Une intriguante rencontre [TERMINE]

Cela faisait un long moment que la jeune femme n’avait plus remis les pieds en ce lieu, pas par peur, ni par besoin mais parce qu’on l’y avait poussée.

Combien d’années s’étaient écoulées ? Elle ne savait plus, elle ne comptait plus depuis un temps, à quoi cela servait t-il ? A rien et pourtant en ce jour pluvieux, elle était là dans la campagne inondée par les crues du lac Narnoch Geths.
Le duché n’avait pas changé toujours aussi fier et imprenable trônant sur sa haute colline, ceux y vivant à ses pieds n’étant que des minuscules figurines animées.

Elle marcha en silence suivant son maître le couturier Ilan Deck assez réputé en Ellandry, il avait racheté la jeunette pour s’en faire une épouse, hélas elle n’était pas du genre facile et docile, quelques claques s’y perdaient trop souvent à son goût.
Comme les autres, Ilan avait été charmé par sa blonde chevelure, son regard émeraude, sa silhouette gracile et fine, pour une fille sortie de la cambrousse elle était drôlement raffinée…

Comment en était-elle arrivée ainsi, elle qui avait tout eu, des parents généreux et nobles, trois frères adorables, à ce jour il n’en restait aucun, seule rescapée de l’attaque nocturne de leur domaine seigneurial. Fulyon l’avait sauvée du massacre, la faisant fuir, cette nuit avait été horrible, des cris, des flammes, les Dinakiens hachaient les pauvres âmes qui passaient sous leur lames effilées. L’odeur des chairs calcinées, l’avait fait tousser encore de nombreux jours après, sans compter les cauchemars incessants, réveil douloureux, onde de terreur lui parcourant le corps. Il s’était bien occupé d’eux mais sa blessure à la jambe, entaille de 15 centimètres, longuement soignée finit par lui empoisonner le sang, emportant le dernier de ses frères dans l’autre monde.

Elle avait pleuré souvent, mais sa condition de fille de seigneur n’existait plus, surement pas ici en terre de Dinak. Elle s’était faite fantôme, se nourrissant en volant un temps mais bien vite se fit prendre, revendue à un commerçant de grand nom sur un marché aux esclaves, elle débuta une nouvelle vie sous le pseudonyme de Loryne Deck.
Elle parcourait les territoires de Tosya en tant que courtisane et couturière, son instruction lui étant finalement bien utile. Elle était allée dans quelques nobles maisons, cotoyant secrètement l'opulence et la luxure dont elle jouissait dans son enfance, son adolescence, souvenirs révolus.

L’imposture fut un peu plus difficile au retour en Yarkolie. Ici, elle n’était pas quelconque son visage rappeler vaguement quelqu’un, une vie perdue, encore une victime de cette guerre dont le duc de la Violette faisait son cheval de bataille. Gloire et honneur étaient ses principes, rendre à la Yarkolie ses frontières d’antemps.

Qui était ce duc de la Violette, s’agissait-il de Merkus ou de son père ? Pourquoi ce nom? son nom. Qu’était-il arrivé à ce beau jeune homme qui lui avait promit monts et merveilles ? Avait-il lui aussi périt par les armes de leurs ennemis ?

Le couturier de renommé était attendu chez un riche commerçant le lendemain, les deux silhouettes, l’une grasse et âgée avançait en tête et l’autre plus petite et fine en queue. Un âne tirait une carriole surchargée d'étoffes et de tissus en tous genres, créations du maître d'oeuvre, le tout recouvert d'une large bache. Encapuchonnés de la tête aux pieds, ils traversèrent un peu avant la nuit tombée les hautes murailles de pierre et le pont levis, se mettant à l’abri de la forteresse. Le cœur de la jeune femme battait à tout rompre en voyant l’étendard flottait au gré du vent au dessus de leur tête.

« Merkus… »Souffla t-elle faiblement alors qu’ils tournaient à un angle pour arriver devant une auberge...

Enfin la pluie cessa, la couche avait été douillette et le repas de la veille copieux, l'hospitalité des Yarkolliens restant légendaire malgré la guerre et la méfiance. Elle s'était levée tôt ce matin là, à peine reposée de la marche de la journée précédente.
Illan dormait encore, elle enfila ses bas et sa robe de laine grossièrement travaillée, une paire de sabots, remonta ses beaux cheveux à l'aide d'un lacet de cuir et enfila une cape chaude pour filer au dehors se repètre des odeurs de l'aube.
Le boulanger aux fourneaux cuisait le pain du jour, les commerçants ouvraient leurs étales pour le marché, le forgeron battait son fer et les domestiques remplissaient leur panier de victuailles.

Elle retrouvait en ce lieu son enfance, les moments passés à courser son frère et Merkus qui se jouaient d'elle, la semant dans les ruelles étroites de la cité pour l'entendre geindre et maugrer des jurons, à leur grand plaisir. Une pointe de jalousie piquait souvent son teint de rose aux joues, quand elle voyait le jeune duc en discussion avec une demoiselle, alors que ce n'était que pour la faire enrager un peu plus.

Furetant au gré de son humeur, elle bénéficiait encore de quelques heures, l'essayage ne se passerait qu'en fin d'après-midi, l'hôtesse ayant invité ses amies pour le goûter.
L'air encore humide, lui fit tirer sa capuche avant que ses cheveux ne frisent davantage, elle restait toujours aussi ravissante et fraîche. Les premiers petites gens arrivèrent rendant la place plus attractive.

Merkus étais enfin arrivé à son choix ! Aujourd'hui, au petit matin du jour neuf du mois de Pirkam, il avait eut à choisir entre deux grands faits qui marquerait en bien ou en mal l'histoire du duché. Depuis de nombreuses années et mois, Merkus de la Violette, premier du nom, était arrivé à la décision que la guerre contre Dinak devait arriver.

Ce choix avait étais inspiré par des nouvelles qu'il avait reçu de ses espions dans la Yarkollie Dinakienne, d'Hunminbourg. Son service d'espionnage avait en effet était confronté à une mise à mort de l'un d'entre eux. Illiniac de Polnorv avait étais dénoncé et attrapé. Son sorts étais fait, et son éxécution fut remarquablement épouvantable.
Afin de mater et destituer tout espion, la noblesse Dinakienne avait choisis de tuer avec l'espion, deux cents autres habitant qui allaient finir brûlé dans une église. La mort fut épouvantable et l'odeur avait envahit l'endroit pour cent un an au moins. Mais plus que ça, l'honneur des Yarkolliens avait été scandalisé. Il était venu le temps de montrer à l'occupant que la couronne à cinq étoiles était toujours bien vivante.

Le Duc allait annoncer aujourd'hui que la Yarkollie allait entrer en guerre, une annonce qui allait engager de nombreux sacrifice à son peuple, mais que tous accepterait avec foi envers leurs devoirs et en accord avec leur bravoure. Mais avant ils devraient convaincre quelques gens importantes de la ville à opter dans sa direction.

Enfin avant tout cela, ils devaient se rendre chez Malia de la Risionnance, pour qu'elle puisse faire tailler une cape à sa taille. Pour dire le vrai, Malia essayer surtout de convaincre le Duc à épouser sa fille, et le Duc fort peu envieux de passer anneau à son doigt, la visite serait très ennuyante, on disait de la fille Risionnance qu'elle était d'une bêtise à en faire rougir un bouffon, enfin il se devait de garder de bon contact avec Malia, qui lui serait indispensable pour sa déclaration de guerre, elle avait en effet une grande influence sur la noblesse Yarkolienne.

Merkus se rendit donc au rendez-vous, en espérant pouvoir parler de son choix à la dame pour obtenir son appuie. Il s'y rendit avec son escorte habituel de cinq hommes, qui l'amenèrent jusqu'à la demeure de la noble avant de l'y attendre en bas. Même dans sa propre ville, il devait faire attention à de possible assassin.

L'hotel des Risionnances étais situé dans le quartier des jardins de Tornebouc, un des plus appréciés de la ville, pour ses nombreux parc. Merkus ne tarda pas à être en compagnie de sa fille. La première était une grande femme, qui malgré un âge qui avançait de plus en plis visiblement sur son visage, elle gardait un certain charme, la deuxième avait hérité de la beauté de sa mère, ni trop grande, ni trop petite, elle avait un visage angélique, avec ses doux cheveux blonds approchant plus d'un or étincelant, mais son esprit était des plus simple qu'on avait du mal à ne pas rire à ses propos.

-Monsieur le Duc, cela fait grand plaisir de vous voir être venu ici,

-C'est avec plaisir de voir votre beauté que je me rend presque deux fois par semaine chez vous, ma dame, répondu le Duc avait sa voix naturellement charmeuse.

La Dame en question roucoula sous la flatterie, se sentant être toujours comme au temps de sa belle jeunesse, ou elle était la plus femme de la cou de Yarkollie, au temps du père de Merkus.

-Oh monsieur le Duc, je pense que vous devait connaître ma fille, Elisa.

-En effet, qui ne serait connaître votre fille, vous nous vantait sa beauté à chaque soirée, ainsi donc je peut constater que vos louanges étaient justifié.

La belle Elisa rougie innocemment de la flatterie, et leva ses beaux yeux bleus sur le Duc, ses légères lèvres ou un fin duvet se laissait apercevoir, rendant la fille des plus agréables à regarder.

Le gouter se passa assez simplement, avec trois ou quatre autres mondains, les ragots sur la cour, et autres belles histoire totalement inutile, se racontant à grande fusion. Au milieu de ce dit gouter, l'hôte eut l'idée de faire venir des couturiers de passage pour leur présenter quelques produits.

Ces derniers leur présentèrent différents pourpoints, écharpes, gants,... Ou la plupart des hôtes semblaient s'y intéresser, le Duc préféré parler avec Elisa, et se rendit compte de la simplicité de son cerveau en appréciant ses beaux yeux bleu dirigés vers lui. Malia, les interrompit devant prendre la taille du Duc par l'un des couturiers, elle tenait à lui offrir une cape de sa création.

Merkus se laissa mesurer en regardant rapidement ses gens du petit peuple, son peuple. Son existence semblait en effet très loin de la leur, il n'avait pas à lutté pour se nourrir et se chauffer, il se contenter de vivre pour avoir le droit à une vie confortable, il était conscient que cela était injuste, mais il se lavait la conscience en se disant qu'il sacrifier sa vie pour son peuple.

Son regard et son intention était dirigé vers l'une de ses personnes, une femme aux soyeux cheveux blonds, et à une beauté qui lui donna une impression de malaise. Elle ressemblait énormément à Violette, malgré le temps il n'avait pas oublié le visage de son ancienne amie disparut.

llan Deck était pressé, il chargea sa carriole alors que Violette le rejoignait assez intriguée de tant de hâte. La ballade du matin lui avait fait le plus grand bien, retrouver sa terre d’enfance, des lieux, des ruelles, des odeurs rassurantes et enivrantes.
S’approchant, elle se pencha, le couturier resserrait la sangle d’un des deux cotés
"Que se passe t-il?" demanda t-elle
Il sursauta et lui lança un regard noir, ce qui fit sourire la jeune femme au caractère certes effacé par les temps qui couraient mais pas des moins mort.
"Ah, c’est toi, il était temps ! J’ai eu vent que le duc Merkus de la Violette est également convié cette après-midi chez notre hôte du jour" maugréa t-il « Il faut donc faire meilleur impression, va enfiler une robe plus convenable que ce chiffon ! »
"Merkus ?" répéta t-elle à mi voix, contournant la roulotte pour sangler l’autre coté de la bâche. Changer de robe, non elle préférait rester discrète et fantomatique que de s'afficher.

Elle se grima bien plus qu’elle ne se fit belle, craignant qu’il ne la reconnaisse, l’aimerait-il encore ? Qu’elle était stupide, il devait surement avoir pris femme maintenant ou courir après de jolies nobles dames…
Ils se mirent en route en milieu d'après-midi et arrivèrent aux pieds du luxueux hôtel, levant le visage devant pareille hauteur, elle admira la battisse de pierre, se sentant insignifiante et angoissée.

Pendant qu’ils déchargeaient la marchandise, aidés des domestiques de la maison, Violette pu remarquer l’arrivée du duc, chevauchant un destrier à fier allure, son escorte lui collant au train pour une plus grande sécurité. Elle rougit violemment le reconnaissant, c’était bien lui, ainsi il avait pris la place de son père, il en était tout à fait capable, déjà à l’époque il avait une ambition et une soif de faire ses preuves hors pair. Il avait pris de l’âge, il était devenu un homme et plus un jeune homme tout comme elle une femme, il était beau et elle se maudit d’avoir ainsi fuie pour sa vie et surement perdue la place qui était sienne à ses cotés.

Passant dans le couloir des domestiques, elle ne put qu’entrevoir quelques personnes et entendre quelques bribes de la conversation dans la pièce avoisinante: des voix, deux de femmes et une assez grave, masculine. Elle s’arrêta les bras chargés de tissus pour scrutait discrètement, la voici enrôlée en espionne plus qu'en couturière, décidément où était passée la jeune fille de bonne famille qu'elle avait été?...
Du charme, des flatteries, des rires coquins, la bourgeoisie parlait pour eux, tant de chichi dans la haute société, elle n’en avait plus l’habitude. Dire que cela lui manquait? non elle avait toujours été franche et directe. Elle allait reprendre sa route jusqu’au salon mais un mouvement attira son attention et ce qu’elle vit ne fut pas pour lui plaire !

Elle se tenait tranquille dans un coin et venait quand son maître lui ordonnait de le faire, afféré, il présentait ses nouvelles créations à son public tout ouïe. Son travail à elle consistait à la prise des mesures, très peu passionnant.
Violette était assez furax de voir Merkus converser avec une blonde, encore cette même nobliaude qu’elle avait vu un peu plus tôt avec lui, dans cette fameuse pièce…
Etait -elle jalouse, encore ? après tout ce temps éprouvait-elle quelques sentiments à l’égard du beau brun qui se pavanait tel un coq au milieu de son poulailler, caquetant avec ses poulettes de grand luxe ! Elle fut sortie de ses songes.
« Loryne vient là, prends les mesures de la dame » l’appela le couturier se qu’elle fit aussitôt alors que lui-même s’occupait du duc, accumulant courbettes et éloges à sa gloire et en son nom.

Passant à coté de Merkus de la Violette, la dénommée Loryne n’eut pour lui qu’un regard sombre contrairement à toutes les autres attroupées dans le vaste salon, qui étaient venues plus pour se faire voir de ses beaux yeux verts que pour acheter un quelconque vêtement.
Et bien quelle aubaine, voila qu'Ilan la fichait avec cette écervelée de blonde qu’elle détestait déjà sans même la connaitre et se fit un plaisir de la brusquer un peu à la prise de ses mensurations. Que lui trouvait-il, elle n’avait rien de plus qu’elle, ah si la fortune !

Hors d’elle, elle ruminait ses restes de sentiments à l’égard d’un souvenir qui n’était plus, il n'en restait qu'un vantard, debout comme un piquet au centre de la basse cour, pseudo guerrier, arrogant et simpliste se convainc t-elle.

En quelque sorte, elle passa une très mauvaise après-midi, la présentation et l’essayage étaient bien la partie de son travail qu’elle aimait le moins. Elle préférait de loin créer, coudre et assembler le textile pour en donner une œuvre unique mais en général, elle arrivait à se divertir des manières des uns et des autres.
Aujourd'hui, c’était tout à fait différent, il était la et ne se rendait même pas compte de sa présence, la snobant ouvertement et pourtant non, en ramassant les vêtements éparpillés un peu partout, elle nota son regard sur elle, elle sentie le rouge lui monter aux joues et se retourna immédiatement, préférant quitter de suite le salon pour charger à nouveau la carriole alors que la nuit tombée.

L'air frais était agréable et termina de calmer son esprit échauffé, elle posa son bagage au fond sur le bois et resta ainsi à inspirer longuement, laissant échapper des voluptés de fumée à travers ses lèvres entrouvertes, tournée vers l'immense domaine ducale.

Merkus préféra jouer la carte de celui qui ne remarqua rien, il ne pouvait pas demander à la jeune femme qui elle était, cela serais mal vu par l'hôtesse, de voir qu'il s'intéresse à une simple couturière quand elle voulait le faire épouser sa fille, chose qu'elle ne savait pas encore mais qui n'arriverais jamais, nul entrave pour la Violette, comme disais lui même Merkus.

Il fit donc de ne rien remarquer, de ne rien avoir cru voir, et cacha son trouble par un comportement hautain. Il passa le reste du gouter à parler avec la blonde écervelé,et après avoir parler de son projet, et obtenu la promesse du soutient de la Dame de Risionnances, qu'il repartit vers son palais, mais toujours avec cette impression d'avoir raté quelque chose, et la certitude encore plus grandissant qu'il s'agissait bien de son ancienne dulcinée.

Le doute le rongea presque toute la nuit et le soir, il mangea peu, et parla presque nullement. Une fois les divertissements offert par la cour finit, il alla dans son lit, seul et ne parla à personne avant le lendemain matin. Il était perplexe, et commencer à échafauder des moyens de savoir si cette couturière avait un lien avec Violette.

Il appliqua un de ses plans assez simplement, prétendant vouloir changer sa garde robe, il envoya un messager prévenir les couturiers de la Risionnances de venir a la demeure du Duc, le message donnait ça:

Très habile couturier,
Le Duc vous fais l'honneur de vous confier à sa demeure, ce matin même pour avoir l'honneur de lui confectionner quelques habits.

Allert de Fatignac,Chambellan du Duc.

Pour passer le temps, le Duc alla dans la salle d'escrime, et fit quelques passes d'armes avec des nobles, gagnant à chaque fois contre ses adversaires, il était l'un des plus fins escrimeurs de Yarkollie. Une fois son corps lavé, il ôta son traditionnelle vêture blanche qui lui donnait parfois le surnom de l'Ange des Montagnes, et alla attendre l'arrivé des couturiers.

Le chemin du retour fut un éternel monologue d'Ilan qui ne cessait de jacasser de tout ce qu'il venait de vendre et de l'argent ainsi engranger. Le sourire lui balafrant presque le visage d'une oreille à l'autre, il avait une tête de demeuré, Violette ne dit rien, l'écoutant distraitement, elle acquiesçait de temps à autre faisant mine d'un accord.

Elle était heureuse de rentrer se mettre au chaud à l'auberge, souper et se rafraichir un peu du dur labeur aussi bien physique que moral qu'elle avait essuyé durant l'après-midi.
Devant le miroir, elle s'examina, de grands yeux verts émeraude, de magnifique cheveux ondulés et blond, une silhouette fine, elle se tourna de trois quart pour admirer sa taille, oui, elle n'avait rien à envier à l'autre donzelle! Il l'avait tout de même regardé, se souvenait-il d'elle alors? où était ce seulement une attirance physique ou encore un vestige du droit de cuissage?

Elle laissa ses questionnements de coté pour rejoindre son époux officieux et se glisser à coté de lui dans les draps, bien heureusement il était éreinté ce soir et ne l'embêterait pas pour assouvir ses pulsions de mâle dominant...Violette rêva d'un temps ancien, d'un temps où Merkus lui avait demandé sa main, de ce temps si heureux ou tous deux étaient réunis, pensant cela irréversible et immortelle.

Le lendemain, alors qu'ils s'empressaient de plier bagages pour d'autres contrées et d'autres clients, Illan eut une surprise de taille en la forme d'une lettre cachetée au sceau du duc de la Violette. Rentrant à nouveau dans leur modeste chambre dès plus confortable cependant, il la brandit un air triomphant.
"Loryne, voila que nous sommes invités en la demeure du duc lui même" brailla t-il fou de joie.
Contrairement à ce qu'il aurait cru, la jeune femme se décomposa et ne partagea absolument pas sa victoire d'être ainsi reçut par noble personne. Pourtant, elle ne dit rien et obéit docilement.

Le trajet fut tout aussi éprouvant que la veille, le vieil âne fatiguant à la charge, ils arrivèrent avec un peu de retard. Patientant dans le hall, le maître couturier attendait les yeux grand ouvert, contemplant portraits de famille, colonnes de marbre et de plâtre sculptées et autres richesses du lieu.
Violette rangeait soigneusement ses cheveux sous un châle dont elle s'était parée pour se rendre plus pauvrette qu'à l'accoutumé, voulait-elle qu'il s'intéresse à elle ou non? A vrai dire elle était bien incapable de répondre. Se tordant les mains, elle se tenait près de cet homme qui l'exploitait et qui était pour l'heure son seul référent.

Le Duc s'était renseigné un peu plus sur cette femme, Loryne Deck, femme du couturier Ilan Deck, d'après d'autres rapports elle aurait été esclave, racheté, affranchi et épousé par le maître couturier, soit aucune information qui parvenait à lui faire savoir si elle possédait un lien quelconque avec Violette. Il devrait lui parler directement.

Le Duc accueillit le couturier lui même, le flattant d'être un des plus grands maîtres couturiers, alors que son travail n'était pas vraiment du goût du jeune noble. Mais il faisait avec, après tout il n'était pas ici pour acheter des vêtements.

Il accueillit les artisans dans son petit salon, une salle bien décoré de tapisserie onéreuse, et d'objet d'art tout aussi couteux. La Yarkollie avait la réputation d'être l'une des terres les plus riches en raison des nombreuses extraction d'or dans son domaine. Et cette richesse devait se refléter dans l'habitat du Duc, soit rien n'était omis pour faire naître la grandeur du luxe.

Le couturier voulut présenter quelques uns de ses tissus, mais le Duc coupa court à ses présentations qui l'ennuyé assez bien, pour présenter un verre de Montcote de six ans, un vin excellent et très couteux.

-Vous prendrez bien un verre s'il vous plait ? dit le Duc en tendant un verre de ce précieux breuvage à l'homme.

Pendant que le Duc discutait avec l'homme du peuple, son brave serviteur Jehan le bouffon, était en pleine enquête, jouant des mots il arriva à en savoir un peu plus sur cette Loryne, elle serait une fille des horizons, mais rien de plus sur son passé.

Merkus devrait agir directement pour savoir qui était cette jeune femme.

-Excusez moi cher Ilan, dit le duc en posant sa main sur le bras de l'homme avec un faux sourire amical, mais qui est cette femme parmi votre troupe, il me semble l'avoir déjà vu.

Le Duc multipliait les geste d'affection avec le couturier pour le mettre bien à l'aise et obtenir les renseignements qu'il avait besoin. Au préalable il avait donné pour consigne à Jehan de tenir les gens de sa troupe dont Loryne hors d'écoute des propos qu'ils échangeaient, d'ailleurs le bouffon se décida à aller parler à la jeune femme.

-Elle cherche la fleur au fond de l'étang, mais ne trouve rien de semblable, elle cherche son passé dans le fond de la rivière, mais il faut y plonger pour le voir, chanta Jehan en sautillant, et vous mon enfant que pensez qu'il vous faut fasse faire pour retrouver votre passé ?

Ilan Deck était ravit de tant d'attention de la part du duc, lui fidèle serviteur de toutes les têtes couronnées, des nobles et autres haut rang n'avait cependant pas trop apprécié de devoir remballer aussi vite sa marchandise, sa fierté pour dire vrai.
Pourtant le léger voile de contrariété qui passa une minute dans son regard s'évapora instantanément au grand cru proposé dans un verre de cristal, il accepta volontiers et trempa ses lèvres dans le délicieux élixir.

Détaillant encore la riche demeure, il ne vit pas se laisser berner et amener sur le chemin de la confidence par l'habile duc de la violette. Répondant docilement à ses questionnements, ni voyant aucun mal ou fourberies en tous genres.
"Et bien certains disent, mon cher duc, qu'elle est ma femme, mais je dois bien vous l'avouer, elle ne l'est point, car hélas belle comme le jour, elle n'en reste pas moins une démone des abysses à son caractère aussi affirmé que celui d'une mule" expliqua t-il jetant un œil à sa conquête.
"Vous intéresse t-elle?, je peux vous la vendre à très bon prix, peut être arriveriez vous à en tirer meilleur partie que moi"

Et pourquoi pas, l'idée n'était pas si mauvaise en soi, Loryne était douée pour la couture mais il essuyait trop souvent des rebuffades de sa part alors qu'il voulait la posséder toute entière, il n'était pas stupide, elle se réservait pour un autre coquin! Il voulait descendance et cette pouliche ne lui en donnerait pas.
Ainsi, il commença à vanter les mérites de la jeune femme comme une vulgaire marchandise, alors qu'elle ne s'en souciait pas, plus loin, elle préférait regarder par la fenêtre avant d'être tirée de ses songes par le bouffon.

"Je ne pense rien, je ne cherche pas mon passé, je vie mon présent" dit elle sombrement puis se tourna vers lui, lui accordant un agréable sourire
"Que me vaut l'honneur de votre intérêt? ne devez-vous pas amuser la galerie?"
Croisant les bras sous sa poitrine, elle l'observa fièrement sans animosité, il était doux de l'approcher ainsi, par le biais d'un serviteur, alors qu'avec son rang et sa stature il lui suffisait de commander pour qu'elle vienne à lui.
"Est-ce votre maître qui vous envoie? c'est vrai qu'il est bel homme mais aussi vrai qu'il coure après une autre, qu'il ne se fatigue pas tant, je ne serai de celles parmi ses conquêtes d'une nuit." l'éconduit-elle aimablement quoique un peu prétentieuse car qui disait qu'il voulait d'elle? Instinct de femme...

Merkus fut assez étonné de voir que l'homme était près à vendre la femme comme ses tissus. Il n'aurait pas à batailler pour la posséder au moins, enfin il ne sait pas s'il devait l'acheter ou non. Il possédait déjà assez d'esclave et n'en voulait pas plus. La pratique de l'esclavage en Yarkollie était totalement courante, mais non héréditaire. Certains bandits ou d'autre devenait esclave, mais leur enfant ne l'était plus, pourtant tout le monde savait que tous pouvait du jour au lendemain devenir esclave, car les trafiquants n'hésitait pas à enlever de simple paysan pour les revendre.

Après quelques échangent de prix, celui du couturier fut le dernier, et le Duc envoya Jacklus cherchait sa bourse. La Maitre de la Trésorerie Ducale, ne tarda pas à revenir avec la bourse de soie, et l'achat fut réglé assez rapidement. N'ayant plus rien à attendre du couturier il prit congé de lui, et regagna son bureau, ou il devait s'entretenir avec quelques Seigneur de Yarkollie, il verait la nouvelle esclave plus tard.

-Vous partez bien vite en besogne belle dame, en pensant que monsieur le Duc pourrait vouloir de vous comme conquête, pensez vous être aussi importante que les plus grande dame de la cour ? Car nul ne peut lui résister au Charmeur Fou, ni même la Dame Rouge, ni les Pieds mouillés, et vous La Couturière vous pensez pouvoir ? Noble sentiment, mais moi le Bouffon Garneux je ne suis qu'un simple serviteur du Duc, et non son émissaire, mais vous pourriez lui demander lui même, dit Jehan qui aimait donné des surnoms à tout et toute, Merkus avait hérité du Charmeur Fou, ou de la Sauterelle.

Le Bouffon continua à sautiller par ci par là, provoquant le rire des femmes et hommes. Jouant des rires, il reçut un billet du Duc l'informant de « mettre au vert la nouvelle esclave », comme il aimait le dire. Le Garneux rejoignit la dame.

-Vous qui semblez vouloir détrôner la reine, peut être pourriez vous d'abord obtenir de nouvelle chaussure, car de main de couturier vous passer au main des nobles, suivez moi, je dois vous mettre au vert, dit le bouffon en riant comme un vrai enfant.

Le Garneux l'emmena chez la Maronne Loisi, maitresse du personnel et responsable de la bonne tenue de la demeure ducale, c'était elle qui commandait tout les serviteurs, esclave ou non. A peine arrivé, Loryne reçut la tâche de nettoyer la salle de réception, sans plus de présentation que cela, tandis que Jehan le bouffon regagna les jardins, en sautillant et en racontant ses nombreuses histoire.

Ce ne fut qu'a la fin de la journée, que Merkus appela la nouvelle esclave dans la salle de reception.

Ainsi voila qu'Ilan l'avait vendue, il s'était débarrassé d'elle, elle l'avait bien cherché faut il dire, à ne jamais vouloir le satisfaire, elle devenait maintenant la marionnette d'un autre, qui plus est de Merkus lui même.
Non, elle ne voulait pas être son esclave! Elle avait été bien plus que cela et dès qu'il ferait tomber le masque quelle déception lirait-elle sur son visage? Sa belle Violette réduite en servante, à l'esclavage alors qu'avant elle était maîtresse de maison, elle sentait déjà la honte s'emparer d'elle.

Le couturier ne vint même pas lui dire au revoir, n'ayant pas prévu qu'elle ne rentrerait pas avec lui, elle venait de perdre ses quelques affaires personnelles et parmi elles des souvenirs auxquels elle tenait beaucoup. Elle le regarda partir avec une certaine peine, elle vivait avec lui depuis plusieurs années et maintenant que ferait-elle? La réponse lui fut bien vite donnée, le bouffon réapparaissant dans son dos.
-Vous qui semblez vouloir détrôner la reine, peut être pourriez vous d'abord obtenir de nouvelle chaussure, car de main de couturier vous passer au main des nobles, suivez moi, je dois vous mettre au vert, avait dit le bouffon en riant comme un vrai enfant.
"Je ne veux détrôner personne et je ne souhaitais pas non plus être achetée comme une miche de pain! Et encore moins me plier aux caprices de ce Duc aux milles conquêtes!" s'exclama t-elle une pointe de colère dans sa douce voix. Il l'avait achetée, comment avait-il osé, la prendre pour une chose!

Elle suivit pourtant le bouffon qui l'emmener voir la maîtresse du personnel, aucune salutation, un ton dur et ferme, voila tout ce dont elle avait droit et en frottant le sol, elle maudit sa condition encore plus déplorable que celle de couturière. Elle ne resterait pas ici à le voir se pavaner au bras d'une charmante demoiselle, à faire le jolie cœur sous ses yeux! Et elle ne se donna pas non plus la peine de se changer ni de se relever à son entrée quand il la fit appeler puisqu'elle frottait encore son somptueux dallage.
Faisant mine de ne rien voir, ni entendre, à quatre pattes elle nettoyait puisque c'est ce qu'il voulait, oh oui elle était en colère et ne ferait surement pas la docile petite bourge, ah il la voulait, bien il allait avoir la tâche difficile!

Merkus eut la gorge serré avant d'entré, il ne savait pas vraiment que faire, lui poser la question tout de bloc, ou essayer de savoir qui elle était par déduction. C'était assez inhabituel pour le Duc de se retrouver dans un cas ou il ne maitrisait pas toute les pièces du jeu, et cela le mit de mauvaise humeur. Mai sil entra quand même.

-Je vous prie relevez vous, je ne pensez pas qu'elle vous ferait travailler, je m'en excuse donc. En vrai je ne veut pas vous garder esclave, j'en ai déjà bien assez, peut être bien trop, je vous rend donc votre liberté, vous êtes à présent libre de partir maintenant, ou de rester ici même, j'ai en effet grand besoin de quelqu'un pour s'occuper de tout la couturerie, particulièrement les tapis.

C'était entièrement faux, il disposer déjà de plein de maître couturier, mais ne voulait pas laisser la femme partir, et encore moins continuer à laver son sol qu'il salissait à longueur de journée. Le Duc ne pus dire un mot en rapport avec Violette, il ne sut s'il devait en parler, ou s'il devait attendre qu'elle lui en parle, il n'osait pas en parler, craignant que la femme en question ne la connaisse pas du tout, et de montrer qu'il n'avait toujours pas oublié son premier amour, ce qui fera jaser la cour, et il ne voulait point que cela arrive.

-J'ose espérer que vous accepteriez ma proposition, mais je ne peut hélas resté, si vous accepter dites le Jehan, bien qu'il ne soit que bouffon, c'est par lui que tout passe, sur cela je dois vous laissez, au fait je ne vous ai pas demander votre prénom ?

Merkus se sentait mal à l'aise, et il voulait partir le plus vite possible, mais avant il ne pu se résigner à partir comme cela, et voulut savoir qui était vraiment la femme.

Tien donc voila que le duc s'excusait, peut être que le Merkus qu'elle connaissait jadis n'avait pas totalement disparut sous ses airs de coureur. Elle se releva, lui tournant le dos toujours, écoutant ce qu'il avait à dire, elle défroissa sa modeste robe d'un geste ample de la main.
Déjà? pourquoi venait-il la voir en coup de vent pour repartir aussitôt, lui rendant sa liberté et se sauvant comme un voleur.

Elle lui fit face mais resta à distance, son cœur s'emballa, oh Merkus, elle aurait tant voulu se blottir dans ses bras et lui murmurer sa véritable identité. Pourtant, elle n'en fit rien, pas encore, il était trop tôt pour qu'il sache, elle aurait aimé briller de par sa prestance bien plus que par la pitié de son bel amant d'an temps. Qu'il était étrange, une seconde avant, elle ne jurait que de lui arracher les yeux et maintenant elle était toute chamboulée de le voir si près d'elle après toutes ses années.

"Je vous remercie, voilà un bien noble geste de m'acheter pour me rendre ma liberté" admit elle quelque peu confuse, elle s'inclina respectueusement et étrangement à la manière d'une noble dame et non d'une domestique.

Réfléchissant à la proposition du duc de rester en sa demeure, elle fut coupée par une question à laquelle elle n'avait pas encore décidé de répondre par le vrai ou le faux et c'est avec gêne et maladresse qu'elle ouvrit la bouche:
"Euh...Loryne" balbutia t-elle, la gêne se lisant parfaitement sur ses traits.
Heureusement, il s'en contenta et à son grand regret elle dû malheureusement déjà le laisser repartir puisqu'il avait à faire et le regarda quitter la pièce.

Elle laissa échapper quelques larmes qu'elle stoppa net dans leur course de longer ses joues bien roses de son travail et de la fureur qui s'était prise d'elle un peu avant. Le dos de sa main à présent humide, elle l'essuya sur son jupon et reprit son travail. Elle devait de toute façon rendre des comptes à la maitresse du personnel sur sa tâche accomplie. Elle choisirait ce moment pour annoncer au bouffon nommé Jehan, qu'elle resterait ici un temps, peut être pour l'hiver et repartirait au printemps sur les routes en étant son propre maître.

La nuit fut courte, elle réfléchie bien plus qu'elle ne dormit, il était à deux pas d'elle, elle était chez lui en sa maison, qu'elle idiote de ne pas tout lui révéler, sa fierté et son orgueil bien plus de la rapprocher de lui l'en éloignait. Et le lendemain alors que la pluie cédait sa place à un soleil hivernal, elle piocha dans l'armoire une robe mise à sa disposition, se délassant longuement dans un bain matinal, elle apprécia de revoir un reflet plus seyant dans le miroir, le reflet de Violette et non de Loryne. Il allait probablement s'en rendre compte, mais elle prenait le risque, elle pouvait toujours démentir.

Vêtue de la sorte, elle se confondait dans la masse et se rendit dans la salle à manger pour déguster une petit déjeuner copieux, restant discrète, elle ne parla à personne/

Merkus avait passé une bien bonne nuit, agrémenter de suave rêve, il était frais et près pour la journée à son réveil. Mais rapidement il se souvint de la veille, et ne sut que faire aujourd'hui. Dans ce cas ou il ne savait que faire, il se décida à ne rien faire. Il mangea le matin tranquillement sous les divertissements de Jehan, avant d'aller à une réunion avec ses chefs militaires, il passa une partie du reste du matin à marcher dans les jardins et finalement alla dans le théâtre.

Il passa la matinée à écouter un nouveau opéra d'un compositeur de Yarkollie, il s'agissait de son propre Requiem qu'il avait commandé. Par orgueil pour la plupart des autres, mais en vrai il s'inquiéter pour l'avenir, et comme quelqu'un de savoir s'il sera enterré, lui s'inquiétait de savoir comment il le serais.

C'est pour cela, que le midi même il demande à ce qu'on le servisse dans le théâtre, ne voulant pas raté une partie du Requiem. La Dame Loisi, qui malgré le fait qu'elle sache que la nouvelle esclave ne l'est plus, ne manqua pas de lui commander d'aller apporter son repas au Duc. N'écoutant aucune protestation, elle lui donna le chariot ou était préparé le repas.

Près de Merkus il n'y avait que Jehan, son bouffon qui venait lui raconter ce qu'il avait appris le matin, quelques rumeurs de cour surtout. Mais il lui raconta aussi quelques autres sujets relevant du secret ducale. Le bouffon était le meilleur des espion qu'un noble puisse rêver d'avoir.

Quand le repas fut annoncé, Merkus demanda à ce qu'on lui apporte sur son balcon. Surplombant la scène ou se jouait son opéra, il cru voir Violette avançait vers lui, avant de reconnaître la servante de la veille. Il ne sut comment cacher son trouble, et décida de ne pas la regarder.

-Bien, déposer cela ici je vous prie.

Il l'entendit partir avant d'éprouver le sentiment intense de la voir rester.

-Apportez moi du vin je vous prie, du Château Luniac s'il vous plait.

Furetant dans les ailes de ce château qu'elle ne connaissait plus, elle se rappela les têtes de la famille sur les grands portraits ornant les innombrables couloirs. Elle fut très émue de voir le duc père et le seigneur Ephelias représentés sur une peinture de chasse, les siens lui manquait et plus encore son frère Fulyon.

Continuant ses découvertes en femme libre, elle se promena dans les magnifiques pièces de la demeure, se reposant par moment pour admirer le dallage ou les plafonds confortablement installée dans un sofa. Ne rien faire, cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps, elle n'avait qu'à attendre la cloche du repas de midi sans devoir mettre la main à la pâte. Il fallait qu'elle se rapproche des maîtres couturiers, sans quoi si elle ne faisait réellement rien, on lui porterait rigueur de son oisiveté.

Elle n'aimait pas devoir son pain et avait depuis longtemps oublié la cuillère en argent dans le bec sans donner en retour de son labeur, c'est pourquoi quand une belle dame s'avança et lui somma de porter le repas au duc elle ne rechigna pas.
C'est ainsi qu'elle arriva dans le magnifique théâtre, immense et tout de colonnes recouvertes de feuilles d'or, la musique qu'on y jouait était belle, elle se sentait portée par ce son divin.

Ne voulant pas déranger le bouffon qu'elle connaissait déjà de son entretien d'avec le duc, elle se fit très discrète et au ton ferme et détaché de Merkus s'exécuta sans demander son reste.

Sur le seuil de la petite porte, il la rappela, il commandait du vin et comme elle n'avait pas la moindre notion en cette matière, le vin restant du jus de raisin amélioré qu'elle appréciait pourtant pour ses vertus joviales en de trop grande quantité, elle regarda le plateau qu'elle venait d'apporter.
Bien au moins celui ci avait été préparé selon les goûts de monsieur, elle en versa dans le verre de cristal qui se trouvait également la et lui tendit
"Monseigneur désir autre chose? ou son esclave libre peut disposer?"piqua t-elle

Merkus écoutait la musique doucement, s'emplissant de chaque son, respirant la matière de la musique, et réussi à se débarrasser de son embarras, après tout il était l'un des plus puissants seigneurs d'Ellandys, et il devras être embarrassé devant celle qui ressemble à son ancienne promise, il n'y avait aucune raison.

Une fois qu'elle fut revenu, qu'elle lui eut servi son verre, et qu'elle s'apprêtait à repartir avec un ton de reproche plus que de critique, le Duc lui parla.

-Non restez.

Merkus glissa le verre dans sa main, et bu doucement du délicat breuvage, adorable comme une musique, ce vin s'apprécie, saveur par saveur. Une fois la gorgé bu, le Duc prit un morceau de pain qu'il se mit à manger doucement en gardant son regard rivé sur la scène ou se jouait la musique.

-Aimez vous la musique ? Depuis que je suis petit et que mon père me faisait écouter des opéras ici même, je ne peut plus me passer de musique.

Jehan voyant qu'il n'avait plus vraiment sa place dans la discussion, s'éclipsa en tournillant, et en commençant une nouvelle chanson qui n'avait absolument aucun sens. Merkus remplit un autre verre du vin et le proposa à Violette.

Elle ressemblait vraiment à Violette, une beauté magnifique, les mêmes traits, certaines même expressions, mais pourtant changé par une certaine rudesse apporté par la vie, elle semblait plus femme maintenant que dans ses souvenirs, peut être étais-ce bien elle, il devait en avoir le cœur nette.

-Avez vous déjà vécu par ici ? Demanda le Duc en tournant son regard dans celui de la servante, pour y découvrir le même regard que celui dans ses souvenirs.

-Non restez. entendit-elle alors qu'elle s'appretait à prendre congés.

Toujours aussi inspiré par la musique, elle le vit prendre son verre et le porter à sa bouche, avant de se servir du pain. Elle resta en retrait attendant un évènement quelconque assez nerveusement.
-Aimez vous la musique ? Depuis que je suis petit et que mon père me faisait écouter des opéras ici même, je ne peux plus me passer de musique.
"Vous donnez le ton de la confidence? en quoi cela vous regarde si j'aime ou non la musique?" répondit elle un peu trop agressivement à son goût alors que le duc tentait une approche plus amicale.

Le bouffon se leva pour disparaitre, notant que sa présence n'était plus nécessaire à son maître et que Violette allait probablement lui tenir compagnie. Elle le suivit du regard jusqu'à ce que la petite porte se referme derrière lui et quand elle reporta son attention sur la scène au devant où elle entendait le concerto sifflant divinement, elle se rendit compte que Merkus lui tendait un verre.

Elle s'assit à la place de Jehan sans y être invitée, se désintéressant complètement du spectacle qui continuait imperturbable sous ses pieds, les mains posées sur ses cuisses elle était tournée de quart de façon à le contempler.
"Merci mais je ne bois pas en service, je risquerai de casser une assiette" évoqua t-elle

Leur regard se croisèrent et tous deux aussi gênés l'un que l'autre préfèrent en revenir aux musiciens, elle était un peu près sure qu'il l'avait reconnu ou qu'il se doutait de quelque chose, il l'observait sans vraiment le faire, avec retenue et pourtant elle y lisait la curiosité, l'espoir aussi.
"Je jouais de la harpe dans mon enfance, oui j'aime la musique"

Il continuait à fixer un point au dela de sa propre vision comme s'il était seul à savourer pleinement le requiem qu'on jouait dans cette magnifique salle et pourtant elle était à ses cotés.
Avez vous déjà vécu par ici ? demanda t-il en plongeant ses yeux d'un vert exquis dans les siens
Elle se sentie défaillir, elle voyait sous ses traits durcis surement par la guerre et le poids qui incombait à son statut de duc, le Merkus d'autrefois à travers son regard. Emue, elle porta une main à son menton pour caresser du pouce les contours de la cicatrice qu'on y aperçevait.
"Oui, je suis déjà venue par ici" souffla t-elle

Merkus ne prit pas la peine de rappeler à sa servante qu'elle lui devait d'avantage de respect. Il préféra se murer dans ces airs si hautains qu'on ne peut les trouver ailleurs que dans la cour du roi. Ce côté patibulaire que ce donne les plus hautes autorités noble pour s'éloigner des vrais terrestres espérant atteindre un stade plus proche du ciel, comme si tout sur terre n'était que vanité, que mensonge, hormis ce ciel infini. Un ciel si grand qu'on ne pourrait l'atteindre, comme le Duc voyait inatteignable aussi le fait de savoir la vérité sur cette femme.

Il se souvint que Violette jouait aussi de la harpe, et ne pus ressentir un vif émois en son cœur. Encore un détails qui venait le tourmenter avec cette même question qu'il n'arrivait pas à lui poser. Peut être étais-ce par timidité, mais aussi par tout ce que cela engendrait dans sa révélation. Mais les mots ne pouvait venir à sa bouche, ils se cachaient loin, dans des parties de l'être inconnu.

-Ne pensez vous pas que le Duc de Yarkollie, à le droit si celà lui plaît d'obtenir des renseignements sur ses sujets ? Vous avez peut être raison en fin de compte, je ne suis sûrement rien, je n'ai qu'un titre par mon nom et mon sang, mais je ne l'ai nullement acquis. J'ai perdu mon être il y a bien quelques temps, imaginez vous voir votre esprit s'élever au dessus de votre corps, pour un jour le voir revenir d'entre les morts, que ferez vous ?

Le Duc parlat doucement, en prononçant chaque mots par une intonation propre chacune de leur expressions, forte et charismatique. Ce dernier se rassit dans son fauteuil plus au fond, tenant un verre de vin dans sa main tandis que l'autre jouait avec une pièce. Il ne prit pas la peine de regarder son invité, non par dédain, mais par peur de se voir rougir ou embarrassé à sa vue.

Peut être un jour devrais t-il mourir, il l'espérait sur un champ de bataille auprès de ses hommes, mais on ne peut choisir ce genre de chose là, et donc ce jour là, ou sa vie se terminera, il ne dirais qu'un mot, « Regret », et il ne pouvait vivre ainsi, maintenant, alors qu'il avait une chance de tout changé. Car depuis ce temps ancien, il n'ai plus qu'une image de son vrai être, il se pavane, rit, et semble être l'homme le plus chanceux et heureux qui soit, lui se languis et attend de partir à son tour, derrière une façade de bonheur, il se meurt minute par minute.

Il ne pouvait ne rien faire, car il savait que s'il ne demander rien maintenant, au fil du temps, il ne dirais pas rien de plus, jusqu'au jour ou il ne puisse plus rien lui dire. Il ne pouvait rester ainsi à attendre, attendre qu'elle lui parle pour lui dire ce qu'il voulait entendre, c'est cela qu'il attendait, mais il savait que qu'elle que soit la réponse à sa question, il en sera heureux au fond de lui même, car il n'aurait plus à douter.

Posant son verre sur la table, il regarda le vin tourné autour du récipient, avant de s'immobiliser en laissant une trainé flou derrière son passage, il se tourna doucement vers son invité-servante.

-Vous jouait de la harpe et vous êtes d'ici ? Pourtant je ne connais pas grand monde à part quelques nobles qui pratiquent de la harpe par ici, êtes vous bien Loryne, simple couturière Ma Dame ?

"Vous devoir plus de respect? des renseignements sur ma personne?" répéta t-elle successivement, en relâchant sa brève étreinte assez déçu qu'il n'ait pas saisit cette occasion pour tenter quelque chose, peut être un baiser, en tout cas elle l'avait espéré dans un coin de son esprit.

S'installant quelque peu boudeuse, elle fixa tout comme lui la scène avec cet air hautain qu'elle savait aussi prendre quand on l'agaçait et n'allait pas dans son sens, aussi têtue qu'une mule avait dit Ilan, c'était bien vrai. Elle glissa même un peu sur sa chaise et croisa ses bras faisant une moue de petite fille.
Pour qui se prenait ce Merkus, tantôt elle le retrouvait comme avant, fragile, attentif, doux et tantôt il n'était plus qu'un être imbu de sa personne, hautaine et vantard. Il était duc, elle était fille de seigneur, du moins l'avait-elle été donc en matière de respect, elle méritait l'équivalent.

-Vous jouez de la harpe et vous êtes d'ici ? Pourtant je ne connais pas grand monde à part quelques nobles qui pratiquent de la harpe par ici, êtes vous bien Loryne, simple couturière Ma Dame ?
"Bien sur que non, je ne suis pas Loryne Deck, tu sais parfaitement qui je suis..."siffla t-elle quelque peu blessée, elle s'était attendue à d'autres retrouvailles, que d'ainsi lui divulguer sa véritable identité mais apparemment, il n'était plus joueur, il avait bien changé...

Le requiem se termina et le silence revient alors que les musiciens s'accordaient pour jouer encore?
Finalement Violette préféra ne pas s'attarder ici plus longuement, visiblement Merkus était si différent qu'elle en perdait la notion de ne l'avoir jamais aimé un jour. Malheureuse et déçue de tant de désintérêt à son égard, elle ne soupçonna même pas l'ombre d'une seconde qu'elle avait aussi probablement changé et que de ce fait le duc pouvait être troublé.

Elle se releva donc pour commencer à débarrasser, se maudissant intérieurement que le temps les ait à ce point éloignés. Elle renifla négligemment et refoula les larmes qui se pressaient à ses yeux. Après tout, elle n'était qu'une femme qui voyait son amour pour un homme s'effriter à son contact.

Merkus ne réagis pas tout de suite, il resta pétrifié, ne sachant vraiment que dire et faire, il aurais pu la prendre dans ses bras, l'embrasser, mais là après tout ce temps, il avait fait le deuil d'une personne qui aujourd'hui revenait dans sa vie. Il se sentait misérable, stupide et légèrement heureux. Pourtant il ne pouvait l'accueillir avec joie, rire, chanter, pleurer, il était trop médusé par ce qu'il n'espérait plus.

La musique s'arrêta et il se leva, la mine voyageant entre la surprise et étonnement, il la regarda, et il la reconnut totalement, mais à combien changé, à combien différente de celle de ses souvenirs. Il ne savait s'il l'aimait encore, il ne savait rien de tout ce qui la ramène vers lui, de l'histoire ou bien trop de larmes ont coulé, il ne pouvait tous les ressortir.

-Comment ?...

Ce fut ce qu'il prononça, sans sentiment apparant si ce n'est la surprise, il la regarda, ne sachant s'il devait pleurer ou rire, il savait que c'était elle depuis qu'il l'avait fut, mais là il en avait la preuve, il n'avait plus à douté, mais tout à reconstruire, seulement pourrais t-il ?

-Comment as tu pu survivre ? Enfin comment.. depuis tout ce temps, ou étais tu ? Je t'es cru .. morte.

Ces quelques paroles partirent d'un coup, les pensées de Merkus qui brisant la muraille de la timidité franchisse la bouche. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi il la retrouvait que maintenant, tout aurais pourtant était plus simple si l'avait retrouvé avant tout ça. Ou avait elle été, et pourquoi n'était-elle pas venu depuis tout ce temps.

Elle l'avait observé du coin de l'œil et son mouvement la fit sursauter, elle se calma, essayant à ne rien laisser filtrer de son émotion qu'elle voulait neutre alors qu'elle était à la fois en colère et très émue.

"Et bien j'ai survécu, doit on réellement évoquer le passé?" demanda t-elle en s'affairant nerveusement avant de briser par mégarde le verre qu'elle venait de reposer maladroitement sur le plateau. Hélas ce passé lui faisait tellement de mal et de peine, la perte de sa famille, de son frère et de sa liberté, prise comme putain puis comme femme, voleuse et crevant la faim...rien d'extraordinaire à raconter.
"Aie", s'écorchant l'index, elle appliqua de suite une serviette en tissus pour stopper l'écoulement des quelques goutes de sang qui s'en échappaient déjà.

Elle pleura cette fois, silencieusement et tourna son regard humide pour le poser sur lui, hésitante, elle aurait tant voulu que tout soit plus simple que l'idylle reprenne comme elle avait brutalement cessé. Elle fit quelques pas avant de se blottir dans ses bras, faisant fi de leur rang, elle voulait être contre lui, sentir son odeur, sa douceur, son étreinte rassurante, posant sa joue contre son buste et sa main à plat, elle caressa machinalement son veston.
"Oh Merkus, ne me rejette pas parce que le temps à fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui" le supplia t-elle relevant le visage pour plonger ses yeux dans les siens.

Mais elle se recula soudainement, comment agissait-elle donc, comme une vulgaire pauvrette alors qu'elle avait apprit à se comporter comme une femme digne durant toute sa vie, elle se lamentait dans les bras de son amant perdu. Reprenant un peu de contenance, elle s'essuya les joues:
"Et toi qu'as-tu fais jusqu'à maintenant? As-tu prit femme?"

Merkus était perdu, envahit par un flot de sentiment. « Après tout ce temps, je pourrais tout recommencer, repartir comme avant, après toutes ses épreuves, suis je le même qu'avant, ou ais-je complétement changer à tel point que je suis incapable, là maintenant ou tout se joue, d'éprouver le moindre amour, le moindre attachement ? Est ce la surprise, étonnement, ou tout simplement l'indifférence, serais-je devenu un être fait d'os et de chair à cœur de pierre ? Je ne pourrais y répondre, ni en parler ».

-Je ne serais te dire qui je suis aujourd'hui, je ne serais te dire ce que je suis devenu, ma vie à continué, et mon âme s'est égaré. Aujourd'hui de mon être toute forme d'amour et d'affection semble avoir disparu, je ne suis plus capable de pleure, de rire et d'aimer la vie. Et maintenant, alors que je devrais rire de joie, être heureux, je ne suis que celui de tout les jours, froid et sans sentiment, je ne ressens ni haine ni joie, juste rien, comme un arbre ou un animal.

Le Duc prit la jeune femme dans ses bras, comme un seigneur accueillant un de ses sujets pour le consoler, mais non comme un homme retrouvant son ancien amour. Il n'y avait pas sa flamme de jadis, il n'avait plus l'étincelle de sa folle jeunesse. Le Duc leva sa main pour la montrer nu à Violette.

-Je n'ai ni alliance ni vœux, mais je ne suis plus un homme à marié, je ne suis pas Merkus, heureux Yarkolien, non, je suis Le Duc de la Violette. Le nom et l'image ne sont que le résultat de mon être.

Le Duc repoussa doucement le jeune femme. « Après tout ce temps, non je ne peut plus rien ressentir, je ne peut être devenu cette être sans cœur, je ne peut l'avoir oublié, je ne peut être devenu qu'un jouet de la cour, pourtant c'est ce que je suis ».

-Dans quelques temps je partirais en guerre contre Dinak, et dieu seul sait si je survivrai. « Pourquoi ne pas la prendre dans mes bras, l'embrasser, et essayer de tout reconstruire avec elle », pensa le Duc, mais ce furent d'autres mots qui sortirent. Tu pourras restez ici tout le temps que tu voudras, je vais m'arrangeais pour que tu retrouve ton titre et tes biens le plus rapidement possible.

Le Duc prit la direction de la sortie, décidant de mettre fin aux retrouvailles. « Il n'y aura aucun bonheur pour elle de vivre à mes côtés, autant qu'elle recommence sa vie ». Le Duc passa le rideau de son balcon en s'arrêtant alors qu'il allait le passer.

-Je ne sais que te dire.

Tant de paroles si tristes et lourdes de sens, son passé devait être aussi dur voir bien pire que le sien, comment pouvait-elle lui en vouloir alors qu'elle ne voyait sur son visage aucune expression de joie, de peine, d'un quelconque enchantement de la retrouver.
Il était si froid, si fermé, oui il avait changé et dans son deuil de Violette Ephelias, il avait également ensevelis ses souvenirs et son amour pour elle, trouvant dans la guerre et la reconquête de son territoire un autre but à suivre.

Alors qu'elle mettait ses sentiments à nu en se blottissant contre lui, elle perçut bien se manque de chaleur, juste une étreinte de respect, de protocole comme s'il la graciait d'un méfait jadis réalisé et qu'elle l'en remerciait.
"Non ne dis pas ça Merkus!, tu es celui que j'ai aimé, tu ne peux avoir changé à ce point laisse moi le temps de te montrer que tu as encore un cœur et qu'il bat devant la beauté éphémère de cette vie"

Au moment où elle s'écartait d'elle même avant d'y être aidé par un geste doux de sa part, il releva sa main gauche pour démontrer qu'il n'avait pas refait sa vie, qu'il lui était en quelque sorte resté fidèle car un galopin de son genre ne pouvait pas vraiment être amputé de sa virilité et de ses pulsions de mâle, elle en avait eu la preuve la veille même.
"Ah oui, vraiment? Pourtant tu ne te targuais pas de reluquer cette noble dame hier après midi" siffla t-elle reprenant un peu d'aplomb, le transperçant de son regard vert.

Mais l'annonce suivante, dite toujours sur ce ton trainant et las, celui qui qualifié le duc dans sa peine, lui imposa le silence. * La guerre, oh non ne t'en vas pas Merkus, ne me laisses pas maintenant que nous nous sommes retrouvés* pensa t-elle alors que l'inéluctable réalité des faits raisonnait encore à ses oreilles comme un glas à leur relation qui n'existait plus. Seul l'expression de son visage profondément abattu transparaissait de son état intérieur de grande désillusion.
"Pourquoi dis-tu cela, je ne veux pas qu'il t'arrive malheur" s'exclama t-elle désabusée.

Elle n'écouta pas la moitié concernant son titre et ses biens, après tout ils étaient à son père et bien mort avec lui et les siens, elle s'enfichait éperdument d'un statut, elle le voulait lui!
Et quand elle le vit s'éloigner pour passer le rideau, elle se sentie anéantie de douleur, pourquoi l'aimait-elle encore alors que lui n'éprouvait apparemment plus aucun sentiment à son égard? Était-ce le coup de l'émotion qui poussait son cœur à croire qu'elle éprouvait encore de l'attachement alors que comme il le disait, il n'avait plus rien d'un être attachant.

A ses dernières paroles, elle ne préféra rien ajouter, que dire? oui c'est bien vrai, il n'y avait rien à dire à tout cela, tout était à refaire, en avaient-ils encore le temps?
Cette maudite guerre, elle en avait que trop souffert tout comme le peuple et voila que maintenant elle allait sans doute lui retirer le seul être qu'elle avait aimé, le seul survivant de son passé révolu, de cette joie et se semblant de bonheur juvénile maintenant fané.
Il avait disparut et il ne restait plus que son mouvement imprimé sur le rideau qui remuait encore faiblement, Violette s'appuya contre le dossier de la chaise qu'il venait de quitter, reprenant ses esprits tant tout était embrouillé, un dédale de questions.

Après quelques minutes, elle ramassa le plateau repas et entreprit de ramener le chariot en cuisine avant de reprendre une occupation dont elle n'avait encore aucune idée.

Merkus partit se coucher, et ne pensa plus à rien, il ferma son esprit, et se décida à ne plus rien penser, désormais il devait tout focaliser sur la guerre, tout préparer, et que tout soit près pour que son plan marche, le plus grand stratagème de l'histoire, il devait réussir, et ne pas espérer retrouver des sentiments passé, désormais tout sera vers Dame la Guerre.

« La guerre sera mon dernier foyer, durant toute mon existence, ce sera ce à quoi je consacrerais toute ma vie, et toute mon existence. Je ne suis qu'un corps à la quête d'une guerre pour le faire vivre. Au moins, une fois ma vie finit et les histoires contés, on se souviendras de moi comme un guerrier sans peur, alors que je ne suis qu'un lâche, un être tellement misérable qu'il n'y à rien en moi qui mérite qu'on me porte un regard, je ne suis plus un homme. »

Le lendemain, Merkus appela maints responsable et obtint la restauration du fief d'Ephelias pour Violette, la voilà désormais à nouveau une noble, mais sans plus aucune relation, et sans famille. A cela Merkus n'y pouvait rien, et avec son cœur froid et son esprit indifférent il ne prit aucune disponibilité pour aider Violette à connaître la cour.

Un billet lui arriva en fin d'après midi même, signé par le secrétaire de Merkus.

Citation :: Damoiselle d'Ephelias,

Nous tenons à vous informer que désormais votre fief d'Ephelias vous est restituer, gardé par le Duc pendant la période de votre absence, il fut bien entretenu et vous le trouverez en parfait état, ce à quoi monsieur le Duc à voulu donner une donation pour vous aider à vous y réinstaller, s'élevant à 1 000 Clanin de Torneboug.

A cela vous êtes prié de m'indiquer quand vous serez prêt pour vous rendre dans votre fief, je serais garant de vous y amener et de vous aidé pour une durée courte, à réintégrer la vie noble.

Maître Urius Pontaviel, Premier Secrétaire de son excellence Merkus de Yarkollie.

Violette occupa sa journée comme elle le pouvait et aussi bien que l'après-midi, la soirée fut morose, l'atmosphère étant lourde. Elle regagna sa chambre, endroit cosy et douillet qu'elle appréciait et qu'elle devrait quitter.
Qu'est ce qui l'animait donc ainsi pour être aussi éprit de la guerre au point de n'éprouver plus rien pour elle? Elle avait du mal à comprendre, s'installant devant sa coiffeuse, elle retira les pinces qui tenaient ses long cheveux dorés.

Il n'y avait plus de jalousie, plus d'intérêt, il était devenu un homme et elle reléguée au rang de conquête d'un temps révolu aujourd'hui. D'autres ambitions pour l'homme, d'autres soucis de notoriété pour le duc. Elle s'endormit sur de bien sombre pensées...

Alors qu'elle se levait pour déjeuner et reprendre le cour normal de sa vie d'antemps, elle prit connaissance de l'ouvrage des couturiers de la maisonnée, inspectant, découvrant pour mieux apprendre et éventuellement s'ils le souhaitaient rejoindre leur équipe déjà bien ficelée. Elle se promena dans les jardins malgré la fraicheur, elle avait du mal à renouer le dialogue avec ceux qui pourtant la reconnaissaient à présent.
Puis vers la fin d'après-midi, un livre finement relié de cuir en main, elle regagna ses quartiers.

C'est là qu'elle reçut le billet indiquant que son fief lui était rendu, elle nota la signature, il n'avait même pas fait l'effort de le signer, son secrétaire, un homme quelconque pour une quelconque femme. Pourtant, elle savait qu'il avait fait en sorte de lui rendre son bien au plus vite à cela elle y vu une touche de gentillesse mais peut être essayait-il aussi de se débarrasser d'elle!

Bien elle irait dès le lendemain voir ce charmant sujet qui lui enseignerait les rudiments qu'elle avait manqué durant son absence et si le château de son père n'était pas une ruine, elle y établirait domicile et reprendrait ses affaires, même si elle était femme dans ce monde d'hommes, elle arriverait bien à se faire entendre, non elle n'était pas écervelée et puisque Merkus préférait la guerre à l'amour elle l'y aiderait. Mais avant, elle voulait le revoir encore une fois, le remercier en personne, entendre sa voix et revoir une dernière fois son visage.

Soit dès le lendemain, elle se mit en quête de le trouver dans sa vaste demeure, parcourant couloirs et salons, c'est là qu'elle eut vent de la délégation prochainement en partance et qu'elle se jura d'y prendre part.
Cette idée en tête, elle poursuivait un but, en plus de celui de reconquérir le coeur de pierre de son ancien amant, où était-il donc!