Affamé et perdu. [Prio Dan & Maelanne]

[Après Quelques lieues plus loin]

Uriel s'appuya, les mains sur ses genoux, et souffla. Il se saisit de son paquetage, qu'il jeta à terre, soulageant ainsi son épaule droite. Mine de rien, que ce soit entre les armes et l'équipement, ce truc devait peser lourd... Et sur les longues distances, ça se ressentait.
Le jeune homme se massa rapidement l'épaule, et but quelques gorgées d'eau à son outre. Un gros gargouillis vint lui rappeler qu'il n'avait plus mangé depuis un jour. Et il avait faim. Faim. Très faim.
Malheureusement, ses provisions étaient quasiment épuisées, et il n'avait pas croisé de lapin depuis longtemps.

Rah, si seulement il n'avait pas pris à droite ! Bon d'accord, ça semblait un raccourcis... Et puis à gauche, ça menait forcément à Criméa, l'endroit où il ne faut pas être...
Mais donc, revoilà notre homme, il est beau, il a le poil soyeux et la truffe tiède... Mais il a la dalle. Et le dernier patelin paumé remonte à une semaine de marche... Quant au prochain, on se demande bien où il est ? Derrière la colline, là ? Hé non, ce n'est qu'un manoir isolé, qui a l'air abandonné, en plus !

...

Quoique, pour un manoir abandonné, une fume un peu trop. Il l'est peut-être pas tant que ça, abandonné...

Hey mais s'il est pas abandonné, ça veut dire qu'il y a des gens dedans ! Et qui dit gens, dit nourriture !


N'écoutant que son estomac, à défaut de son courage, Uriel ramassa son paquetage, et le passa sur son épaule gauche, cette fois ci. Élancé par la force du ventre, il dévala la plaine à grandes foulées... Toujours ces mêmes plaines, même s'il était désormais plus à l'Est de Criméa, dans l'arrière pays...
Une fois la colline descendue, le jeune homme rejoignis une petite route de terre, qui menait au manoir. Il atteignit la bâtisse rapidement, souffla deux trois fois, et toqua trois lourds coups sur la porte en bois.

[rp très court et totalement inintéressant ... je ferais mieux la prochaine fois ne vous inquiétez pas]

Maëlanne ne savait pas où ils allaient, mais le Roi avait souhaité sa présence. Ils se rendaient dans une forêt d’après ce qu’elle avait comprit, et ils allaient mettre du temps à y parvenir. La jeune femme se doutait qu’il se tramait quelque chose, Dan s’était entouré d’une bonne brochette de soldat, un combat à distance peut-être vu le nombre d’archers.
Alors qu’ils avaient galopé une bonne partie de la journée, le Seigneur Azyrith somma une halte dans un manoir à l’abandon.
Restant près de lui sans pour autant le suivre partout, Maëlanne veillait sur Dan. Cela faisait un moment qu’ils n’avaient pas parlé tout les deux …

Les gardes avaient préparé le repas, beaucoup de viandes que l’Elfe refusa. Elle préféra déguster les quelques fruits qu’elle avait cueillit durant la journée.
Elle sentit le regard de Dan se poser sur elle, mais ne broncha pas jusqu’à ce qu’un garde vienne alerté le Roi d’un problème.
Apparemment un homme agissant étrangement s’approcher de la demeure.
Quelques minutes plus tard il toqua. Alors que Dan alla ouvrir à l’inconnu, Maëlanne se posta derrière lui, prête à agir en cas de besoin. Sans prononcer un mot, elle fit comprendre au Seigneur qu’elle était juste à ses côtés. Un peu d’exercices ne lui ferait pas de mal …

L’homme en question était bien plus grand qu’elle, et semblait bien musclé. Des cheveux mi-long bruns garnissaient son crâne, tombant sur un joli visage aux traits adoucis. Elle remarqua ses armes, une épée et un arc. Il ne pouvait pas faire grand-chose avec ce dernier, même avec l’épée d’ailleurs. Si cet homme faisait ne serait-ce qu’un seul faux mouvement, il se retrouverait percé de quelques flèches, d’épée.

Maëlanne l’observa longuement, la main sur la garde de son sabre. Bien que costaud, elle ne ferait qu’une bouchée de cet homme …

L'aventurier sans-le-sou et qui semblait affreusement affamé qui se tenait devant lui avait répondu à Dan par une remarque franche , lui disant qu'il parlait trop. Drôle de façon de parler à la personne dont on souhaite demander le gîte , du moins , le roi de Dinak pensa qu'il était là pour un abri , mais il pencherait plus pour de la nourriture. L'homme qui lui faisait face n'était-il qu'un vaurien , un pilleur de maisons ? Après tout , le quart des troupes de Dinak , peut-être même plus , était constitué de bandits , de malfrats en tout genres. Maëlanne était derrière lui , il le savait sans même jeter un regard par-dessus son épaule. Quelques soldats étaient aux aguets quant à l'étranger tandis que d'autres semblaient ne pas s'inquiéter , se reposaient , mangeaient ou encore dormaient.
Le mendiant au pas de sa porte , ou plutôt , de la porte du bâtiment regarda hâtivement à l'intérieur du manoir. Une fois qu'il eût terminé d'examiner l'intérieur , il reporta son attention à l'égard de Dan. L'homme présenta ses excuses quant à son indiscrétion et se présenta sous le nom d'Uriel.
Ce dernier regarda Dan droit dans les yeux. Le roi de Dinak le regarda aussi , c'était une façon de se battre intérieurement. Aucun des deux ne baissèrent les yeux , l'atmosphère semblait comme électrique jusqu'au moment où Uriel lui tendit sa main droite.

" J'aime les gens honnêtes. " répondit Dan tout en faisant un sourire en coin qui lui donnait un air de grand sadique sournois , sans le lâcher des yeux.

Il tendit sa main droite également et serra celle d'Uriel en le fixant dans le fond de ses yeux.

" Ravi de vous connaître , moi c'est Gylen. "

Ne lâchant pas la main d'Uriel , toujours le sourire aux lèvres et le fixant des yeux , il analysait Uriel , celui-ci semblait être un guerrier pour le moins talentueux , mais il y avait autre chose ... il possédait une sagesse mystérieuse , étrange et cela éveillait la curiosité de Dan.

" Et bien ? Que puis-je faire pour vous aider , Uriel ? "

[HRP// Ouais je sais , j'ai rouillé , désolé >.< , Gylen se prononce Gaïleune. \\HRP]

Uriel fit la révérence à Maëlanne lorsque celle-ci se présenta. Dan remarqua rapidement que l'étranger fixait Maëlanne et il semblait avoir des idées derrière la tête.

* C'est ça , continues à la regarder comme ça et je vais faire de tes intestins un magnifique ceinturon coloré et juteux. *

L'aventurier douteux entra dans la bâtisse et posa pratiquement toutes ses affaires contre un mur. Uriel garda seulement ses armes à portée de main. Au moins , ce n'était pas un inconscient. Il restait sur ses gardes , de toute façon , s'il entreprenait une action suspecte , sa tête roulerait à même le sol. Le roi de Dinak jeta un oeil aux affaires dont Uriel venait de se décharger.

* On t'a invité à manger , pas à déménager ici. C'est incroyable le nombre de bouffons que l'on peut croiser de nos jours.*

Uriel déclara qu'il serait heureux de partager leur repas , expliquant qu'il n'avait pas mangé depuis un certain temps.

* Au moins , il est entré sans se gêner , et nous remercie une fois entré , il va nous souhaiter un bon appétit en plein milieu du repas aussi peut-être ? *

Dan avait une furieuse envie de se prendra la tête dans les mains et de soupirer , mais il se retint miraculeusement. Maëlanne avait suivi Uriel en tant que bon hôte , le Seigneur Azyrith , lui , regarda furtivement un de ses gardes et lui fit un signe de la tête. Le garde comprit immédiatement et se dirigea vers ce qui semblait être la cuisine. Il se dirigea ensuite vers Uriel et Maëlanne , Dan remarqua qu'Uriel restait sur ses gardes et jetait des coups d'oeil aux alentours. Il s'installa près d'eux et Uriel leur posa une question , cherchant à savoir ce qu'ils faisaient dans cette demeure en mauvais état.

" Vous êtes du genre curieux , vous. " répliqua-t-il , affichant un léger sourire en coin. " Eh bien , pour vous répondre ... "

Le roi de Dinak regarda Maëlanne en lui souriant et lui prit la main.

" Nous sommes en voyage de noces. Vous savez , Dinak n'est pas vraiment le lieu rêvé pour ce genre de célébration alors nous nous éloignons le plus possible et souhaitons batifoler dans un coin charmant et paisible. Alors que nous voyagions , nous avons rencontré cette charmante troupe de mercenaires , ils nous offrirent leur protection et escorte en échange d'argent , nous avons donc accepté , la Haute Autorité seule sait ce qui pourrait arriver à un couple voyageant seul dans ce pays de barbare ! "

* Elle va me tuer , c'est sûr. C'est quoi cette lumière au fond là-bas ? ... *

Dan serra encore plus la main de Maëlanne dans la sienne , sans trop forcer. Le garde revint et posa plusieurs plateaux contenant de magnifiques plats , avec de belles tranches de viande rôties , d'innombrables variétés d'aliments et le tout accompagné d'un savoureux vin rouge qui vient directement du Sud-Ouest de Dinak. Le Seigneur Azyrith fit signe à Uriel de se servir.

" Et donc , qu'est-ce qui vous amène en ces lieux sinistres ?

Lorsque Maëlanne déclara qu'il était rare de rencontrer un homme seul sur les terres dinakiennes et qu'il était plutôt chanceux qu'aucune ... altercation ne s'est présentée , Uriel rétorqua ce fait et annonça qu'il avait eu affaire à quelques problèmes sur le chemin , mais que c'était plutôt ses ennemis qui avaient dégusté.

* Et un vantard de service , que demander de mieux pour animer les conversations ? *

L'homme qui s'était incrusté dans la demeure afficha une moitié de sourire pour le moins énigmatique. Celui-ci émettait l'hypothèse que les " mercenaires " qu'ils avaient recruté comme escorte le temps de leur voyage de noces puissent se retourner contre eux. Il s'était rapproché d'eux et voulait mettre en garde Dan contre l'éventuel enlèvement de Maëlanne qui pourrait servir de tribut supplémentaire , il leur conseilla aussi de redoubler de prudence et parla des troupes de Dinak , qui n'était autre que celles du Roi , en conséquent , l'homme qu'il tentait de prévenir.

" La sagesse est une vertu , Uriel , et je vous remercie d'avance de vos mises en garde , mais sachez que si cela arrive , je n'hésiterais pas à user de ma force en vue de protéger l'être que j'aime. " dit le Seigneur Azyrith , d'un ton sincère que cela en devenait troublant , particulièrement vis-à-vis du faux couple.

Il regarda Uriel et reporta son attention sur son épée , c'était définitivement une belle oeuvre d'art , mais Dan préférait largement son arme.

" Cela ne répond toutefois pas à ma précédente question , que faites-vous ici en ces terres hostiles ? Si cela n'est pas indiscret , bien entendu.

Le roi de Dinak déserra de peu sa main avec celle de Maëlanne.

Haha. Sacré type. Avec son teint blafard, qui lui donnait plus l'air d'un rat de bibliothèque, enrobé dans une grande toge noire plutôt que dans une armure, l'entendre parler de faits d'armes pouvait faire sourire. Quoique, il ne fallait pas se fier aux apparences, non ? Surtout que l'homme regardait un peu trop le fourreau qu'Uriel tenait dans la main. Qui sait, il était peut-être juste impressionné par l'excellente qualité de l'arme...

Son interlocuteur l'interrogea ensuite, à propos de son origine... Là, cela se corsait. Il fallait la jouer finaude, pour ne pas éveiller les soupçons... Uriel s'approcha de l'homme, et parla à voix basse, comme s'il se voulait se montrer discret, et à la fois un peu inquiet :

"Je viens d'Alsaria... là, il ne mentait pas, au moins J'ai quitté le domaine auquel j'étais rattaché. Je servais dans la garde, mais après avoir surpris des choses... compromettantes, mon suzerain, Ethan d'Apremont, m'a menacé. Je me suis enfuis, emportant quelques armes et des vivres. J'ai passé la frontière assez facilement, les patrouilles n'étant que minimes au niveau du fleuve... Ce fut une aubaine, qu'ils ne surveillent que peu, car sinon, je ne serais sûrement pas ici..." mentit-il, ses traits imitant à la perfection ceux d'un fugitif.

En quelques mots, Uriel s'était créé un alibi en acier, et avait même réussi à glisser des fausses informations à un dinakien !
D'accord, ce dernier ne devait pas avoir une place très important dans la hiérarchie -il ne devait même pas en avoir du tout- du pays, mais tout de même, c'était une petite victoire du quotidien !
En vérité, les patrouilles s'étaient intensifiées, à la frontière, depuis quelques mois, suite à d'alarmants rapports, qui reportaient une agitation, côté Dinak. Agitation à la suite desquelles Uriel avait été envoyé en mission... [voir "À la pêche aux informations"]

Au fur et à mesure que le dénommé Uriel racontait son histoire et comment il était parvenu à arriver en terre Dinakienne tout en esquivant les patrouilles qui longeaient le fleuve ... le fleuve , le plus près se situait à des jours de marche de leur position.
Lorsqu'il aborda le sujet concernant les patrouilles le long des fleuves voisins , il y avait quelque chose qui clochait. Dan se souvenait clairement que l'un de ses officiers lui avait rapporté qu'il avait assigné un nombre plus que suffisant de troupes servant à la patrouille.

" Pourquoi ne pas être allé vous réfugier en Ellandy ? C'est une zone neutre. "

Le seigneur Azyrith fixa toujours Uriel , pour analyser chaque faits et gestes , chaque mouvement de sourcil , tout ce qui pouvait être utile pour en savoir un peu plus et découvrir quelques éventuelles réalités.

" Comme vous l'auriez deviné , nous sommes pour le moins aisés , et l'argent n'est pas vraiment notre problème ce qui veut dire que nous faisons partie de l'élite de Dinak , des nobles , si vous préférez. Et en tant que noble , j'ai une vaste connaissance de tous les nobles de Tosya , y compris ceux d'Alsaria et d'Ellandy. Les Apremont ne me sont pas inconnus , ils sont plutôt bien relatés quant à la Reine d'Alsaria si je ne me trompe et ce ... Ethan , son frère porte le même nom que vous , étrange coïncidence non ? " avec un léger ton d'ironie dans la voix tout en regardant Uriel d'un air sournois.

Il porta son attention sur Maëlanne. Il fallait qu'ils aillent bientôt dormir.

" Et donc , Uriel , que comptez-vous faire par la suite ? Ma nouvelle femme et moi projetons de nous diriger un peu plus vers le Sud-Ouest du pays , nous pensons que ce coin-là sera plus calme.

Uriel se retrouvait dans une position plutôt embarrassante ; son mensonge n'avait pas pris, et de ces suites, Gaylen lui avait souligné, avec justesse, qu'il portait le même nom que la cadet de la maisonnée d'Apremont... Ce qui était logique, vu qu'il était ce cadet, Uriel d'Apremont.
Le Dinakien n'était donc ni un simple d'esprit, ni un ignorant. Et malgré son apparence blafarde, il n'aurait pas été impossible de lui trouver des talents de combattant. Il fallait tout de suite se mettre hors de tout soupçon, afin d'éviter d'avoir une personne influente sur le dos, en Dinak. Uriel ne doutait pas que s'il était découvert, il n'aurait pas trop de problèmes à se tirer de ce guêpier, mais la perspective d'une cavale en pays étranger, avec nombre de soldats Dinakiens aux trousses, ne l'enchantait guère.

"Me rendre en Ellandy impliquait traverser tout Alsaria... Comme vous l'avez dit, Ethan d'Apremont, mon ancien suzerain, est resté loyal à la reine Alina Azyrith, avec qui il est en bon termes. Il aurait donc été mal avisé de traverser le royaume, aussi ai-je préféré partir pour Dinak. répondit Uriel
Ici, personne ne pourrait recevoir d'ordres de la part d'Ethan d'Apremont, ni de son frère, Uriel, puisque vous semblez le connaître. Nous avons en effet le même prénom, car nous sommes nés à des dates très proches. Mais je ne l'ai plus revu depuis une quinzaine d'années, quand il est partit dans un monastère de la Confrérie de la Lumière."

Les coups d'œil incessants de son interlocuteur, ainsi que son regard mauvais, n'avaient pas échappé à Uriel ; celui-ci craignait de plus en plus d'être en présence d'un fervent allié d'Azyrith Dan, quelqu'un d'influent à la court du roi félon, qui pourrait lui causer nombre de soucis. Toutefois, s'il avait voulu le tuer, cet homme n'aurait pas attendu longtemps, et aurait tout de suite ordonné à ses mercenaires d'attaque Uriel. Attaque dont l'ancien moine ne serait sans doute pas sortit vivant ; les hommes de mains du noble avaient en effet l'air d'être assez coriace, du moins bien plus que de simple bandits. Et la qualité de leur matériel confirmait cette idée de soldats d'élites...
Peu à peu, l'image du couple amoureux en voyage de noce semblait de plus en plus fausse.

Prendre maintenant congé aurait été le plus suspect des actes ; aussi Uriel, dès que Gaylen s'enquit de ses intentions, répondit sans hésiter :

"Je marchais également dans cette direction, quand je vous ai trouvé, ici-même. Je m'y rendais pour les mêmes raisons que vous. lança Uriel d'une voix honnête, puisqu'il s'agissait de la vérité
Bien que votre escorte soit impressionnante, je me propose de vous accompagner. J'ai fais partie de la garde d'Apremont, comme je vous l'ai dit, aussi sais-je manier les armes...
Si bien entendu, cela ne vous dérange pas, vous où votre épouse... Je ne me permettrais pas d'importuner une si ravissante personne." conclut il, en faisant un baise-main à l'elfe.

[désolée pour cette attente interminable, j’ai eu pas mal de chose à faire ses derniers temps … un peu comme tout le monde.]

Maëlanne était restée silencieuse durant la conversation entre les deux hommes. Ils mentaient aussi bien l’un que l’autre.
Aucun d’eux ne perdaient son sang froid, et Uriel se rattrapait habilement lorsque Dan lui faisait remarquait une incohérence dans son récit.
Par contre, s’il continuait à se noyer dans son mensonge, l’elfe ne savait comment le Roi réagirait.
Uriel devait se douter de la supercherie aussi. Dan exagérait : un jeune couple amoureux accompagné de tant de gardes. Cela était ridicule. Leur « invité » n’en fit pas la remarque. Et c’était mieux ainsi.
¨
Maëlanne se doutait bien qu’il ne leur voulait pas de mal, il était venu dans cette demeure pour se reposer. Aussi, quand il proposa de prolonger son voyage en leur compagnie, avec un agréable baiser laissé sur sa main, elle réagit de suite :
- Ce serait une excellente idée ! Ne trouves-tu pas Gylen. Je suis sure que cette homme pourrait nous apprendre de grande chose. Vous venez d’Apremont, on dit que les personnes qui y vivent sont très cultivées, je serais ravie que vous partagiez vos connaissances avec moi, si telle et le cas.

Ils pourraient ainsi en apprendre plus sur cet homme, et sur les événements qui se passent en sur les autres territoires. Bien que Dan ai des espions partout, des événements relatés par une personne inconnu peut-être beaucoup plus instructif. Cet Uriel pourra faire part de ses impressions, ses sentiments. Contrairement au garde qui racontent seulement ce qu’ils ont observé, entendu etc, il est aussi important de comprendre les événements par un autre regard, une autre façon de penser.

En plus, Maëlanne pourrait ainsi rester avec un autre homme que Dan. Ça ne lui ferait pas de mal, le Roi est assez contrariant, une fois tendre, une fois vicieux.
Si le grand homme venait avec eux, la suite du voyage risquait d’être fort amusant !

[Désolé du retard, il y a eut une petite confusion entre Dan et moi : je pensais qu'il devait répondre, et vice-versa]

À la différence de son époux, l'elfe semblait bien moins méfiante, et plus bienveillante. Elle accepta rapidement la proposition d'Uriel, et les dieux savaient bien qu'en ces questions là, une femme arrivait souvent à convaincre leur homme... Même si la plupart des maris revendiquaient tous leur autorité masculine, il était avéré qu'une femme arrivait à ses fins. Ce n'était pas par force -bien que certaines matrones puissent impressionner !-, mais par d'autres techniques subtiles, qui échappaient à la gente masculine.

C'était donc quasiment sur qu'Uriel se joigne au groupe, et cela lui serait profitable en tout point : le couple était de riches nobles, ce qui augurait une bonne chère. De plus, dame Widja semblait s'intéresser à Apremont ; il serait divertissant de lui raconter l'histoire de cette terre. Uriel se doutait bien que Gylen, de par son rôle de noble, et donc vassal de Azyrith Dan, essayerait d'en apprendre plus sur les défenses du château, par exemple, et il y avait là une aubaine ; on allait pouvoir donner de fausses informations. En effet, Ethan d'Apremont, le frère d'Uriel et comte d'Apremont, avait hérité, lors de la succession, d'un registre complet de la population du comté. Avec l'aide d'un moine lettré de la Confrérie, ces registres étaient maintenant totalement exacts, et très souvent renouvelés : grâce à cela, plusieurs espions venus de Dinak avait été repérés, et pendus sur le champ. Un brouillard de guerre était entretenu autour du comté.

La mine éclairée, Uriel se pencha donc, effectuant une révérence à l'encontre du couple. Lorsqu'il se releva, il s'exprima en ces mots :

"C'est avec grande joie que j'entends vos paroles, dame Wijda. Je me ferais un plaisir de vous compter les histoires de mon pays, et il en sera de mon honneur de préserver votre vie."

Le fait d'avoir également une proximité avec les "mercenaires" de Gylen était également une aubaine : il serait avec eux, mangerais avec eux, et pourrait glaner toutes sortes de conversations, surtout si certains étaient portés sur la bouteille...
Gylen, quant à lui, serait par contre une plus gros morceau... Uriel l'avait bien vu lors de leur échange ; ce n'était pas un simple d'esprit qui se trouvait en face de lui, mais bien quelqu'un de réfléchis, voir retors. Le genre personne qu'il ne faut pas se mettre sur le dos...

Dans cette visée, l'ancien moine s'adressa également au noble, afin de confirmer tout de suite son "engagement" :

"Je me doute bien, au vu de vos hommes d'armes, que vous ne manquez pas d'épées, aussi me propos-je de me charger d'autres tâches, celles du quotidien, celles auxquelles vos mercenaires, payés pour la défense, refuseraient de s'astreindre. Si cela vous convient, bien entendu."

L'homme se disait avoir été de la garde d'Apremont. Tiens donc, il est rare qu'une personne originaire du comté d'Apremont vienne en des terres si reculées et surtout en territoire hostile. Il avait sûrement été envoyé en mission par Ethan malgré ses dires, le roi de Dinak bien qu'il n'ait jamais rencontré personnellement cet Ethan, il savait néanmoins qu'il est une personne fiable et très loyale quant à la reine d'Alsaria. Néanmoins Uriel n'avait pas précisé en détail ce qu'il avait surpris à l'égard de son suzerain. Dans tous les cas, Uriel n'était pas en exil mais était en Dinak pour une raison bien précise, laquelle ? Dan l'ignorait mais il ne tarderait pas à la savoir. Maëlanne prit la parole et invita le pseudo-exilé d'Apremont à partager sa culture avec ses hôtes. Le prince déchu d'Alsaria porta un regard vers sa " femme ". Voulait-elle le contrarier ? Si cela continuait, il y aurait de grandes chances pour que cela se produise. Leur invité se proposa pour animer la soirée en racontant les histoires de son pays et déclara qu'il brandirait son arme si leurs vies étaient menacées.

* Oh oui, quelle excellente idée ... Nous allons plutôt rapidement dormir ! *

Uriel se proposa également de s'occuper des tâches du quotidien, ce dernier ayant constaté que les gardes du roi de Dinak suffisaient amplement à leur sécurité.
Mieux valait qu'il ne fasse rien afin que Dan puisse garder en permanence les yeux sur lui, surveillant tous ses faits et gestes jusqu'à regarder là où son regard va.

" Inutile, vous êtes notre invité. Il serait fort impoli d'accepter votre requête et en tant que bon hôte, je m'engage à ce que nous vous portions compagnie tout le long de notre séjour. " dit-il, un grand sourire aux lèvres. " Bien, la nuit commence à bien s'installer ! Je propose qu'on aille très bientôt se coucher. Nous verrons ensuite demain ce que nous ferons tous ensemble. Moi je vais rejoindre mon lit de ce pas. Faites comme bon vous semble. "

En se levant, il s'approcha de Maëlanne, empli de rage. Il s'abaissa légèrement pour se retrouver à la hauteur de son oreille et lui murmura à une voix inaudible par Uriel.

" Que je ne te surprenne pas à batifoler avec lui ... " commença-t-il. Et il ajouta plus fort mais toujours à son oreille pour que leur invité puisse bien entendre. " Je t'aime, ma douce, bonne nuit. "

Il approcha ses lèvres de celle de sa protégée mais au dernier moment bifurqua sur la joue. Le coeur battant la chamade puis il s'éclipsa.

[Mael m'a demandé de sauté son tour]

Dès qu'Uriel eut proposé ses services au noble Gylen, celui-ci refusa derechef. Il prétexta les règles de l'hospitalité pour justifier ce refus, ce qui était tout à son honneur, mais toutefois un peu idiot. Leur condition actuelle, celle de nobles entourés uniquement de soldats mercenaires, les forçait à faire eux même à assurer leur subsistance... Chose impensable, pour un noble, surtout s'il fut à la court du Roi félon, comme il l'affirmait.
C'était étrange, et Uriel ne tarda pas à douter de la nature de celui qui prétendait être un homme nommé Gylen. Tout d'un coup, une multitudes de supposition, allant de la plus extravagante à la plus sensée, vinrent dans le crâne de l'ancien moine : et si l'homme était le bras droit du Roi renégat ? S'il était un groupe de tueur, lancé à la recherche de lui même ?

Cela avait de quoi donner le tournis... Pris ainsi dans l'inconnu, Uriel était dans la gueule d'un possible loup. Et il ne savait ni la taille, ni la force de ses mâchoires.

Cela avait été une erreur de partir ainsi. Ce qu'il avait fait était une désertion. Pire, une fuite de son monde, et de son peuple. Il s'était délibérément envoyé en terre ennemie, par pur goût du danger, et de l'action. Il avait agit uniquement par orgueil, pour sa réussite personnelle. Il avait faillit à son devoir.

Désormais, tout cela n'était plus. Il allait reprendre son destin en main. Il avait fait une erreur, pire, une faute, en quittant les siens, et il comptait bien la réparer. Dès demain, il repartirait, et retournerait chez lui, là où son peuple le demandait.

Alors que le noble prenait la direction de sa couche, et saluait de vive voix sa compagne, Uriel prit la décision d'en faire de même. Partir ainsi, de nuit, aurait été une grosse erreur. Il avait mangé plus que nécessaire, et étais désormais bien repus. Demain, il serait frais et dispos, prêt à lever le camp et à quitter ses hôtes.
L'homme se leva, et alla à son tour saluer ses hôtes. Arrivé à hauteur du noble, il se frappa le poing du cœur. Il enchaîna par une révérence basse faite à l'elfe, terminée par un baise-main.

"Je ne saurais importuner le sommeil de mes hôtes, aussi vais-je dormir à l'écart, sur le semblant de courtine que possède ce manoir dévasté. La fraicheur de l'air pur et la clarté des astres sont mes compagnes depuis de nombreuses nuits, et je n'en souffre plus du tout"

L'homme joignit les gestes à la parole ; il ramassa son paquetage, ainsi que ses armes, et se dirigea vers une des sorties de la pièce. Avant de quitter celle-ci, il se tourna vers les mercenaires, qu'il salua de la main.

"Bonne nuit, messieurs."

Il reçut des réponses toutes semblables, d'une rigueur... militaire. Chose étrange, pour des mercenaires.
Décontenancé par cette uniformité, Uriel eut quelques secondes de blocage. Il regarda avec insistance les hommes, chose qu'il n'avait pas fait jusque avant.
Ces personnes étaient tous des êtres bien bâtis, de véritables armoires. Mais surtout, elles portaient tous le même blason, cousu sur leur équipement.
Le moine mémorisa l'armorie, et tourna la tête. Il déboucha sur un reste de courtine, où il jeta son paquetage. Il déroula sa couverture en fourrure, et se glissa dedans.

Ce blason l'obsédait.

Uriel, comme tous les nobles, maîtrisait l'héraldique, mais dans ce cas, il ne connaissait pas ce blason. C'était un composé, qui contenait les armoiries du roi félon, mais également un animal, armé et lampassé de gueules.

Armé et lampassé de gueules, le symbole de la guerre.

Des soldat du roi.

Uriel s'endormit.


[J'ai terminé, pour ce topic
La suite, dans Lendemain brumeux]