Un malentendu ! [Lili Shadow]

Le jour se leva sur l’ensemble du Royaume d’Alsaria, la lune laissant place au soleil. Aucun nuage à l’horizon, cela s’annonçait être une bonne journée. Les oiseaux sortirent de leurs abris de nuit pour de nouveau chanter, et la lumière du matin apparut enfin à travers les sombres bois de Moniek. C’est à la lisière de ces bois qu’un jeune homme, adossé au tronc d’un hêtre, se reposait sans crainte d’être attaquer par un brigand ou par une bête sauvage. Non, cet homme n’était pas fou, mais la fatigue et la faim l’avait contraint à s’arrêter ici pour la soirée et finalement, pour toute la nuit. Son sommeil semblait imperturbable, même si la position dans laquelle il se trouvait n’était pas forcément la plus confortable. Cependant, ce sommeil allait bientôt être interrompu par la venue de plusieurs hommes … Monté sur des chevaux, ils le regardèrent tout en chuchotant, ce qui n’était pas nécessaire puisque leur future cible était assoupie.

« Tu crois que c’est lui le voleur dont nous a parlé le chef ? »

« Il n’y a aucun doute, regarde l’arme à coté de lui … C’est la même arme que portait l’homme qui nous a volé nos provisions ! Le chef veut que nous le ramenions en vie pour qu’il s’en occupe lui-même … Tout ca pour un sac de provisions, quel idée ! »

« Tu le connais bien, depuis le temps. Tu sais qu’il est très impulsif et s’énerve pour la moindre des choses … »

« Eh, vous deux ?! »

En même temps, les deux cavaliers tournèrent la tête dans la direction de Shiraku, sabre à la main. Celui-ci, écoutant la conversation depuis son tout début, afficha un sourire enthousiaste pour ces deux énergumènes.

« Des provisions ? Quelle bonne idée, c’est justement ce qu’il me faut ! Dîtes moi ou…»

Un troisième cavalier, venu d’un autre coté, venait d’assommer le vagabond pendant que celui-ci jacassait avec les deux hommes. Il s’avança au milieu des deux autres, leur rappelant bien qu’ils n’étaient pas là pour rien.

« Ne discutons pas plus longtemps. Revenons au campement rapidement, je ne voudrais pas subir le même sort que cet homme … Dépêchez vous, aidez moi à l’attacher. Il est assommé pour un bon moment, il faut en profiter ! »

La discussion prit fin, et les trois hommes descendirent de leurs chevaux aussitôt afin de s’approcher de l’homme. Ils le ficelèrent solidement, puis le firent monter sur un cheval avant de reprendre la route en direction de leur campement. La nuit tomba après que les cavaliers aient ramenés le jeune Shiraku à leur campement. Un feu de camp, une quinzaine d’hommes autours … Impossible pour lui de penser à les combattre. Impossible pour lui de penser à s’enfuir, puisqu’il était ficelé de la tête aux pieds, et solidement attacher à un arbre. Toujours dans la lune, il se réveilla enfin. Mais au lieu d’apercevoir la belle lumière qu’émet le soleil après un réveil banal, celui-ci aperçut seulement la lueur d’un feu de camp. Sa vision, légèrement floutée, commença à se stabiliser, et il put bientôt apercevoir dans quel situation il était.

« Aie … Il n’y a pas été de main morte, l’autre ! Pour une fois que je n’ai rien fait … »

« Regardez tous ! Le voleur c’est réveillé !! »

Un homme venait de se lever et pointait son doigt en direction de Shiraku. A cet instant, tous se levèrent et s’approchèrent de lui, restant tout de même à une grande distance de l’arbre. Mais plusieurs furent bousculer, et un homme en armure fit son apparition. Seul son casque manquait.

« Alors c’est toi, toi l’homme qui a osé me voler. Me voler, moi ? A qui crois-tu avoir affaire ? »

« Ben ... Justement, je ne sais pas … Haha... ha ... ? Euh ... »

A cet instant, il fut bien le seul à rigoler. L’homme en face de lui, rouge comme une tomate, posa sa main sur la poignée de son arme, et d’un geste souple, la dégaina avant de la pointer en direction de Shiraku.

« Si tu me bats dans un duel en un contre un, je te laisserais partir. Dans le cas contraire, j’ordonnerais à mes hommes de te finir immédiatement. Cela te convient il ? »

Au vu de la situation dans laquelle il se trouvait, il ne pouvait pas refuser une telle offre. C’est donc en soupirant qu’il accepta de combattre, dans les règles l’espérait-il, le chef de ce campement de cavaliers. Les deux hommes, rois du spectacle, se tenait tout deux face à face, l’un portant une épée à la main, l’autre un sabre. Le départ devait être signalé par un de ses compagnons, mais leur chef en avait décidé autrement. Il se lança directement sur son adversaire et lui porta un coup puissant, mais pas assez précis pour toucher celui-ci qui ne fit qu’esquiver. Mais la ou tous s’attendaient à une contre-attaque de sa part, Shiraku courut dans la direction opposée, aussi vite qu’il le pouvait.

« Désolé les gars, je suis pas d'humeur à avoir de problèmes avec vous !! On se reverra surement un de ces jours !! »

Ce n’est qu’au bout de quelques minutes de course qu’il s’arrêta. Une goutte de sueur coula le long de son visage pour ne s’arrêter que lorsqu’il passa sa main dessus. Cet homme n’avait pas l’air d’être très coriace, mais ce que redoutait Shiraku, c’était qu’il ordonne à ses sous-fifres d’intervenir dans leur combat. Et là, il n’aurait surement pas pu s’en sortir … Soudain, il entendit un craquement de branche, devant lui. Il leva aussitôt la tête, pour apercevoir une ombre, au loin …

Le jour succédait peu à peu à la nuit, se levant aussi tranquillement que d'ordinaire. Les premiers rayons de soleil perçaient déjà l'orée du bois, les oiseaux se réveillaient et sortaient de leur cachette afin de retrouver le goût de leur liberté. Tout semblait reprendre vie au sein de la sombre forêt de Moniek. Mais seulement, Lili, endormie sur une haute branche d'un arbre assez robuste pour supporter son poids, ne pouvait le voir sous ses yeux clos. Elle ne pouvait qu'entendre car elle dormait, certes, mais d'une oreille plus qu'attentive. Car après tout, ne sait-on jamais ! Un brigand pouvait très bien passer par là et la voler. Du moins... Tenter. Car celui qui réussirait à voler ne vivrait pas assez longtemps pour s'éloigner ne serait-ce que d'un mètre.
Les mains croisées, les doigts liés sur son ventre, elle était allongée de tout son long et ne bougeait pas, sa respiration lente, apaisée et silencieuse ne permettait pas qu'on puisse la repérer. La jeune femme poussa soudainement un petit soupir en ouvrant les yeux, laissant le temps à sa vue de s'habituer à l'obscurité percée par les rayons du soleil se levant et devenant peu à peu de plus en plus nombreux. Elle s'étira, souriant en sentant ses muscles jouer sous la combinaison de cuir noir qu'elle portait pour cette occasion. Elle ne comptait pas rester ici, préférant voir et connaître d'autres horizons plutôt que de se sédentariser à un quelconque endroit. Pas même dans le Royaume dont elle était originaire. Surtout pas. Il était presque vital pour elle d'être tout le temps en mouvement, cela la maintenait en forme.
Se tournant de manière à être assise sur la branche, les jambes se balançant dans le vide, elle plaça une main de part et d'autre de son bassin puis se laissa tomber. Elle se rattrapa à la seule force de ses bras et s'étendit à nouveau de tout son long avant de lâcher et de tomber en un équilibre parfait. Elle ne s'arrêta que lorsqu'elle entendit des éclats de voix, se tenant accroupie sur une branche afin qu'elle ne ploie pas sous son poids, même si elle était légère. Il faut dire aussi qu'un entraînement quotidien ne peut que parfaire son corps et la rendre souple et légère. Se concentrant tout en plissant ses yeux, elle réussissait à percevoir des bribes d'une conversation qui semblait mouvementée et sut à peu près à quel endroit les protagonistes se trouvaient. Elle fit donc bien attention, davantage enore qu'à l'accoutumée, de bien être silencieuse lorsqu'elle s'aperçut qu'ils était seulement séparés par une cinquantaine de mètres environ. Des renaclements de chevaux attirèrent également son attention, ce qui la fit sourire. La distance qui les séparait serait bien vite franchie !
Se glissant au sol, elle comptait sur la légère mousse le tapissant pour étouffer le son de ses pas et ainsi les rendre furtifs. Elle les orienta vers la cavalerie et ne tarda pas à arriver non loin, juste à temps pour voir un homme en assommer un autre puis voir ce dernier se faire étroitement ligoter. Etrangement, ce spectacle la fit sourire. Un sourire teinté, elle devait le reconnaître, de sadisme et d'envie. Pourquoi de l'envie ? Tout simplement parce que cela lui donnait envie de lier un homme pour qu'il soit à sa merci et qu'elle puisse ainsi jouer avec.
Elle secoua ostensiblement la tête afin de remettre ses pensées en place et de ne pas s'égarer davantage encore, se mordillant légèrement la lèvre inférieure. Elle se devait de le libérer pour ensuite faire de lui son jouet d'un jour... Elle se retînt de justesse de se mettre une claque, sachant qu'elle serait immédiatement découverte alors qu'elle les suivait toujours aussi silencieusement.

* Ce n'est pas le moment de penser de telles choses, il a besoin d'être lig... libéré, pas de jouer ! *

Les voyant s'éloigner après avoir placé l'assommé sur un cheval, elle poussa un soupir déjà plus appuyé que le précédent. Marcher toute une journée ne l'effrayait pas, au contraire, mais tout de même ! Tout ça pour libérer un sot qui s'était laissé faire prendre... Et qui, sûrement, ne la remercierait même pas ! Mais qu'y pouvait-elle après tout ?

* Les personnes ne sont plus ce qu'elles étaient... *

Elle se retînt cette fois-ci de rire. Qu'y connaissait-elle ? Elle n'avait que vingt ans après tout, elle n'avait pas vraiment une grande expérience de la vie ! Elle ne connaissait presque personne et pour cause, elle ne voulait plus s'attacher à qui que ce soit. Pour elle, il en était à présent hors de question car elle ne voulait plus ressentir cet échec et douleur cuisants occasionnés par la perte d'une personne chère et aimée.
S'élançant afin de ne pas perdre davantage de temps, elle réussit à maintenir une assez bonne distance pour ne pas être semée mais aussi pour ne pas être trop proche et risquer de se faire repérer. Ce serait bête de se faire attraper et de subir le même sort ! C'est ainsi qu'elle arriva également à ce fameux camp alors que le jour se déclinait déjà... et que ses muscles se contractaient.

* Pas d'entraînement aujourd'hui, mais ce n'était pas désagréable non plus ! Bon, bien sûr, je ne compte pas le faire tous les jours... *

Elle fit craquer ses doigts et se dissimula juste à temps, se dérobant à un regard se braquant à l'endroit où elle était une seconde à peine plus tôt. Se faire repérer maintenant n'était pas de mise, il fallait l'éviter et ce, quelqu'en soit le prix !
Attendant quelques secondes, elle se plaça à un endroit stratégique afin qu'elle puisse voir tout ce qu'il se passait en un seul coup d'oeil sans pour autant être repérée tout de suite. Elle fronça très légèrement ses sourcils en entendant une proposition de duel. Elle se retînt de partir en douce le délivrer et s'installa confortement, du moins, le plus possible, afin d'observer.
La fuite de l'homme lui fit échapper un petit rire.

* Serait-il un de ces couards qui ne veulent pas affronter leur destin ? Probablement... Pourtant, il avait sûrement une chance de remporter ce duel mais pas autant d'avoir la vie sauve, ce genre de personnes ne respectent pratiquement jamais leur parole ! *

La jeune femme se releva et se crispa légèrement en entendant le craquement de branche. Elle sentit tous les regards se braquer sur elle, ce qui la fit déglutir et lâcher un petit "Oups !" à peine audible. Une ombre... Oui, c'était ce qu'elle était et elle venait de s'en souvenir. Et pour l'être, elle se devait d'être en mouvement. Elle s'éloigna donc très légèrement et en vitesse, dégainant son sabre qui émit un son cristallin agréable à entendre. Le soleil se reflétait parfaitement sur la lame, ce qui faisait naître un bel éclat argenté à peine aveuglant. S'avançant vers les hommes, elle était prête à les affronter, au péril de sa vie pour sauver cet homme.

* J'espère au moins qu'il va accepter de jouer si nous nous en sortons vivants ! *

Ses muscles, bandés, témoignaient du fait qu'elle était plus que prête à agir... Levant son sabre, elle se tenait en garde, les défiant clairement du regard. Elle n'avait pas froid aux yeux et n'avait pas peur de combattre quinze hommes ou plus en même temps, sachant parfaitement qu'elle était à la hauteur.

A peine venait t-il de semer ses poursuivants que Shiraku entendit un craquement de branche, près de lui. Ce n’était pas possible, l’avaient t-il déjà de nouveau repéré ? Il regarda dans la direction du bruit, mais n’aperçut qu’une silhouette de femme en mouvement. Elle s’éloignait de lui, pour bientôt disparaître de son champ de vision. La curiosité s’empara alors du vagabond, qui décida de s’approcher pour voir qui elle était. Et ce qu’il redoutait était arrivé : il ne vit qu’une femme, dos à lui, plutôt sombre et surtout fine … Face aux hommes auxquels il essayait d’échapper. Avait-elle seulement une seule chance ? Il supposa que non, même sans connaître la force de celle-ci … Faisait-elle preuve de courage ou bien de folie ? Que ce fut l’un ou l’autre, elle était dans la même situation !

*Je me lance, et de toute façon, je ne peux pas la laisser comme ca ! Et moi qui ne voulait pas faire couler le sang aujourd’hui, c’est fichu ...*

La jeune femme leur faisait toujours face, en garde et prête à contre-attaquer. Ce comportement surprit Shiraku. Ce n’était pas souvent qu’il avait vu, de sa courte vie, une personne gardant autant son sang froid quand sa vie est en jeu. Il sortit de sa cachète, avança de façon à se trouver à ses cotés, puis saisit son sabre, toujours au fourreau. Celui-ci ralentissait énormément la vitesse de Shiraku lorsqu’il donnait un coup, mais grâce à sa force et sa grande dextérité, il parvenait à assommer ses adversaires et de cette façon, il ne les tuait pas … Même si cela pouvait paraître idiot, il préférait agir de cette manière plutôt que de voir couler le sang. Son visage se tourna vers cette charmante femme aux yeux bleus, puis vers l’arme qu’elle portait.

« Tu utilises un sabre … Intéressant, je vais pouvoir voir comment tu t’en sors avec cette arme. Mais avant de se lancer dans ce combat, je pourrais savoir pourquoi tu t’es interposée alors qu’ils m’avaient presque perdu de vue ? »

Il tourna la tête, cette fois-ci, dans la direction du groupe d’hommes. Ils n’étaient pas moins de 15 … Ce serait compliqué de venir à bout de tous, surtout en espérant ne pas se prendre un coup d’épée. La fuite aurait vraiment été un moyen plus simple. Mais désormais, il était là, il ne ferait plus marche arrière. Alors, il préféra se lancer dans le combat le plus tôt possible afin d’en finir rapidement. Ses adversaires se mirent en garde lorsqu’il arriva près d’eux, mais les coups qu’il donna en précipitèrent tout de même deux au sol, sans pour autant les mettre hors combat. Il serait plus dur d’en venir à bout en essayant de ne pas les tuer … Aussi décida t-il, un peu à contrecœur, de sortir la lame de son fourreau. Deux hommes se lancèrent alors sur lui, dare-dare, afin de le toucher. Il esquiva leurs attaques, portées au niveau de la poitrine, en s’abaissant. L’un des deux toucha alors son camarade sévèrement, par inattention.

« Excuse-moi, c’est le seul moyen de m’en sortir alors … »

Son corps tomba en avant alors que son meurtrier retirait la lame, puis il se retourna vers Shiraku. Son regard plein de haine n’affichait pas un seul monceau de tristesse à l’égard de son compagnon … Il lança aussitôt une attaque sans espoir vers le vagabond qui bloqua le coup avec son sabre, puis donna un coup de pied pour renverser son adversaire avant d’envoyer son arme tournoyer quelques mètres plus loin.

*Deux hors combat, c’est toujours bon à prendre.*

Tantôt, un troisième adversaire lui fit face, et celui-ci allait être un peu plus difficile à atteindre à cause de ce qu'il portait : une grand cotte de maille ainsi qu'un casque.

« Je vais te tuer de mes propres mains pour ce que tu as fais à mes compagnons !»

*Celui la semble avoir un peu plus de sentiment pour ses amis ...*

La jeune femme ne cillait pas, son visage ainsi que sa posture droite et sur ses gardes dévoilant qu'elle était de marbre et impassible. Et pourtant, tout s'accélérait dans son esprit. Elle réfléchissait sur comment agir et non réagir : l'attaquer ou se défendre ? Choisir l'offense ne serait sûrement pas très stratégique, dans le sens où la contre-attaque pourrait lui être particulièrement meurtrière ou tout au moins, carnassière. La défensive serait sûrement plus stratégique : elle pourrait elle-même organiser sa propre défense pour destabiliser son adversaire et ainsi le faire reculer pour l'assaillir plus facilement.
Sa tactique à adopter fut interrompue par l'homme qui s'était laissé faire prendre alors qu'il se glissait à ses côtés. Son premier réflexe fut de dégainer une belle dague argentée et de la pointer en sa direction.

* Mais qu'est-ce que je fais ? Je suis sur le point de me battre pour m'assurer que cet homme soit en sécurité et ma première réaction est de le menacer de ma dague ! *

Elle se retînt à nouveau de se mettre une claque alors qu'elle armait son bras et... se tourna rapidement et la lança, l'accompagnant jusqu'au bout. Elle se ficha entre les yeux d'un des hommes qui eut le malheur de l'approcher de trop près.

" Pourquoi me suis-je interposée ? Tout simplement parce que je t'ai vu te faire ligoter et que je ne suis pas restée indifférente. Et puis... "

Lili pivota de manière élégante et souple sur ses hanches, évitant ainsi un coup de sabre destiné à écourter sa vie beaucoup plus rapidement que prévu de la part d'un autre homme, furieux de voir ainsi tomber un de ses compagnons. Inclinant légèrement la lame de son sabre afin de lui donner beaucoup plus de puissance et de précision, elle trancha de manière froide et nette sa tête qui roula un peu plus loin au sol. Elle ne cilla pas lorsque du sang macula sa joue alors qu'elle esquivait un nouveau coup, destiné cette fois-ci à son flanc droit. Elle se glissa derrière ce nouvel homme et abattit le tranchant de sa main sur sa nuque, l'assommant proprement. Se reculant alors que le corps inerte chutait lourdement au sol, elle se baissa juste à temps. Sans quoi, elle aurait terminé sa vie décapitée... Se trouvant dos à ce lâche qui avait voulu la tuer dans le dos, elle orienta la lame de son sabre vers elle et l'embrocha avant de virevolter à nouveau et de récupérer sa dague ensanglantée.
La jeune femme prit le temps de compter combien d'hommes n'étaient déjà plus de la partie. Le calcul fut vite établi : un homme au sol ainsi qu'un homme mort du côté de Shiraku, trois de son côté... Quatre morts et un homme hors d'état de nuire. Seulement, il pouvait se relever à tout moment... Elle décida donc de l'achever. Et si possible, dans d'atroces souffrances. Effectuant une roulade afin de parer tout coup pouvant lui être fatal, elle se retrouva près de lui en un rien de temps. Elle lui trancha la gorge afin d'être sûre qu'il ne reprenne pas le combat et releva brièvement la tête afin de vérifier l'état de son compagnon de galère.

* Gloups... C'est celui qui l'a provoqué en duel ! En plus, il est surprotégé avec cette cotte de mailles et son casque ! *

Puis elle dit tout haut, haussant la voix afin d'être entendue :

" Je te laisse le soin de te concentrer uniquement sur lui, je m'occupe des autres ! "

Elle fit une balayette à un homme tout en se rétablissant souplement sur ses pieds, mettant un point d'honneur à ne pas s'aider de ses mains, occupées d'autant plus. Avisant une arme délaissée, elle prit sa dague entre ses dents et la ramassa avant de transplanter l'épée tout juste récupérée dans l'abdomen d'un autre homme. Elle s'occupait de manière habile des hommes, se fiant uniquement à son seul instinct. Elle virevoltait telle une véritable diablesse, entraînant avec elle les quelques hommes restants. Pour le dernier, si on ne comptait pas celui dont s'occupait Shiraku, elle voulait le surprendre.

* Un peu de réconfort avant la mort ne pourra pas lui faire de mal ! *

Lili eut un sourire carnassier alors qu'elle jetait l'épée au loin et dissimulait sa dague dans son dos, entre le haut de sa combinaison et elle-même, ce qui lui valut une profonde entaille du côté gauche, au niveau de la taille. Elle montra un visage neutre alors qu'elle se collait à lui et appliquait ses lèvres aux siennes, ce qui eut pour effet de le destabiliser et de lui faire lâcher son arme. Elle passa un bras autour de lui en une étreinte alors qu'elle lui dérobait un fougueux baiser... Puis elle arma son poing. Poing qui fit exploser sans peine le nez de son ennemi, le faisant reculer. Rattrapant sa dague au vol après l'avoir faite descendre, elle l'acheva avant de se retourner vers l'homme pour lequel elle s'était mise dans cette galère et de vérifier où il en était. Du sang coulait de manière abondante de son entaille mais elle semblait s'en moquer.... Du moins... Pour l'instant. Elle n'aimait pas montrer sa douleur, encore moins se plaindre.

" Tu t'en sors où il faut appeler des renforts ? "

La jeune femme avait prononcé cette réplique sur un ton légèrement railleur et ironique. Bien sûr qu'elle allait lui venir en aide, l'envie de se battre était très fortement présente en elle et elle se devait de l'assouvir ! Elle se glissa à ses côtés, faisant face au dernier homme en vie...

Shiraku finit par reconnaître l’homme se tenant en face de lui. Un casque, une cotte de maille, une épée courte … C’était celui qui l’avait défié dans un duel, quelques minutes auparavant ! Il ne semblait pas se préoccuper de la mort de ses compagnons, la seule chose qui l’intéressait était de finir son duel, même si celui-ci devait se terminer par sa mort. C’était un idiot, rien de plus. Avant de le combattre, le jeune homme voulait vérifier que la femme qui combattait à ses cotés s’en était sortit. Apparemment, il n’avait pas de soucis à se faire : les cavaliers étaient tous au sol, morts … Même ceux dont la vie avait été épargnée par le vagabond. Cette femme était une vraie machine à tuer ! Le dernier brigand encore en vie se tenait devant elle, et la peur se lisait dans ses yeux … Pourtant, elle s’approcha avant de se blottir à lui pour l’embrasser, lui faisant lâcher son arme. Mais, bien évidemment, ce n’était qu’une ruse pour mieux l’assassiner. Le corps de l’homme tomba au sol, elle se retourna alors vers Shiraku et s’avança à son niveau pour faire face au cavalier en armure de maille.

« Laisse le moi, je te prie. Après tout, il m’avait défié en duel. Je vais lui montrer qu’il aurait mieux fait, à ce moment là, de me laisser partir … »

« Salaud … Toi et la garce, vous avez tué tous mes hommes ! Tu crois que je vais vous laisser partir comme ca, maintenant ? Tu n’as pas idée de ma force, tu devrais abandonner tout de suite. »

Ses paroles étaient celles d’un homme vaniteux, cette armure le protégeait peut être, mais pas de tout les coups. Le vagabond tourna la tête en direction de la jeune femme, à ses cotés. Il ne savait pas quel était sa réaction par rapport à ce qu’il venait de lui demander, mais il ne voulait pas qu’elle interfère dans ce combat.

« Si jamais je perd ce combat, tu pourras le finir à ma place. Mais je te préviens, je ne vais pas perdre contre cet homme ! »

Il parla assez fort pour que l’autre l’entende, s’énerve et attaque, ce qu’il ne tarda pas à faire. Son geste était prévisible, vu la façon dont il s’élança. Dés qu’il fut à portée, il donna un coup vertical, au niveau des épaules de son adversaire. Shiraku réussit à parer l’attaque de ce dernier avec son sabre en position horizontale, empêchant ainsi qu’il ne lance une nouvelle attaque immédiatement. Dans cette posture, aucun des deux n’avait l’avantage, et pourtant le chef des brigands continuait à forcer sur sa lame, comme s’il eut un seul espoir que le sabre se brise en deux. Un sourire apparut alors sur le visage du vagabond. Non, il n’avait pas encore gagné, mais sa victoire était très proche. Très rapidement, il fit un pas sur le coté pour que son arme ne soit plus en contact avec celle de son ennemi, toujours persuadé que sa force pouvait venir à bout d’un sabre. C’est ce qui l’entraina au sol, après avoir perdu l’équilibre et lâcher son arme.

« C’est finit. Le gagnant se doit d’achever son adversaire … »

Shiraku s’abaissa près de l’arme, déposa la sienne, la prit entre ses mains et ôta le casque de l’homme précipité à terre. C’était la fin du combat, il avait perdu. Le jeune homme, épée à la main, fit un grand geste et … planta l’arme à quelques centimètres de la tête du briguant. Ce n’est qu’après qu’il retourna chercher son sabre, sans le ranger.

« Et tu ne feras pas exception à la règle. »

A ces mots, il planta cette fois-ci son sabre dans le sol, toujours près de son ennemi. Celui-ci, terrorisé, ne réussit même pas à prononcer un mot. Passer aussi près de la mort, c’était surement émouvant … Le combat était finit.

« Je te remercie d’être intervenu face à ces hommes pour moi, en risquant ta vie. Il n’y a pas grand monde qui en ferait de même. »

Ses yeux furent attirés par le liquide rouge qui coulait près de sa taille. Blessée ? A son regard, elle n’en avait pas l’air. Shiraku opta plutôt pour le sang d’un de ces hommes plutôt que le sien, et il n’y prêta donc pas plus d’attention.

« Que faisais tu, dans ces bois ? Je ne peux pas croire que tu m’ais suivis depuis que j’y suis entré … »

Lili fut abasourdie lorsqu'il lui demanda de le laisser faire. Et si... Et s'il ne s'en sortait pas ? Elle le sous-estimait assurément mais après tout, elle ne voulait pas qu'il voit sa vie décliner à vive allure !

* Ah non, ce serait trop bête après tous ces hommes tués ! *

Bon, elle devait l'avouer, elle se moquait bien d'avoir ôté tant de vies, surtout si c'était pour défendre une autre personne ou se défendre elle-même. Mais elle n'aimait pas perdre car après tout, s'il se faisait tuer maintenant, elle considèrerait cela comme un échec. Cuisant et sur long terme, qui plus est. Mais pourtant... Elle comprenait le fait qu'il veuille régler ça seul car après tout, lui seul avait été provoqué en duel et elle imaginait sans peine qu'elle était de trop.
Elle serra la mâchoire ainsi que les poings lorsqu'elle entendit le dernier brigand la traiter de garce. Elle serra tant et si bien les poings que ses phalanges blanchirent de manière instantanée alors qu'elle se fichait sans réellement s'en rendre compte ses ongles dans ses paumes. Puis son compagnon de galère lui demanda d'achever le combat si jamais il y passait. La jeune femme s'inclina gracieusement et souplement, réprimant une grimace de douleur alors qu'elle tournait les talons et s'éloignait.
Avisant une souche à peine quelques mètres plus loin, elle y prit place, s'asseyant en tailleur avant d'entreprendre de nettoyer ses armes. Elle ne semblait toujours pas se préoccuper de sa profonde entaille, bien que son propre sang coulait de manière abondante sur le bois tranché. Elle observait le duel, souriant simplement tout en pensant. Elle ne s'arrêta de nettoyer son sabre ainsi que sa dague que lorsque les lames s'entrechoquèrent, l'une verticale, l'autre horizontale.

* Son coup n'était que plus prévisible à la vue de la manière dont il s'est jeté sur lui... La précipitation n'en est que plus mauvaise et éloquente pour l'ennemi... Il vaut mieux réfléchir, même si ce n'est qu'une demie-seconde, plutôt que de vouloir assaillir son adversaire de manière trop rapide. *

Lili se retînt de rire alors que "le survivant" forçait sur la lame.

* Comme s'il espérait qu'elle se brise... Facile à contrer, fin du combat. *

Et elle avait vu juste : un simple pas sur le côté de la part de Shiraku fit renverser son adversaire au sol, le poids de la cotte de mailles facilitant sa chute. Elle sourit un peu plus à la vue de la peur se lisant de manière aisée sur le visage du dernier brigand alors que le vainqueur se plaisait à faire durer le moment.
La jeune femme se décida à se lever que lorsque sa vue se troubla et qu'elle sentait sa conscience lui échapper lentement mais sûrement. S'approchant souplement d'un corps, elle arracha une bande de tissu le recouvrant afin de se faire un bandage après avoir légèrement remonté le haut de sa combinaison. Elle releva la tête et sourit à son compagnon de galère alors qu'il la remerciait. Il pouvait s'estimer heureux : elle n'avait pas pour habitude de sourire, elle qui restait froide et distante.

" Je t'en prie, ce n'est rien. Et puis, j'ai l'habitude de me battre, avec ou sans arme. Il faut savoir tirer profit et avantage de chaque situation. "

Puis il lui demanda ce qu'elle faisait dans ces bois, ce qui la fit légèrement tiquer. Elle n'aimait guère parler d'elle et ainsi donner des renseignements sur elle-même, sur ces actes et gestes, etc, etc. Et pourtant, elle lui répondit.

" Ce que je faisais là ? Je suis une voyageuse née, toujours sur les routes à la conquête de nouveaux horizons. Et il se trouvait que je me suis endormie sur une branche et que je me suis réveillée juste à temps pour te voir te faire ligoter après que tu fus assommé. J'ai décidé de suivre les cavaliers... Voilà tout. Bon, je n'ai pas pu m'entraîner puisque le trajet m'a pris toute la journée, mais ça en valait la peine. "

Puis elle pensa, contemplant quelques instants le vide.

* Comme quoi, on en apprend également en observant... *

Son regard flamboyant à cette simple pensée, elle le releva vers lui avant d'esquisser un faible sourire.

L’homme à terre ne pouvait plus dire un mot tant il avait peur de mourir, c’était bel et bien la fin du combat. La jeune femme, elle, se leva après le duel pour s’approcher d’un corps afin d’y arracher un morceau de tissu provenant de ses habits. Elle en fit un bandage près de l’endroit ou le sang coulait abondamment. C’était bien son sang, plus de doute possible. Malgré cette blessure, elle releva la tête vers le vagabond pour sourire, puis elle répondit assez vaguement à sa question.

*Une voyageuse ?! Elle m’a vu me faire assommer et ligoter par ces pouilleux ? Pouah, elle a du croire que j’étais vraiment pitoyable … Et elle a suivit les cavaliers jusqu’à leur campement, elle m’a donc aperçu en train de fuir pendant le duel avec le chef de ces hommes ! Je n’ai vraiment pas de chance, aujourd’hui.*

Shiraku fut assez gêné à cause de ses propres pensées : l’idée que cette femme ait pu le voir fuir le mettait assez mal à l’aise, ajouté à cela le fait qu’elle se soit interposer entre lui et les cavaliers. Ce n’était pas une femme ordinaire pour avoir gardé autant de sang-froid face à tant d’hommes, même si, au vu de sa force, elle aurait pu s’en sortir. C’était une chose qui marquait profondément Shiraku ... Elle posa son regard dans le vide, pensive, puis elle releva de nouveau la tête dans sa direction, pour lui sourire encore une fois.

« Je te remercie, encore une fois. Tu as du courage, tu n’as pas hésité à risquer ta propre vie pour moi … Pourrais-tu me donner ton nom ? Le mien est Shiraku, et je suis un vagabond. Je voyage aussi beaucoup à travers le pays, et je suis tombé sur cette bande de brigands. J’aurais du faire plus attention … Mais bon, cela m’a permit de me retrouver en face d’une belle femme. Finalement, je ne regrette pas … »

Shiraku ricana à ces mots, puis il sortit une sorte de chiffon afin de nettoyer le sang répandu sur sa lame. Dés qu’il eu finit, il rangea celle-ci soigneusement dans son fourreau, puis il s’approcha de la jeune femme.

« On devrait partir d’ici. Si jamais il reste un cavalier, ou bien si une personne extérieure au combat nous a vus, on risque d’avoir de gros problèmes, et je t’avouerais que j’en ai déjà assez comme ça !»

Il porta aussitôt son regard au niveau de sa blessure entourée du bandage de mauvaise fortune.

« Il faudrait aussi que l’on te trouve un médecin. Si tu laisses cette blessure comme ça, elle risque de s’infecter. Tu n’as qu’a venir avec moi sur la route d’Alsaria, nous en trouverons bien un. »

C'était le minimum qu'il pouvait faire pour celle qui l'avait "sauvé". Il leva la tête vers elle en attendant les réponses à ses questions.

La jeune femme remarqua qu'il était assez mal à l'aise, ce qui la fit légèrement froncer ses sourcils.

* Est-ce de ma faute s'il ressent de la gêne ? En suis-je à l'origine ? *

Elle était plutôt réceptive quant aux sentiments que pouvaient éprouver les personnes qu'elle croisait ou rencontrait mais ne savait généralement pas quelles en étaient les origines. Après tout, elle ne s'y attardait pas vraiment ! Mais là, ils seraient sûrement amenés à faire un bout de chemin ensemble et elle estimait qu'elle devait au moins en connaître un peu plus sur lui. S'interrogeant, elle l'écouta d'une oreille attentive alors qu'elle remettait sa combinaison en place.

" Je m'appelle Lili. Lili Shadow, pour être plus précise. On peut me qualifier de femme dangereuse, froide et distante. Joli prénom qu'est le tien, j'apprécie. "

Elle laissa échapper un rire mélodieux et doux à entendre lorsqu'il avança qu'elle était une belle femme. Sans réellement savoir pourquoi, elle en fut flattée, même si elle ne le montrait pas.
Il avait de la chance car rares sont les personnes ayant entendu un tel rire de sa part. A l'accoutumée, entendre son rire n'était pas de bonne augure car il précédait bien souvent la mort de celui ou celle ayant eu le malheur de l'entendre.
Elle poursuivit, le regardant nettoyer sa lame alors qu'elle faisait un point de pression sur sa blessure tout en se cambrant légèrement.

" Je ne crains pas les problèmes. Je préfère les affronter plutôt que de fuir. Je trouve ça lâche et je n'aime pas la lâcheté. "

Elle se retînt d'ajouter * Déjà que je n'aime pas grand chose... *, se disant que ce serait sûrement de trop. Il n'était pas obligé de savoir qu'elle n'aimait que très peu de choses, cela ne relevait pas de la notoriété publique ! Et de plus... Elle ne voulait pas le crier sur tous les toits, ça devait sûrement se remarquer rien qu'à l'attitude assez froide qu'elle adoptait.

" Partir maintenant ? Je crois que tu oublies quelque chose... Ou plutôt, quelqu'un ! "

Elle désigna l'homme à terre, si terrifié qu'il en avait presque avalé sa langue. Ou tout au moins, il se faisait le plus petit possible. Peut-être espérait-il se faire oublier et ainsi avoir la vie sauve ? Mais Lili, elle, ne l'oubliait pas et voulait le voir se faire exécuter. Elle y voyait là l'assurance qu'il ne les suivrait pas ou que tout du moins, il ne pourrait plus alerter qui que ce soit.

" Je croyais qu'il n'allait pas faire exception à la règle... Celle de tuer son adversaire à la fin d'un duel... "

Il était clair qu'elle voulait le voir réduit au silence... Cela l'amusait, même si la peur figée sur le visage du "survivant" la faisait, elle devait l'avouer, jubiler. Et cela se voyait par un regard intéressé et flamboyant, vif et éloquent.
La jeune femme manqua de peu de s'étouffer lorsqu'il affirma qu'il fallait lui trouver un médecin au plus vite afin que son entaille n'ait pas le temps de s'infecter.

" Alsaria... C'est bien là que j'allais... Mais consulter un médecin, il en est hors de question ! Je vais m'en remettre, j'ai connu pire ! "

A son sens, il était impossible de se faire ausculter par qui que ce soit. Qu'on la regarde ainsi l'horripilait... Elle en frissonna rien qu'à cette idée.
Voyant que son bandage improvisé était déjà bien imbibé par son sang s'écoulant toujours malgré son point de pression, elle laissa échapper un très léger soupir. Elle se releva avant de s'excuser.

" Je m'excuse d'avance pour ce que je vais faire, mais ça me facilitera la tâche. "

Elle déchira un autre morceau d'habit sur le même corps avant d'enlever sa combinaison, se retrouvant alors en sous-vêtements. Elle ne ressentait aucune gêne à s'exposer ainsi. Elle savait que son corps était généreux et d'ailleurs, elle n'avait pas honte parfois de s'en servir pour destabiliser un adversaire ou tout simplement pour s'affirmeret s'assumer. Sa profonde entaille ainsi révélée, il put voir à quel point elle était blessée, bien qu'elle ne semblait pas vraiment s'en soucier. Elle refit un bandage, le serrant davantage encore, puis se rhabilla.

" Nous pouvons y aller dès que tu le souhaites. Mais avant... J'aimerais assez qu'il voit le terme de sa vie. "

Posant son regard sur le dernier brigand, elle insistait...

La jeune femme se présenta à lui sous le nom de Lili Shadow après que le vagabond lui ait donné le sien … Se disant froide et menaçante, elle se mit pourtant à rire lorsqu’il fit la remarque qu’elle était belle femme : son caractère, pendant la courte période pendant laquelle il venait de lui parler, semblait tout à fait contradictoire avec celui qu’elle se donnait …

Elle pointa son regard sur son sabre encore embaumé de l’odeur du sang de ses adversaires avant de poser sa main sur sa blessure. C’était loin d’être une simple plaie, mais elle cachait bien sa souffrance en souriant légèrement et en se tenant de manière tout à fait normale. Elle ajouta alors qu’elle détestait la lâcheté, et par conséquent les gens qui en font preuve … Pourtant, Shiraku ne se sentit par visé : il ne fuyait jamais les problèmes eux même, il fuyait plutôt son destin.

*Et j’ai du faire preuve d’un bon acte de lâcheté devant elle …*

La jeune femme écarta alors sa proposition de chercher un médecin en montrant l’homme au sol, toujours tétanisé par la fin de son combat. Il ne parlait pas, ne bougeait pas depuis un bon moment, mais il était toujours en vie, c’était une certitude. Tuer son adversaire à la fin du combat ? Ne pas faire exception à la règle ? C’était pour lui un choix difficile de devoir tuer, et encore plus lorsqu’un adversaire n’a plus aucune chance de se défendre.

Elle en revint à la proposition de Shiraku qu’elle refusa catégoriquement. « Je vais m’en remettre, j’ai connu pire » : c’était surement une preuve de son expérience, mais ce n’était pas une bonne idée de laisser ainsi une telle blessure ! Elle laissa échapper un soupir, et arracha un autre bout de tissu sur le même corps que le premier. Sans aucun embarras, elle ôta sa combinaison pour se retrouver en sous vêtements. Cette fille ne semblait éprouver aucune gêne à se retrouver dans cette tenue devant un parfait inconnu, et par-dessus tout devant un homme. Shiraku ne se cacha pas qu’elle était élégante et que ses formes étaient généreuses, il posa son regard sur elle pendant plusieurs secondes d’ailleurs, avant de se replonger sur la blessure de la jeune femme. Ce n’était pas, comme il le pensait, une petite entaille ...

Elle se rhabilla ensuite, puis regarda dans la direction du cavalier à terre. Le tuer, c’était ce qu’elle souhaitait dans ses paroles et son regard, mais Shiraku, lui, était contre cette idée.

« Tue le si tu le souhaites vraiment, je n’ai pas envie de salir de nouveau mon arme pour en finir avec cet homme. Il a perdu son combat et ses compagnons, mais je veux qu’il vive pour qu’il se rende compte de ce qu’il a fait, et les conséquences que cela aura. »

Shiraku se leva, puis se mit à marcher dans une direction qui lui était inconnue. Après tout, ce n’était pas lui qui c’était rendu ici. On l’avait gentiment transporté jusqu’à ce campement, puis il avait couru pendant plusieurs minutes à travers cette forêt pour ensuite combattre ses poursuivants. Le seul moyen d’arriver rapidement à destination d’Alsaria était sans doute cette femme, puisqu’elle l’avait suivit jusqu’ici. Mais pour le moment, elle semblait très occupée avec le dernier brigand toujours immobile.

« Dit moi, sais-tu ou nous sommes ? »

Pas besoin d’en dire plus pour comprendre qu'il était totalement perdu.

Lili ne se le fit pas dire deux fois, affichant une petit sourire presque satisfait alors qu'elle se dirigeait vers le dernier cavalier d'une démarche souple, presque féline. Pourquoi un sourire presque satisfait ? Parce qu'il venait de lui mettre le doute. Elle n'aimait pas douter et hésiter, ne sachant plus quoi faire.

* Dois-je le laisser en vie ? Shiraku n'a pas tort en affirmant que voir la conséquence de ses actes pourrait secouer un peu plus ce chef déchu... *

Il était rare qu'elle prenne l'avis d'une autre personne en consédiration. Mais vu le sourire qu'elle affichait à présent, elle semblait avoir trouvé le juste milieu. Ou tout au moins, à son sens, soit celui d'une tueuse sans scrupule. Non pas qu'elle tuait pour simplement voir le sang couler, mais elle ne rechignait pas à se battre et laisser des corps sans vie derrière elle, se décomposant à chacun de ses pas. Au moins, cela faisait de la nourriture pour les charognards...
Un son cristallin se fit entendre lorsqu'elle sortit son sabre fraîchement nettoyé de son fourreau, arrivant à proximité de celui qui était rendu muet par la peur. Elle s'accroupit pour se mettre à sa hauteur et plaça ses lèvres tout près d'une de ses oreilles afin de lui murmurer d'une douce manière chaleureuse ne laissant prévisager rien de bon :

" J'ai envie de m'amuser avec toi... Je peux ? "

Et, sans attendre la réponse, elle poursuivit sur sa lancée, prenant un malin plaisir à prendre un ton de velours liquide contrastant avec la dureté de ses paroles.

" Bien sûr que je peux, tu n'es pas en mesure de faire quoique ce soit. Tu décides de me tenir tête, tu y passes. Tu restes bien sage et je ne te ferais rien... "

La jeune femme se redressa et le surplomba de toute sa hauteur, ses cheveux balayant délicatement son dos au gré des envies de la légère brise se levant.

" Ou tout du moins, tu auras la vie sauve ! En revanche... "

D'un geste fluide et souple, elle lança son sabre, l'accompagnant du bout des doigts jusqu'au bout. Pour elle, il devait être le prolongement presque naturel du bras... En harmonie avecson arme, elle la fichait où elle le désirait... Et là, il se trouvait que ce soit dans l'interstice de l'armure qu'il portait, au niveau du coude. Lili sourit en voyant qu'une fois de plus, elle avait prouvé qu'elle était une excellente lanceuse, et ce, quelque soit l'arme. Elle poursuivit à nouveau sur sa lancée, enjouée.

" Je ne garantis pas de ton état. Je m'amuse, j'ai le droit, non ? "

La jeune femme laissa échapper un rire dont elle seule avait le secret. Un rire vous flanquant d'horribles frissons glacés. Un rire dont on en possédait longtemps le souvenir horripilant, vous faisant vous souvenir que ce jour-ci, vous n'auriez pas dû vous en prendre à elle, ou à qui que ce soit d'autre d'ailleurs. Que vous auriez dû rester bien sagement et tranquillement dans votre coin, sans broncher ni dire ne serait-ce qu'un seul mot.

" Tu permets que je récupère ce qui m'appartient ? "

Elle se plaisait franchement à lui demander la permission alors qu'elle savait pertinemment qu'il n'était pas en position de force et que par conséquent, il ne pouvait que s'incliner devant la moindre de ses volontés. Et cela, ça la faisait franchement jubiler. Tant et si bien qu'elle se montrait de plus en plus impatiente et surtout... Elle se montrait espiègle. Autant dire que c'était très mauvais signe car il allait passer un sale quart d'heure. Elle y veillait personnellement, trouvant là que c'était un jeu particulièrement amusant... pour elle.
Se baissant, elle remua la lame dans la plaie alors qu'elle lui disait tout bas :

" Je vais t'apprendre ce qu'est une garce... Je le suis quand on m'offense, tous les coups sont permis ! "

Elle finit par la retirer lentement afin de le faire agoniser le plus possible, souriant sadiquement alors qu'elle le regardait ne pas résister à la douleur. Elle savait se faire désirer... Allait-il la supplier de mettre un terme à sa vie ? Elle espérait l'entendre crier, tenter de se débattre ou quoique ce soit pouvant lui permettre de le tuer. Mais non, elle ne ferait que le faire agoniser, d'autant plus lorsqu'elle aussi souffrait, même si elle ne le montrait pas...

" L'un de tes hommes m'a blessée. Résultat, je ne vais pas pouvoir m'entraîner pendant plusieurs jours, ce qui signifie que je ne vais pas devoir fournir trop d'efforts si je veux pouvoir me surpasser par la suite. Il a déjà payé par sa mort mais étrangement, je ne suis pas satisfaite. Il ne peut pas s'en souvenir... Alors tu vas payer à sa place, dommage pour toi ! "

Lili s'amusa à planter sa lame à chaque interstice, la tournant et la retirant de manière lente et sadique à chaque fois. Elle se délectait de sa souffrance, cela se voyait. Tant dans son comportement que sur son visage. C'était également parfaitement tangible et perceptible dans son regard flamboyant, en disant long. Puis elle laissa tomber son sabre, l'éloignant quelque peu afin qu'il ne soit pas à la portée du cavalier, et se servit de ses ongles. Faisant mine d'effleurer tendrement sa joue, elle remonta assez lentement afin de lui laisser le soin à son imagination de travailler avant de les planter sous son oeil droit. Il put immédiatement sentir sa vue se troubler, s'assombrir pour ensuite tarir en ce qui concernait l'oeil touché. Du sang perla... Elle ne s'en préoccupa même pas tant elle voulait le faire souffrir, l'entendre la supplier. Elle entendit Shiraku lui demander si elle savait où ils se trouvaient. Elle ne lui répondit pas tout de suite, concentrée. Elle reprit donc avec le "survivant", lui enlevant peu à peu son armure. S'emparant d'une de ses mains, elle lui trancha les veines d'un geste sec, observant sa réaction.

" Je vais te laisser le soin de panser tes blessures, je n'ai pas de temps de le faire... Et puis... Je n'en ai pas envie. Maintenant, tu as le choix, libre à toi de choisir ce que tu désires : vivre et agoniser ou mourir. Mais après, je ne peux décider à ta place... Mais avant de te quitter en de si bons termes, j'aimerais te faire mes adieux. "

Sortant sa dague, qu'elle n'avait pas sortie jusque là, elle lui entailla assez profondément le thorax pour que cela reste ancré, mais pas assez pour que ça occasionne une blessure grave ainsi que des conséquences importantes , les initiales suivantes : "L-S".

" Pour que tu te souviennes de la garce que je suis... Ou tout au moins, celle que j'ai été avec toi ! "

Elle se releva, récupéra son sabre, puis nettoya ses deux armes tout en revenant vers Shiraku, songeuse.

" Où est-ce que nous sommes ? Je ne saurais te le dire exactement, j'ai découvert ce camp en même temps que toi. En revanche, je saurais nous reconduire à la forêt d'où nous sommes partis mais cela nous ferait perdre une journée. Mais, remarque... Si nous tournons en rond, ça nous en fera perdre bien plus davantage encore. Je te propose donc de regagner la forêt pour avoir un point de repère et ensuite pouvoir nous diriger vers Alsaria. Qu'en penses-tu ? "

[Désolé, mais si mon perso par avec toi sur la route
d’Alsaria, ce sera contradictoire avec mon autre Rp ^^’]


Cette fille avait vraiment un comportement très étrange, elle souria lorsque Shiraku l’autorisa à faire ce que bon lui semblait du chevalier au sol, et elle s’approcha avec grâce près de celui-ci, sans doute pour en finir avec. Cependant, elle s’arrêta quelques secondes, comme hésitante à continuer son action. Avait-elle été arrêté par ses paroles, ou bien cherchait elle seulement un moyen sadique pour le faire souffrir le plus longtemps possible ? Shiraku opta pour la deuxième idée, car ce sourire naissait de l’envie de tuer … Ce n’était pas une expression que l’on trouvait chez beaucoup de gens, et elle n’était pas aussi forte pour la plupart d’entre eux.

*Je suis tombé sur un monstre avare de sang … J’ai tout intérêt à faire attention et à rester sur mes gardes : je ne sais pas ce qu’elle pourrait me faire si j’ai le dos tourné. Pour l’instant, elle ne semble pas avoir l’intention de me planter un poignard dans le dos. Mais bon, restons attentifs.*

La jeune femme se releva et lança son sabre sur sa victime, lui transperçant le coude avec une grande précision. Elle lui murmura des mots sans importance pour lui, c’était vraiment le cadet de ses soucis dans cette situation. Cette femme, n’avait elle aucune âme ? Il avait déjà bien assez
souffert, mais ce n’était pas assez pour elle, elle en voulait plus. Elle saisit sa lame et s’amusa à lui transpercer plusieurs espaces de son corps, retirant en tournant sa lame à chaque fois. C’était insoutenable rien qu’à l’idée d’être à sa place, même sans ressentir la douleur. Quand à elle, comment pouvait-elle en oublier sa propre douleur ? C’était si amusant pour elle qu’elle n’en ressentait surement plus rien : dans ces moments là, elle n’avait pas vraiment l’air d’une humaine, elle ne l’était que physiquement.

*Va-t-elle arrêter de le faire souffrir ? Qu’elle en finisse, une bonne fois pour toute … Si elle ne s’arrête pas, j’interviendrais moi même !*

La suite se révéla être encore plus horrible : elle lâcha son arme et utilisa ses ongles pour lui faire une entaille dans l’œil droit … Un peu de sang en sortit pour couler le long de ses joues, mais était-ce vraiment que du sang ?! Certes, il s’en était prit au vagabond et à cette jeune femme, mais aucun homme sur terre ne mérite un sort comme celui-ci. Elle lui ôta son armure, et lui planta de nouveau sa lame dans le corps, semblant tracer quelque chose dans sa peau : L … S … L-S ? Ses initiales, sans aucun doute. Ce n’était plus du tout humain, il devait faire quelque chose.

Après qu’elle se soit relever, et qu’elle ait reprit dans ses mains son sabre, Shiraku dégaina le sien et se dirigea vers elle en marchant. Non, il ne voulait pas l’attaquer, pas elle en tout cas. Il n’attendit pas une seconde pour trancher le cavalier au sol, qui se mit à gémir comme une bête sauvage. C’était comme une sorte de libération après la souffrance qu’il venait d’endurer. Le vagabond se remit à marcher et passa à coté de Lili, sabre taché de sang sur le dos. Il ignora ce qu’elle venait de lui dire, il ne souhaitait pas faire route avec une femme pareil.

« Désolé, ce que je viens de voir ne me donne pas envie de rester à tes cotés sur la route d’Alsaria. Tu m’as sauvé, je t’en suis reconnaissant, mais voir un spectacle pareil me met hors de moi. Je vais continuer mon chemin de mon coté, et j’espère ne pas te recroiser dans ce genre de situation. Bonne chance à toi … »

Shiraku ne s’arrêta pas et, sans jeter un regard en arrière, il continua son chemin à travers la sombre forêt, sans savoir par ou aller. Il se fiait à son instinct, et celui-ci ne lui portait pas souvent chance. Mais il préférait voyager de cette manière plutôt que d’être en compagnie d’une tueuse sans âme … C’est ainsi que, après une longue journée de marche dans les bois de Moniek, notre jeune vagabond retrouva enfin la grande route qu’il avait quitté un jour plus tôt, et, toujours sans compagnie, se remit en marche vers la grande capitale d’Alsaria : Dénaros.

*Je ferais mieux de ma hâter, je commence à avoir un peu faim, et j'aimerais trouver un endroit ou dormir confortablement.*

[FIN DU RP POUR SHIRAKU]