante à Criméa. Il ne fallait pas s’y rendre quand on ne savait pas s’y battre. Or, Surizo savait se battre…et Ilyana aussi, il en était certain. Son attitude face aux malfrats l’avait convaincu, d’une certaine manière elle s’était trahie. Mais l’assassin n’arrivait pas à comprendre pourquoi elle jouait cette petite comédie. Une ruse des Mercenaires ? Non, il n’était pas de ce genre-là, de plus elle ne portait pas la bague traditionnelle. Une Assassin ? Non plus, bizarrement il en avait le pressentiment. Sûrement à cause du nom. Hallanérilia ! Cela lui disait quelque chose, mais il n’arrivait pas savoir quoi exactement. Il se souvenait de vagues souvenirs et de certaines rumeurs, mais il n’arrivait pas à mettre tout cela en ordre.

« Je voudrais vous poser une question, mademoiselle Hallanérilia. Non, plutôt vous faire une proposition ! ».

Surizo s’était approché de la jeune femme. Il voulait poser la question directement sans faire un quelconque détour, ce n’était pas un jeu auquel il aimait jouer. Ilyana n’était pas ce qu’elle semblait paraître, aucune noble n’était aussi niaise ou cruche à ce point. Sa comédie était trop parfaite pour être vrai.

« Je vous dis mon nom si vous me dites ce que vous voulez réellement. Qu’en dites-vous ? »

L’assassin jetait un petit regard sur le côté afin d’apercevoir le visage de la jeune femme, il voulait voir sa réaction à ce moment précis de la partie. Il savait pertinemment que la réaction d’Ilyana allait être…faussée. Mais cela ne le dérangeait pas, bien au contraire, son immense sourire de joie était là pour le prouver. Pourquoi faussé ? Car au même moment, alors qu’il posait sa question, il posait également sa main sur les formes postérieures de la belle demoiselle.

Le jeune homme fit une nouvelle révérence en déclinant poliment le titre qu'Ilyana ou plutôt la cruche qu'elle interprétait, venait de lui donner.

"Que votre devoir? Mais je vous dois très certainement la vie..."

insista t elle, toujours dans son personnage. Cette comédie commençait vraiment à la fatiguer, mais avait elle un autre choix que celui de continuer à faire l'innocente? Le couple quitta l'allée où avait eu lieu l'attaque des brigands...ou plutôt, après rectification, l'endroit où ces vauriens s'étaient fait massacrer par un homme désarmé... Voilà qui était bien plus exact. Soudain, alors qu'Ilyana et son compagnon entraient dans un nouveau couloir du dédale urbain que représentait Criméa, ce dernier se rapprocha d'elle, l'air malicieux et lui fit une proposition. Il acceptait de lui révéler sa véritable identité si elle lui révélait ses véritables intentions. Ce faisant, le jeune homme, sans gêne comme à son habitude, posa nonchalamment la main sur...la croupe d'Ilyana. Cette dernière fut bien évidément surprise mais ne sursauta pas comme l'aurait fait n'importe quelle nunuche de la cour. Non, elle était plus préoccupée par la proposition de l'inconnu que par son acte. Cela voulait il dire qu'il avait fini par percer à jour sa petite comédie? C'était sûrement le cas, sinon il se serait contenté de continuer son numéro de charmeur sans lui poser une telle question. Au contraire, il lui laissait là une jolie porte de sortie pour ce débarasser de ce personnage irritant qu'elle s'était forcée à jouer jusque là. Après une courte réflexion, Ilyana décida de lui donner raison, après tout elle ne perdait rien à lui apprendre ce qu'il savait déjà... Un léger sourire, sincère cette fois, étira légèrement les lèvres de la comtesse.

"Très bien, marché conclu... A la vérité je cherchais juste à découvrir VOS intentions, je n'ai pas que des amis dans cette région du monde, aussi me dois je de me montrer méfiante. Excusez moi pour cette comédie ridicule... Maintenant, pourriez vous me dire votre nom? C'était le marché, n'est ce pas?"

répondit elle sur un ton bien plus naturel en regardant le visage souriant de son compagnon.

"Oh...j'allais oublier, mais...il me semble que votre main se soit égarée sur ma personne. Pourriez vous la retirer, ou tout du moins la remonter un peu?"

ajouta t elle après un petit silence, ne semblant absolument pas gênée par le comportement osé du jeune homme. Ilyana n'avait jamais été particulièrement impressionnable pour tout ce qui touchait au comportement d'autrui. C'était l'une des dures leçons que lui avaient inculquées son père. Derrière la barrière émotionnelle qu'elle s'était créée, Ilyana ne se sentait pas particulièrement touchée par ce genre de choses. Cela pouvait d'ailleurs être destabilisant pour ses interlocuteurs parfois. De toute façon, Ilyana était une jeune femme destabilisante...et elle ne faisait que rarement l'effort de paraître autrement. Et quand elle le faisait, cela l'irritait rapidement. Cette situation en était d'ailleurs la preuve... Enfin ils allaient pouvoir discuter plus sérieusement.

[Désolée pour ce message relativement peu inspiré...]

Invité

Surizo était quelque peu déçu, elle n’avait pas bronché face à l’acte qu’il venait de commettre. Néanmoins, cela révélait un peu plus la personnalité de cette jeune femme et puis il pouvait également continuer à laisser sa main où elle se trouvait afin de profiter du corps sublime d’Ilyana. D’ailleurs, la jeune demoiselle finit par accepter la proposition de l’assassin et elle lui révéla ainsi la vérité. Elle voulait découvrir ses intentions à lui. Ses intentions !! En entendant cela, le jeune homme ne pus se retenir et lâcha un rire. Il rigola de bon cœur avant de se contenir pour reprendre son sérieux.

« Mes intentions sont des plus simples, je veux simplement passer du bon temps en votre compagnie. Pour être plus clair, j’ai tout simplement envie de coucher avec vous. Vous êtes la plus belle fleur que j’ai rencontré dans cette ville, mon choix ne pouvait que se porter sur vous. »

Qu’avait-elle crue ? Pensait-elle qu’il était à sa recherche ? Il fallait le croire, elle lui avait signalé qu’elle n’avait pas que des amis dans la région. Elle avait donc eu raison de se montrer prudent. Mais cela prouvait également qu’elle était une personnalité assez importante pour attirer l’attention de certaines personnes, dans tous les cas il pouvait trouver le bon filon pour se faire une belle bourse de pièce d’or. Il allait devoir en apprendre un peu plus sur cela avant de se lancer dans une entreprise un peu trop risquée pour lui.

« Sachez, mademoiselle, en plus d’avoir raison sur la teneur de notre marché, vos ennemis peuvent devenir mes ennemis si vous le désirez. C’est ainsi que je me présente à votre service, Surizo Bon Injat, courtisan des belles demoiselles et Mercenaire. »

Alors qu’il prononçait ses mots, le jeune assassin offrit l’un de ses plus beaux sourire afin de mettre Ilyana en confiance. Après tout, il ne lui mentait pas vraiment, il courtisait les jeunes femmes et il avait été un Mercenaire…enfin un apprenti, maintenant c’était plus une sorte de renégat. Mais tout cela n’était que des détails qui ne devaient sûrement pas intéresser la jeune femme…ou peut-être que si, mais il valait mieux ne rien dire, elle n’allait pas comprendre véritablement toute la situation et elle pourrait penser qu’il voulait simplement profiter d’elle. Chose qu’il tentait de faire.

« Pardon, vous dites que ma main s’est égarée ? »

De quoi parlait-elle ? Oh, oui, sa main ! Il avait complètement oublié cela. Délicatement, il remonta sa main le long du dos d’Ilyana avant de se retirer avec un sourire malicieux.

« Veuillez me pardonner, il arrive par moment que mes sentiments prennent le dessus. »

Le couple continuait de se déambuler dans les rues de Criméa, il revenait désormais dans un secteur un peu plus peuplé. Ce fut alors, bizarrement et sans prévenir, que Surizo proposa son bras tel un homme bien éduqué.

« Alors que désirez-vous faire désormais, mademoiselle d’Hallanéliria ? Peut-être voulez-vous boire quelque chose ou bien passer à des choses plus sérieuses rapidement ? Sinon nous pouvons discuter de vos ennuis et de la manière dont nous pouvons y remédier. »

Le jeune homme se mit à rire quand Ilyana lui avoua avoir juste cherché à connaître ses intentions. Qu'y avait il de si drôle à cela? Sa réponse ne tarda pas à le révéler. En effet, l'inconnu avait fait preuve d'une extraordinaire sincérité depuis le début. Il ne cherchait qu'à profiter des charmes de la jeune noble. Ilyana s'était montrée trop suspicieuse apparemment. Cela dit cela ne pouvait être qu'un artifice pour qu'elle relâche son attention. Quoi qu'il en fût, Ilyana se détendit légèrement, cet homme n'était clairement pas hostile. S'il avait voulu s'en prendre à elle, il l'aurait sûrement déjà fait... Un simple coureur de jupons...il y avait de quoi rire en effet. Cependant Ilyana garda simplement un léger sourire. Les démonstrations d'hilarité n'étaient vraiment pas son fort.

"Je vois... Merci pour le compliment, mais je me dois de vous préciser que vous risquez fort de ne pas arriver à vos fins. Je suis bien différente de celle que j'ai laissé paraître jusqu'à présent, mais je suppose que vous l'aviez déjà remarqué... Après tout, la rose n'a d'épines que pur celui qui la cueille."

fit Ilyana, informant de ce fait le jeune homme que sa conquête serait loin d'être aussi aisée qu'il avait bien voulu le croire jusqu'alors. En effet, bien qu'Ilyana fut loin d'être frigide, elle ne se laissait pas pour autant aller avec n'importe qui.
Le jeune homme reprit alors la parole, lui laissant enfin connaître son nom et pas que cela... Il lui annonça nonchalamment qu'il faisait partie des mystérieux Mercenaires et qu'il était prêt à l'aider si elle le désirait. Cette révélation lui aurait sûrement permis de partager la couche de la majeure partie des femmes de la cité mais réveilla en Ilyana une toute autre forme d'intérêt.

"Un Mercenaire offrant son aide à un chevalier de l'Ordre de la Lune d'Argent? Voilà une situation plutôt cocasse... Toutefois non dénuée de perspectives. Pourriez vous à tout hasard me mettre en contact avec les membres supérieurs de votre organisation? Ces fameux Dominants....j'aurais à leur parler."

répliqua la comtesse déchue. Sa révélation et sa demande risquaient fort de déstabiliser légèrement Surizo, mais toutefois pas pour les raisons qu'elle envisageait. Sans lui laisser le temps de répondre, Ilyana prit le bras qu'il lui avait proposé un instant auparavant comme si de rien était.

"Je propose de continuer notre discussion autour d'un verre qu'en pensez vous? J'espère toutefois que cela ne vous ennuiera pas trop de remettre l'expression de vos "sentiments" à plus tard..."

ajouta t elle, avec une petite pointe sardonique, en le gratifiant d'un léger mais néanmoins charmant regard en coin. Ce Surizo commençait à l'intéresser, certes pas pour les raisons qu'il aurait pu souhaiter mais du fait du caractère imprévisible et assez excentrique d'Ilyana, c'était déjà mieux que rien... Fini la comédie, Ilyana allait commencer à réellement s'impliquer dans la conversation et elle n'entendait pas laisser Surizo la mener. Du moins pas tant que cela n'irait pas dans le sens de ses intérêts...

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