Présentations musclées. [Garladorn; Shiraku]

Un soir brumeux, particulièrement banale, s'offrait à nous cette fois-là.
Satine devait une fois de plus offrir sa soirée à l'auberge familiale La Choppe d'Abondance. Cela faisait des lustres qu'elle appartenait aux Talis, et bien sûr le père de la damoiselle avait repris l'affaire qui marchait plutôt bien, voir parfaitement. D'ailleurs, on comptait à présent les habitués, qui possèdaient tous des âges différents. Satine était chargée d'accueillir les premiers clients, puis s'engagerait dans le service de breuvages. Heureusement, elle faisait preuve de souplesse pour passer entre les différentes tables en liège; et aussi d'habilité pour éviter de faire tomber le plateau qu'elle tenait à une main.
Comme la plupart des soirs, Satine exécutait un spectacle devant la population pour la divertir. Elle était en effet une apprentie chanteuse et danseuse, et elle voulait en faire sa profession en parcourant dans le monde entier. Seulement, ses parents la trouvaient encore trop jeune pour partir seule à l'aventure, elle devait donc pour le moment rester dans sa contrée et se satisfaire ainsi... Bien sûr, elle avait déjà une renommée à Shyamal, voir même un public très dévoué !
A ce sujet, une proche à elle l'agaçait fortement en avouant que ses admirateurs(trices) n'étaient attirés que par son physique et non ses compétences... Le lieu était particulièrement bondé ce soir là, et le public donc agrandit. Lorsque l'on rentrait dans l'auberge, on appercevait le comptoir à sa droite -la cuisine elle se trouvait derrière celui-ci.
Puis, une trappe qui faisait office de scène se trouvait au centre mais bien au fond de la pièce. Pour le reste, on appercevait de nombreuses tables de tailles différentes. Quelques musiciens se trouvaient sur la petite scène et jouaient des mélodies agréables et festives. Cette fois-ci, la jeune femme qui venait de fêter ses 22 ans, portait une robe échancrée, claire et fluide. Elle avait pour le moment un tablier en plus, afin d'éviter de se tâcher en cas de bêtises de sa part. La plupart des gens représentaient des hommes, et Satine devait faire abstinence des regards rivés sur elle. Son père se chargeait du comptoir, et la mère de tout ce qui touchait à la cuisine. Bien évidemment, en plus des gérants, il y avait d'autres personnes employées pour les aider.

Satine continuait sa ronde telle une fouine, et vint vers une table où quatre hommes y logeaient depuis peu. Elle débarquai gracieusement près d'eux, le visage lumineux, un parchemin et une plume avec elle. Ses yeux firent le tour de la tablée en guise de salut, pour refixaient le bout de papier.
L'ambiance qui dégageait de la place était très bonne et conviviale, mais près des individus, elle était pesante. Satine sentait les regards sur elle, la déshabillant presque du regard.

- Bonsoir. Que souhaitez-vous messieurs ?

A première vue, il s'agissait d'hommes de la terre. Rien que d'ici, Satine pouvait appercevoir leurs mains sales, les ongles noirs, les cheveux crépus et l'odeur désagréable de leur peau qu'ils possédaient.

- Des souplettes et de bonnes bières que vous doublerez pour chacun.

Satine roulai des yeux lorsqu'elle entendit la fin de la phrase du plus gros des hommes. Elle connaissait ce genre d'énergumène qui ne venait dans leur auberge que pour se beurrer la tronche et gâcher le plaisir de ce genre de soirée. Elle notai chaque chose avec précision, fit un petit signe de la tête en laissant tout de même un sourire sur ses lèvres, simple politesse. Elle se retourna, et se rendit au comptoir et remit la liste à son père qui ne soupçonnait rien du tout.
Elle revint plusieurs temps après avec les choses demandées. Satine s'apprêtait à repartir mais un des barbus lui attrapa subitement le bas de son tablier blanc. La jeune femme se figea mais sans paniquer,et le regarda avec des yeux interrogateurs. Ce gros barbu était assez collant, ça allait mal finir tout ça.

- Tu vas bien t'asseoir avec nous ? Hein ?

- Non, je ne peux pas, c'est contraire à mes règles.

Satine lui lança un regard plus dur, plus froid. Elle ne supportait guère qu'on la tuttoie déjà, surtout lorsqu'il n'y avait pas lieu d'être vu qu'ils ne connaissaient point. De plus, lui proposait cela était suspect. Elle donna un coup de coude pour qu'il la lache rapidement. La soirée devait continuer même après cela.
Il n'était pas encore l'heure du chant, une chanson en elfe que sa grand mère lui avait écrite. Satine avait en effet du sang elfe du côté de sa mère, mais humain du côté de son père.

Le ciel devenait de plus en plus sombre au fil des minutes, une légère brume l’envahissait désormais et on pouvait déjà sentir la température baisser. On ne croisait, à cette heure-ci, plus personne dans la capitale … Enfin, peut être deux ou trois personnages louches chuchotant dans une ruelle, ou bien un chat en liberté … Shiraku faisait partit des peu de gens qui veillaient encore cette nuit là : marchant assez tranquillement, tournant la tête en direction de quelques boutiques sur le chemin, jusqu’à ce que son regard se pose sur une sympathique auberge.

*La Choppe d'Abondance ? Allons y faire un petit détour. J’ai soif, j’ai faim, j’ai sommeil … Je me reposerais bien là bas !*

C’était décidé, il venait de trouver son logis pour la nuit. Il s’approcha de l’entrée, poussa la porte et pénétra dans la bâtisse. Le jeune homme fut impressionné tant il y avait de monde à l’intérieur, toutes les tables, ou presque, étaient occupées. Beaucoup d’ivrognes parmi eux, sans nul doute …

*Je n’ai pas attiré l’attention, c’est déjà un bon début, en soi… *

Shiraku baissa la tête afin de ne pas croiser le regard d’une autre personne, et alla s’installer contre un mur, le peu de places restantes étant situées vers le centre de la pièce. C’est au bout de quelques minutes qu’une femme vînt l’accoster : au début un peu surpris, il comprit vite que ce n’était autre que la serveuse de l’auberge.

« Bonsoir, vous souhaitez prendre quelque chose ? »

« Non, merci. J’aimerais simplement vous louer une chambre pour la nuit. »

Il n’en dit pas plus car elle partit aussitôt ravitailler une bande de soiffards, quatre hommes habillés de vulgaires vêtements qui, de même que pour leurs ongles, étaient plein de poussières et saletés. L’un d’eux, le plus imposant, passa la commande pour tous les autres. Ils ne commandèrent que de quoi se saouler, c’était ce genre d’homme qui ne pensait qu’à l’alcool, et à rien d’autre. Le genre d’homme qu’il fallait éviter de fréquenter. Shiraku ne valait pas vraiment mieux qu’eux, car il aimait aussi beaucoup boire, mais il savait tout de même se contrôler et se limiter à quelques verres.

« Et de toute façon, je ne suis pas violent quand j’ai un peu trop bu … »

Le jeune homme fixait une personne devant lui, le regard un peu perdu, quand celui-ci revînt sur la femme qui venait d’apporter la commande des quatre ivrognes. L’un d’eux avait attrapé la demoiselle par le tablier, et l’empêchait de continuer ce qu’elle avait à faire. De la distance ou il se trouvait, et à cause des nombreux bruits et conversations, il ne réussit pas à entendre correctement les paroles qu’ils s’échangeaient, mais il avait compris qu’elle ne restait pas là de son plein gré.

* J’y vais, je n’y vais pas … J’y vais, je n’y vais pas ?*

Après quelques secondes de réflexions, il se mit à marcher vers leur table, en attrapant le premier verre plein qu’il aperçut. Quand il fut près des quatre hommes, il fit mine de renverser par maladresse le contenu du verre sur celui qui retenait la jeune femme. Sans attendre, il lâcha prise et saisit Shiraku par le col, le soulevant un peu au dessus du sol.

« Sale gamin, tu peux pas faire un peu attention ? Tu viens de me foutre de la bière sur mes vêtements, t’es content de toi, hein ?! »

« Vu comme ils sont sales, ça change pas grand-chose finalement … »

Bien qu’il eu chuchoté cela à voix basse, l’homme entendit parfaitement et le jeta alors brutalement au sol, à quelques mètres de là. Shiraku sentit une douleur dans le dos, mais rien de bien méchant : c’était l’effet de surprise qui l’avait le plus impressionné. Le gros barbu s’avança de quelques pas, à sa manière d’avancer, on pouvait voir qu’il avait déjà un coup dans le nez …