Dehors... Temps de chien... [Schneizel]

-"Explique-moi pourquoi j'ai l'impression que tu l'as fait exprès ?"

[~ Deux bonnes heures plus tôt ~]

"... Depuis le bruit du jour qui vient et s'en va
Que fais-je ici, que puis-je trouver, sinon...
Jusque dans les couleurs du ciel que je ne vois pas
Et..."

"... cette saleté me pleut dessus."

[~ Retour à l'instant présent ~]

Schneizel n'arrivait pas à dormir. Allez savoir pourquoi... La nuit était tombée depuis bien longtemps, elle était calme, seul le bruit relaxant de la pluie battante contre les parois de la chambre venait troubler le silence. Le jeune homme adorait ce bruit et s'était de nombreuses fois laissé bercer par ce son grave et régulier. Aucune lumière ne filtrait dans la pièce close qui se trouvait de fait plongée dans l'obscurité la plus totale. N'était ce pas là une atmosphère propice au repos? Et pourtant Schneizel ne parvenait pas à fermer l'oeil. Il se tournait et se retournait sur son lit incapable de trouver un position assez confortable pour s'assoupir. Son esprit était en ébullition et refusait obstinément de se laisser aller à la somnolence. Le mercenaire était irrité de ne parvenir à trouver le sommeil et c'était loin de jouer en faveur d'un bon repos. Au contraire, plus le temps passait moins il avait envie de dormir. La situation devenait proprement exaspérante. Au bout d'un long moment Schneizel décida de se lever. Rester à se morfondre ne lui apporterait rien de bon, après tout.

Ses yeux s'étant depuis longtemps habitués aux ténèbres de la pièce, Schneizel prit le parti de ne pas allumer les quelques lampe à huile qui lui servaient d'éclairage. Il revêtit ses affaires, passa ses armes à la ceinture à la fois par habitude et acquis de conscience et se dirigea vers la sortie de sa chambre. Il en saisit doucement la poignée et l'abaissa précautionneusement avant de tirer tout aussi doucement le battant vers lui. La porte, qui d'ordinaire ne manquait pas de grincer obstinément à chaque ouverture, coulissa sur ses gonds sans un bruit. Schneizel ne savait pas vraiment lui même pourquoi il prenait tant de précautions. Peut être le silence était il si parfait que le bruit de la porte lui eu paru insupportable? toujours est il qu'il referma la porte de la même manière et qu'il la verrouilla avant de s'engager dans les couloirs du repère.

Durant ses errances Schneizel ne croisa pas âme qui vive. Cela lui paru étrange et naturel à la fois. Il se serait, malgré l'heure, tout de même attendu à voir deux ou trois mercenaires vacant à une quelconque activité nocturne ou à croiser une patrouille de nuit, toutefois l'atmosphère semblait si propice à sa solitude qu'il ne s'en formalisa pas. Il avançait sans réel but, ne sachant trop où se diriger, prenant les intersections comme elle venaient, ne faisant que marcher. Pourquoi? Pour se changer les idées peut être? Ou bien se dépenser? Il n'en avait cure lui même.

*Pourquoi le temps passe-t-il si lentement dans ce genre de moment alors qu'il s'envole en un instant quand on en a besoin? N'y a t il donc jamais de juste milieu? Est on forcément réduit à toujours en avoir trop, ou trop peu?*

pesta intérieurement le jeune homme en prenant une nouvelle intersection. Il se retrouva ainsi dans le hall. La vaste pièce était déserte...ou presque. Seule une jeune femme se tenait en son centre. Elle était trempée de la tête aux pieds. Il ne faisait nul doute qu'elle avait du passer un certain temps sous la déferlante d'eau qui s'abattait au dehors. Ses cheveux d'un blanc immaculé, alourdis par l'eau lui collaient au visage et semblaient ne plus vouloir finir de goutter. Ses atours, tout aussi trempés, épousaient encore plus sa fine silhouette que s'il avaient été faits de cuir. Sous ses pieds s'était formée une flaque d'eau qui s'étendait encore peu à peu. A ses côtés attendait patiemment un loup, la tête posée sur ses deux pattes avant.

L'animal du remarquer Schneizel car il releva la tête à son approche dans une attitude qui avait, pour le moment, l'air plus interrogatrice qu'agressive. Du moins Schneizel en supposa t il ainsi.

*Que peut elle bien attendre ici, à une heure pareille?*

se demanda Schneizel alors que la flaque continuait de s'aggrandire. Intrigué par cette demoiselle qu'il n'avait jamais croisé auparavant, le jeune homme s'avança. Ce n'est qu'arrivé près d'elle, alors qu'elle tournait la tête dans sa direction, qu'il remarqua ses oreilles pointues et ses yeux étonnamment vides. Ainsi appartenait elle à la race des elfes... Schneizel n'avait pas l'habitude de croiser régulièrement des individus de ce peuple ancien et relativement restreint.

"Vous ne devriez pas rester ainsi sans bouger, vous risquez d'attraper froid... Il vaudrait mieux aller faire sécher vos vêtements dans vos quartiers, si je puis me permettre."

déclara le mercenaire sur un ton affable.

"Vous n'êtes pas perdue au moins?"

s'enquit il, prêt à guider la demoiselle dans le dédale que formait le repère si toutefois c'était le cas.

-"Hummmm..."

-"Bonsoir. Je crois bien qu'il pleut dehors."

lui

Au bout de mes prières, dans le creux de mes rêves
Il y avait cette lueur qui m'envole aujourd'hui
Etincelle de désir
Soupçon d'éternité...

-"Je crois que je ne me souviens pas de l'endroit."

-"Ca fait longtemps que je ne suis pas revenue."

La jeune femme était vraiment pour le moins...étrange? Intrigante? Excentrique? Schneizel lui même n'aurait trop su le dire à l'issu de ce premier échange. Le moins que l'on puisse dire était qu'elle n'avait strictement rien de conventionnel... Tout en elle la rendait...particulière. Ses cheveux d'argent, ses yeux qui ressemblaient à deux abîmes sans fond et sa conversation...le loup y était peut être aussi pour quelque chose...

*Elle...CROIT qu'il pleut??? Alors qu'elle est plus trempée que si elle s'était baignée? Enfin bon...*

se dit Schneizel tout en esquissant un petit sourire amusé. Cela n'avait rien de moqueur mais il faut dire que la réplique de la jeune femme était pour le moins cocasse vu son état. Enfin, elle semblait vraiment perdue dans ses pensées aussi Schneizel n'alla pas chercher plus loin. Lui aussi aurait pu répondre de la sorte s'il avait été plongé dans ses propres réflexions.

Quoi qu'il en soit il ne pouvait pas la laisser là à se geler au milieu de cet immense hall. Une fois qu'elle lui aurait dit où se trouvait sa chambre il allait l'y accompagner. Tout du moins était-ce ce qu'il avait prévu au départ car, apparemment, de son propre aveux la jeune femme ne savait plus précisément où ses appartements se trouvaient. Il devaient assuremment se trouver dans les quartiers résidentiels du repère mais cela n'avançait pas vraiment Schneizel car de nombreux mercenaires vivaient dans le repaire et que la place était relativement gigantesque.

*Autant chercher une aiguille dans une botte de foin... Si elle ne sait plus où se trouvent ses quartiers, ce n'est pas moi qui pourrais le lui rappeller. Malgré tout je ne peux pas la laisser là...*

songea le jeune homme avec un léger soupir. Il lui vint toutefois assez rapidement une autre idée. Il s'en voulu d'ailleurs de ne pas l'avoir eue plus tôt, c'était pourtant simple comme bonjour...

"Ce n'est pas grave, vous pourrez les retrouver plus tard. En attendant allons dans la salle de repos. Il n'y aura qu'à vous sécher devant la grande cheminée. Je suis sûr qu'il apprécierait aussi."

fit Schneizel en désignant le loup d'un signe de tête. La bête avait en effet du passer pas mal de temps sous la pluie elle aussi. Sur ce Schneizel se mit en route en direction des lieux de vie commune du repère en attendant que la jeune femme ne le suive.

"Au fait, je n'ai pas saisi votre nom..."

lança Schneizel, tout à fait conscient que la jeune femme ne s'était pas encore présentée. Il espérait ainsi l'amener à le faire.

"Le mien est Schneizel."

ajouta t il. Il relevait en effet de la plus élémentaire des galenteries que de se présenter le premier lorsque l'on discutait avec une jeune femme. Il espérait en apprendre un peu plus sur elle. Pourquoi? Sans doute parce qu'il n'avait rien d'autre à faire au milieu de la nuit...et peut être aussi parce que cet étrange caractère l'intriguait vraiment. Quoi qu'il en soit, Schneizel se montrait sociable et enjoué comme à son habitude. Aller vers les gens, faire connaissance, se montrer aimable...voilà qui lui ressemblait bien, même au beau milieu de la nuit...

-"Ce n'est pas grave, vous pourrez les retrouver plus tard."

"En attendant allons dans la salle de repos. Il n'y aura qu'à vous sécher devant la grande cheminée. Je suis sûr qu'il apprécierait aussi."

En fait, ce n'est ni plus ni moins qu'un gros chien, non ?

...
Non, assurément.

-"Akela."

De tout manière, j'ai toujours aimé le silence. Avant, je ne vivais que de cela.

-"Au fait, je n'ai pas saisi votre nom..."

-"Le mien est Schneizel."

Ce n'est pas grave, j'aime le silence.

-"Shizuka."

Car rien d'autre ne compte, n'est-ce pas ?

"Alors son nom est Akela?"

fit Schneizel de manière purement rhétorique quand la jeune femme précisa le nom de son loup. Schneizel ne s'était pas attentdu à ce qu'elle présente son compagnon à quatre pattes avant de lui donner son propre nom mais cela le fit sourire. Encore un point à rajouter à son originalité.

"Depuis quand est ce qu'Akela vit avec vous? L'avez vous eu alors qu'il venait juste de naître ou s'est il attaché à vous plus tard?"

demanda le jeune homme afin d'amorcer une conversation avec la jeune femme qui semblait bien avare en paroles d'après ce qu'il avait pu constater jusque là. Peut être que parler de son animal "de compagnie" la pousserait à s'ouvrir un peu plus...ou peut être pas. Quoi qu'il en fut, cela valait le coup de tenter l'expérience. Schneizel n'aurait su dire si son mutisme venait de sa nature elfique ou bien de son propre caractère. Il espérait ne pas faire quelque chose de maladroit ou de déplacé. A vrai dire il ne connaissait pas vraiment les us et coutumes du peuple elfique. Il y avait malheureusement des chances qu'il commette une bourde et qu'il la vexe, mais bon ce n'était pas une raison pour ne pas essayer de faire plus ample connaissance, si? Non, définitivement non, du point de vue de Schneizel en tout cas.

Alors qu'il avançait dans le couloir a jeune mercenaire vint se placer derrière lui et le suivit. Schneizel lâcha un soupir inaudible, il aurait préféré qu'elle marche à sa hauteur car en le suivant de cette manière elle fermait presque toute possibilité de dialogue. Le loup se releva et se mit à les suivre docilement. Il était assez surprenant de constater à quel point l'animal semblait en phase avec sa maîtresse. D'autant plus que les loups avaient plus que rarement tendance à se laisser dresser...

Soudain la jeune femme murmura son propre nom dans un souffle après avoir laissé planer une plage de silence. Schneizel fut presque étonné d'entendre sa voix. Ainsi elle se prénommait Shizuka... Voilà qui était un grand pas vers la possibilité d'établir finalement une discussion avec la jeune demoiselle.

"Shizuka? C'est un joli nom. Très mélodieux."

la complimenta t il. Il avait toujours imaginé les noms elfiques comme faisant preuve d'un raffinement propre à leur race et apparemment il ne s'était pas trompé, du moins le pensait il.

Ils continuèrent ainsi à marcher un moment, parcourant les majestueux couloirs du repère. Il ne croisèrent personne, pas même une patrouille, ce qui, vu l'heure avancée n'était que moyennement surprenant. Dépassant plusieurs couloirs menant aux quartiers résidentiels ils se dirigèrent droit vers les salles communes. Après quelques minutes ils arrivèrent finalement dans la salle de repos. Dans l'immense cheminée quelques braises rougeoyaient encore. Il n'y avait personne dans les parages.

"Nous y voilà. Installez vous confortablement, je vais attiser le foyer."

lui proposa t il en piochant dans une caisse remplie de bûchettes et en attrapant un tison. Il ne lui suffit que des quelques courtes minutes pour que les flammes s'élèvent à nouveau dans l'âtre au son du crépitement du bois de chauffe répandant une lumière tamisée et une douce chaleur dans la pièce.

[Je te laisse poster la suite dans les "Lieux de Vie" ~> fin du topic]

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