La voie des Mercenaires - Infiltration au château de Dinak

Les heures étaient passées vite.

Thalys errait désormais en l'enceinte du château de Criméa, où elle était rentrée sans peine prétextant un retour de marché. Une poule sous le bras et un sac d'endives à la main, elle se souvenait où se trouvait la cuisine. Elle s'y dirigea et y amena le tout.

Les marmitons la regardèrent sans trop s'attarder, les nouvelles servantes étaient courantes, pas besoin de s'inquiéter de son identité... Elle posa le tout sur la grande table juste avant de voir l'un deux couper aussitôt la tête du volatile et le passer à une grosse bonne femme qui s'apprêtait à le plumer. Sur les plans de cuisine, dans les marmites, des festins étaient préparés. Tandis que dehors certains crevaient la faim, les seigneurs d'ici mangeait pour au moins dix, cela l'écœurait...

Elle sortit, puis alla non loin, dans les quartiers des servantes mais surtout là où toutes les bonnes entreposaient balais, chiffons, pièces à laver et seaux puis s'équipa du plus léger : un balais et des chiffons.

La mercenaire erra un peu dans les cours et certains couloirs pour voir les moyens humains mis en œuvre pour garder le château et également repérer en réel les endroits par lesquels elle pourrait fuir en cas de problème. Difficile à en juger, mais elle vit ici et là des prises pour pouvoir grimper aux murs, des cachettes subtiles et autres. Elle verrait.
Avant tout, elle mit sa bague en sûreté, cachée dans son décolleté et attachée à un lacet autour de son cou.
Ses dagues étaient chacunes dans une de ses bottines, en gage de sécurité.

Elle s'avançait et marchait vers les appartements du Roi. Même vides, ils étaient bien gardés. Mais elle était intelligente et avait sû entendre le nom de la femme qui s'occupait de donner les ordres aux servantes.
Près des gardes, elle prit un ton timide et peu sûr, un regard évasif et gêné.

"B-b-bonjour... Dame Claire m'a sommé de m'occuper des appartements du Roi... P-pour que tout soit parfait avant son retour..."

Les gardes la toisèrent, non pour juger de son appartenance aux bonnes du château, mais de ce regard bien pervers qui plongeait sur son décolleté. Thalys bouillonnait d'envie de les crever, mais elle parvint à tenir son air niais jusqu'à ce qu'ils daignent la laisser rentrer.
Les appartements du Roi étaient immenses. Elle se demandait s'il était possible de se sentir chez soi dans des pièces si nombreuses et si grandes.

Riche, décoré, tout était magnifique et contrastait avec les nombreux jours qu'elle avait passé en les bas quartiers de Criméa. Il n'était pas à blâmer, il était né prince, il avait toujours vécu ainsi. La seule chose à lui reprocher était la prise de force d'un royaume, sa politique, et son fond carrément chaotique et mauvais. Un être misérable, une vermine parmi les vermines pensait-elle.

Thalys passait le chiffon sur les meubles. Ne croyez pas qu'elle était de ce genre à apprécier le ménage, mais pensez plutôt que quelqu'un aurait pu rentrer n'importe quand, puis au fait que nettoyer permettait de voir tous les coins et les recoins de ses appartements. Chaque meuble, chaque document, chaque livre elle les voyait. Puis si quelqu'un entrait après qu'elle soit sortie et que rien n'était fait, sa sortie du château risquait d'être compromise. Elle n'allait pas risquer ça.

Un moment, un des gardes ouvrit la porte pour vérifier qu'elle faisait bien "son travail". Elle n'avait pas terminé la première pièce et il remarqua que la jeune servante s'attelait encore à la tâche. Il referma.

Elle n'avait pas peur, et avait l'habitude de ce genre d'infiltration. Certes ce n'avait jamais été les appartements personnels du Roi de Dinak, mais après tout...

Après de nombreuses et longues minutes, puis heures, elle parvint enfin jusqu'au bureau du Roi. La dernière pièce. Elle ferma la porte et prétexterait ne pas vouloir laisser entrer de poussières là où elle l'avait déjà fait si jamais on la dérangeait.

Elle nettoyait la bibliothèque et vérifiait succinctement le contenu de chacun en faisant mine de les dépoussiérer. Elle avait terminé la bibliothèque, puis arriva au bureau où étaient posés des papiers...


...

"Des rapports?" se demanda-t-elle.

Ils mentionnaient des recherches sur certains individus portant un anneau d'un métal étrange, et toujours le même. Elle lisait les hypothèses de ceux qui envoyaient les messages au Roi. Ils se posaient des questions sur une quelconque fratrie, et se demandait leurs buts...

"Merde..." murmura-t-elle imperceptiblement...

Ils étaient peut être loin de la vérité, mais ils avaient tout de même l'intention d'en savoir plus. Et surtout... Ils les avaient remarqués... C'était une très mauvaise nouvelle. Elle lut les rapports et n'avait pas été dérangée. Elle les aligna, passa un chiffon sur l'immense bureau puis les plaça bien droits et empilés, comme l'aurait fait une bonne.

Il fallait prévenir les mercenaires. Dan Azyrith les avait à l'œil. Ou du moins connaissait leur existence. Même sans savoir qui ils étaient, cela devenait bien trop dangereux.

La jeune femme termina de balayer la pièce, ramassa et jeta par la fenêtre la poussière, puis commença à sortir.


Elle frappa à la porte, les gardes ouvrirent. Ils regardèrent brièvement dans les appartements et l'un d'eux lui dit en lui mettant la main au derrière:

"Bon boulot petite. Si ce soir tu veux venir t'amuser avec nous viens aux quartiers des gardes."

Thalys devint cramoisie. Non de honte, mais de rage. Elle partit en baissant la tête et en se mordant la lèvre.

Ces horreurs avaient osé la toucher... Passe encore, mais quand elle senti le collier se détacher son regard devint noir.

"Ah oui vous voulez garder cette bague?"

...

Elle senti un des hommes la plaquer contre elle, son haleine fétide sur sa peau.

"Et après vous voulez vous amuser avec moi?
Bande d'imbéciles... vous ne savez donc pas comment parler aux femmes?"

Elle leur fit un clin d'œil et sourit.

"Si vous me rendez ça, je saurais être gentille avec vous. Vous savez, c'est un souvenir de ma pauvre mère, je suis nouvelle je ne savais pas."

Elle fut coupée par l'un d'eux.

"Ah bon? Tu vas vraiment être docile?"

"Bien sûr, beau soldat. Par contre, c'est un endroit bien peu discret ici..."

Ils sourirent de leurs dents carnassières et l'entraînèrent bien plus loin, dans une pièce isolée. Elle n'aurait pas le choix, elle allait sortir ses fidèles amies.

"Par contre si vous voulez que nous nous amusions, je tiens à ce que vous laissiez vos armes hors de la pièce, je n'ai pas envie de finir empalée aussi sur vos épées."

Le "aussi" en fit sourire beaucoup. Cette petite là avait bien du caractère, elle savait ce qu'elle voulait la petite, pensaient certains.

"Soit"

Ils se désarmèrent, laissèrent leurs armes hors de la pièce puis l'un des soldats ferma la porte à clé et posa cette dernière à terre, au moins elle ne serait pas dérangée et personne ne verrait quel carnage il allait se produire. Les hommes étaient si crédules quand ils croyaient avoir attrapé la brebis...

Elle se tourna vers l'un d'eux qui était assis et mis son pied entre ses jambes.

Le garde et ses yeux lubriques ne mirent que peu de temps à s'éteindre, elle avait attrapé ses dagues et, rapide, lui avait tranché la gorge. Les soldats affolés essayaient d'attraper la clé pour prendre leurs armes, un autre essaya d'attraper la mercenaire qui, de sa souplesse, lui mit un coup de pied au visage puis planta la lame dans sa tempe.

Il n'en restait que trois. L'un d'eux essaya de l'attraper, et y arriva. Ses épaules étaient maintenues elle était bloquée. Un autre se dirigeait vers elle...
Elle fit tomber l'une de ses dagues, l'attrapa avec ses pieds puis bascula ses jambes vers la tête de l'homme qui la tenait.
Il lâcha soudainement prise... la dague était plantée en son crâne. Elle récupéra l'arme et lança ses couteaux vers les deux derniers...

L'une se planta dans le cœur de l'un, l'autre se ficha dans l'œil de l'autre soldat.

Sa rapidité et le fait que les hommes étaient désarmés avait été les seuls facteurs de sa réussite. Elle se retint de cracher sur leurs cadavres et récupéra l'anneau qu'elle mit à son doigt.
Elle attrapa la clé et réfléchit... Elle était couverte de sang, pour une servante ç'aurait été bien trop remarqué. Elle récupéra, nettoya et rangea ses dagues dans ses chausses puis attrapa la cape d'un des soldats et sortit. Elle balança à l'intérieur les armes des soldats restées hors de la pièce, verrouilla la porte et garda la clé sur elle. Il n'y avait personne, elle n'avait pas été vue...
Elle avança en direction de la porte principale du château. Il y avait des gardes. Elle ferma la cape mais l'un d'eux lui dit:

"Ola, servante, pourquoi as-tu la cape de l'un de nos soldats sur le dos?"

Elle était maligne et répondit comme une niaise aux mœurs légères:

"Et bien c'est fort gênant à expliquer..." Elle tourna le regard...

"Il ne m'a pas rendu ma robe alors que nous avions juste... enfin, vous savez..."

Là les gardes explosèrent de rire. Elle leur expliqua qu'elle devait s'en offrir une autre et donc descendre à la ville basse, vu qu'aucune de ses consœurs servantes n'avait de robe à lui fournir.
Ils la laissèrent passer en lui mettant... la main aux fesses, ce qui avait été la deuxième de trop pour Thalys...


La mercenaire avait enfin terminé ce qu'elle devait faire. Elle descendait vers la ville basse, mis la cape également sur son visage. A vive allure, elle cherchait à se rendre à l'auberge... Puis elle y arriva enfin...

[hrp] Suite à la ville basse [/hrp]