Une rencontre qui ne fait pas plaisir à tout le monde

Cela faisait quelques jours que SaYoLe n’arrivait plus à mettre le grappin sur la dominante… Cela l’emmerdait au plus au point. Non pas qu’il craignait pour sa vie, cela serai une bêtise dans le repaire des Mercenaires. Mais il avait appris à apprécier cette proximité avec Ciara… Mais l’essentiel résidait dans le fait qu’il bénéficiait bien avant tout le monde des décisions ou des discutions des dominants. Et depuis qu’il n’était plus à ses cotés, sa curiosité le titillait comme jamais… Que pouvait-il bien se tramer dernièrement ?
De toute manière, quoi qu’il arrive, il ne pourra pas remettre la main sur Ciara tant qu’elle n’aura pas décidé le contraire, sauf coup de chance. Et ça, il ne misait pas dessus.
Afin de passer le temps, il décida de se rendre dans l’une des salles d’entrainement du repaire afin de se dépenser un peu et de se tenir en forme.
Son entrainement dura presque 2h, allant des assouplissements, à quelques efforts musculaires jusqu'à la répétition de quelques pas ou bottes de combat. Depuis, SaYoLe reprenait son souffle, faisant quelques étirements dans un coin de la salle déserte, tout en essuyant la transpiration qui le recouvrait et en se désaltérant.
Alors qu’il refermait la partie contenant l’eau de sa gourde, il entendit des bruits de pas se rapprocher puis pénétra dans la salle. Des pas qu’il avait apprit à connaitre et reconnaitre. Doucement, il se retourna avec un léger sourire aux lèvres. Visiblement, elle ne l’avait pas vu. Il resta quelques secondes à regarder la dominante sans rien dire avant de se racler doucement la gorge tout en se redressant.

Une serviette sur les épaules, torse nue, recouvert que d’un pantalon souple, les cheveux en bataille suite à l’effort, il interpela Ciara d’une voix amusée et amicale :

Et bien Ciara, je te manquais tant que ça ?

Ciara voulait décompresser des événements récents. Elle avait laissé Alys et Thalys Answald à leurs occupations, et pour l’instant elle laissait Galaad prendre ses repères, ne cherchant pas à l’arrêter de fouiner, chercher, regarder, découvrir. Il était intenable, et à vrai dire, Ciara le comprenait un peu. Après avoir passé ses plus belles années au sein d’une armée peu orthodoxe, et avec ce tempérament, on ne pouvait pas faire autrement qu’aller à la rencontre de tout. Quand à Schneizel, il avait disparu. Ciara aurait aimé lui parler, mais c’était peine perdue. Quand il s’agissait de s’effacer, Schneizel était de la même trempe que Ciara.

La Dominante avait peut être l’espoir de le trouver dans la salle d’entraînement, comme lors du décès de Callan. Ou alors elle avait envie de s’entraîner un peu, ce qu’elle n’avait pas fait depuis pas mal de temps. Ses armes tintaient en même temps qu’elle avançait. Bientôt, la grande salle d’entraînement entra dans son champ de vision, et elle y pénétra allègrement, sans y voir personne. Elle s’installa dans un coin, jusqu’à ce qu’un raclement parvienne à ses oreilles. Suivi de cette voix amicale qu’elle ne connaissait que trop. Sans se retourner, elle resta un moment comme figée.

Ciara se maudit de n’avoir pas fait plus attention. Puis elle fit volte face, pour se retrouver en face de ce Mercenaire qui lui avait proposé il y a quelques temps d’être son garde du corps… La Dominante avait refusé, bien évidemment. Car un Mercenaire qui avait besoin de l’aide d’un garde du corps devait avoir certainement passé ses tests d’aptitude alors que les Dominants étaient mal en point ! Et puis elle, Ciara, n’avait besoin de l’aide de personne. Tout cela parce qu’elle lui avait un jour sauvé la vie… Et qu’il souhaitait s’acquitter sa dette envers elle. Sayole était certes gentil, il avait gagné sa confiance, mais parfois, il devenait difficile à la Dominante si réservée de le supporter. C’était pour cela que depuis plusieurs jours elle l’avait évité, afin de ne pas l’avoir dans ses pattes.

- Oui, tellement que je n’ai pas fait attention à ta présence, répliqua t elle. J’avais des affaires importantes à mener à bien.

Elle tira son épée de son fourreau et fit quelques rapides assouplissements, s’approchant un peu du Mercenaire.

- Je te serai gré de ne pas m’en parler. Je suis là pour essayer de m’alléger la conscience.

La serviette toujours autour du cou, le Garde du Corps auto proclamé de la dominante esquissa un sourire. La réponse avait été cinglante, et il se souffla pour lui-même que celle-là, il ne l’avait pas volé.

Te questionner ? Tu me connais, ce n’est pas mon genre !

Un large sourire pour accompagner son ironie. Bien entendu, des tas de questions se bousculaient déjà. Mais après quelques jours auprès d’elle, il avait apprit à savoir tenir sa langue dans certain cas, et celui-là en était un exemple parfait. Le Mercenaire était un bavard et un rigolard de première, et pour cela ses anciens compagnons l’appréciaient. Mais Ciara était d’un style et d’une mentalité différente, presque son opposé en somme. Il n’avait que très rarement pour ne pas dire jamais eut l’occasion d’avoir une conversation aussi longue que lors de leur première rencontre. Et pourtant, ce n’était pas faute d’avoir essayer !

Son regard se porta sur l’épée de la jeune femme, qui devait avoir son âge a peut de chose. Il l’avait déjà vu se battre, et n’enviait pas ses adversaires. Bien que sa curiosité aurait bien cherché à savoir lequel des deux était le plus fort, il n’avait aucune envie de faire le teste. Qu’il en sorte gagnant ou perdant, il y aurait gagné de nombreux bleus et courbature. Il était évident qu’elle n’avait pas besoin de lui, mais il se devait de rester à ses cotés jusqu’à avoir l’occasion de lui sauver la vie, pour son honneur mais surtout pour celui de tout ses Thanits qu’elle et ses hommes avaient sauvé, et pour ceux qui étaient tombés. Ses yeux pâles se portèrent vers le regard de Ciara, comme s’il cherchait la réponse à ses questions dans son regard, un regard toujours aussi neutre et calme. Une nouvelle fois, il devra se résigner à rester dans l’ignorance.

Tu sais, si tu veux te changer les idées, mon Sacra est également le tient

Une petite proposition sous forme de défit. Il ne faisait aucun secret sur se que contenait sa double gourde, et certain des Mercenaires aimaient bien partager cette fameuse liqueur qu’il distillait encore à l’occasion, uniquement pour sa consommation personnel. Mais il savait que Ciara n’aimait pas spécialement sa petite habitude.

Je blaguais bien sûre ! Mais tu devrais te détendre un peu à l’occasion… Sinon un jour tu vas finir par craquer, et je n’aimerai pas être dans les parages. Aucun Mercenaire ici ne pourra te calmer.

Un sourire pour détendre l’atmosphère, un petite rire musicale et il se détourna doucement, lançant sa serviette sur le reste de ses affaires pour ensuite se saisir de sa flute de pan et de s’adosser à l’un des murs.

Si je peux t’être utile, n’hésites pas.

Un nouveau sourire, dont il savait qu’elle allait vite se lasser s’il continuait ainsi. Pourtant, c’était dans son état d’esprit, presque dans ses gènes. La vie lui avait appris que le sourire et le rire étaient les moyens les plus efficaces pour encaisser les aléas de la vie. Et avant qu’il n’ait de réponse, il porta l’instrument à sa bouche pour en faire sortir une mélodie douce et harmonieuse, qui gagnait en intensité au fils des notes. L’ancien hymne des Thanits. Une musique triste mais qui s’égayait au fils du temps, comme la vie que chacun d’entre eux aurait voulut avoir.

Le gros problème des hommes était celui là : ils se pavanaient sans cesse, n’ayant pas de répit pour la séduction ou pour maintenir leur apparente force. C’était surtout le cas de beaucoup de jeunes Mercenaires – tant en âge que de promotion. Mais Ciara finissait par s’y habituer et à ne plus trop faire attention. Elle avait l’impression désagréable d’attirer les « chevaliers servants », des hommes lui proposant sans arrêt leur aide.

Chez Ciara, beaucoup de choses passaient par le regard, et la plupart des personnes qu’elle côtoyait l’avaient compris. Galaad avait été très rapide à cela, et jouait de ça pour parvenir à déceler les pensées de la Dominante. Sayole aussi l’avait compris, et il tenta en vain de chercher une réponse dans ses yeux verts.

Résigné, il lui proposa avec humour le contenu de sa gourde… Une boisson alcoolisée venant de sa famille. Elle n’y avait jamais goûté, mais n’appréciait guère que l’on puisse boire régulièrement dans la journée de l’alcool, juste comme ça. Mais finalement…

- Pourquoi pas ! Je saurai au moins pourquoi certains se bousculent pour être aux côtés de ta gourde !

Avec son grand sourire et sa posture décontractée, elle était presque sûre d’avoir pris le Mercenaire par surprise. Elle s’approcha de Sayole et tendit la main.

- Tu as peut être raison, ça me ferait du bien, s'exlama t-elle.

Elle réfléchit à ce qu’il venait de dire.

- Oui, peut être que ce sera difficile de me calmer. C’est pour ça que ça serait plus… Amusant, si tu étais là ! Et puis je pense qu’être entouré de gens de confiance lorsque tout va mal peut être un bon remède. Je te rassure, tu m’entendras lorsque j’aurais besoin de quelque chose.

Etrangement, les sourires amusés et ironiques de Sayole n’agaçaient pas Ciara. Cela faisait peut être trop longtemps qu’elle s’enfermait dans les discussions sérieuses, dans ses problèmes pour s’en créer d’autres en s’en prenant à quelqu’un d’autre. Mais le goût de la taquinerie avec ou sans tact restait l’amusement préféré de la Mercenaire, son seul passe-temps, pour ainsi dire. Sayole commença à jouer un air de flûte des plus tristes.

- C’est avec ça que tu as l’intention de me faire décompresser ? Quitte à faire sortir des notes de ton instrument, tu pourrais au moins tenter quelque chose de plus gai et vif ! lança t elle de bon coeur.

Pourquoi pas ? Pourquoi pas ?! La réplique le laissa littéralement sans souffle, si bien que sa mélodie s’arrêta quelques instants. Il leva ses yeux pâles vers le vert de la dominante. Venait-il de rêver ? Ou venait-elle vraiment d’accepter une dose d’alcool ?... Jamais il ne l’avait vu boire encore, et la voire accepter cette invitation activa tout ses sens. Une immense cloche d’alarme sonnait dans tout son corps, lui hurlant à plein poumons qu’un danger était proche…

La réplique qui suivit et le bras tendu, tout autant que la posture et le sourire eut finit de le convaincre que quelques chose n’était pas normale. Bien qu’il ne laissa rien paraître de son hésitation il sortit l’instrument de ses lèvres pour reprendre prise sur sa gourde. De ses doigts experts, il défit le cache de la gourde et enclencha le mécanisme qui basculait l’ouverture sur le réservoir qui était remplit de Sacra. Immédiatement, le parfum fruité de la liqueur monta à son nez et il en ferma presque les yeux, rappelé aux souvenirs de ses mercenaires…

Oui, je ne doute pas que lorsque tu te décidera à faire appel à mes services j’en entendrai parler. Par contre, même pour tout l’or du monde, je ne souhaiterai pas être présent le jour ou tu sera dans une colère noire.

Bien qu’il allait peut-être se faire avoir comme un bleu, il voulait prendre le risque. Après tout, cela faisait un moment qu’il attendait une occasion pareil. Mais venait-elle vraiment de montrer un moment de faiblesse ? Il en revenait de moins en mois. Mais le risque était vraiment à prendre. Puis voire Ciara boire de l’alcool était un spectacle qui valait tout les risques.

Doucement, il tendit la gourde à la jeune femme qui s’en saisit tout en lui reprochant le ton triste de sa musique. Un nouveau sourire se fit remarquer sur son visage alors qu’il cherchait dans son esprit des refrains plus gai. Il se redressa, se racla la gorge et clama comme s’il était un ménestrel :

Madame à demander quelques choses de plus joyeux, j’espère que nous pourrons combler ses désires !

Il effectua une grotesque révérence et plaça de nouveau l’instrument devant sa bouche avant d’entonner une musique très connue pour la plus part des soldats dans les diverses armées du monde. C’était la musique d’une chanson populaire, ou le héros oscillait entre exploit, fille facile, gloire, alcool combat et amitiés.

Ciara ne répondit rien et attrapa la gourde. Sayole semblait attendre quelque chose. La Mercenaire haussa un sourcil puis porta à ses lèvres le goulot et renversa la flasque. Un doux liquide au goût délicieusement sucré de la framboise coula alors dans la bouche de la jeune femme, qui n’avala qu’une gorgée seulement. La boisson sembla donner une nouvelle énergie à Ciara, qui rendit sa gourde à Sayole, en train de jouer un air bien plus joyeux et connu. Elle se passa la langue sur les lèvres, afin de récupérer les derniers soupçons de Sacra et de les savourer.

- Ca a du retour. Et même un goût de reviens-y ! Mais les abus ne font jamais de bien à personne.

Elle sourit, puis meuhmeuhma l’air joué par Sayole, une musique que l’on entendait souvent dans l’armée, et que Ciara avait souvent entendue lorsqu’elle était au service du roi. Elle connaissait les paroles, mais aucun son mélodieux ne sortait de sa bouche, lorsqu’elle le désirait. Elle n’avait jamais appris cela. Quand les filles de son village allaient jouer « aux filles », comme elle disait à l’époque, elle, Ciara, voulait apprendre à monter à cheval et à se battre.

Cela rappela d’agréables souvenirs à la Dominante. Elle se laissa tomber sur le sol, allongée. Elle ferma les yeux en écoutant la musique. Puis à la fin du morceau, elle se rappela pourquoi elle était venue et se releva brusquement.

- Mais attends voir ! Ici est une salle d’entraînement. Cet endroit n’est pas fait pour rêvasser, alors tu vas me ranger ça tout de suite, ou alors tu vas dans les salles de loisirs !

Elle avait soudainement repris son ton distant et sans appel, son statut de Dominante avait repris le dessus. Ses deux mains posées sur sa taille, elle avait repris son air menaçant et se tenait devant Sayole, toujours assis.

La descente de Ciara fut brève, mais elle eut bien lieux, sous le regard étonné et intéressé de SaYoLe. Il ne voulait perdre aucune miette de cette scène, et la gravé à jamais dans sa mémoire. Nul doute qu’elle ne se reproduira pas avant un bout de temps.

Bien sur qu’il a du retour ! Cette boisson n’est pas tant convoitée pour rien ! Et puis il est connu qu’il ne faut jamais abuser des bonnes choses.

Et oui, doucement mais surement, son précieux Sacra devenait de plus en plus prisé par les Mercenaires. Son secret de distillation était transmit de Thanit en Thanit, et était jalousement gardé. Mais il était reconnu que les fruits rouges étaient son principal composant. Tout était dans les dosages et le choix des mélanges. En effet, certain entraient directement dans la composition du liquide alcoolique alors que d’autre étaient mit à décanté dans le mélange. La liqueur disposait ainsi d’un gout sucré, qui passait assez facilement, cachant la puissance de la liqueur. Ce qui la rendait particulièrement originale résidait aussi dans le fait que chacun avait son propre goût suivant se qui se trouvait à décanter dans la gourde…

Ciara semblait partir dans ses pensées. Le Mercenaire essayait de lire dans ses yeux une nouvelles fois, cherchant à quoi elle pouvait bien penser. Il n’eut pas le temps de pouvoir lire en elle, elle s’écroula en arrière, comme un enfant qui découvrait la neige et qui souhaitait une dessiner un ange.
Elle ferma les yeux et se laissa aller. C’était la première fois qu’il la voyait comme ça, et mit cela sur le compte de l’alcool pendant quelques instants.
Néanmoins, il décida de lui rendre la politesse en s’appliquant au possible dans ce morceau, y mettant tout le talent qu’il avait. Et bien que pour un musicien, cela ne représentait pas grand-chose, pour SaYole c’était déjà beaucoup.

Lorsqu’il eut finit, Ciara se redressa, reprenant en un éclaire ses vieilles habitudes. Et ses remontrances arrivèrent aussi surement qu’un coup de poignard. Cela tira un énorme sourire à son Garde du Corps qui manqua de peut de laisser échapper un petit rire. En voyant cela, pourrait-on vraiment croire qu’il venait de voire la dominante, allonger par terre à rêvasser après avoir bu de l’alcool ? Il releva doucement les yeux vers elle et rétorqua doucement :

C’est une salle d’entrainement non ? Je n’ai vu nulle part qu’elle ne concernait que les armes. Ne suis-je pas entrain de m’entrainer à jouer de ma flute ?

Ciara leva les yeux au ciel. Au fond, ce qu’il venait de dire n’était pas vide de sens. Tout ici indiquait que l’endroit était vraiment une salle d’armes, et non pas une simple salle d’entraînement pour tout et n’importe quoi. Le sol était couvert de sciure, qui rendait les chutes moins douloureuses, les bancs ne servaient qu’à poser ses affaires, et puis on trouvait toutes sortes d’objets permettant de s’entraîner seul, des armes factices en bois, des boucliers etc. Ciara ne se laissa donc pas faire et répliqua dans un débit rapide :

- Et as-tu déjà vu quelqu’un faire ici autre chose que s’entraîner au combat ? L’endroit est il ici si adapté aux musiciens, ou alors le manque significatif de bancs et de tabourets n’est qu’un effet de style ?

La Dominante recula de quelques pas, et se trouva presque au milieu de la pièce. Il y avait peu de Mercenaires qui s’entraînaient aujourd’hui. Les temps rudes les avaient fait sortir pour glaner autant d’informations que possibles, et surveiller les activités adverses. La dominante avait d’ailleurs peur de perdre encore d’autres Mercenaires en ces temps durs, mais ils avaient choisi.

Elle tira alors l’épée de son fourreau, provoquant un léger tintement. Elle tendit son bras armé vers Sayole et le regarda droit dans les yeux, d’un regard à présent dénué de toute sympathie ni d’ironie. Elle était au contraire toute sérieuse.

- Allez, viens te battre. A armes réelles, ça sera plus amusant.

Elle fit quelques pas puis quelques nouveaux assouplissements en attendant que Sayole se lève et soit prêt à la combattre.

- Alors ? s'impatienta t elle. Je dois encore attendre longtemps ? Peut être que tu as peur de perdre la face devant moi ? Ou que tu ne veux pas me faire du mal, sans quoi ta dette en prendrait un sérieux coup !

[pardon, c'est court, mais c'est faute de mieux ^^']

La réponse ne tarda pas, et se révéla des plus cinglantes comme il s’y était attendu. Pourtant, il ne s’avouerait pas si facilement vaincu dans ce petit échange verbal qui était devenue monnaie courante entre les deux qui se renvoyaient la balle à longueur de temps. Il haussa un sourcil comme s’il était surpris par une absurdité totale que venait d’énoncer Ciara, et répondit d’un faux aire offensé, comme si ce qu’il allait dire était connue de tous :

Mais Ciara, bien sûr que cet endroit se prête à la musique ! Tu ne vois donc pas la résonnance parfaite de cette salle pour les douces notes des instruments ?!
Et puis c’est normal qu’il n’y est pas de bancs, on ne pourra pas y mettre tout les spectateurs sinon !

Il resta quelques secondes sérieux avant d’éclate de rire, un rire franc et honnête qui résonna dans la salle.

Malheureusement, il semble que je sois le seul à apprécier quelques touches musicales, mais qui sait, peut-être qu’un jour la musique aura sa place ici…

Il porta un regard sérieux sur la dominante. Il n’aimait pas plus la musique que le combat. Mais il trouvait que le repaire était bien trop calme et froid à son goût. Il avait été habitué aux fêtes après et avant combat, aux soirées arrosées et aux danses endiablé.
Mais il fut rapidement tiré de ses réflexions. La pause et le bruit métallique de l’épée se fit entendre Il leva les yeux vers son interlocutrice qui affichait clairement ses intentions qui furent très vite suivit des paroles. Le regard du Mercenaire changea du tout au tout, le regard d’un guerrier prêt à en découdre, avec un fin sourire sur les lèvres, celui de la satisfaction de l’approche du combat.

Si c’est un ordre…

Il se releva doucement, tourna le dos à Ciara et agrippa ses armes. Il disposa sa longue dague à sa ceinture, empoigna son épée à tranchant simple (semblable à un katana) et son bouclier rond. Il se retourna vers son adversaire, fit quelques pas les bras ballants, jouant uniquement des épaules pour préparer ses muscles. Cela lui faisait étrange. Toujours torse nue, et sans son armure, il se trouvait beaucoup plus léger. Un avantage pour la vitesse qu’il allait pouvoir sensiblement augmenter, mais un risque quand à sa défense. Mais il ne risquait pas ça vie, du moins, il l’espérait… Arrivé à portée de lance de son adversaire, il campa sur ses positions, boucliers en avant, le sabre le long du rond de fer sur lequel il tapa à 3 reprises.

Allez mademoiselle la dominante. Viens me montrer que tu vaux vraiment…

Non mais vraiment ! Ciara tombait toujours sur des hommes qui aiment avoir le dernier mot, ou tenter de prendre le dessus sur elle. Elle les attirait inexorablement. Mais depuis le temps, elle avait appris à faire avec. Sayole se mit à rire. Elle ne répondit pas à ce qu’elle prenait pour un affront, et continua ses échauffements.

Sayole répondit d’un air blasé et se leva pour faire face à Ciara. Il se mit rapidement en position de combat. Rester torse nu était dangereux pour Sayole, mais Ciara n’allait pas se priver pour lui prouver que c’était une erreur de rester ainsi. Elle allait montrer le maximum de ses capacités, bien que Sayole en sache déjà une bonne partie.

La Mercenaire inclina la tête puis se mit en garde. Elle lança la première salve d’attaques en se lançant en avant, tenant fermement son épée des deux mains. Maintenant, il ne s’agissait vraiment plus de rigoler. Ils ne se battaient pas avec des armes factices, mais avec de vraies lames, et bien aiguisées qui plus est. Ciara virevolta, lança des attaques, para certaines de Sayole. Elle était décidée à montrer à ce Mercenaire ce qu’elle vallait, comme il l’avait demandé !

-Tu vas voir, mon cher ! lança-t-elle mi-sérieuse, mi-ironique, comme à son habitude. Si tu me cherches, tu vas me trouver.

Le combat venait de commencer avec le premier coup qui fit vrombir les oreilles du Mercenaire lorsque les deux métaux s’entrechoquèrent. Alors que le bruit alerta toutes les personnes aux alentours qui se détournèrent de leur activité pour jeter un regard curieux dans leur direction, Sayole sentait les vibrations des impactes remonter le long de son bras jusqu'à son épaule à chaque coup. Comme il s’y était attendu, bien que Ciara ne paye pas de mine niveau gabarit, ses coups étaient aussi puissants que rapide.

Bien qu’il l’a déjà vu combattre dans le passé, il n’avait jamais eut l’occasion de la voire à l’œuvre dernièrement, et une chose était évidente, elle c’était améliorer. Le Mercenaire parait la plus part des coups de son bouclier, s’essayant à des ripostes de sa lame. La dominante virevoltait autour de lui, assénant des attaques sans arrêt. Sayole reculait légèrement, désireux de comprendre comment elle combattait, il préférait rester sur la défensive pour le moment.

Depuis que le combat avait commencé, les mercenaires présents dans la salle commençaient à se rassembler autour d’eux à distance raisonnable. Certain commençaient à prendre partis, et nuls doutes que des paris allaient commencer à tourner. Le jeune homme se surpris même à se demander à combien pouvait bien s’élever sa cote alors que d’autres, surement alerté par leur confrère venaient s’engouffrer dans la salle à pas rapide. Le bouclier de Sayole était zébré de nombreuses traces de coups alors que la sueur avait depuis quelques instants fait son apparition sur son corps soumis à rude épreuve.

Après une riposte un peu plus poussé, la dominante recula et lança un petit pic à son adversaire. Son garde du corps, concentré sur son souffle afficha un large sourire. Et rétorqua d’une voix suffisamment forte pour que les spectateurs puissent l’entendre.

Et bien ? Si tu es aussi bonne au lit que les armes à la main, si je survis, la prochaine fois, je te chercherai plutôt sur ce terrain la !

Un grondement se fit entendre dans le publique, mêlant rire et énervement contre l’offense faite à leur dominante. Le Mercenaire en profita pour jeter son bouclier et se ruer à l’attaque, parant de sa dague, attaquant de son épée il forçait son adversaire à reculer. Il l’avait vu attaquer, il voulait la voire défendre, quitte à prendre des risques. Il asséna des attaques sans s’arrêter, ne lui laissant quasiment aucune opportunité de riposte, des attaques rapides, directes et puissantes, usant bientôt de ses deux lames pour la pousser dans ses retranchements.

[j'ai lancé une attaque directe contre toi, à la fin, tu n'es pas spécialement obligé d'être blessé/touché/eu par cela ^^]

*QUOI !*

Elle n’en revenait pas. Avait-il réellement dit ce que Ciara avait entendu ? Oui, car les Mercenaires qui s’étaient rendus spectateurs de leur petit duel haussèrent la voix, pour beaucoup des huées. Car Sayole avait bel et bien offensé Ciara, une Mercenaire et Dominante. Le sang de celle-ci n’avait fait qu’un tour, et Sayole profita de ce petit moment d’inattention pour se lancer dans une nouvelle salve d’attaques contre elle.

A la première, elle chancela, surprise. Le tintement des fers était amplifié par la construction de la salle. Les sons se répercutaient sur les hautes parois de pierre. Ciara reprit ses esprits au plus vite, et se renferma dans sa carapace, mêlant à son évolution toute sa hargne pour l’insulte proférée par Sayole.

Elle tenta le tout pour le tout, et tout en parant une attaque de Sayole en s’écartant de côté, elle fléchit les genoux en toute souplesse, et asséna un coup, pas très loyal, certes, mais elle brandit son épée vers le haut, passant sous la garde de Sayole. Ciara visait tout juste pour ne pas le blesser trop grièvement, juste pour lui montrer qui était le dominant du combat…

Puis elle se releva après avoir pivoté sur ses talons. Ciara se retrouvait face à Sayole.

- Jamais, plus jamais… Fulmina-t-elle entre ses dents, un regard de braise dirigé contre l’impétueux Mercenaire.

Il avait l’avantage, ses coups obligeait la dominante à reculer, elle cédait du terrain sous le regard inquiet des participants. Il essayait de la pousser dans ses derniers retranchements, et Sayole goutait déjà le sentiment de la victoire. Mais il était devenue bien trop sur de lui, et allait le payer cher.

Un bref instant de déconcentration, et suite à une esquive latérale, elle parvint à passer sous sa garde et remonter sa lame. Le Garde du Corps recula tout en fixant cette lame qu’il voyait venir lui transpercer le corps. Bien que ses reflexe exceptionnel lui permirent d’éviter le pire, il sentit le tranchant de la lame lui frotter la peau, creusant une longue balafre depuis sa plus haute côte jusqu’au dessus de son muscle pectorale.
Sayole recula encore de deux pas, la garde ouverte tant par le coup que par la désire de ne pas voire la lame lui ôter un bras alors qu’il se retirait. Son souffle était cours alors qu’il entendit distinctement les quelques mots de la dominante. Visiblement, elle était en colère, très en colère… Dans le même temps, les Mercenaires présent applaudirent sur le coup après le petit sursaut qu’avait déclencher l’attaque

Maintenant à distance raisonnable, il leva sa main qui tenait sa dague pour récolter de son pouce le sang qui coulait de sa blessure. Il suça son pouce avec un regard remplit de bonheur, comme heureux de retrouver le goût du combat.

Hey bien, la dame sort ses griffes… Vient la ma minette que je te les coupes.

Rajustant la prise sur ses armes, alors que des goutes de sang tombaient régulièrement sur le sol, il fondit de nouveau sur son opposante avec plus de force et de hargne. Les coups de son épée revêtaient une force plus dévastatrice que les précédents alors que sa dague voguait dans tout les sens atour de sa victime désigné.

C’est alors que le tournant du combat eut lieux. Un coup peut loyale dans un duel, mais qui avait souvent lieux dans les combats lorsque l’on cherchait à faire un prisonnier. Cette technique était connue des Thanits qui cherchaient souvent à faire des prisonniers pour en tirer une prime pour sa libération. Alors que Ciara lançait une attaque il dévia le coup vers le sol et utilisa le bout de la poignée de sa dague pour assainir un coup violant sur la coude de la dominante, l’engourdissant juste assez pour pouvoir remonter sa lame avec rapidité et l’arrêter juste sous la gorge de la jeune femme, dans la stupeur générale des spectateurs qui donna naissance à une long silence.
Un sourire fin de dessina sur son visage couvert de sueur. La lame toujours ajustée sous la gorge de sa chef, il souffla doucement.

Jolie victoire Ciara, cela montre que j’ai encore beaucoup à apprendre. Puis-je demander ma revanche ?

Des murmures s’élevèrent du publique, étonné par de tels mots venant de l’homme qui tenait sa victime à sa merci. Doucement, Sayole recula et effectua une brève révérence en retirant la lame de sous la gorge de la dominante. Il jeta un nouveau coup d’œil à sa blessure avant de pauser son regard vers le publique.

Ne vous y fiez pas, si ce combat n’était pas un entrainement et qu’elle n’avait pas cherché à éviter de me tuer, sa lame ne m’aurait pas fait que cette petite égratignure. Elle a donc gagné. Un mort ne pourrait pas lui trancher la gorge.

Il recula encore de quelques pas, en se tenant légèrement le torse pour éviter que trop de sang ne s’en échappe. Il serait ridicule de se mettre en danger aussi bêtement. Il pausa de nouveau ses yeux pâles vers Ciara. Etrangement, ils le comportaient plus aucune trace de concentration ou de hargne. Plus rien, comme s’il n’y avait jamais eut de combat. C’était la plus grande faculté du Mercenaire. Pouvoir passer de l’esprit d’un combattant à celui d’un simple homme en vacances en quelques secondes.

J’ai le droit de me soigner avant d’entamer la 2e manche ?

Son coup avait fonctionné. La lame effleura la chair, mais le tranchant ouvrit une blessure superficielle sur le torse de Sayole, laissant s’échapper un filet de sang rouge. Ciara était satisfaite d’elle. Elle réprima un frisson lorsqu’il passa son pouce sur sa blessure et qu’il le porta à sa bouche.

-Alors qui du loup ou du chat gagne la partie ? lança t elle avec une fausse politesse.

Elle s’inclina rapidement dans une posture moqueuse, un sourire des plus narquois sur le visage puis reprit le combat. Ciara ne perdit pas sa fougue, mais se fit avoir par un moment d’inattention. En effet, Sayole en profita pour la tenir en respect en glissant sa dague sous la gorge de la Dominante. Son visage était impassible, elle le fixait sans montrer aucune expression.

-La bataille n’est pas finie, Sayole, dit elle d’un ton affreusement calme, ce qui chez la Mercenaire n’était pas bon signe. Savoir se méfier de l’eau qui dort...

Ciara sentait tous les regards des Mercenaires tournés vers elle, la Dominante tenue en respect par un Mercenaire. Mais elle en faisait fi et se concentrait sur sa tactique. Après la moquerie et la colère, Ciara jouait sa carte la plus importante, celle qui la faisait respecter de tous, un calme et une froideur désoeuvrants. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire amer et lointain. Puis d’un mouvement rapide, sa lame vint repousser celle de Sayole qui s’était éloigné d’elle. Dans la suite, avec une rapidité déconcertante, le poing serré de la Dominante vint percuter le bas ventre de Sayole, qui avait baissé sa garde. Un autre mouvement, et c’était elle qui avait le dessus, le maintenant fermement ancré sur le sol.

-Ton maître ne t’a pas appris cela ? dit-elle dans un murmure sec. Et ne jamais baisser sa garde quand on n’est pas sûr que son adversaire soit hors de combat. A la prochaine insulte de ce genre, tu auras un bras en moins.

Sans précautions pour Sayole, qui avait la face contre terre, elle se releva et lança un regard circulaire vers l’assemblée réunie autour d’eux. Elle ramassa son épée, qu’elle avait fait tomber il y a quelques secondes, passa rapidement la lame rougie dans un mouchoir tiré de son corsage, et la remit au fourreau, lâchant sur le sol le tissu désormais tâché.

-Il n’y aura pas de seconde manche. Cet entraînement m’a suffit. Sauf si l’un d’entre vous montre encore assez de stupidité pour me défier ? Alors retournez à vos exercices !

Elle n’était pas d’humeur en ce moment, c’était peut être pourquoi elle ressentait tant de force en elle. Autant qu’elle pourrait les prendre tous, la poignée de Mercenaire qui était venue s’entraîner. Mais se connaissant, elle s’y fatiguerait jusqu’à l’épuisement total. Et elle préférait conserver ses forces pour ses projets. Elle fit quelques derniers assouplissements pour détendre ses muscles tendus.

Il n’eut pas de réponse, mais une attaque des plus fulgurantes. En effet, il avait baissé sa garde, ne s’attendant pas du tout à cela. Sa lame fut rapidement écartée, mais restait sa dague qu’il avait à hauteur de son cœur alors que Ciara fondait sur lui. Pendant un bref instant sa lame bougea avant de se stopper, s’il continuait son geste, la dague se serait figée jusqu'à la garde dans le corps de son opposante, et l’on se trouvait sur un terrain d’entrainement, pas sur un champ de bataille, il n’était pas question de mort ici…

Le coup le frappa avec lourdeur, lui tirant un souffle sec et plaintif alors qu’il se retrouvé écrouler, face contre terre. Même si la sciure avait amortie sa chute, le coup et le contact du sol avait été des plous douloureux. Sans compter que cette même sciure s’insinuait dans sa plaie ouverte, se mêlant à son sang dans un mélange peu conseiller. Il sentait les picotement s’accentuer, dessinant une grimace de douleur sur son visage alors que chacun de ses respirations créaient un petit nuage de poussière devant son visage. Il sentait le souffle de la jeune femme dans son cou alors qu’elle lui murmurait de manière sèche ses paroles de plus claire.

Relevant les yeux vers elle pour tenter de la voire, il répondit d’une ton beaucoup trop froid pour être ironique mais également pas assez soigné pour être respectueux.

Oui madame la dominante…

Ses yeux n’aspiraient aucune douceur. Et malgré tout se qu’il devait à la dominante et le respect du à son rang, c’était le regard d’un animal blessé qui se lisait en lui, plein de rage et de revanche. Il n’avait aucune haine contre Ciara, mais d’avantage contre lui-même et la négligence dont il venait de faire preuve pour la 2e fois dans son combat. Ce n’était pas son corps qu’il perdait le plus. Mais son futur. En effet, depuis qu’il était devenu Mercenaire, il n’avait pas dans l’idée de rester au service de Ciara pour tout le reste de sa vie. Se qu’il voulait c’était monter en grade et retrouver le type de poste qu’il occupait comme chef des Thanits. Et ce n’était pas en se retrouvant à terre dans la salle d’entrainement qu’il gagnera le respect des hommes et femme qu’il visait à commander…

Il étouffa un grognement lorsque la jeune femme prit appui sur lui pour se relever lorsque la douleur le traversa et l’écouta dans son petit discours. Son corps entier lui criait de demander une nouvelle revanche, voire même de l’attaquer maintenant, dans son dos pour lui rendre l’appareil. Mais son tête lui disait bien autre chose. Et son passé lui avait apprit à plier l’échine devant son supérieur hiérarchique. Sans compter qu’il avait déjà suffisamment abusé des limites avec elle pour aujourd’hui…
Baissant les yeux vers le sol pour reprendre ses marques, il se redressa doucement, le souffle court et le corps meurtri. La moitié de son visage était recouvert de sciure ainsi que la quasi-totalité de la partie avant de son corps. La teinte variait suivant sa distance de la blessure alors qu’une trace visible de son sang était entrain de s’éponger sur le sol. Avec encore un genou à terre, il voulut passer sa main sur le visage pour retirer ces particules qui le gênait lorsqu’il fut prit d’une quinte de toux violente qui le projeta même en avant. Lorsque la dernière secousse s’arrêta, il cracha par terre et pu savoir sans même en regarder la couleur que sa bouche était remplit de sang au goût acre qui s’y répondait. Sa blessure n’était pas si bénigne que sa, visiblement, les poumons avaient été touchés.

Sans un regard pour Ciara, et après quelques essaies sur sa respiration et jusqu'à quel point il pouvait gonfler ses poumons sans risquer de tousser à nouveau, il ramassa ses armes et se redressa pleinement. Il pouvait encore sentir le sang couler sur sa poitrine alors qu’il marchait d’un pas lent vers ses affaires. Arrivé à destination, il lâcha ses armes et s’appuya contre le mur avant de se laisser tomber.
Une fois assit, il attrapa sa fameuse gourde et en ouvrit le contenue. Il n’avala pas sa première gorgée, se nettoyant la bouche avant de recracher le mélange d’eau et de sang avant de boire pleinement. De petites gorgées rapides suivis de longues pauses. Puis il se déversa le reste de la gourde sur la tête pour se rafraichir et se débarbouiller ainsi que sur son torse pour nettoyer la plaie. Il activa ensuite le petit mécanisme et fit gouter parcimonieusement sa liqueur sur sa plaie dans une grimace retenue mais visible. Il trouvait dommage de gaspiller une si bonne liqueur, mais il se devait de nettoyer et désinfecter rapidement la plaie, la sciure de la salle était loin d’être exempt de tout reproche. Il reboucha la gourde et posa sa tête contre la pierre fraiche, fermant les yeux avant de reprendre son souffle et ses esprits.

Les Mercenaires qui avaient regardé le duel se dissipèrent et regagnèrent leurs occupations. Ciara entendit de faibles félicitations et des formules respectueuses. Elle avait du leur faire peur, à réagir ainsi. Mais avait-elle le choix ? Se laisser dire des choses insultantes et irrespectueuses et passer pour quelqu’un de trop faible, ou s’imposer et marquer par sa sévérité. Ciara était de la seconde sorte de gens. Sa position ne lui laissait pas le temps de se poser de questions, et elle enfilait son masque d’acier chaque fois que cela était nécessaire.

De retour près de ses affaires, elle dénoua sa ceinture et la posa sur sa veste puis pris la gourde qu’elle avait amenée pour boire quelques gorgées d’eau fraîche. Dos tourné à Sayole, elle l’entendit tousser et cracher. Doucement, elle reposa sa gourde et se tourna.

Le Mercenaire était mal en point, adossé contre le mur en pierre, son torse ruisselait de sang à moitié coagulé. La Dominante prit son inspiration et de son pas sûr et décidé elle revint auprès de son compagnon. Elle se pencha vers lui, une main posée sur son épaule.

-Viens, je t’emmène à l’hospice. Un médecin saura mieux te guérir.

Elle l’aida à se relever et ils se dirigèrent vers la sortie, sous le regard des autres Mercenaires.

-J’y ai été un peu fort, pardonne moi. Mais si tu avais porté de vrais vêtements la blessure aurait été moindre, dit elle avec une minuscule nuance de reproche. Pèse tes mots avant de les prononcer la prochaine fois. Ce genre d’affirmation peut te coûter la vie, tu viens de le voir. Evite les mouvements trop importants, tu vas te fatiguer pour rien, et tu souffriras plus.

Bien qu’il essayait de se remettre doucement, il entendit les pas de la dominante qui arrivaient vers lui. Avec le temps, à la suivre partout il pouvait reconnaitre ses pas entre milles !
Il rouvrit les yeux au moment ou ma main de la jeune femme se pausa sur son épaule. Ses yeux pâles se relevèrent vers ceux Ciara. Leur expression avait de nouveau changé. Ils étaient calmes et serein, comme s’il n’y avait jamais rien n’eut, le même regard qu’il avait porté sur elle lorsqu’elle était entrée dans la salle d’entrainement.

Je ne dis pas non, je dois avouer que je risque d’avoir quelques difficultés à me relever.

Un petit rire qui manqua de déclencher une nouvelle quinte de toux qu’il réprima d’un un grognement presque comique. Acceptant l’aide qui lui était proposé il se redressa dans un souffle, s’appuyant contre le mur en regardant ses affaires quelques instants, sa gourde toujours à la main. Il déposa son regard sur les personnes présentes et repéra l’un de ses voisins d’habitation et ami. Un échange d’hochement de tête, et SaYoLe sût qu’il ramènera ses affaires chez lui. Se décollant du mur dans un mouvement de hanche, il prit appui sur la Dominante et pris le chemin de la sortie. Il l’écouta avec un petit sourire en coin avant de répondre d’une voix basse pour rester intimiste:

Si tu n’avais pas retenue ton geste, armure ou pas armure je serai mort. Et puis, cela fait du bien de combattre en était plus libre de ses mouvements. D’ailleurs, je doute qu’avec mon armure j’aurai pu suivre ta rapidité.
Peser mes mots ? Voyons Ciara, si je ne te sortais pas se genre de connerie de temps en temps, qui te rappellerai qui tu es vraiment ? Tu sais très bien d’ailleurs que je ne les pensais pas et qu’il n’y avait là que l’intention de te titiller pendant un combat.
Puis cela te fait du bien de te rappeler que le respect ne t’ai pas dut mais que tu le gagnes à chaque seconde comme aujourd’hui…

Voila qu’il essayait de lui souffler qu’il venait de lui rendre un service. A croire qu’il cherchera à l’emmerder jusqu'à son dernier souffle.

Ciara avançait doucement, prenant soin d’éviter à Sayole tout mouvement brusque. Des Mercenaires qui passaient se retournaient à leur passage, surpris. Mais ciara, la tête haute comme toujours les rassura.

-N’ayez crainte, juste un petit dérapage lors de l’entraînement. Pas une blessure de guerre. Je m’occupe de lui.

Les Mercenaires hochèrent la tête et passèrent leur chemin, tandis que Ciara continuait d’avancer dignement et avec lenteur. Sayole répondit à ses mots. Son souffle se coupa lorsqu’il prononça ce qui ressemblait à un conseil, un peu trop présomptueux d’après son propre jugement. Instinctivement, elle resserra son étreinte sur le bras de Sayole qu’elle tenait pour lui éviter de tomber.

-C’est ta nature, d’accord. Tu aimes me titiller, soit. Mais cela n’a pas à être vu et entendu par les autres Mercenaires. Je tiens à garder toute mon autorité et mon sérieux face à eux.

Elle soupira, un peu fatiguée par l'effort, et la difficulté de s'exprimer.

-Tu n’as pas idée du nombre d’efforts que j’ai du faire pour parvenir à avoir le respect que j’ai aujourd’hui. Ces hommes doivent être dirigés, si on peut dire cela comme ça, par quelqu’un d’intègre, loyal et fort. Et cela passe par l’image véhiculée de cette personne par les autres. Si tu me montres sous l’aspect d’une simple femme juste bonne à satisfaire les besoins naturels d’un homme, alors c’est sûr que l’estime qu’ils me portent tombera. Ce respect, comme tu dis, je l’ai obtenu à force de persévérance. Et cette simple attaque, bien qu’anodine pour toi et moi, peut être beaucoup plus pour eux.

Ils arrivèrent devant quelques marches qu’ils devaient descendre. Ciara ralentit encore l’allure.

-Nous ne sommes plus loin de l’hospice. Voilà.

SaYoLe se contentait d’avancer, soutenue par Ciara, une main sur sa blessure et un sourire aux lèvres faces aux interrogations silencieuses des Mercenaires qu’ils croisaient. Cette situation l’amusait maintenant qu’ils avançaient pour recevoir des soins, et les explications fournis aux personnes qui croisaient leur route n’arrangeaient rien à tout cela.
Lorsqu’elle resserra sa prise sur son bras, le Mercenaire fit mine se souffrir atrocement :

Aïe ! Mais fait attention, c’est moi le blesser quand même !

Il soupira aux minis discours de Ciara et répondit doucement :

Tu es une femme. Et malgré tout tes efforts, certain homme ne pourront te voire autrement que comme une catin. Cela ne changera pas avant bien longtemps, les mentalités sont ainsi faites. Ici tu as le respect des Mercenaires. Mais le jour où tu seras connu au grand jour comme l’une de nos chefs, je suis prêt à te parier que la plupart des dirigeants de ce monde penseront que tu dois ton rang à ta capacité au lit. Je n’ai fait que t’en donner un avant goût…

Ils arrivèrent devant l’hospice.

Allez, laisse-moi là, je me débrouillerai tout seul. Il se détacha de son soutient, et entra dans l’infirmerie.

-Pitié !

Ciara secoua la tête avec un air navré. Elle parla d’un ton excédé :

-C’est donc la seule manière dont vous voyez les femmes ? Des catins ! Je veux bien que certains – beaucoup même – peuvent me voir comme une femme, et rien de plus. Mais une catin ! Il y a quand même une différence entre une fille de joie et une femme ordinaire. Jamais je ne me ferai payer pour faire des choses telles qu’elles peuvent faire aux hommes.

Devant, l’hospice, ils s’arrêtèrent.

-Le jour où tout le monde me connaîtra comme l’une de vos chefs, ces grands dirigeants n’auront rien d’autre à penser que de surveiller leur comportement. L’avant-goût est amer, je l’avoue, mais tu as vu, c’est un excellent catalyseur de mon assiduité au combat. Tu as d’ailleurs vu que ce genre de remarque ne laisse plus guère au duelliste de temps pour penser à la suite. La sentence pour oser me dire de telles choses est la mort.

Ciara doutait de la cohérence de ses dires, mais Sayole se détacha de son emprise, et lui assura qu’il pourrait se débrouiller seul désormais. Il entra dans l’hospice en la laissant là, à l’entrée. Elle se gratta rapidement la nuque.

-Je monterai tes affaires dans ta chambre, dit-elle au dos de Sayole.