À la pèche aux informations

Uriel arpentait toujours la route, son cheval -un étalon au pelage blanc- marchant au pas. Malgré que sa robe de bure, la capuche relevée sur son crâne rasé, le protégea des rayons brûlants que le Soleil dardait sur lui, l'homme avait chaud, et des gouttes de sueur perlaient sur son front.
Comment une terre aussi âpre et aride avait elle pu voire le jour ? L'herbe était rase et non drue, la seule végétation se constituait de buissons de ronces, d'aubépines, ou quelques arbres secs et distordus. Les points d'eau se faisaient très rares, et il n'avait pu remplir ses outres qu'à ses arrêts dans les maigres villages qu'il avait été envoyé inspecter.

*Peste soit de ce pays, et de cette menace qu'il en est... Que ce traître à son sang continue de se terrer dans ses montagnes, et qu'il y pourrisse !"

Car Uriel avait été envoyé ici en tant qu'espion. Sa mission, que lui avait délivrée son frère -et donc son suzerain- consistait à faire état des forces militaires cantonnés sur la frontière Dinakienne, en cas d'une éventuelle avancée en territoire ennemi. Grâce à son statut de Garant de la Lumière, il n'avait aucun problèmes avec la populace locale, et était aisément accepté chez les gens, car il était de notoriété que les membres de la Confrérie étaient bons, et ce qu'on leur offrait de tout cœur leur serait forcément rendu, d'une manière où d'une autre. Et même dans ce pays délabré, cela avait cours.
C'était déloyal envers sa foi d'utiliser cet statut afin d'obtenir des renseignements qui servaient la guerre, et la culpabilité rongeait l'homme, mais paradoxalement, si Alsaria reprenait Dinak, la paix serait assurée.

Au fur et à mesure que son cheval marchait, un village vint à se dessiner à l'horizon, au Nord Est. Le Soleil continua sa course jusqu'à se coucher, et le crépuscule était tombé lorsqu'Uriel arriva au village. Celui-ci, légèrement plus important que les précédents où il s'était rendus, avait pour siège la seule colline qu'il avait vu depuis qu'il avait passé le fleuve. Il devait s'y trouver une source d'eau, car on pouvait voir une végétation un peu plus importante, notamment un chêne.
Uriel s'avança vers une auberge, d'où montait une légère clameur, signe de l'activité. Avant de passer le pas de la porte, il confia son cheval à un garçon d'écurie, lui jetant une pièce d'argent. Il avait été pourvu d'une quantité de monnaie légèrement importante, pour son autonomie... Mais dans se désert, des piécettes étaient une bien maigre compensation lorsque la soif nous asséchait le gosier... Et l'argent ne se boit pas.
Au moment de pousser la porte de l'auberge, Uriel se réfréna ; que ferait il dans une belle chambre douillette ? Il n'avait pas choisi sa voie pour le confort. Rattrapant le jeune garçon à qui il avait confié son cheval, il lui demanda s'il pouvait lui accorder le gite dans sa grange. Le jeune garçon s'inclina, bredouillant que la grange lui était acquise. Content, Uriel ébouriffa les cheveux du garçon, et se dirigea vers la grange.

*La lumière voit ta bonté de cœur, mon brave*

L'homme monta dans la grange, qui était en hauteur, et s'assit un moment pour regarder le ciel. Celui-ci était sans nuage, et un vent frais soufflait déjà. La nuit promettait d'être froide, et cette paille était une aubaine, bien mieux que ce qu'il avait eut durant ces derniers jours.

Invité

depuis un bon moment déjà, Nïmeesha se tenait seule, tout au fond de la vieille auberge. Assise sur un petit tabouret de bois, encapuchonnée jusqu'au nez, elle laisser flâner ses pensées dans l'ambiance bruyante de la pièce. Enfin, pour tout dire, il y a longtemps qu'elle n'a pu s'offrir le luxe de laisser flâner ses pensées, car elle avait bien trop à penser en ce qui concerne la mort mystérieuse de son pauvre père.

Tout autour d'elle, des visages rougeauds chantaient en se tordant la bouche, une bouteille d'eau de vie à la main. Certains s'étaient affalés sur leur petite table ronde, d'autres riaient aux éclats et parlaient comme s'ils eût cru qu'ils étaient seuls dans cette auberge. L'atmosphère commecait à devenir lourde; lourde de vin et de rires gras, de panses gonflées et de barbes confuses.

Seule Nïm ne disait rien, dans le coin sombre de la pièce, et , pour cela, personne ne semblait avoir remarqué sa présence. Tant mieux, c'était simplement ce qu'elle voulait. Se changer les idées en regardant évoluer des bedaines épaisses, parcourues de traînées jaunâtres, se changer les idées en observant l'attitude desespérée de certains hommes qui s'enfoncent dans leur propre déchéance.
Mais il faut dire qu'il y avait tellement de ce genre d'hommes-là, ce soir-là, que la jeune femme en avait presque assez, et qu'elle songeât plus d'une fois à quitter la petite auberge branlante et poussiéreuse.
Mais Nïmeesha savait, elle savait bien que si elle poussait la porte en chêne de l'auberge, et que si celle-ci répondait docilement à la pression de sa main, parce que c'était normal, elle ferait un pas dehors, et il n'y aurait alors plus aucun bruit autour d'elle.
Et ce moment-là, seule, dans le silence le plus total, serait propice à l'évasion et à la pensée profonde, et elle se remettrait à penser à son passé, à sa famille. Cela, elle ne le voulait surtout pas.
Sans savoir pourquoi, aujourd'hui, elle voulait simplement oublier. Oublier rien qu'ne fois. Mais c'était si difficile...
Elle redressa la tête, s'efforcant de se concentrer sur le comportement de l'un des hommes présent dans l'auberge.
Ce dernier, plutôt robuste, affichait un large sourire un peu bête, oh, un peu comme tous les hommes présents ce soir-là, c'est sûr. L'homme se tenait lui accoudé à une table, et il souriait bêtement, il sourait juste en regardant les autres.
La faible lumière dansante de la bougie posée sur sa table vascillait sur son visage ruisselant de sueur. Nïm regarda un instant cette lumière jaunâtre évoluer sur le visage gras de l'homme, lécher les courbes épaisses de son menton; de ses joues.
uis finalement, la jeune femme poussa un profond soupir agacé. Elle commencait vraiment à ne plus supporter la vue de ces hommes perdus dans leur ivresse, et elle détourna alors les yeux vers une petite fenêtre carrée donnant sur l'entrée de l'auberge, histoire de jeter un oeil à son cheval attaché là, un grand barbe gris qu'elle avait nommé Ghani.
Là, elle distingua deux silhouettes, un peu troubles il est vrai, mais elle reconnu bien, entre les deux hommes, l'apparence d'un homme de foi, d'un garant de la lumière.
Qu'est-ce qu'un tel homme venait faire par ici, dans le royaume de Dinak? Cela lui sembla bizarre, et elle essaya de suivre un peu mieux la scène des yeux. A son grand étonnement, elle vit l'homme étrangement vêtu payer un écuyer, s'apprêter à entrer dans l'auberge, puis se raviser et suivre l'écuyer.
Immédiatement, la jeune femme se leva, se dirigea vers l'entrée de l'auberge à grandes enjambées, et sortit rapidement de celle-ci.

Dehors la nuit était presque tombée, et elle chercha rapidement du regard les deux individus avant de ne plus rien pouvoir distinguer.
Elle les vit soudain, ils se dirigeaient vers une grange au coin de la ferme. Vérifiant que personne ne la voyait, Nïmeesha s'enfonça à son tour dans la nuit en direction de la petite grange, suivant d'assez loin les deux hommes pour ne pas être vue.
La présence du garant de la lumière l'intriguait de plus en plus, et elle comptait bien découvrir la raison de son étrange présence ici, à Dinak.
Elle s'arrêta un instant, se cachant derrière le tronc d'un arbre épais: l'écuyer faisait demi-tour. Ou était passé l'homme de lumière? Nïm attendit quelques secondes et s'introduit dans la grange ou une odeur de paille chaude lui monta rapidement jusqu'aux narines. En faisant bien attention de ne faire aucun bruit, elle chercha dans l'obscurité une trace du mystérieux voyageur.
La nuit était épaisse, et elle observait avec exagération les ballots de paille empilés les uns sur les autres. Elle était certaine qu'il était là, quelque part dans la grange...

Uriel avait dessellé son cheval, et était monté au premier étage de la grange, étage juste sous le toit -pour éviter l'humidité de la terre- , et ouvert d'un côté, afin de pouvoir plus facilement monter ou descendre les stocks de paille. Après avoir posé ses possessions dans un tas de paille, il s'était assis sur une poutre, qui délimitait le rebord de l'étage-, quand un bruit en dessous attira son attention. De la paille était écrasée, en bas. Sous les pieds de qui, il l'ignorait, toujours est il qu'il fut mis en alerte directement. Calmement et méthodiquement, sans aucun bruit, il se releva et saisit son bouclier sans sa main gauche, et son marteau -dont le métal était encore chaud de la journée passée sous ce Soleil cuisant- en main droite. Descendre l'échelle les mains pleines, là où l'attendait un éventuel adversaire de plus, était complètement inconsidéré, aussi Uriel se rapprocha du bord. Il scruta péniblement le sol, cherchant l'endroit où il y avait le moins de risque de se faire mal, et cela fait, il sauta.
Il n'y avait que deux mètres de hauteur, aussi l'atterrissage ne fut pas difficile, mais alourdi par ses armes, Uriel fut relativement bruyant. Du moins assez pour alerter la personne qui était là. Il n'était plus question de jouer sur la discrétion... de toute façon, il n'aimait pas trop ruser. L'homme leva son bouclier, en position défensive, le marteau prêt à frapper

"Qui va là ? Montrez vous ! Cessez de vous terrer dans l'ombre et approchez, rôdeur maléfique !"

Même avec tous ses sens exacerbés par l'adrénaline, et toute la force de son esprit mobilisée, la nuit était trop épaisse pour arriver à voir où à sentir l'inconnu. Rester ainsi à découvert, alors que l'ennemi était caché dans ces bottes pouvait facilement lui porter préjudice, aussi il se décala sur le côté et observa dans les couloirs formés par les bottes entassées.
Finalement, sa méthode ne portant que peux de fruits, Uriel en adopta une autre : en quelques enjambées, il monta sur les ballots de paille, et explora la grange de fond en comble. Cela fut plus efficace, car il arriva à repérer l'inconnu. Sautant des bottes entassées, il atterri face à la personne -une silhouette encapuchonnée-. Dès lors, il se replaça en une fraction de seconde en position défensive, prêt à encaisser un éventuel assaut.

"Qui êtes vous, et que me voulez vous ?"

Invité

Nïmeesha fouillait des yeux la grange ou l'obscurité était épaisse et rendait ses mouvements pénibles, lorsqu'elle entendit du bruit au-dessus d'elle.
Redressant vivement la tête, elle se figea subitement, le souffle court.
La surprise passée, un sourire vint rapidement se dessiner sur ses lèvres. Il était bien là, dans cette grange, et il l'avait sûrement entendue.

La jeune femme ne bougea plus, et malgré le fait que la situation l'amuse, il faut bien l'avouer, elle avait le coeur battant.
Nïmeesha avait toujours les yeux fixés sur l'étage d'ou était venu le bruit, mais un autre bruit, plus fort, et métallique cette fois-ci, attira son attention face à elle.
Il était maintenant à sa hauteur, il avait sauté d'en haut. Nïmeesha recula de quelques pas, se fondant dans l'ombre d'un coin de la grange. Trop tard. L'homme l'avait vue, et en quelques mouvements habiles, il s'était trouvé face à elle, se tenant prêt à se battre.

Nïmeesha eut tout d'abord un mouvement de recul, surprise par la brusque apparition du garant de la lumière, mais elle s'avança finalement bien face à lui, sereine et confiante.
Elle enleva la capuche qui cachait la partie supérieure de son visage, faisant bien voir par la même occasion qu'elle ne tenait pas d'arme dans ses mains.

"Je m'appelle Nïmeesha Seldaïs", se présenta-t-elle poliment.

Elle marqua une courte pause, puis, voyant qu'il restait en position de défense et qu'il attendait une sérieuse explication à sa présence ici, elle reprit:

"Il est étrange, croyez-moi, de voir rôder par ici des hommes de lumière tels que vous. En réalité, je dois même dire que c'est la première fois que je vois quelqu'un comme vous ici."

à nouveau, Nïmeesha ne dit plus rien pendant quelques secondes, laissant l'atmosphère un peu lourde peser autour d'eux, puis, brisant le silence cotonneux de la nuit, continua:

" Vous n'êtes pas là pour rejoindre les rebelles au service du roi, je me trompe?"

Toute cette prudence pour une simple femme ? A vrai dire, il s'attendait au moins à un homme d'arme, si ce n'était à un assassin. Mais non, c'était bien une jeune femme qui se dressait devant lui, et qui a défaut d'armes avait du avoir une grande curiosité.
Rassuré par l'inofensivité de la personne, Uriel se détendit. Les habitants de Dinak n'étaient pas foncièrement mauvais, hormis ceux qui suivaient le traître. Il relâcha ses muscles, et posa son marteau sur son épaule, afin de ne pas fatiguer son bras, tandis que la femme relevait son capuchon et qu'elle se présentait. Au vu de la politesse dont elle avait fait preuve, l'homme se rendit compte qu'il avait manqué à toutes les règles de politesse. Il posa hâtivement ses armes sur une botte de paille, et fit une révérence -pas trop basse, tout de même...- jusqu'à ce que sa tête soit au même niveau que celle de son interlocutrice.

"Il n'est en effet pas coutume que les membres de la Confrérie se rendent en ce pays hostile et inhospitalier... Et encore moins qu'ils ne se joignent au roi Traître. Pesez vos mots, jeune femme, une insulte est vite arrivée."

Uriel marqua une pause, afin que son interlocutrice comprenne bien sa position dans le conflit entre Alsaria et Dinak.

"Aussi dois je vous demander à qui va votre allégeance, jeune femme. Et je requiert vos service, pour le peu de temps où je serais ici."

Il récupéra ses armes, et se dirigea vers l'échelle. Les bottes de pailles ne siéraient guère à ce genre de discussion, aussi fît-il signe à la jeune femme de le suivre. Au pied de l'échelle, il monta de quelques barreau, et fit passer ses armes à l'étage supérieur, avant d'y monter lui aussi.

"Montez. Des oreilles traînent trop facilement dans la nuit, et bien que ces murs ne soient pas très hermétiques, je les préfère à des ballots de foin."

Invité

Agréablement surprise à son tour par l'amabilité de l'homme face à elle, Nïmeesha se surprit à sourire une nouvelle fois, mais ce sourire-là était franc et sincère. Heureusefinalement, de n'être pas venue pour rien, elle acquiesca silencieusement lorsqu'il l'invita à monter à l'étage. Elle savait, à préset, que leur conversation ne serait pas stérile, et qu'elle en apprendrait beaucoup de cet homme. Elle savait bien qu'elle devait le rencontrer, et qu'il l'aiderait à mener à bien la mission qu'elle s'était confiée. Depuis le moment qu'elle attendait cela, elle pensait que l'occasion ne se présenterai jamais.

Sans faire le moindre bruit, la jeune femme monta donc à son tour, suivant de prés le garant de la lumière. Arrivée en haut, elle découvrit avec stupeur que c'était là que ce dernier allait dormir; sur un petit tas de paille jaune entassée dans un coin.

Une petite bougie était allumée prés de la paillasse de l'homme, et la flamme de celle-ci vibrait parfois subtilement à cause de l'air qui parvenait à s'engouffrer jusque-là.

La faible lumière jaune pâle se reflétait sur le mur derrière Nïmeesha, dessinant la forme de sa silhouette et de la cape qui reposait sur ses épaules. Etrangement, une sorte de bien-être régnait dans la pièce, et ce malgré un confort bien sommaire.

"au fait, vous conaissez mon nom, mais moi, je ne sais toujours pas comment vous vous appellez" lança la jeune femme à l'homme qui lui avait tourné le dos.

La jeune femme ne tarda pas à le rejoindre, et dès qu'elle fut montée, elle commença déjà à le questionner. Elle ne lui demandait que son nom, mais s'il se mettait à annoncer qui il était, il en serait terminé de sa sûreté due à l'anonymat.
Le capuchon toujours sur la tête, on ne pouvait presque voir les yeux d'Uriel, aussi il ne craignait pas trop qu'on le voie, mais la chandelle allumée en pleine nuit pouvait facilement amener les hommes. Si le feu repoussait les bêtes, les humains, eux, échappaient à la règle, et étaient bien plus dangereux que les animaux... Aussi l'homme jugea plus sage d'éteindre la bougie ; il passa rapidement son pouce et son index contre sa langue, et referma ces doigts sur la mèche, qui s'éteint aussitôt.
Ceci fait, Uriel reporta son attention sur la dénommée Nïmeesha, qu'il observa un instant, à la lueur des étoiles. Son visage, bien qu'il ne put entièrement le discerner, dans la pénombre, n'était pas dans charme, et ses cheveux sombres tombaient en cascade sur des épaules, couvertes d'un manteau de voyage à capuchon.
L'homme se retourna une dernière fois, jetant un autre coup d'œil au village, afin de ne pas se laisser surprendre. Si la campagne n'était pas confortable, les hommes, au moins, n'y étaient pas trop à craindre.
Rassuré, il se retourna et s'assit, intimant à son interlocutrice d'en faire de même, d'un signe de main.

"Parlez plus bas, dame Seldaïs Ajouta-t-il en chuchotant la Lumière seule sait quelles oreilles sont encore à l'écoute, à l'heure où nous parlons."

Uriel lança rapidement un coup d'œil derrière son épaule, avant de continuer.

"Je me nomme Uriel, de la maisonnée d'Apremont, mais aussi Garant de la Lumière. Vous ne devez pas savoir grand chose de là où je viens, car je suis partit depuis le château du comté d'Apremont, par delà le grand fleuve, en Alsaria. Ici, je suis en pays ennemi, et vous comprendrez donc ma prudence. Comprenez le bien, je ne suis pas venu ici avec un but de paix, bien que je l'eut préféré. Toutefois je suis pas non plus ici en tant d'agresseur, je suis juste venu en quête d'informations."

Invité

Nïmeesha observa l'attitude de son interlocuteur sans dire un mot, et elle suivit des yeux le moindre de ses gestes. Il faut dire qu'il l'intriguait bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé.

d'un geste habile, L'homme éteignit la peite flamme de la bougie, puis fixa Nïmeesha pendant une fraction de secondes. Elle aussi plongea son regard chaleureux dans le sien, comme si elle pouvait y fouiller, comme si elle espérait pouvoir y lire quelque chose, dérisoirement.

Finalement, tout deux se retrouvèrent à nouveau dans la pénombre, mais les yeux de Nïmeesha s'habituèrent trés rapidement à l'obscurité, et elle distingua la forme de la silhouette qui prenait place sur le lit de paille.

Rapidement, La jeune femme s'assit aussi en tailleur à côté de l'homme. Il lui semblait être trés proche de lui, car elle pouvait entendre le souffle de sa respiration lente et régulière tout prés. A voir le nombre de regards inquiets qu'il jetait ça et là, Nïmeesha conclut rapidement qu'il n'était pas tranquille, et qu'il avait plutôt interêt à ne pas être vu ici. Toutefois, aucun bruit ne se fit entendre de dehors, et c'est lui qui rompit finalement le silence pesant en lui dévoilant son identitée.

Uriel; Uriel d'Apremont...Cela ne lui disait rien, et elle avait écouté en silence les paroles de ce dernier, sans dire un mot, avec une attention exagérée. Nïmeesha préférait observer et écouter plutôt que de parler.

"ainsi vous n'êtes pas venu dans le but d'instaurer la paix, mais plutôt pour recueillir des informations?" demanda la jeune femme à voix basse.

Elle se tu pendant un seconde, croyant avoir entendu du bruit, puis reprit plus bas encore:
"pourriez-vous me dire de quel genre d'informations il s'agit? Peut-être pourai-je vous en apprendre un peu..."

C'était ennuyeux, quand des civils se mêlaient de choses concernant le royaume, car il fallait doser ses informations aux compte goutte, afin de garder la personne au courant, sans lui révéler quoi que ce soit qui eut du prix, au cas où la personne vint à lâcher les informations à l'ennemi.

"Avant de vous dire quoi que ce soit, j'aimerais que vous répondiez à la question que je vous avait posé, ce tantôt ; à qui va votre loyauté, si tenté que vous deviez choisir un camp. Pesez vos mots, Dame Seldaïs."

Uriel laissa sa question faire effet pendant un certain temps, durant lequel il se leva, et se dirigea vers la trappe. Se penchant, il attrapa l'échelle qui faisait la liaison entre les étages, et la tira vers lui délicatement. Retirer la voie d'accès classique à l'endroit où il dormirait était une protection dérisoire face à quelqu'un d'agile, mais cela aurait peut-être un simple effet dissuasif si des maraudeurs étaient tentés de le détrousser durant la nuit. Quant à la jeune femme, il l'aiderai à descendre.
L'échelle posée sur du foin, le moine revint vers son interlocutrice, marchant silencieusement, et s'assit au même endroit.

"Peu m'importe, après tout, que vous vous pressiez ou non de me dire à quelle couronne va votre allégeance, vu que je ne vous laisserai pas partir tant que je n'aurais pas ma réponse. Mais je vais vous dire pourquoi je suis ici.
Vous ne devez pas connaître la position d'Apremont ; ce comté se situe au niveau des collines d'Alsaria, sur les berges du fleuve. Nous sommes donc le premier rempart face à la menace Dinakienne. Bien que la reine ai décrété une non-hostilité envers Dinak, le comte d'Apremont, mon f... Uriel stoppa net ; il avait faillit faire une gaffe mon suzerain, dans sa clairvoyance, est inquiet pour les frontières, aussi m'envoie-t-il ici, dans ce pays ingrat, en reconnaissance. Cela vous satisfait il ?"

Invité

Une nouvelle fois, Nïmeesha avait suivit scrupuleusement des yeux tous les faits et gestes d'Uriel, et elle le laissa parler sans rien dire, ni montrer aucune expression.

Uriel réitéra sa question puis se leva et alla retirer l'échelle qui permettait d'accéder à l'étage de la grange.
Aprés qu'Uriel lui ait donné les raisons de sa présence ici, elle répondit dans une voix à moitié étoufée:

"A vrai dire, la raison pour laquelle vous êtes ici ne m'interesse guère, et je ne peux répondre à votre question, car ma loyauté ne va qu'à moi même. Sachez que je n'obéis à aucun souverain, ni au roi de Dinak, ni à la reine d'Alsaria, et je n'agis que pour mon propre interêt".

La jeune femme se leva sur ces paroles, et se placa face à Uriel, lui tournant le dos. Il fallait lui dire, même si elle n'en avait plus autant envie, subitement....

un long silence s'installa entre les deux individus, et Nïmeesha reprit alors:

"En réalité, j'ai besoin de votre aide. Autant parler franchement, Uriel. Nul besoin de peser nos paroles en pareil endroit. Je vais mener une rébellion contre le roi Azyrith Dan, je vais le renverser, lui et le pouvoir qu'il a étendu sur tout Dinak."

Nïmeesha marqua soudain une courte pause, se tournant brusquement face à Uriel.

"Ne me demandez pas pourquoi je veux faire cela. Votre suzerain peut m'aider, et il faut que nous le fassions. Le roi a déjà bien trop régné, et il est temps d'y mettre un terme définitif. Il ne doit plus continuer à étendre son pouvoir tyrannique sur ce royaume, mais je sais qu'il n'est pas seul et j'ai besoin de l'appui de votre suzerain. Et puisque vous venez en reconnaissance, sachez que le roi prépare ses hommes de son côté et qu'il compte bientôt reconquérir ce qu'il appelle ses terres. Il faut le prendre de court, le contrer par un magnifique effet de surprise. Je sais que vous êtes un homme de la lumière, Uriel, mais vous êtes aussi un homme de paix, et il faut passer par cette guerre si nous voulons obtenir ue paix durable. Il faut supprimer le roi pour l'empêcher de nuire à nouveau."

Une fois de plus, Nïmeesha se tû soudain, et elle fixa son regard sur l'homme face à elle, le scrutant intensément. Etrangement, elle lui faisait confiance, sans savoir pouquoi. C'est certain, elle avait prit un énorme risque en lui dévoilant ses intentions, mais elle savait que le seul moyen de mener à bien son oeuvre était de trouver un lien entre Dinak et les frontières d'Alsaria, et justement; elle l'avait trouvé...

"je veux me joindre à vous..." souffla enfin la jeune femme.

A telle réponse Uriel ne s'attendait point, et aussi eut il en premier lieu un mouvement de suspicion, au lieu d'un mouvement de joie. Cette personne n'était qu'à son compte, et de telles imprévisibles gens n'étaient pas tout le temps sûres. De plus, il n'avait jamais entendu parler d'aucun Seldaïs parmis les familles nobles, et cela voudrait dire qu'à la place de la province de Dinak dirigée par le Traître, Alsaria aurait un territoire inféodé, dirigé par une va-nu-pied... De quoi laisser présager des troubles à venir...

"la province de Dinak n'a pas de roi légitime, Dame Seldaïs, mais une reine, et ce n'est pas vous. Aussi faites attention, jeune femme, à ne pas vuloir prendre ce qui revient de droit à la couronne d'Alsaria. Je suis opposé au Traître, mais je suis avant tout au service de ma maisonnée, et de Sa Majesté. Rappelez vous en."

Mais maintenant que la jeune femme avait montré ses intentions d'en découdre, il ne pouvait la laisser partir, comme il en avait eut l'intention quelques minutes auparavent. Si elle se soumettait à la couronne, elle ferait un allié de choix, car ses prétentions devaient tout de même avoir pour source un certain statut. Mais si il la laissait partir, c'était prendre le risque qu'elle n'agise contre eux.
Uriel soupira ; les problèmes politiques étaient une plaie béante pour le monde. La guerre qui s'en suivrait, si le Traître massait ses armées, laisserait une cicatrice profonde dans ce pays, et risquait de réveiller des choses qu'on avait oublié depuis fort longtemps...

"Toutefois, Dame Seldaïs, j'ai le sang troublé par votre requête. Je ne peux vous aider ici, mais je vous soutiendrais, lorsque nous seront à la capitale."

En disant cela, Uriel annonçait clairement ses intentions de ramener la jeune femme auprès de Sa Majesté, afin de voir si un état de guerre pourrait être déclaré.

Invité

Nïmeesha vit bien, avant qu'Uriel ne lui dise, que ses paroles l'avaient profondément troublé. Qu'avait-il cru à son sujet? Pensait-il qu'il s'agissait de l'une de ces personnes dévouée corps et âme à l'ignoble traître? Et comment aurait-il pu croire une telle chose? Si c'eût été le cas, c'est certain, Uriel ne serait plus là pour en parler. Le fait que l'homme se méfie de l'évidence frustra dans un premier temps la jeune femme, mais elle comprenait tout de même pourquoi il se montrait suspicieux à son égard. Aprés tout, il se trouvait en territoire hostile, et ce n'est qu'un formidable coup de chance qu'il soit tombé sur une personne qui partage ses ambitions.

Nïmeesha avait baissé les yeux au sol pendant qu'Uriel lui parlait, comme pour mieux se concentrer, mais lorsque celui-ci prononca sa dernière phrase, elle releva brusquement la tête.

"la capitale?....trés bien, Uriel. Vous me conduirez à Alsaria, mais pas maintenant. Demain matin, si vous le désirez, nous irons à la capitale. A mon tour, j'espère ne pas me tromper en vous faisant confiance. Mais sachez que mes intentions sont nobles, et que je ne souhaite dérober la couronne de personne."

"et si vous voulez savoir pour quelle raison je souhaite mener cette guerre, sachez simplement que c'est plus....personnel que ce que vous croyez."

Sur ces mots, la jeune femme tourna le dos à Uriel, sa cape se soulevant légèrement à cause de l'air qui s'y était engouffré. Nïmeesha fit quelques pas et s'apprêta à descendre, oubliant que l'échelle avait été enlevée. Elle se ravisa soudain. Posant finalement un regard lourd sur Uriel, elle murmura :

"Replacez cette échelle, je vous prie. Personne ne rôde à cette heure par ici, vous êtes dans un village bien paisible, croyez-moi."

La jeune femme avait peut-être un rôle à jouer dans cette histoire, mais elle ne devait pas encore comprendre que ce rôle n'était pas entre ses mains, et qu'elle serait -tout comme lui- au service de la couronne. Une situation pas forcément enviable, mais Uriel en avait la charge, c'était le prix à pays pour être né avec le sang bleu. Est-ce qu'il désirait cela pour la jeune femme ? Sûrement pas.

"Vous n'êtes plus en masure de décider, dame Seldaïs. Me faire confiance équivaut à s'en remettre à moi, et au jugement de Sa Majesté."

C'était dur de lui annoncer qu'elle risquait de devenir un pion, si elle le suivait, et c'était contraire à sa foi de la prendre de force avec lui. Par excès de zèle, Uriel avait mis cette jeune femme dans une position délicate, et désormais il s'en voulait. Au départ, il cherchait simplement un guide pour trouver la caserne de cette bourgade, et au final il pouvait se retrouver, avec une sorte de prisonnière, dont il ne savait ce qu'il adviendrait. Il avait été totalement malhonnête.
L'homme se leva, et se dirigea vers l'échelle, qu'il empoigna et remit à sa position d'origine.

"Je vous laisse la nuit pour réfléchir et choisir. Demain, dès l'aube, je terminerais mes affaires dans cette ville et je partirais. Si me vous suivez, je ne garantis rien de vous, et votre capacité à décider risque d'aller décroissante. Vous êtes prévenue. À présent bonne nuit."

Sur ces mots, il s'écarta, laissant le passage vers l'échelle libre. C'était une petite trahison, en soi, mais ç'aurait été trahir son honneur et sa foi que de l'emmener de force avec lui. Il assumerais les conséquence, mais le coeur tranquille.

Invité

La décision d'Uriel allait être décisive pour la jeune femme, et elle attendait avec impatience de voir ce qu'il allait décider de faire. Elle fu finalement bien surprise de le voir empoigner l'échelle d'une main ferme et la remettre à sa place.
Un sourire se dessinna ausitôt sur ses lèvres fines. Il avait bien choisi, et, à vrai dire, étonnait de plus en plus la jeune femme.

"Je vous remercie de votre sincérité et de votre franchise" dit-elle d'une voix douce.

Elle posa un pied sur le premier barreau en bois de l'échelle, lorsque Uriel reprit subitement la parole pour la mettre en garde. Stoppant net son élan, Nïmeesha adressa un regard franc et chaleureux à Uriel, avant de répondre:

"ne vous inquiétez pas de mon sort, il ne sert à rien de me prévenir de la sorte. Je sais ce que je fais, croyez-moi. Je déciderai toujours de ce que je veux faire, et rien ne m'en empêchera. Vous le verrez par vous même. En ce qui concerne votre départ, je n'ai nul besoin de réfléchir davantage."

Nïmeesha posa un deuxième pied sur l'échelle et descendit en silence, s'enfonçant dans l'obscurité épaisse de la grange. Arrivée en bas, elle lança à Uriel:

"je vous attendrai demain matin au chant du coq, ici même. Je vous souhaite d'avoir un repos moins troublé que le fut votre arrivée ici, homme de foi."

Sur ces mots, Nïmeesha replaça le capuchon bleu nuit sur sa tête et sortit de la grange. Aucun de pas ne se fit entendre, car elle avait prit soin de quitter l'endroit dans le silence le plus total pour ne pas laisser croire qu'il y avait quelqu'un à l'intérieur. Une fois dehors, elle referma soigneusement les deux grandes portes battantes en vieux bois, puis s'arrêta quelques secondes avant de se retourner pour aller chercher son grand Ghani.

* Enfin, Azyrith Dan, pauvre fou, tu vas plier genoux à ton tour....*

Il avait eut beau la prévenir, la jeune femme s'était entêtée. S'impliquer dans une guerre pour d'obscures raisons n'était pas une voie à suivre ; on se battait pour une cause, et non pour son intérêt personnel, si justifié soit il. La guerre ne se faisait pas avec le cœur, mais avec la tête.

"Ne vous laissez gouverner par vos passions, gente dame, car elles pourraient vous mener à votre perte. Maintenant allez et dormez sereinement, tant que vous le pouvez."

Dès que la jeune femme posa le pied par terre, Uriel tira une nouvelle fois l'échelle vers lui, et la posa dans le foin. Il se releva, et marcha lentement vers l'ouverture faite dans le mur, et entraperçu la silhouette marcher jusqu'à l'auberge. Une fois que la femme passa le pas de porte, le moine détourna le regard, et revint à sa maigre couchette ; là, il ôta le lourd tissus que formait sa robe de bure, et posa sur une poutrelle. Il fît de même avec sa chemise, qu'il déboutonna et enleva.
Avant de se coucher, l'homme s'approcha du rebord, et, se mettant à genoux face à la lune, il pria, vidant son esprit de toute pensée. Ces instants où il faisait abstraction de tout mental lui étaient d'un grand bien, reposant le corps et l'esprit, aussi il prolongea ce moment durant une quinzaine de minutes, où seul le vide était dans sa tête. Enfin il rouvrit les yeux, et revint vers sa paillasse, où il s'allongea. Il était tout fourbu de sa dure journée, et la fatigue eut rapidement raison de lui.

La nuit ne fut pas excessivement longue, mais bien assez pour reposer et régénérer le corps ; lorsqu'Uriel ouvrit les yeux, il était serein. Ce n'était pas encore l'aube, et les seuls bruits qu'on entendait était ceux du vent et des insectes. Le Soleil n'allait pas tarder à se lever, et avec lui Nïmeesha Seldaïs également, aussi le moine devait se préparer au départ. Personne n'était encore debout -hormis lui, cela va de soi-, et il pu donc descendre de sa grange ; il avança et, avec souplesse, sauta du haut de là où il avait passé la nuit.
Une fontaine se trouvait juste devant l'auberge, et Uriel s'y dirigea, et procéda à une toilette plutôt rudimentaire ; il se mouilla et se frotta le visage rapidement, afin de se réveiller. Ceci fait, il s'en retourna vers la grange, qui malheureusement était fermée. Dans les brumes de l'éveil, il avait oublié ce détail, aussi il dut grimper pour récupérer ses affaires ; cette entreprise se révéla enfantine. Il s'élança, sauta, et se hissa à l'étage rapidement. Cette facilité déconcertante lui causa un léger frisson ; n'importe qui aurait pu en faire autant. Mais qu'à cela tenait, désormais il était éveillé.
Ne voulant pas être surpris ainsi, Uriel se hâta de mettre sa chemise, qu'il reboutonna à moitié, avant d'enfiler sa robe de bure. Le tissus était épais, et il fut d'un bon réconfort, par rapport à l'air frais du matin. Habillé, le moine reprit ses armes ; il passa la lanière en cuir du bouclier en travers de sa poitrine, de sorte à ce que l'objet soit accroché dans son dos. Puis, il ramassa son marteau, Jolmund, et revint vers le rebord, d'où il sauta à terre à nouveau, mais cette fois ci avec moins d'aisance, cela du au fait qu'il était plus alourdi.
Il était désormais près, et il ne lui restait plus qu'à préparer sa monture ; il se dirigea vers l'écurie, et poussa la lourde porte. L'animal s'éveilla au bruit, légèrement anxieux, mais fut vite rassuré quand son maître vint flatter son encolure. Uriel fît se lever le cheval, et s'affaira à le seller. Ceci fait, il le prit par la bride, et l'emmena vers la fontaine. Tandis que l'animal buvait goulument, le moine alla rapidement chercher une botte de foin dans la grange, qu'il apporta à son compagnon. Celui-ci ne se fit pas prier, et attaqua avec joie son repas.
Désormais il était complètement prêt, et il ne lui restait qu'à attendre que Dame Seldaïs le rejoigne.

Invité

Cette nuit-là, Nïmeesha n'avait pas dormi. Non, il faut dire qu'il y avait bien trop à penser pour pouvoir dormir.
Et en effet, toute la nuit, elle pensa à sa formidable entreprise, qu'elle était à présent sûre de pouvoir mener à bien.

Dès qu'elle fu sortie de la grange, Nïmeesha alla chercher sa monture, et , quittant le village au pas de course, se dirigea au coeur d'une forêt voisine. Là, elle connaissait un coin tranquille, en plein coeur de la forêt; un petit cabanon de bois recouvert par la végétation auquel personne ne prête plus attention.

Cet endroit était le lieu idéal pour réfléchir en profondeur à la petite conversation qu'elle avait eue avec le moine, ainsi qu'à la manière de mener son plan.
Evidemment, il n'y eut pas de matin ni de réveil pour la jeune Nïmeesha, puisqu'il n'y eut pas de nuit.
Dès les premières lueures de l'aube, elle sella rapidement le grand hongre gris, puis se mit en selle en direction de la grange, les idées extrêment claires dans sa tête.
Lorsqu'elle franchit le seuil de la forêt dense et sombre, une chaleur bienfaisante innonda son visage, et un frisson lui parcouru l'échine. La nuit avait été fraîche.
Ghani marchait d'un pas souple et ample, visiblement heureux de reprendre la route sous un soleil déjà lourd. Rapidement, Nïmeesha lança son compagnon au galop, appréciant de sentir le vent effleurer les courbes de son visage et de ses épaules. juste devant elle, se dessinait la silhouette du hameau qu'elle avait quitté la veille, et elle serra les flancs de sa monture qui prit davantage de vitesse. Il fallait faire vite, elle ne voulait pas manquer le départ pour Alsaria.

Finalement, le soleil était encore trés bas dans le ciel lorsque la jeune femme arriva en plein galop devant la grange. Uriel était là, fin prêt, l'attendant apparamment de pied ferme. Nïmeesha adressa un signe de tête à l'homme devant elle, et mit pied à terre prés de lui en tenant ses rênes dans une main. Ghani tendit le cou pour boire lui-aussi à la fontaine.
Nïmesha se tourna finalement vers Uriel, lui adressant un léger sourire.

"bonjour, Uriel. Comme promis, me voilà. J'espère que votre nuit n'aura pas été trop courte, car il faut partir immédiatement."

Enfin, arrivant à cheval par la porte principale de la bourgade, vint Nïmeesha, accompagnée des premiers rayons de Soleil. Malgré sa figure joyeuse, on pouvait voir quelques signes de fatigue ; des poches sous les yeux. Était elle si sûre, si elle n'avait que peu dormi ? Quelles pensées avait elle ruminée durant la nuit, il ne le savait point.

"Ma nuit fut parfaite, bien que ce ne semble avoir été votre cas. Ne vous avais-je pas dit de dormir, gente dame ?"

Peut importait, en fait, qu'à cela ne tienne. Elle en subirait les conséquences, voila tout. Cependant, Uriel était vexé ; il semblait que la jeune femme ne l'ait jamais écouté. Cela valait pour la nuit, et pour ses intentions, vu qu'elle voulait partir alors qu'il avait prévenu la veille qu'il avait encore à faire ici. Cela vaudrait il aussi pour ses avertissements ? Il ne l'espérait pas.

"Il va vous falloir refréner vos ardeurs, Dame Seldaïs. Quelques affaires me retiennent encore ici, et j'aurais besoin de vos conseils pour ce faire."

Il devait là encore faire état des lieux, des points stratégiques de la ville, comme les points d'eau, les silos à grain, et des troupes réservistes qui étaient ici. Avec les informations recueillies ici et dans les autres villages, il aurait de quoi faire état des troupes cantonnées dans la région de la frontière. État rudimentaire, bien entendu, car il ne pouvait trouver toutes les casernes, ni les villages éloignés, plus profondément dans le territoire Dinakien. Un grand homme avait dit "Connais ton adversaire, connais-toi, et tu ne mettras pas ta victoire en danger. Connais le ciel et connais la terre, et ta victoire sera totale.", et c'est ce qu'il mettait en application, même si le ciel était une science obscure que seuls les érudits arrivaient à déchiffrer.

"Auriez vous connaissance d'une caserne où d'un fortin, dans cette ville ? C'est tout ce que je veux voir, avant de partir."

Invité

Evidemment. Il n'était pas venu pour rien ici, et il faudrait que Nïmeesha lui serve de guide. Soit. Et puisqu'il l'aidera aussi par la suite, alors mieux vaut se soumettre, pour une fois; même si elle aurait préféré le pousser un peu, s'il avait fallu, afin de partir immédiatement. Mais il faut dire que cet homme s'était montré trés amical avec la jeune femme, et à plusieurs reprises. Bien sûr¨que Nïmeesha connaissait l'endroit ou se trouvait la caserne. Et puisqu'il y tenait tant et que c'était afin de....afin de renverser le traître, elle lui montrerai.

Nïmeesha regarda face à elle: le soleil encore un peu rouge du matin naissant dansait sur l'eau jaillissante, se mêlant avec éclat aux gerbes d'eau argentées. La lumière était encore un peu pâle, et il était doux de la sentir réchauffer tout son corps, petit à petit. C'était réellement une magnifique journée qui commencait, mais il ferait certainement trés chaud dès que le soleil serait haut dans le ciel dégagé. C'était aussi pour cela, que Nïmeesha ne voulait pas s'attarder. Même s'il est toujours argéable de chevaucher dans les vastes plaines de Dinak, il n'est pas aise de voyager le dos courbé par la chaleur d'un soleil trop cruel.

Nïmeesha se tourna finalement vers Uriel, lui disant d'une voix trés calme:

"veuillez pardonner mon empressement, Uriel, car il est vrai que je n'ai tenu compte que de moi."

Sur ces mots, elle se remit à cheval. Le grand hongre se raidit lorsque la jeune femme se hissa en selle, un peu nerveux.
Aprés avoir reprit ses rênes en main, Nïmeesha se pencha sur l'encolure de sa monture, parlant à Uriel:

"La caserne se trouve à l'autre extrémité du village, juste à la sortie de celui-ci. Je vais vous y conduire, vous donner tous les renseignements que vous voudrez. Vous finirez ce que vous avez à faire ici, et nous partirons. J'espère que de cette facon, vous aurez mené à bien la quête que vous a confiée votre suzerain."

La jeune femme se montra compréhensive et serviable, et Uriel en fut content. Il tira légèrement sur la bride de sa monture. Cette dernière, légèrement réticente, eut quelques peines à se séparer de son repas bientôt terminé, mais finalement suivit son maître, qui marchait juste devant elle. Rien ne servait de presser, les soldats ne seraient sur pied que dans une heure, aussi le moine pouvait se permettre de ne pas monter son cheval, le ménageant au vu du long trajet qui les attendait.
Uriel suivit Nïmeesha pendant quelques minutes, à travers les ruelles de la bourgade, jusqu'à arriver devant un bâtiment semi-fortifié ; la caserne. Les murs du bas étaient en pierre, mais au sommet s'élevait une basse tour, donc les bord étaient faits de demi-rondins, taillés en pointe. Il n'y avait pas de chaîne apparente sur la porte en chêne, aussi le moine pensa que les soldats en faction ici devaient se sentir à l'abri.

"Merci de m'avoir conduit là. Attendez moi un moment."

Le moine décrocha le marteau de sa ceinture, et le prit en main. Il s'approcha de la porte, et l'observa ; pas de signes de fermeture, aussi pouvait on espérer qu'elle soit ouverte. Après une petite poussée, il fut avéré que c'était le cas. Sans un bruit, Uriel se glissa dans la bâtisse, et chercha les quartiers administratifs. Il finit par les trouver, à l'étage, juste au dessus des dortoirs. La pièce était vide, et un silence de mort régnait dans tout le bâtiment. S'avançant vers les tables, l'homme souleva quelques parchemins, à la recherche du registre des soldats enrôlés. Sa recherche fut couronnée de succès, quand il trouva une carte de la région, ainsi que les registres. La bourgade où il se trouvait semblait superviser toute la région sur un rayon de quelques lieux, et sur ces parchemins étaient inscrits les effectifs, mais aussi les armements mis à disposition, et certaines caches étaient marquées sur la carte. De quoi permettre aux troupes d'Apremont de pacifier la région sans encombre, en cas d'assaut.
Un son vint aux oreilles du moine ; la cloche du réveil sonnait, et avec elle l'endroit allait bientôt être remplis de soldats. Il se pressa de ramasser les documents, qu'il fourra dans une sacoche, et quitta sans se faire prier la pièce. Il traversa la court rapidement, et passa les portes en chêne.

"C'est bon. Quittons cet endroit au plus vite."

Uriel se dirigea vers sont cheval, et attacha la sacoche à la selle. Ceci fait, il se mit en selle, et talonna sa monture, la faisant aller au trot. La porte n'était pas loin, et il la passa rapidement. Désormais, chaque pas fait l'éloignait de cette terre hostile, à son grand bonheur.

"Direction Apremont, Dame Seldaïs. J'ai grande hâte de retrouver mon pays."

Invité

[désolée pour cette réponse tardive, ma live box avait grillé^^]

Nimeesha avait attendu patiemment devant les portes de la caserne qu'Uriel fasse ce qu'il avait à faire.
Enfin, au bout de quelques minutes, un son de cloche résonna contre les murs épais de l'enceinte qui somnolait, et la jeune femme vit arriver l'homme de foi en courant. Lorsqe ce dernier eût passé les lourdes portes en chêne, il se remit rapidement en selle, et, sans perdre une minute, talonna sa monture qui pressa le pas en direction des portes de la ville.
Nïmeesha, surprise par cet empressement soudain, se contenta d'acquiescer lorsqu'il lui dit qu'il avait finit ses affaires, et le ratrappa en lancant son cheval qui arti dans un formidable bond en avant.
Arrivée à sa hauteur, elle ralentit sa monture, réduisant les grandes foulées de Ghani.

"j'ai hâte moi-aussi, Uriel. moi-aussi..."

Sur ces mots, la jeune femme adressa un sourire franc à Uriel, puis leva les yeux face à elle. Devant eux, une trés large plaine s'étendait jusqu'à l'horizon, une plaine d'un vert de velours, ombragée, parfois de quelques grands saules. Le soleil, comme elle le pesait, était déjà lourd sur ses épaules, et le voyage serait probablement long jusqu'à la capitale, mais qu'importe, la tentation était trop grande. Affichant un sourire en coin, un peu, il est vrai, malicieux, Nïmeesha regarda une nouvelle fois l'homme qui, avec beaucoup d'allure, chevauchait à ses côtés. Le grand hongre gris secoua la tête de haut en bas, ronflant bruyamment.
Finalement, n'y tenant plus, Nïmeesha se pencha sur l'encolure de son cheval, pressa trés légèrement ses mollets sur les flancs de l'animal, et avanca ses mains. Aussitôt, Ghani lança ses antérieurs loin devant lui, obéissant avec plaisir à la volonté de sa cavalière. Il faut dire qu'il n'attendait que cela, car il avait l'habitude de galoper dans ces grandes prairies dégagées. Lancé à toute allure, l'animal allongea ses foulées, avalant des dizaines de mètres d'herbe verte à la seconde.
Le vent s'engouffra dans les cheveux de la jeune femme, les faisant virevolter avec grâce, et elle n'eût que plus de plaisir de sentir ce vent frais danser dans ses cheveux, se frotter à son visage et à sa nuque.

Nïmeesha se retourna rapidement, jetant un coup d'oeil par-dessus son épaule. Uriel était déjà loin, et elle espérait qu'il aurait l'audace de la ratrapper.

[Pas de problème, je connais ça aussi]

Uriel soupira... À peine sortit de la ville, voila que Nïmeesha se mettait à galoper, pour son bon plaisir. Elle ne devait jamais s'être aventurée loin de chez elle, sinon elle aurait su qu'Apremont était à une cinquantaine de lieues d'ici. Il leur faudrait un peu plus de cinq jours pour arriver en territoire Alsarianien, et les parcourir à bride abattue n'était pas une bonne idée, sauf si elle voulait tuer l'animal. Mais cela, c'était peu probable, qu'elle ai hâte ou non.
Le moine fît trotter un peu plus rapidement sa monture, afin de ne pas se faire trop distancer. Comme il s'éloignait de plus en plus des portes, il pouvait baisser l'allure, mais mettre le plus de distance entre la ville et lui semblait être le plus sage.

Suivant le chemin, Uriel monta sur une légère butte, assez haute pour voir à l'horizon. On pouvait observer la cavalière, fonçant le long de la route, vers le Nord Ouest, se diriger vers un pont. Mais la route qui suivait le pont redescendait vers le Sud, en contrebas. Elle ne devait pas voir cela, aussi Uriel en profita pour lui montrer qu'il n'était pas si devançable. Il força encore un peu l'allure, se dirigeant vers la rivière. Celle ci n'était pas très profonde, et aussi il eut tôt fait de la passer à gué. En évitant de prendre le détour du pont, Uriel avait gagné une avance considérable, et il n'eut qu'à avancer d'une centaine de mètres pour arriver sur la route. De là, il pouvait voir la silhouette de Nïmeesha, et le nuage de poussière l'accompagnant. En quelques minutes, elle fut à son niveau.

"Dame Seldaïs, nous en avons encore pour cinq jours de voyage, aussi je vous conseille de ne pas partir trop vite."

En souplesse, il sauta de sa monture, la prit par la bride et marcha. C'était certes plus long, mais cela permetterait de garder l'animal frais, au cas où il aurait à galoper.

"Je vous suggère de faire comme moi. Ne dit on pas qui voyage loin ménage sa monture ?"

Invité

Nïmeesha dû bien se l'avouer, elle fu surprise de voir loin devant elle se dessinner la silhouette de l'homme qui l'accompagnait.
Elle le rejoignit aprés quelque secondes, et, arrivée à sa hauteur, arrêta sa monture qui se figea sur ses postérieurs.
La jeune femme redressa la tête, adressant un regard empreint de curiosité à Uriel. Elle avait vu ce qu'elle voulait voir, même si ce n'était pas prévu. Uriel s'était montré malin, bien plus malin qu'il ne laissait paraître....
Uriel conseilla à Nïmeesha de réfrénner ses ardeurs, et de ne pas partir trop vite. Avait-il raison? Savait-il seulement?
il semble qu'il n'ait pas encore prit conscience de l'urgence de la situation. Et si son étalon n'avait l'habitude de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres en une journée, alors il n'avait qu'à, lui, la suivre de loin. Ce qui, tout de même, était étonnant, fût qu'un hongre y parvint sans problème, mais que, selon Le garant de la lumière, un étalon en mourrait.
Poussant un profond soupir, la jeune femme descendit elle-aussi de cheval et flatta l'encolure luisante de Ghani.

"si vous saviez, Uriel, la distance que nous avons parcourue tout deux en bien moins de temps, et ce, à vive allure, car parfois, vous conviendrez que nous n'avons pas le choix, vous vous remettriez immédiatement en selle. Votre monture ne se fait pas autant de souci que vous, croyez-moi."

Elle prit les rênes de Ghani dans ses mains, marchant à côté de celui-ci en compagnie d'Uriel.

"mais soit, reprit-elle, je pense que c'est à moi de prendre exemple sur vous, homme de dieu."

Nïmeesha sourit à ces mots. Quelle Ironie....
La jeune femme marcha encore quelques mètres en compagnie d'Uriel, admirant le vaste paysage qui s'étendait devant elle, puis tourna la tête vers son compagnon de voyage, demandant sur un ton sérieux:

"Parlez-moi un peu de là d'où vous venez, de cet endroit qui se trouve si proche de Dinak"

À l'entendre, elle avait beaucoup voyagé en Dinak... Cela serait sûrement intéressant de tirer profit de ces connaissances, car depuis que la province avait fait sécession, les archives à son propos étaient devenues complètement obsolètes, et les espions Alsarianiens se faisaient rares, de peur d'être capturés. Ce brouillard de guerre quasiment opaque qui était tombé sur la province était la source de nombre d'inquiétudes, d'où sa mission.

"Vous êtes sûrement une grande voyageuse, Dame Seldaïs, mais il n'y a pas moins de cinquante lieues d'ici à Apremont, et nous ne nous arrêterons pas, si ce n'est pour de rapides nuits ou de frugales collations. Vous êtes prévenue, désormais libre à vous de fatiguer votre monture inutilement. Quant à moi, vous connaissez mon choix."

Uriel continua de marcher, le pas régulier. Il n'allait peut-être pas très vite, mais au moins il ne variait pas ; pas d'accélération, pas de ralentissement. Un pas qu'on ne peut arrêter.
Le moine fut amusé un instant par la façon dont Nïmeesha l'avait appelé ; bien que ce fut légèrement insultant, ce n'était sûrement pas une offense voulue, mais plutôt une erreur innocente due à l'ignorance.

"Nous ne vénérons nul dieu, Dame Seldaïs. Une part de Lumière est en chacun de nous, tout comme une part d'ombre. C'est en combattant sa part d'ombre que nous nous rapprochons de la Lumière. La voie n'est pas dans le ciel, la voie est dans le cœur, souvenez vous de cela. Nous avons tous une part de Lumière, ou de divinité si vous préférez, en nous."

"Quant à mon pays, il n'est pas si ancien que cela, il n'a que trois siècles. Autrefois, les collines bordant le fleuve n'étaient peuplées que de tribus nomades, vivant de leurs troupeaux, de la chasse, ainsi que de la cueillette. Petit à petit, ils vinrent à s'installer, développant l'agriculture sur les berges du fleuve, et l'enlevage. Mais les temps étaient durs, et cette prospérité du village attira nombre de maraudeurs. La région étant lointaine de la capitale, la couronne ne put envoyer de troupes, et aussi fût-ce Aldaran, père de ma maisonnée, alors destitué de ses titres et en exil pour avoir insulté le roi, qui arma les paysans, et rétablis l'ordre. Pour le récompenser, la couronne lui offrit les terres d'Apremont, où il bâtit son château. Mais la rancœur du Roi étant encore présente, il ne put se rendre à la cour, pour son bien ou pour son mal. Dès lors, le comte actuel descend directement d'Aldaran d'Apremont. Vous savez à peu près tout."